Le driver exécute avec autant d’impassibilité des cascades pour le cinéma que des braquages pour la mafia. Aux manettes, le jeune prodige danois Nicolas Winding Refn, Prix de la mise en scène au dernier festival de Cannes, et surtout Prix de la grande classe.

« Oublie la finesse ! », nous ordonne Vin Diesel au beau milieu de Fast and Furious 5. OK, mec ! Oublie la finesse, enlève ton cerveau, pose-le sur la banquette arrière, passe la cinquième et va péter la gueule à tout le monde. C’est sûrement ce qu’a dû placarder Luc Besson à l’entrée d’Europa Corp : « Oubliez la finesse ! ». On est ici face à un cas de schizophrénie avancée, car il semblerait que Vin Diesel pense avoir fait preuve d’une extrême finesse durant les quatre autres volets de la saga.

Nicolas Winding Refn n’a sûrement pas entendu l’injonction de Monsieur Muscles; lui est parti du postulat inverse pour façonner son polar noir et bleu dans les rues de Los Angeles. Il réinvente le genre du « vroum-vroum héros », sauveur de la veuve et de l’orphelin, en nous chuchotant sur la highway : « Joue-la fine et tais-toi ».  Il prend Ryan Gosling pour ce qu’il est : un acteur. Soit, donc, un pantin, une marionnette, ou plus précisément ici : un robot. Il parle peu et se limite à deux expressions : sourire ou pas sourire. Robot has no emotion. Robot don’t talk. (A noter que Samuel Le Bihan a réussi à fonder toute sa carrière sur une seule expression : son fameux mono-face/ regard de veau. Travaille dur, mon petit veau, et d’ici deux ans tu pourras jouer deux émotions. Ta maman sera fière de toi.)

Grâce à ce dispositif, tout est dit en très peu de plans. Robot voir femme. Femme voir robot. Robot sourire. Robot ressentir émotion. Robot perturbé par émotion qu’il ressent.

Pas de punchline. Non, joue-la fine et tais-toi. Les effets sonores et visuels sont  simples et maîtrisés. La bande-son vient nous renseigner sur le personnage, comme par exemple le Night Call de Kavinsky : « there is something inside you, it’s hard to explain ». Le réalisateur est de la race des fétichistes ; il élève son acteur au rang d’icône, avec une voiture, un cure-dents, des gants en cuir et une veste blanche floquée d’un scorpion. Le film est obsédant, hypnotique. Les images (flottantes) restent.

Les seconds rôles ne sont pas aussi intéressants : trop humains, trop écrasés par Robot Gosling. Une scène vient matérialiser l’humanisation du driver. On est backstage dans un club de strip-tease et, alors qu’il explose la gueule d’un vilain brigand, les strip-teaseuses se figent telles des poupées de cire. Mais lui transpire, exulte, les yeux gorgés de sang. Robot est vivant. Robot aime le goût du sang qui coule sur ses joues. Voilà le vrai visage de l’humanité.

Humanité qu’il en vient à cacher sous un masque de latex, histoire de ne pas nous montrer un petit sourire sadique au moment où il noie un autre vilain garnement. Oui, la deuxième partie du film est un énorme bain de sang. Oui, le sang est ce qui sépare l’homme du robot. Robot est humain. Robot est un héros.

A la sortie, le public est choqué, troublé (même pas un petit happy end, les femmes crient au remboursement). Ils pensaient tous aller voir un film cool avec du vroum-vroum, du vrai. Ils ont pris la finesse d’un Danois en plein postérieur, avec gant de soie et essence de Guerlain, s’il vous plaît.  Merci pour la ballade, mes érections ne sont jamais aussi fortes que quand il y a un petit brin d’intelligence en provenance d’Hollywood.


Drive – Bande-Annonce / Trailer [VOST|HD] par Lyricis

24 commentaires

  1. Moué un peu sur-liké ce film chez les hypeux de la presse. Je m’en suis méfié à l’Etrange Festival en septembre dernier. J’ai laissé mon accréditafion à un pote et suis allé voir Blackthorn avec Sam Shepard dans un ciné à côté du forum. Drive est un gros clip sentimental et la B.O racoleuse, la mise en scène du coup est très esthétisante (même la violence par moment devient du gore comme un mauvais Gaspard Noé donc dans tous…). Les scènes de bagnoled sont supa’classiques (revoir celles de French Connection 1 & 2). Je rejoue du coup à Driver sur PS one et préfère mettre Anoraack à College (très surfait….) dans mes playlists de la survie 10 % du bar. . Ah oui question violence/esthétique je vous conseille The Human Centiped 1 & 2. et puis merde, n’est pas William Friedkin qui veut (« To live and die in LA ») ou en moins nihiliste, Michael Mann. On verra ce qui restera de Drive dans 10 ans : rien qu’une carcasse vide.

