La demoiselle fragile s’était trop longtemps absentée. Je me souviens avoir été enivrée de douceur et de tristesse à l’écoute des albums « Jukebox » et « the Greatest ». Mon paquet de mouchoirs pouvait en témoigner : des tonnes de larmes versées sur Metal Heart, Ramblin (Wo)man et the Greatest, comme toutes les filles atteintes de « chagrin automatique » — être vulnérable à quoi que ce soit — qui vous fait facilement pleurer pour des broutilles. Puis il y a eu le film Juno où j’ai découvert sa reprise de Sea of Love (certes un peu tard), encore plus émouvante que l’originale (par Phil Phillips and the Twilights).
Ces quatre années de silence radio après son EP de reprises « Dark End of the Street » furent longues, très longues. Il paraît que plus un artiste prend son temps, plus il fera un album qui lui ressemble. « Sun », à sa façon, est différent de ce que l’on pourrait attendre. C’est l’espoir, le renouveau, une nouvelle histoire qui commence. Le Chat s’est d’ailleurs pas mal investi dans la création de ce disque — et pas que financièrement, loin s’en faut — ce qui explique certainement ce luxe d’avoir Philippe Zdar au mixage.
Il m’a fallu écouter une dizaine de fois cet album pour me faire une idée. Et même là, en rédigeant cet article, je reste assez dubitative. J’ai fini par m’habituer à des disques comme « You Are Free » et « Myra Lee » ; cette fois-ci, Chan décide de mettre de côté la folk pour créer un son nouveau : un peu de rock (Silent Machine), un peu de synthé (Real Life) ; ça en fait, du changement.
Sur Ruin, la batterie file une sacrée motivation, le piano obnubile ton esprit et les paroles sont définitivement ancrées dans ta tête : « What are we doin’ ? We’re sittin on a ruin. » Tu as l’impression de te faire porter par je ne sais quoi, le sentiment qu’il faut agir au plus vite avant qu’il ne soit trop tard — la fin du monde ? La réalisation de soi ? Allez savoir.
Sans jamais être allée à New York, l’écoute de Manhattan permet de s’imaginer dans un loft avec une grande baie vitrée et un temps pluvieux où les gouttes glisseraient sur les vitres ; on resterait assis là, en scribe, à regarder New York et nos vie qui défilent, ça ferait un super cliché déprimant mais agréable. Cette chanson est totalement captivante, il faut l’écouter des dizaines voire des centaines de fois pour être entièrement absorbé par la beauté de ce titre. Petit coincement sur Real Life, les effets du synthé sont mauvais et pénibles, heureusement qu’un titre comme Human Being assure par la suite, sans quoi on aurait facilement tendance à baisser les bras.
Et s’il fallait résumer « Sun » ? Un virage à 300 km/heure sans regarder derrière. Une nouvelle Cat Power qui repart sur de bonnes bases et qui avance. C’est un peu inégal, mais pas déplaisant pour autant. Soyons honnêtes, difficile de faire confiance à un artiste ; il y a tellement de déceptions portées par des promotions excessives, voire abusives. Mais cette fois-ci, pas de poudre aux yeux. On peut faire confiance à Chan Marshall, « Sun » est ce petit bout de lumière qui, à 40 ans tout juste, la rend plus mature et plus réfléchie.
Cat Power // « Sun » // Beggars
http://www.catpowermusic.com/
3 commentaires
Surtout très très inégal et cruellement ennuyeux.
Les dix minutes et son final Iggy-Pop-a-vu-de-la-lumière-et-il-est-passé-dire-bonjour… Parait que c’est un hommage à Bowie ! Il est pas prêt d’aller mieux avec ça notre Dada.
A 40 piges, Cat Power vient de découvrir que les bonnes intentions ne font pas nécessairement les bons disques. Déjà pas si mal…
Bien l’impression que pour le reste de l’année, la concurrence sera minuscule derrière le sublime ‘Overgrown Path’ de Chris Cohen.
Complètement d’accord avec le Doc.
Depuis qu’elle a les cheveux courts, elle nous emmerde. Et pas une seule chanson potable sur ce disque.
Ouh les loulous vous avez du sucre à casser à ce que je vois. Comme on dit l’important c’est d’avoir essayer..
Bravo pour le Endives Warhol, je suis fan.