WALK AWAY RENÉE
Les dents de la mère

Jonathan Caouette revient avec un documentaire sur sa mère, plutôt bien branlé et moins énervant que la longue jérémiade qu’était « Tarnation ». Avec « Walk away Renée », il nous livre un portrait intimiste de sa famille. Il nous y parle de la folie, de la place qu’on accorde à nos vieux, sans oublier ce magnifique corps de métier essentiellement constitué d’horribles petits fils de putes que sont les médecins.
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AUTEURS ET PORNO
La possibilité d’une idylle

Pendant que B. Root passe son temps à se plaindre de la crise du X, le cinéma traditionnel trempe un doigt dans le genre, hésite, fait sa mijaurée, se penche… jusqu’à tomber dans la marmite ? On pourrait croire d’abord que le mainstream (le tradi) zieute l’underground (le porno), alors que c’est logiquement l’inverse qui devrait se produire et qui se produit dans la plupart des cas. Mais à la différence de la musique, le niveau d’exigence et de qualité se trouve bien évidemment du côté institutionnel : vous en avez vu beaucoup des pornos « de qualité », esthétiques, de vrais bons films et pas juste des machines à faire jouir ?
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BYE BYE BLONDIE
Lesbien déraisonnable

Septembre 2004, sortie du roman de Virginie Despentes. À la fin du livre, l’héroïne, Gloria, traverse Paris à pieds, tombant à chaque colonne Morris sur l’affiche d’un film dont elle a écrit le scénario, intitulé « Bye Bye Blondie ». Mars 2012, l’affiche du film « Bye Bye Blondie » trône effectivement sur les colonnes Morris, dans la vraie vie. Belle mise en abyme.
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ABEL FERRARA
Go-go tales

Ca se passe dans un club de strip-tease, Willem Dafoe est le patron, l’affaire marche plutôt mal, la propriétaire veut son loyer, le principal financeur retire ses billes, les danseuses menacent de faire grève. Le patron joue tout son argent au loto, mais ne retrouve pas ses tickets. Il est recommandé de voir Go-go tales avec une ou deux autres âmes perdues dans une salle presque vide, un dimanche soir ou un mardi après-midi pour en goûter toute la saveur.
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POTEMKINE
Cinema paradiso

Quand je maile bdalle@potemkine.fr, je m’attends à parler à Béatrice Dalle reconvertie en éditrice artistique d’un vidéoclub bobo du 10ème arrondissement de Paris. Déception totale quand rendez-vous pris, je m’aperçois qu’à la terrasse de Chez Prune m’attend un jeune homme tout ce qu’il y a de plus classiquement prénommé Benoît. Sans tambour ni trompette, il m’invite à le rejoindre à sa table. En me penchant pour lui serrer la main, j’examine le bombement de sa lippe qui ravive l’éternel espoir d’avoir affaire à un aïeul de « Lèvres de feu ».
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A DANGEROUS METHOD
L’Europe avant la bascule

« Dans 100 ans, nous serons toujours aussi détestés », prophétisait Freud. Nous sommes en 2012, et il avait vu juste. En témoigne le succès du livre de Michel Onfray, « Le Crépuscule d’une idole », best-seller qui se veut le réquisitoire le plus implacable élevé contre le père de la psychanalyse : fasciné par le fascisme, antisémite, belliciste, méprisant envers les pauvres, anti-communiste et amant de sa belle-sœur. Bel hommage à un homme dont les livres furent brûlés, les sœurs massacrées, lui-même chassé par les nazis, et qui mourut dans la pauvreté à Londres en 1939.
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TERRENCE MALICK
La perception et la berlue

Palme d’or 2011, film controversé, le « Tree of Life » de Terrence Malick n’a pas fini d’alimenter les débats endiablés de cinéphiles, transcendentalistes, philosophes et simples spectateurs comme moi. En compagnie de Jean-Michel Durafour, nous revenons sur le cinéma malickien, son travail sur la perception, son rapport à la nature, de « La Balade sauvage » à « La Ligne rouge », des « Moissons du ciel » au « Nouveau Monde ».
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ABEL FERRARA
Forza Cinema

61 ans au compteur et toujours vaillant, le New-Yorkais est venu présenter à Paris son dernier film, « Go Go Tales », produit en 2007 et seulement sur nos écrans aujourd’hui. Jetlagé à mort, totalement épuisé, shooté au café, le réalisateur culte de Bad Lieutenant ou The King of New-York, a baillé, beaucoup, fermé les yeux, tout le temps, mais incroyablement affable, il s’est tout de même prêté à l’exercice de l’interview filmée.
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DUCH
Le maître des forges de l’enfer

Entre 1975 et 1979, c’est à dire entre l' »Été Indien » de Joe Dassin et la sortie du premier album de Dire Straits, les Khmers rouges du Kampuchea démocratique ont tué environ 1.8 millions de Cambodgiens avant de retourner dans la jungle, chassés par les Vietnamiens. Depuis la jungle, ils poursuivirent leurs activités révolutionnaires, c’est à dire leur auto-digestion, jusqu’à ce que Ta Mok aka « The Butcher », le numéro 2, arrête, juge et bute Pol Pot en 1998. Après ça, c’était fini. Ce qu’il reste maintenant, c’est un tas de crânes et des enfants bourreaux.
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J. EDGAR
G-men

Clint Eastwood livre, avec « J. Edgar », un objet étrange. Sous couvert d’un biopic historique, il filme une histoire d’amour contrariée. Sans grand recul, il nous plonge dans la psyché retorse et tourmentée de son héros. Sinueux mais parfois un peu vain, le film déroule le combat idéologique d’Edgar Hoover comme le combat d’un homme contre lui-même.
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TAKE SHELTER
Le chaos rampant

Tout le monde connaît l’histoire des trois petits cochons. C’est une histoire que l’on raconte aux enfants qui vivent dans des maisons en pierre : c’est une histoire qui rassure. Pour les enfants qui vivraient dans des tipis ou des cabanes en bois, je pense qu’il faut l’éviter. « Take Shelter », c’est l’histoire du troisième petit cochon qui serait devenu psychotique, et qui déciderait de se construire en annexe un abri antiatomique, un refuge ultime, qui parerait à tout.
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MILLENIUM
Dérapage en Grand Nord

Après avoir biographié avec talent la vie de Marck Zuckerberg, David Fincher replonge dans l’enquête policière avec « Millenium » et retrouve avec passion sa lubie du tueur en série. Le dernier en date, « Zodiac », était d’une rare intensité, un casse-tête insensé et psychopathe, dont la force de l’intrigue aspirait littéralement. Avec « Millenium », le pari était sans doute trop risqué. Ce qui faisait la force de « Social Network » est ici la faiblesse de « Millenium » : son scénario.

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JEAN DUJARDIN
Le corps impatient

Il aurait pu devenir le pire gâchis de la comédie française de ces dix dernières années, et il a fallu une belle rencontre (Michel Hazanavicius), des risques importants et une perpétuelle remise en question pour aborder frontalement l’empire du cinéma français. Le côté obscur, refusant les rires et autres bouffonneries, s’est senti obligé de s’abaisser devant ce corps en furie, qui parle, danse et intellectualise discrètement tout ce qu’il touche.
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DRIVE
(Avis contre) Taxi sans driver

« Drive » a reçu le Prix de la mise en scène au dernier festival de Cannes, illustrant le principe des honneurs à contretemps, lequel consiste à rater les bons films d’un réalisateur pour primer les suivants. La loi de l’honneur à contretemps implique souvent que le film primé soit raté, comme le prouve « Drive », promenade médiocre et sans intérêt dans les rues de Los Angeles.
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