  2. Encore heureux que ce soit esthétisant et que le mec filme pas comme ses pieds comme on en a souvent l’habitude/ dans le style dogma pseudo réaliste zoom-dezoom/ enfin un mec qui nous imagine des images/ Je suis très heureux de savoir que tu écoutes anoraack à place de college/ pour moi ça colle au perso/ ça va dans la mise en scène « A real hero a real human » simple et efficace/ mais envois un mail au réa et fais lui part de tes recommandations pour le prochain film/ en tout cas si ta prédiction est vraie et que dans dix ans il finit en carcasse ce sera la carcasse d’un belle bagnole/ sinon je m’en tiens toujours à ce bon vieux inspecteur harry « les avis c’est comme les trous du cul tout le monde en a un »

  3. pitain il est nerveux le garçon… hé ce n’est pas toi qui a torché ce long-clip qui plait à toutes les modasses. Je suis là pour faire chier la hype et ce film patauge en plein dedans. Je fais mon taff. Je ne suis pas un jeune wannabe sucker mais un vieux casseur de hype. « a real antiheros a real crevard  » (mouarf.) Détends-toi et donne moi le nom du mec derrière College. Et on va rire.

  4. Bam. Une modasse ? Faut juste ne pas crier au génie et dégonfler vite vite la baudruche : le produit marketé « tendance », là le nihilisme électro urbain (qui ferait une jolie pochette pour Vinco mais c’est déjà fait je parle de kavinsky…) est en roue libre, anti-sentimental (l’amour est impossible on reste seul c’est tellement plus vendeur les beaux célibataires) et hyper violent : le cure dent, j’ai eu mal pour la gencive du cascadeur. Allez téléchargez « Never let me go » en VO avec l’actrice « je fais la gueule » dans DRHYPE. Risible le non-jeu de cette sous Audrey Tautou (c’est dire le niveau).

  5. hé « jean malback » si tu ne supportes pas les commentaires alors change de métier. Pour le blog c’est déjà fait en 2002 – le premier blog parisien … le buzz que j’ai eu, je surf encore dessus !!! -ça s’appelle comme mon avatar ma caille « casseurs2hype » et c’est même devenu un livre, un baise-sollers. Allez dig « Crevard » dig. On revient au film ? Je pense qu’il ne pète pas plus haut qu’une sitcom américaine (non je n’aime pas LOST non je n’aime pas ce qu’est devenu David Mamet), dire que le mec derrière est un danois…. Allez MORSE celui de 2008 et on fait la paix avec les pays nordiques qui veulent se réchauffer sous le soleil de L.A…

  6. Est-ce que tu as lu l’article en trouvant un passage où le mec ‘criait au génie’ ? Moi j’ai juste lu l’article d’un mec qui a vu un film, certes esthétisant mais c’est aussi ça le cinéma, en tous cas les images; et qui a trouvé que sur la base d’un scénario guère plus étoffé qu’un Transporteur par exemple, ben ça rendait quand même vachement bien. Que l’émotion passait justement par les images et la façon de filmer; par l’atmosphère de la BO qu’on n’écoute pas chez soi mais qui participe de la beauté du film. Que Ryan Gosling joue vraiment bien. Que c’est fin malgré le scénar L.A/ bagnoles/ histoire d’amour. Bref tu vois le ballon que tu veux. Moi je n’ai vu que l’atmosphère. Qui m’a bien transportée pendant 2h (et sans Statham)

  7. Chère Blandine, ta dernière réplique – c’est du théâtre muet hein les forums- explique, exprime, exalte même… tout le toc du film plébiscité par les hypeux de la profession et les suiveurs, le public qui ne veut pas trop gambergé (je défends Transformers 3 une vraie claque hypervisuelle)

    Mon poto Louis-Stéphane Ulysse trouve le scénario naze… Tiens je copie-colle ce qu’il m’a écris hier quand j’ai descendu le film sur mon profil facebouc: « Pareil Je pense que ça vient du scénar qui est très faible… Le French Connection 1 était top, mais question caisses (pour moi, hein) ça reste Bullit quand même… » Oserais-je souffler que LSU mon poto est coupable du bouquin SOLEIL SALE paru chez Florent Massot – un thriller mental dark sur les avatars sur Internet à l’époque du minitel à l’époque où son livre est sorti… – et qu’il est aussi scénariste et prix du style 2007 ? On va encore me dire que je suis mondain alors que je défends l’art underground et pas les conneries d’Hollywood, je rappelle que The Human Centiped est le film à voir mais c’est du lourd et question esthétique c’est plus Michael Haneke Funny Games et « Salo les 120 journées de sodome » qu’un clip chez Ed Bangers. Je devrais être payé pour perdre mon temps avec les jeunes.

  8. Je place pas mon jugement par rapport à celui de la hype/ dont j’en rien à foutre/ Morse! Choix Etonnant! Il s’est bien sucer par la hype pourquoi pas le dernier lars von trier pendant que t’y es!!/ Toute la beauté du film vient du scénario justement/ Il est hyper simple et classique/ Tu l’aurais donné à mon pote Vin diesel/ Il te l’aurais bien détruit/ Drive déconstruit ce genre hyper classique et surfait/ Il lui insuffle de l’élégance et un vrai regard/ Pour Human centriped je préfère la parodie de south park avec un bel hommage dans le cul à Steve Jobbs/ je suis vachement content que t’ai un blog

  9. Tu perds ton sang froid ! pense à ton héros « jean, malback » … La hype est un aspirateur esthétique et ce film en est le sac.

