Alors que l’énergie du rock parvient de moins en moins à être transposée au format album, il arrive encore en de rares occasions qu’une bande de jeunes écervelés réussisse à renouveler un genre dont on a pourtant fait le tour depuis des lustres. C’est le cas des Bruxellois derrière Warm Exit avec un premier album, si ce n’est ultra violent, du moins ultra riche.

« C’est quoi le rock ? » s’interrogeait en 2008 Eddy le Quartier. Seize ans plus tard, et malgré le temps passé par des centaines de groupes à faire du bruit dans des caves humides, étonnamment, la recette toujours plus difficile à comprendre. A moins que les jeunes hommes blancs, hélas encore trop majoritaires dans le secteur, n’aient perdu la notice ou qu’à l’inverse, le public ait fini par se lasser de ces disques un peu trop binaires consistant à allumer un batteur trépané et son cousin bassiste en estimant qu’il suffit de gratouiller deux accords mineurs en boucle pour donner l’illusion d’avoir pondu un « album post-punk neo-kraut », le tout suivi d’adjectifs tellement chiants qu’on ne perdra même pas de temps à les énoncer.

Dans le cas de Warm Exit, et comme vous n’êtes pas le cousin demeuré du bassiste précité, vous aurez bien compris que c’est l’une des exceptions qui confirme la règle; « Ultra Violence » étant un premier album suffisamment agressif pour endormir toutes les angoisses qu’on pourrait ressentir à l’évocation de la phrase « jeune groupe débutant 2024 avec album de rock ». Sur cet album qui ne doit pas son nom à Lana Del Rey mais à l’Orange mécanique de Kubrick, une impression de go fast sur l’autoroute Lille-Bruxelles, sans temps mort ni arrêt sur une aire d’autoroute, et petite impression de bande-son nucléaire post Wire. Une atmosphère noire sous acide qui ne sera pas sans rappeler les plus belles heures de feu Soft Moon, et suffisamment bien ficelée pour être crédible aux yeux des plus déprimés de la bande. Et belle surprise que d’entendre ces productions typiquement anglaises, mais confectionnés par des voisins qui parlent français.

Si évidemment « Ultra Violence » ne révolutionne pas radicalement le concept d’album rock qui fait du bruit et mérite surtout d’être vécu live, il comporte suffisamment de bonnes idées (Damages become a necessity, Become the butcher) pour donner de la motivation à celles et ceux qui souhaiteraient sortir dans la rue avec une masse pour tout péter. A ce stade, chacun trouvera la raison de son choix. L’essentiel, comme le résume le titre de ce premier album incandescent, c’est d’utiliser le rock pour ce qu’il a à offrir : un mélange de rage et d’insouciance que les plus de 25 ans ne pourront plus jamais connaître, et qui servira de gasoil pour alimenter le moteur de quatre mecs ou nanas assez remontés pour être prêts à troquer une vie normale contre des tournées pourries dans des bleds paumés reliés les uns entre les autres par des voyages en van qui sentent la sueur et l’urine.

Warm Exit // Ultra Violence // Exag Records
https://warmexit.bandcamp.com/album/tv-ultra-violence

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