Baba Scholae : 69, année erratique

Dans sa biographie mormone consacrée à Jerry Lee Lewis, Nick Tosches remonte à la source du terme « revival », défini par l’écrivain complétiste comme « une réunion religieuse destinée à raviver la foi et organisée aux États-Unis par les prédicateurs itinérants ». En ces temps de nostalgie collective où la moindre veste à franges et la première des reliques de collectionneur se voient affublées du terme « vintage », la sortie post-mortem du disque de Baba Scholae, quarante ans après son enregistrement, est l’occasion de rappeler que pour les croyants et les rockeurs français, il y a parfois une vie après la mort.
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SCOTT WALKER
« Bish Bosch », un travail de pro

Deux théories sur l’évolution de l’univers s’affrontent. Certains pensent qu’après sa phase d’expansion, celui-ci explosera de l’intérieur sous l’effet de sa propre masse jusqu’à se rétracter dans son lieu originel : c’est la voie chaude. D’autres disent que son expansion n’aura pas de limite, que les étoiles s’éloigneront de plus en plus les unes des autres, sans aucun retour possible, jusqu’à ce qu’elles gèlent à mort, seules et perdues à jamais dans l’espace : c’est la voie froide. Et c’est aussi l’avenir de la pop, tel que nous le propose Scott Walker.
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MELODY’S ECHO CHAMBER
Quand le Tame n’Impala, les souris dansent

Le deuxième album de Tame Impala nous a tous empapaouté. Maintenant que « Lonerism » squatte la playlist iTunes section « musique de pub pour bagnoles » des agences de com’ tenues d’une main molle par des trentenaires prenant des nouvelles du monde via GQ ou le dernier sketch de Mouloud Achour, on peut bien s’avouer que Kevin Parker nous a fait un bébé dans le dos. Nom de code du beau cocufiage : Melody Prochet.
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TY SEGALL
Quoi de neuf, docteur ?

Alors que quelques uns s’excitent encore sur l’énième conseil d’administration d’un groupe qui n’a pas sorti un single valable depuis quarante piges, un énergumène californien propulsé par des fuzz en pagaille s’acharne à reprendre un vieux train en marche. Comme au temps des chemises à jabots, le petit Ty Segall vient de se faire l’instigateur de trois albums en quelques mois. Entre le travail à la chaîne, les promenades du chien et les courses à beaufland, il a fallu du temps pour se pencher sur son dernier-né, « Twins ». Un temps pour formuler une vitale question : « Est-ce bien raisonnable pour un seul homme ? »
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LA TERRE TREMBLE
Comme un ouragan qui passait sur moi

Par définition imprévisible, le tremblement de terre englobe une foultitude d’accidents heureux allant de Beth Ditto en train de faire son jogging à un single de Dorothée en 1989 qui s’écoule à 650 000 exemplaires, en passant par la tectonique du mec plaqué sous lequel, subitement, le sol se dérobe. Mais c’est aussi le deuxième album du groupe du même nom qui, comme on dit à Monaco, va tout emporter.
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SCORPION VIOLENTE
Faites entrer l’accusé

Un adjectif accordé de façon étrange, un titre d’album en allemand, une origine strato-messine, tout concourait à faire de Scorpion Violente les rois de la fête à Ibiza. Mais ils ont choisi que non. Ca sera donc drone-core et réverbérations fumantes pour tout le monde, dans une ambiance glauque comme dans les concours miss beauté pour les 6/13 ans. Si Francis Heaulme organisait un jour chez lui un goûter d’anniversaire, sûr que la sono sera assuré par Scott et Toma.
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THE SOFT MOON
« Zeros » en écoute intégrale

Déjà pas très loin du zéro absolu avec leur premier album sorti en 2010, The Soft Moon revient avec un brûlot synth-punk pas vraiment west coast, qui donne surtout l’impression de survoler Berlin en hélicoptère avant la chute du mur. À deux semaines de la sortie officielle chez Captured Tracks, écoute exclusive de cet album en béton armé, influencé par leurs aïeux de San Francisco, les bien nommés Chrome.
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THEE OH SEES
Putrifiers II

Dès réception du disque, dont la pochette est moins laide qu’à l’accoutumée, on se sent heureux d’avoir un nouveau Thee Oh Sees à se mettre sous l’oreille. Mi-drone, mi-garage, et avec des notions évidentes de bon goût – ce qu’on cherche tous dans un disque, en somme – « Putrifiers II » est moins garage que le précédent, penchant davantage vers le psyché.
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WALL OF DEATH
« Main Obsession », Paris-Texas en carte postale