    Bon je vous laisse … J’ai RDV au Zorba avec Laurent Courau le créateur du webzine La Spirale

    http://www.laspirale.org

    (j’y ai deux interviews dedans… je te laisse découvrir le « personnage » / search & destroy…)

    Et Bester, tu devrais former tes gonzeux et leurs dire que c’est cool de « hater » les articles… Là en plus, j’en ai rien à faire de l’article, le sujet c’est la hype de ce film racoleur, esthétisant avec de la vieille électro qui racole sur le boulevard POP… broken dreams.

    Au fait c’est MORSE l’original. jean mon nouveau copain : Tu connais Dennis Ritchie au lieu de citer l’autre con mort du crabe (dans sa pomme). Et Richard Stallman ça te cause ? Ya du boulot Ici.

    Allez on se détend et on met College….. Là j’écoute Big Sexy Noise.

  10. pas de remake de Morse à ma connaissance/ On parle bien de celui de 2008/ Qui s’est bien sucer comme il faut/ Bon c’est pas tout ya le match qui va tarder/ Gros bisous sur fond de College

  11. Sang neuf ? C’est bien le problème « partenaire » kdbuzz… Hollywood vampirise la Vieille Europe, le japon, la chine et la Corée du Sud. Ce film n’apporte rien, ne déconstruit rien. Rien de neuf sous le capot. Un cheval, Sam Shepard, une indienne qui se fait se shooter par des syndicalistes. BlackThorn for ever. (passé inaperçu lui) Quelle merde la hype.

  12. Franchement, j’adore vos trucs et tout, mais je n’ai pas compris l’article (et je n’ai pas vu le film).
    80% de l’article décrit un acteur possédant autant d’expressions un tas de merde, mais vous avez bandé la fin violente du film ? Alors c’est bien ou pas ? Faut pas avoir honte de ses émotions, c’est ce qui différencie le robot de l’homme justement.
    Et puis je regarde la bande annonce et je vois en effet un acteur ressemblant à un tas de merde qui se chamaille en mustang… Mais qui aurait l’idée saugrenue de voler la dernière ford mustang pour faire un coup ? Qui oserait déclarer à des compagnons de braquages « je n’interviens pas je ne veux pas d’arme je conduis seulement » et surtout qui, à part certains vieux sur la côte d’azur, aurait l’idée obscène de conduire avec DES GANTS EN CUIR A TROUS ? SEIGNEUR !?!
    Tout le monde parle de ce film en ce moment, pourtant cette œuvre ressemble aux premiers abords à ces femmes fatiguées en état d’ébriété avancé que l’on peut parfois ramasser au bar de la Java vers les trois heures du mat, il envoie comme elles un tas de signaux maladroits ressemblant aux symptômes d’un vide pathétique de pauvreté humaine… Mais il soulève en plus quelques questions troublantes…
    Pourquoi aucune actrice du film est un minimum bandante ? Pourquoi avoir fait appel à un danois, peuple artistiquement inutile, patrie de Lars van tries et nation d’origine du tristement célèbre Lars Ulrich ? Est-ce que le côté « intelligent » et « fin » du film vient d’une sorte d’empathie que le héros ressentirait pour un chiard et la femme à forte poitrine, ou à un dénouement sans happy end ? Est-ce que la tenue vestimentaire HALLUCINANTE du héros (et je ne reviens pas sur les gants) fait partie d’un « concept d’intelligence » ? Serait-ce un Fast and Furious légèrement grimé en film intelligent ou réaliste pour que les jeunes diplômés européens puissent eux-aussi goûter au plaisir viril des grosses cylindrées sans ressentir le poids d’une douloureuse culpabilité ?
    J’ai l’impression qu’un vaste complot national est actuellement fomenté dans le but de me subtiliser les 20 euros prix de la place de cinéma…

  13. Et Christina Hendricks elle est peut être pas bandante? L’un des plus beau cul descendu sur terre? Et oui je crois bien que t’as raison c’est un complot! Apparemment ce serait les enculés d’en face qui serait derrière tout ça…

  14. Les gants à trous en cuir, c’est hyper classe; même au volant d’une Impala (si t’avais vu le film Olivier BHV, tu saurais que c’est pas avec une Mustang qu’il bosse)

  15. Je ne fais pas la critique du film mais… Tout le monde en parle sans l’avoir vu ( « il parait que c’est bien » comme « il parait qu’il y a des alligators dans le métro), alors j’aimerai qu’on me dise UNE fois en quoi c’est un bon film mis à part que le réalisateur est Danois ? Y a pas de jeu d’acteur, les seconds rôles sont insignifiants, alors… Quoi ?

  16. Excellent film traité ici avec un regard mesquin et ‘français’. Gosling y joue son personnage avec simplicité et sincérité, je vois pas ou est le mal. Le traiter de robot alors qu’il est le fil conducteur de ce film aux différents aspects c’est minimiser l’impact d’une ‘vraie’ gueule’ de cinéma. Car que vous le vouliez ou non Gosling en fait parti, indéniablement!

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