La programmation établit, l'excitation dissipée et la réalité retrouvée, le constat est le même année après année, la

La programmation établit, l’excitation dissipée et la réalité retrouvée, le constat est le même année après année, la Route du Rock reflète idéalement tendances et revivals, universalisme et charlatanisme. Des groupes qui mourront la gueule ouverte, dépendants du moment et non de leurs talents. D’autres qui se verront hissés en révélation-révolution et des gloires passées qui reviendront conquérir la clique londono-parigo-bretonne. Retour sur un fait marquant de la dix-neuvième édition. Gang gang dance, Telepathe, rouge molletonné, bébé déformé.

Dans un noir à l’ambiance étouffante, une jeune demoiselle me place au fond du balcon. Mon strapontin couine sa détresse. Je lance des blagues salaces sur l’homosexualité affirmée des deux chanteuses à mon photographe. Il rit aux éclats. Des remarques commencent à fuser, les barbus veulent écouter. Moi pas. Telepathe, une histoire navrante à conter. Deux jeunes filles pas très biens gaulées de Williamsburg qui tapotent violemment sur deux trois tambourins, pianotent sur un clavier masterisé car c’est ultra tendance et baragouinent dans leur coin avec grande maladresse. Cela a apparemment suffit à émoustiller notre ami programmateur. La recherche de l’ultra-tendance, de l’ultra-son, de l’ultra branché. Comme le blackos qu’il faut foutre à l’écran, la Route du Rock doit remplir son quota. Inécoutable ? Rien à foutre. Un nom comme détonateur pour officialiser l’aspect élitiste du festival. Ca chlingue à balle. Il fait une chaleur insoutenable. Les fumigènes balancées par les expertes en écran de fumée me pourrissent la vie. Irrespirable, les cinquante minutes du concert sont interminables.

Ma conclusion finale sera très claire. Gang Gang Dance est le groupe le plus intéressant du festival. Mais laissez moi le temps de les égratigner quelque peu.

D’abord parce que c’est toujours un plaisir, mon petit trip perso, ma douille matinale, ma baise estivale. Et puis parce que mes goûts sont mauvais, souvent peu compréhensibles et  rarement judicieux. Ce qui me dérange /énerve le plus peut parfois m’émouvoir jusqu’à  tomber raide. Gang gang dance donc, a priori chiant à mourir, énième délire d’un connard croyant à coup sur posséder un talent divin et qui se met à multiplier les clichés pour gagner sa chienne de vie et payer la pension de maman, la caution du fiston.

Et pourtant, tiquée, toquée à l’acide, cette perversité tribale à cheval entre tente à sueur et voodoo pédophile me bouleverse. Je ne comprends pas grand-chose à ce baragouinage hypeux et sectaire, tout au plus quelques bribes, j’essaye de piquer le peu de mélodies intelligibles. Un amalgame puissant, avènement solennel sous mes yeux de bohème de cet enfant raté, pissé par une mère incestueuse, à quatre pattes, les yeux convulsés et la tremblote des mauvais jours. Un concept obscur, très germanique, un projet zéro, très communiste. Une partouze brooklynienne (?) d’envergure avec en chef de file le ska de Vampire Weekend, l’électrique de MGMT et l’expérimental d’Epée du bois. Ajouter à cela la descendance indienne d’une fan de Slumdog Millionnaire (oui, c’est une insulte) et voilà qui donne un OVNI musical de taille. Hard à suivre, difficile à supporter mais une fois pénétré, rien ne semble pouvoir les stopper. Sensation assez particulière et peu commune; j’ai la nette impression d’avoir su évincer mes préjugés pour aimer un groupe, simplement. Et ca fait longtemps que ça ne m’était pas arrivé.

Je ne pensais rien trouver au Palais du Grand Large. Erreur. J’ai enfin su déceler le seul groupe à la hauteur des ambitions de Floret (co-programmateur de la route du rock) : le post.

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