La légende raconte qu’un bon disque de rock doit s’écouter au casque. Que, comme avec un bon cigare, le critic doit humer le parfum des guitares à travers la membrane de l’appendice filaire pour sentir les guitares boisées, les mélodies végétales et tout un tas d’autres conneries stylistiques sans lesquelles on n’aurait pas placé Grizzly Bear, François and the Atlas Mountain et tous les autres mollassons indolores sur un podium trop grand pour eux. Avec le premier LP des Parisiens de Wall of Death, à paraître chez Born Bad, c’est un peu différent : l’écoute solitaire de « Main Obsession » prend la forme d’un confessionnal chargé en électricité et en bénédictions. Plus près de toi, saigneur.
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SWANS
« The Seer »: quand le groove se fracture

Voilà trente ans que ce groupe mutile ingénieusement nos vigoureuses oreilles avec au compteur plus de décibels que n’importe quel groupe de heavy metal. La musique de Swans, c’est (beaucoup) de bruit qui pense. La preuve avec un nouvel album, « The Seer », sorti il y a quelques semaines chez Young God Records, label du magnétique leader du groupe, Michael Gira.
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LAND OBSERVATIONS
« Roman Roads IV-XI », get in the c(h)ar

Un disque invendable — « Roman Roads IV-XI » — signé sur un label à vendre — Mute. Tandis que le business musical accouche d’empires malades, James Brooks tricote à la guitare et sans un mot des odes aux voies romaines : en route pour les grands espaces, tandis que les patrons d’EMI et Universal, trop occupés à tripoter leurs calculettes, en oublient de regarder l’horizon au travers des (pourtant) immenses baies vitrées de leurs bureaux.
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MOON DUO
Circles

Un an après « Mazes » et son EP de remixes « Mazes Remixed », Moon Duo revient avec son deuxième album, toujours chez Sacred Bones Records. Enregistré dans les montagnes, le tout est emballé dans une référence à un essai du XIXe siècle de Ralph Waldo Emerson. Est-ce bien important ?
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ZOMBIE ZOMBIE
Cartographie du nouveau monde

Cinq ans après un premier album sorti la même année que le « † » des Bognadoff de l’électro des parkings, le temps a fini par rendre justice à Zombie Zombie. Alors que les deux zozos de chez Perdreaux Winter ne passeront, justement, pas un hiver de plus, Zombie Zombie publiera le 22 octobre prochain son « Rituels d’un nouveau monde », plus dépaysant qu’une croisière sur le Costa Concordia. Après une bénéfique remise des compteurs à zéro, voici en guise de supplément touristique notre « track by trac », soit une dissection morceau par morceau de ce mutant qui fout les chocottes.
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THE XX
Trois corbeaux et un fardeau

La rentrée est synonyme de nouveauté en tous genres (littérature, cinéma, etc.), mais aussi parfois synonyme de sorties d’albums en-voulez-vous-en-voilà. Il y a les bons et les mauvais, les moyens et les passables. Il y a ceux qui vous promettent monts & merveilles et qui à l’arrivée se vautrent littéralement, les quatre fers bien en l’air. En l’occurrence the XX et leur deuxième album, « Coexist ».
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PLUGS
Ceux qui l’aiment prendront le train

Sur le papier, le premier album de Plugs semble tout juste bon à exciter trois mormons lors d’une boum sans alcool : un nom à coucher dehors, une pochette bariolée comme un short à Goa, et puis cette signature sur le label d’Eurostar qui rappelle surtout que partir à Londres sur un coup de tête, c’est devenu hors de prix. Autant vous dire qu’à priori, on se dirige tout droit vers une chronique chiante et monotone comme un… comme un voyage en train.
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Ariel Pink : une arnaque presque parfaite

Jadis, les clowns étaient parqués dans des camps qu’on appelait des cirques ; la femme-tronc y côtoyait les freaks androgynes, et les gamins en avaient pour leur argent tandis que les parents s’emmerdaient sévère pendant le show de Jumbo l’éléphant. Plus d’un siècle après la mort de Phineas Barnum, gros switch générationnel : désormais, les dingos divertissent les plus vieux avec des perruques délavées et des disques finis à l’urine. Quant aux gosses, ils assistent consternés à la sortie du neuvième album d’Ariel Pink.
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