Révélée en 2021 avec la sortie de son premier album « Space 1.8 », la Belgo-caribéenne revient avec un deuxième album signé chez Warp le 6 septembre prochain. Une occasion idéale pour se poser deux secondes sur cette artiste qui marche dans les pas d’Alice Coltrane et Pharoah Sanders.
Il faut croire que le monde d’après, post-Covid, aura servi à réanimer la scène jazz mondiale, jusque-là engluée dans un formol à prise rapide façon béton en La bémol. 2021, c’est non seulement la sortie du monolithe spatiale de Floating Points et de Pharoah Sanders, « Promises », mais c’est aussi la naissance de Nala Sinephro en tant que « cosmo-note » avec son premier album « Space 1.8 », un disque puissant de vitalité qui redonna des couleurs à ce genre obscur qu’est le jazz ambiant, qu’on pourrait décrire comme de la musique de salle d’attente pour consultation chez un médecin généraliste de la NASA défoncé aux champignons.
Trois ans après ces deux disques, la jeune Belge – même pas 30 ans – remet le pied à l’étrier chez Warp, qu’on saluera au passage pour cette signature qui dépoussière un peu ses étagères – et la nouvelle soucoupe volante se nomme « Endlessness », soit dix titres sortis de la même cuvée que le disque précédent, avec toujours la même envie de proposer un voyage sans fin et sans frontières à l’auditeur à base de harpes et de synthés modulaires. Dire que c’est plus beau et plus haut qu’un trip sur RyanAir en écoutant des démo pourries jazz-funk de Prince est un euphémisme.
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Entre Chassol et Jacques Brel
Drôle de parcours que celui de Nala Sinephro. Aux antipodes d’un Louis Cole, autre figure plus que montante du jazz contemporain, elle a grandi prêt d’une forêt bruxelloise, élevée par deux parents loin d’être des lapins de six semaines. Le père était saxophoniste de jazz, la mère professeur de piano classique. Une victoire contre une tumeur à la mâchoire à l’adolescence, et la jeune Belge qui hésita un temps à devenir biochimiste secoue finalement le tableau des éléments pour devenir harpiste fan de danse hardcore. Ca pose un CV sur LinkedIn ça. Puis direction le prestigieux Berklee College of Music de Boston, et un parcours qui rappelle autant celui de la Française Uele Lamore que celui de Chassol, avec qui elle partage un goût pour le minimalisme et les envolées instrumentales.
Voilà pour le topo général. Pour la suite, il y aura donc cet « Endlessness » chez Warp le 6 septembre prochain. Et pour peu que vous n’ayez pas les moyens de vous offrir un séjour à bord d’une navette spatiale pour milliardaire, il se pourrait bien que cette femme change votre conception des vols intérieurs.
https://nalasinephro.bandcamp.com/album/endlessness