Roxy Music : le discorama

« Les autres groupes voulaient casser les chambres d’hôtel ; Roxy Music les a simplement redécoré ». L’intégralité de la carrière des cinq Anglais plus baroques que roll pourrait se résumer à cet élégant aphorisme de Bryan Ferry. Cinquante ans après les débuts, trente depuis une fin jamais vraiment proclamée, les huit albums du groupe font actuellement l’objet d’une réédition intégrale avec en bonus un dernier tour de piste à travers le monde. L’occasion d’en finir peut-être une fois pour toute avec cette étiquette « glam-rock » qui, lavage après lavage, peine à définir l’écart stylistique béant entre « Roxy Music » et « Avalon ». Des débuts expérimentaux avec Eno jusqu’au final rococo en trio, voici donc les dix ans d’une carrière génialement inégale passés au peigne fin.
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Playlist : Sea, sax and sun

Dans l’histoire de la musique, le saxophone est aussi proche du mauvais goût que l’anus l’est du sphincter. On aurait donc vite fait de considérer que tout ce qui peut sortir de cet instrument à vent fait le même bruit qu’une flatulence à la Careless Whisper de George Michael. Sans que cette assertion soit complètement fausse, il existe heureusement quelques exceptions à même de rythmer votre été sans avoir à passer pour un musicien de rue. La preuve par 20.
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Serge Kruger, en bande organisée

« La mode, c’est ce qui se démode » disait Cocteau. Des zazous aux hipsters, il en va de même pour les branchés, un concept typiquement français dont la durée de vie est souvent égale à celle d’un papillon, et dont la porte est souvent fermée au commun des mortels. Un homme, un seul, aura réussi à traverser les époques sur cinq décennies en restant le grand patron d’un club dont il n’a jamais voulu les clefs : Serge Kruger, légende de l’underground parisien dont l’histoire retiendra qu’il fut successivement le compagnon de déroute d’autres marginaux comme Yves Adrien, Alain Pacadis, Fabrice Emaer, Edwige, les New York Dolls et tant d’autres qu’il faudrait au moins 20 minutes pour lister toutes les étoiles défilantes de cette vie hors-normes en dehors des sentiers, mais très cloutés. La voici.
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Avec « Fault lines », Deliluh fait un pas de côté dans la cour du rock

Post-punk, post-rock… autant de termes qu’on ne pensait plus écrire ni lire en 2022 et qui, à force de vouloir aller de l’avant, renvoient surtout à un passé pas si lointain, quand quatre ou cinq énergumènes juraient fidélité aux mélodies dissonantes sur la foi d’une mauvaise bière tiède. De ce point de vue, le nouvel album des Canadiens de Deliluh, « Fault Lines », arrive après la guerre. Mais pas sans armes.
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Quand Sébastien Tellier avait la classe « politics »

« Notre route est droite, mais la pente est forte. » Quand Jean-Pierre Raffarin sort cette célèbre allégorie routière en 2002, il est loin de se douter qu’un barbu qui n’a sûrement jamais voté de sa vie s’apprête à mettre sa punchline en musique. Avec son deuxième album Politics, Sébastien Tellier sort dès 2004 de la dèche grâce à un tube qui fera le tour de la planète (« La Ritournelle ») et devient une icône mariachi ridiculisant Chirac et tous les élus en costume. Voici l’incroyable vérité sur ce disque qu’aucun sondeur n’avait vraiment vu venir.
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Mitzphah, enfant perdu du supermarché punk français

L’histoire de la musique est peuplée de bouteilles à la mer qui mettent des années à remonter à la surface. Celle du batteur des Stinky Boys et de Mathématiques Modernes, Hervé Zénouda, aura mis 40 ans à arriver à l’expéditeur, mais son contenu est bien chargé : l’album « Lonesome Harvest: Re​-​enactment N°1 », débuté en 1981, au carrefour entre la mort du punk et de la naissance du Mitterrandisme, et finalement publié en 2022, est un magnifique brouillon à la fois définitif et inachevé qui sonne comme un échos aux aventures new-yorkaises de Lou et quelques autres.
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Avec « La Nueva Era », Dame Area prouve qu’elle n’est pas là pour faire le ménage de la synth-wave

