Imaginerait-on Ophélie Winter trouvant la foi dans les bols tibétains de Meredith Monk ? Et Kyo trouvant le chemin du talent grâce aux bienfaits méconnus du pipeau ? Au-delà des apparences, et loin de ses bases, c’est l’histoire vécue par André 3000, ancien héros des années 2000 avec deux tubes pour Outkast, et qui renaît aujourd’hui de ses cendres avec un premier album en 17 ans, « New Blue Sun », digne du dernier essai de Pharoah Sanders.

« André 3000 a-t-il déjà sorti un album solo ? », « Est-ce que André 3000 a trafiqué son nom ? », « Les membres d’Outkast sont-il vraiment amis » ? Voici les questions les plus fréquemment posés sur Google, et cela en dit assez long sur la curiosité des vieux internautes successivement tombés sous le charme de Ms. Jackson (2000) et Hey Ya ! (2003), deux titres typiques des blockbusters 2000’s, à une époque où les gens n’avaient pas encore la fibre pour utiliser internet n’importe comment.

New new age

Pile 20 ans après la gloire, et après avoir perdu toute trace de confiance en lui au milieu des années 2010, André 3000 revient comme on débarquerait dans une nouvelle pièce, précédé par une rumeur indiquant que l’Américain venait d’enregistrer un album à la flûte. Une nouvelle se suffisant à elle-même, si ledit objet, « New Blue Sun », n’était pas plus qu’un gros pipeau. Car voilà l’affaire : réhabiliter l’art de boucher des trous avec des doigts, et autrement dit manier cet instrument tant détesté au collège, pas trop le truc d’André Benjamin, 48 ans. Oui, la moitié d’Outkast est bien crédité sur tous les instruments à vent de l’album, mais cet album inespéré est avant tout un hommage au jazz spirituel et à la musique minimaliste ; le musicien étant de son propre aveu fier que « New Blue Sun » ne comporte aucune mesure et soit le résultat d’une longue improvisation loin de toute tentation de succès.

André 3000's first album in 17 years, 'New Blue Sun,' is out now : NPR

« Ce n’est pas comme si je n’avais pas essayé, ou comme si j’avais beaucoup de ces chansons en stock explique André, j’ai juste des chansons à faire écouter et ce n’est pas du rap« . Façon de dire que le carnet de chèques a été sorti suffisamment de fois au cours des deux décennies pour que l’homme, repéré plusieurs fois dans la rue avec une flûte dans la main, n’ait pas envie de renverser la table pour voir ce qu’il en tomberait.
La réponse fait le bruit d’une plume : « I swear, I Really Wanted To Make A « Rap » Album But This Is Literally The Way The Wind Blew Me This Time ». Ca, c’est le nom du titre d’ouverture et si ce n’est pas un doigt adressé à tout le système, on ne voit pas trop ce que cela pourrait être. Une ode à la touche pause, un écho lointain au « Promises » de feu Pharoah Sanders et Floating Point, une manière ultime de se réinventer après avoir gommé son identité à coups de silex.

Et ma flûte, c’est du poulet ?

Ne cherchez pas de tube sur « New Blue Sun ». Inutile également d’accélérer les pistes à la recherche de sa copine Beyoncé – à qui il a dû demander son autorisation pour placer son nom au tracklisting, voyez l’état de la police juridique en 2023 –  ou de regarder la montre pour savoir combien de temps l’album dure. Ce qui rend ce premier disque astral si spécial, c’est sa hauteur. Une œuvre dont ne sont pas encore capables les intelligences artificielles, qui s’appuie sur la souffrance d’un artiste ayant connu l’abîme parce qu’il avait connu le succès et qui, à l’approche de la cinquantaine, rebat toutes les cartes pour enfoncer ses grandes mains dans le jazz spirituel, à la façon zen d’un Ariel Kalma. Est-ce un album de méditation pour yuppies en collant ? Enfoncez-vous plutôt la flûte dans le fondement. Du jazz sous Tranxene ? Visez plutôt les heureuses heures du grand Herbie Hancock, sans le groove des Headhunters mais pas sans l’inspiration de la musique minimaliste. Et l’on vous conseille à ce titre la playlist influences d’André 3000, où Steve Reich, Yusef Lateef et Laraaji se baignent tous dans le Gange en do septième. « New Blue Sun », en vérité, est une réponse à la note bleue des ancêtres ; un retour aux sources si profondes qu’on en avait oublié l’existence et qui rappelle, dans sa perfection, comment l’amour des belles choses s’est perdu.

« Pourquoi le jazz ne fait plus partie de la scène pop ? s’interrogeait un jour le même Herbie Hancock, c’est parce que ce n’est plus la musique qui compte. Les gens ne se soucient plus de la musique elle-même, mais de qui la fait. Le public est plus intéressé par les célébrités et par la façon dont un artiste est plus célèbre que la musique. […] Il n’a plus de connexion transcendantale avec la musique et sa qualité. Le public veut juste du glamour ».

Le plaisir de se réunir dans une même pièce pour planter des notes à la même altitude, la joie d’une harmonie accidentelle ou de longues plages étirées sur 17 minutes, voici les cadeaux offerts en offrande aux auditeurs lassés de trop d’automatismes, et à celles et ceux qui oseront regarder par-delà la montagne pour découvrir que le colossal Hey Ya ! dissimulait un mystère. Derrière les roseaux, en embuscade, André semble désormais prêt pour l’an 3000 et le millénaire des sérénités.

André 3000 // New Blue Sun // Epic

 

 

8 commentaires

  1. punaise bester tu est inspiré lol ,tu parle tu as jamais eté inspiré ,tu as toujours eté un pseudo pigiste bas du front sans talent aucun et a la culture musicale limité ,André 3000, c’est plus fort qu’Optic 2000 non de zeux et LE 1er album de DELTRON 3030 c’est du bousin ? Et ma flûte, c’est du poulet ? et ton cul c’est du tofu? pitoyable , punaise du devrais bossé pour closer ou mieux encore pour union le magazine echangiste ou pourquoi pas tetu magazine lol tu est putain de scribouillard à la petite semaine ,un rond de cuir médiocre ,un nuisible

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