Comme chez Gonzaï on aime bien se faire du mal juste pour le plaisir, on s'est tapé le festival Villette Sonique 2018 uniquement pour voir les deux mecs les plus torturés de la programmation : John Maus et Bradford Cox aka Deerhunter. Retour sur 10 % du festival de l'est parisien subventionné par les mairies de l'est parisien..
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On arrive le 29 mai dans le fantastique Parc de La Villette, aménagé par la Mairie de Paris ces 15 dernières années pour redonner un peu d’air aux pauvres parisiens étouffés par les pots d’échappement. Le festival a commencé depuis déjà cinq jours, mais qu’importe : à part les journalistes spécialisés musique les plus fous et l’attaché de presse du festival qui est d’ailleurs très sympa, je ne vois pas trop qui d’autre se fait la totale Villette Sonique soit six jours de suite au Parc de la Villette pour le simple amour de la musique. Mais attention : la fête est loin d’être finie.

« Trop de choix tue le choix » disent les philosophes.. Et ben voilà : bâillant d’avance à l’idée même de se farcir 75 concerts d’affilée pour autant de statuts Facebook en 50 signes, on a choisi les deux soirées qui nous semblaient être les meilleures. Et le pire c’est que la suite de ce papier va nous donner raison. D’ailleurs une source sûre nous a fait un résumé de ce qui s’était passé avant notre arrivée :

Marquis de Sade : « complètement gaga, et avec un featuring de Pascal Obispo », aïe mince.

Mogwai : « ultra chiant », ouais mais ça, fallait s’y attendre.

Jon Hopkins : « moyen plus », on progresse.

Le plein air gratos : « pleins de trucs cools : Essaie Pas, Richard Dawson, Sassy... »

En résumé, ça ne servait à rien de payer avant l’arrivée de Gonzaï en fanfare les 29 et 30 mai. Et tout s’est passé exactement comme nous l’avions prévu, les deux concerts étaient effectivement les deux meilleurs. Petite parenthèse : on ne vous le répétera jamais assez; Alan Vega et The Velvet Underground sont les deux meilleures choses qui soient arrivées au rock depuis la création de l’électricité. Pourquoi cette digression inutile ? Parce que les deux mecs qu’on est allé voir sont dans la droite ligne de ce combo magique.

Deerhunter : transe pop et mélodies parfaites

On se faisait du souci pour Deerhunter et son leader torturé Bradford Cox, sans nouvelle discale depuis le génial « Fading Frontier » sorti en 2015. Soyez rassurés : ils ont la gniaque. Passés maître dans l’art de fusionner le meilleur de la pop et du rock pour en créer une substance unique aussi bonne qu’une drogue (mais là drogue c’est mal), les américains magnifiques ont offert aux festivaliers un récital absolument génial en apportant à la douce violence de leurs pépites sonores une décharge d’électricité surprenante, riffs de guitare parfaits et gros mur de son à l’appui. Nageant dans les nappes sonores des fantastiques Desired Lines issues d’un des meilleurs albums de tous les temps, « Halcyon Digest », on est resté bloqué un bon moment sous la tente du Cabaret Sauvage dont Bradford est tombé complètement amoureux: « Quel pied de jouer dans cette tente, en plus vous êtes le meilleur public qu’on ait jamais eu ».

John Maus : un concert pour perdre la tête

Avant d’assister au deuxième meilleur concert de Villette Sonique, je dois malheureusement passer par un moment extrêmement déplaisant. Comme le grand Laurent Romechko, on ne peut pas tout prévoir.. Me voici donc au Trabendo pour découvrir le pire produit du terroir américain : Flatworms. Mélange ultra foireux entre le garage californien actuel et ACDC, les mecs n’ont aucune identité et balancent un son pour le coup terriblement plat. Il serait temps de penser à une reconversion les gars, pourquoi pas chez Gonzaï ?

Heureusement le groupe d’après arrive très rapidement, qui n’est autre que le musico-philosophe génialement torturé John Maus. A peine cinq minutes de concert que la salle paraît d’un coup branchée sur 220 volts, la faute à qui ? A John Maus. Cet homme est fou, appelez les urgences psychiatriques immédiatement. Motif : il se vide des litres d’eau sur la tête entre chaque chanson, se donne des coups de poing sur sa propre tête et pousse des cris ahurissants entre chaque morceau sans même utiliser son micro. Le suicide n’est jamais loin : « I wish i was dead ». Blague à part, ce maître de cérémonie est absolument parfait, dandy cabossé à mi-chemin entre Alan Vega et Ian Curtis, avec une avalanche de synthés funky-tristes derrière. Une fête noire définitive qui marque les esprits présents. On plane tout en expurgeant notre lassitude d’être en vie, en se disant qu’à vivre de pareils moments nous sommes prêts à affronter les 75% de moments à chier qui composeront la fin de cette boring life. Evidemment tout le monde en redemande, la drogue est trop bonne, mais non.. John Maus est déjà parti et il ne reviendra pas.

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