A celles et ceux qui chercheraient encore des raisons de croire en l’Europe, le duo derrière Dame Area répond avec deux cartes d’identité : d’un côté, une Italienne exilée à Barcelone, de l’autre, un Espagnol ayant fricoté avec les Allemands d’Einstürzende Neubauten. Ensemble, ils forment ce bloc de béton EDM nommé Dame Area, de retour avec un troisième album précédé d’un single qui devrait bastonner toutes les cloisons de club.
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Expo Polnareff au Palace : du rêve au cauchemar

Intitulée Polnarêves : une expérience immersive, l’exposition dédiée au Xavier Dupont de Ligonnès de la chanson française qui débute le 3 juin au Palace ne laissait pas beaucoup de place à l’espoir d’un retour réussi. Mais fort de cette réputation de jusqu’au-boutiste patenté qui a permis à Polnareff de repousser  pendant 50 ans toutes les limites, c’est encore pire que prévu.
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Un an après sa mort, Nicolas Ker ressuscité

Le 17 mai 2021, le corps de Nicolas Ker, âme d’une grande partie du rock destructeur des années 2010 et symbole à lui tout seul de la flamboyance d’une fusée s’auto-détruisant dans le ciel, s’éteignait. Un an après cette mort subite, et histoire de rappeler à l’industrie qu’on ne fera plus jamais deux chanteurs comme ça dans le même moule, le label Pan European exhume un inédit des sessions de l’album « Les faubourgs de l’exil ». Ca s’appelle La mémoire perdue à nouveau, et c’est beau comme du Jim Morrison en Bretagne.
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L’ennui Kevin Morby

Dans la musique comme dans l’industrie, on n’aime pas taper sur du plastique mou. Une raison qui explique certainement pourquoi tous les albums du troubadour dylanien sont régulièrement encensés quand bien même le folk-rock de Morby ressemble aux tapisseries trouées de l’Amérique des années 60, en couleurs Super 8. Une inquiétante et lente nostalgie, à peine plus rapide que Joe Biden lancé dans un 100 mètres, et qu’on retrouve parfaitement exprimée sur le septième album de l’endormeur, « This is a photograph ».
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Rupture d’anévrisme pour Brain Magazine

Pendant 15 ans, le média fondé aura été l’emblème de « l’intellol », un endroit numérique un peu à part dans le paysage médiatique français, comme une sorte de petit-fils fini à l’urine (couleur or) d’Actuel, Vice et de ce qu’on n’appelait pas encore l’humour des réseaux sociaux. Aujourd’hui, Brain s’auto-débranche pour des raisons expliquées ci-dessous par sa fondatrice de l’ombre Anais Carayon. Le signe inévitable de la fin d’une époque d’insouciance sur internet, et qui pose d’autres questions plus profondes sur le devenir même des médias indépendants.
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Avec ‘’Lack of Imagination’’, Rottier prouve qu’il est plus post-punk que Phil Collins

Quand il est question de batteur capable de cogner des baguettes comme un micro, bref, d’une sorte de montée en ligue 1 quand on joue à l’AS Montbéliard, le nom de l’affreux chauve en chaise roulante ayant traumatisé la jeunesse des années 70 avec Genesis est souvent évoqué – même dans le titre de cet article. Mais que cela ne vous détourne pas du premier album de Guillaume Rottier, lui-même batteur et auteur d’un premier album qui contrairement à ce que son nom indique, déborde d’imagination.
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MNNQNS en session électrique sur « Massive Clouds Ahead »

