(C) Andy Jon

Vous en avez assez de la « pop acidulée » parisienne, des projets post-punk sans budget et des obscures formations garage du périphérique ? C’est le moment parfait pour partir à la rencontre des scènes émergentes du Québec alternatif, avec une sélection 100% objective des artistes à suivre en 2023. Et en prime, une playlist rétrospective du meilleur des années 2020s outre-Atlantique.

Loin des blagues réchauffées et des clichés qu’on vous fera le plaisir de ne pas recycler, le Québec regorge d’une foule de talents au style tout à fait indéfinissable. Quinze ans après la fin des inoubliables Georges Leningrad et le succès éphémère de quelques obscurs projets, augurant presque d’une Triple Alliance Internationale d’on-ne-sait-où, le Québec semble faire du tragico-bizarre un art de vie à part entière. S’il est évidemment impossible de faire un compte-rendu exhaustif des pépites de Montreal et alentours (car au Québec non plus, la centralisation n’est pas une fatalité), voici tout de même quelques trésors de la nébuleuse québécoise à suivre cette année. Profitez-en, le compteur des vues de la plupart est encore inférieur à 1000.

LÜGER – « Revelations of the Sacred Skull » (sortie le 10 février 2023)

En 2002, un impétueux journaliste de Tracks demandait à Lemmy Kilmister si, oui ou non, le rock était mort. Réponse du moustachu : « celui qui a dit ça doit être un trou du cul qui bosse dans un magazine ou à la télé ». Si 20 ans après, certains semblent encore bloqué sur la (lucrative) question, le Québec a peut-être quelque chose à dire : « Revelations of the Sacred Skull » est une énorme bombe. Lourd et crasseux comme un diesel saturé de fuel agricole, Lüger se complaît dans un rock d’une violence oubliée, dans la digne lignée de Motörhead et autres High On Fire. Avec, en prime, une pochette concourant directement au podium du top kitsch 2023.

LUMIÈRE – « GLAM » (sortie le 28 avril 2023)

Avec sa permanente blond peroxydé, son maquillage mi-Kiss mi-Bowie et ses épaisses lunettes noires, LUMIÈRE en fait des caisses et étonnamment, la recette fonctionne plus que bien. Également membre de Bon Enfant (dont l’excellent « Diorama » de 2021 est à découvrir dans la playlist plus bas), LUMIÈRE est l’incarnation en solo d’une identité excentrique et jusqu’au-boutiste, faite de strass et de paillettes, rappelant à notre bon public français Claude François, Polnareff ou Starmania. Une ode au kitsch beaucoup plus digeste qu’elle n’y paraît. Attention au sèche-cheveux.

FUUDGE – « … qu’un cauchemar devienne si vrai » (Sortie le 19 mai 2023)

Dans la famille post-punk dégénéré, FUUDGE tire les meilleures cartes. Avec des titres tous plus évocateurs les uns que les autres (Mourir j’aime trop ça, Tu peux prendre mon âme, Beurrée d’marde et Je sais pas comment faire avec les filles), le groupe est à Montreal ce que Les Clopes sont à Trentemoult (en bien plus bruyant). Une sorte de Bandini du monde 2.0, une chronique sociale de la déprime et de la perdition. Presque déjà culte.

YOCTO – « Station 01011 / Dactylo » (sortie le 28 janvier 2023)

Avec un esprit candide rappelant les Jeunes Gens Mödernes, YOCTO propose un post-punk savant et propre sur soi. Sorte de supergroupe de l’alternatif québécois, le projet catalyse en son sein les talents de Jesuslesfilles, IDALG et Chocolat en proposant un narratif nébuleux autour de… YOCTO, donc, à la fois groupe, unité de mesure et « celle qui nargue l’antagoniste mégalo ». Tout ça pour dire qu’un album semblerait se profiler pour 2023, histoire d’y voir un peu plus clair sur ce projet cryptique et prometteur.

Double Date With Death (DDWD) – « Portraits » (Sortie le 17 mars 2023)

Vous attendiez l’irruption de la flûte psychédélico-pastorale ? La voici. Elle hante les recoins de Labyrinthe, dernier clip de Double Date With Death issu de l’excellent « Portraits ». Entre une esthétique kaléidoscopique style Escher et l’angoisse de Shining, DDWD fabrique un claustro-psyché noyé sous la reverb et les vieux synthés. Par-dessus l’avalanche, quelques paroles hautement symboliques témoignent d’un songwriting tout à fait novateur (« Le labyrinthe, situation compliquée / Le labyrinthe, oui je tourne en rond »).

Ithildin – « The Hobbit At The Gates Of Dawn »

Cet étrange album est un pur exercice de style, libre hommage à Pink Floyd et à l’œuvre de Tolkien. Avec d’épaisses nappes instrumentales et quelques synthés vaporeux, ce très confidentiel projet fabrique un objet curieux et tout à fait remarquable, malgré une pochette au bon goût très discutable. À découvrir avec une tisane à la sauge (ou un coup de schnaps) et l’espoir lointain de voir poindre des jours meilleurs.

Et pour les groupes qui ne figurent pas dans cette sélection non exhaustive, voici une playlist 100% Québec de la crème des années 2020s.

7 commentaires

  1. bored! y paaseront sur tf1 & dnserons chez basile, fuckasystem! amis disco_ggers! attention blocage des depots postaux, utilisez feedX…..

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