Avec la crise en Russie, on savait déjà que la France allait manquer d’essence, mais personne n’avait prévu que le compteur électrique souffrirait lui aussi avec le deuxième album des Rouennais de MNNQNS, aussi électrique que le premier, mais plus que jamais à placer dans la mince liste des albums français à caler entre ceux de The Horrors et NIN. Des guitares, évidemment, mais aussi des tripatouilages l’électronique et une toque sur la tête : c’est parti pour une session en studio avec l’un des meilleurs titres de « The Second Principle » : Massive Clouds Ahead.
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‘’Aucun mec ne ressemble à Brad Pitt dans la Drôme’’, chef d’œuvre cinglé d’Astéréotypie  

Avec son troisième album écrit en chelou dans le texte, le collectif Astéréotypie réussit l’exploit de partir d’un un rêve éveillé avec un acteur américain millionnaire pour accoucher du meilleur album de rock français de ce début d’année 2022, et tout cela  avec le budget d’une PME en faillite. Une grosse dragée pour toute la concurrence, et qui rappelle qu’en art brut, la normalité est une insulte.           
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La société est étrange, mais Société Étrange l’est encore plus

Une plaque de vomi bicolore recouvrant un lingot d’or ayant transité par l’Allemagne et les Tropiques. A regarder ce qui s’apparente à l’une des pochettes les plus laides de l’an 2022, c’est la première image qui vienne à propos de « Chance », deuxième album du groupe Société Étrange fraichement publié chez Bongo Joe et qui, en seulement 6 titres, redonne à la transe ses lettres de noblesse en lorgnant plus du côté de CAN que du côté des cracheurs de feu altermondialistes.
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Une discussion pas répétitive avec Gavin Bryars

Il faut croire que certains genres musicaux se prêtent mieux à la postérité que d’autres : Alors que la date de péremption sur les disques « rock » affiche la trentaine maximum, au risque d’une indigestion, les compositeurs de l’école dite minimaliste, qui englobe finalement trop d’artistes et de sous-genres pour qu’on en délimite clairement les contours, semblent rajeunir avec l’âge. C’est le cas de Gavin Bryars, 79 ans, et dont la musique résonne encore comme les cordes de sa contrebasse. Rencontre avec l’Anglais au sourire fuyant, à l’occasion de son passage à Paris en mars dernier, pour un long entretien en français dans le texte.
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‘’Christophe, de jour comme de nuit’’ : un tribute à la fois beau et bizarre

Des « Paradis perdus » aux « Vestiges du chaos », le concept de ruines a toujours habité l’œuvre de Christophe. Et c’est à travers ce désormais mausolée post-moderne, autant composé de colonnes romaines que de Ferrari en warning et de jukebox à lampes, que le collectif français Deviant Disco propose une virée nocturne avec 11 reprises à la fois inégales mais parfois, aventureuses.
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Avec son super single « Zodiac », Baston veut faire saigner des gencives

Du groupe Baston, on avait gardé comme une légère trace, un cocard à peine effacé par trois ans de silence depuis la sortie de « Primates » en 2019. Trois ans plus tard, les Bretons remettent ça sur un deuxième album, « La Martyre », parfaitement introduit par Zodiac, un titre de new-wave cogne-dur qui semble faire le lien invisible entre XTC et Beak. 
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Melaine Dalibert, un pianiste qu’il est bien pour ceux qui aiment le piano

Que vaut la parole d’un pianiste français dans la quarantaine dans un monde algorithmique où tout se mélange, dans lequel Kanye West peut sampler sans rire King Crimson et où le rap, bon comme mauvais, invisibilise ce qui s’apparente désormais à des sous-genres ringardisés ? C’est à cette question que Mélaine Dalibert répond, sans mots, avec son premier disque chez Ici d’Ailleurs. Seul bémol : il faudra s’armer de patience ; « Shimmering » dure plus longtemps qu’une séance chez le coiffeur.
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