Bruxelles : son Manneken-Pis, son Atomium et son dessinateur complètement frite, Elzo Durt. A 41 ans, le graphiste-artiste le plus cinglé de la Grand-Place bénéficie enfin d’une expo à sa taille, et c’est l’occasion pour les novices et les autres de rentrer dans cet univers siphonné peuplé de monstres SF, d’anges divinement trépanés et de collages baroques. Et si l’héritier de Magritte sous acides, c’était lui ?

La première fois que j’ai rencontré Elzo, c’était via ses dessins, quelque part entre 2005 et 2006. Celui qui n’était encore qu’un doigt derrière un stylo fluo bossait pour Voxer, un fantastique fanzine belge où le Bruxellois faisait ses gammes comme directeur artistique, sans qu’on sache vraiment qui dirigeait quoi. Ce fut d’ailleurs, de mémoire, l’une des premières interviews publiés sur Gonzaï. Et ce sera aussi, plus tard, notre homme en couverture du numéro Gonzaï spécial Belgique.

Depuis, l’homme a fait son chemin; soit 15 ans à s’enfiler autant de Jupiler qu’il a pondu de visuels pour toute la scène garage-punkoïde des années 2010, de Thee Oh Sees au Prince Harry, de Jack of Heart à Pypy; sans oublier la front cover de La Femme qui va lui permettre de se placer durablement au centre de la carte quand bien même Elzo Durt ne respecte aucun des codes en vigueur dans ce monde chiant qu’on appelle le graphisme. Des arts plastiques, lui a gardé l’idée de tout plastiquer. Le résultat, c’est un mélange des bonnes grosses sauces belges déversées sur un Charleroi apocalyptique où John Carpenter aurait été élu maire de la ville, et pour peu que vous ayez deux yeux encore en état de distinguer un doigt d’honneur, impossible de ne pas reconnaître Elzo derrière les visuels des soirées Born Bad ou des derniers albums des Liminanas et de Off the Record, le récent film de Laurent Garnier, qu’il a illustré.

Belge jusque dans les tripes (dont on n’a pas vraiment envie de faire le checkup, pour être honnête), le quadra pas calmé a été convié par la marque Volcom à faire sa gonzo-rétrospective à La Vallée, un lieu artistique unique à Bruxelles (et dont on vous parlait déjà ici) où plus de 100 pièces permettent de rentrer dans l’univers cartoon sous drogues de celui qui peut, même s’il s’en défendra, se retourner serein sur son boulot : Elzo s’est fait nom en étant aussi peu sage que ses images; une sorte d’anomalie au pays des dessinateurs plus tièdes qu’une 8.6. Ici, la gueule de bois attendra, et comme on dirait dans une version belge les fables de La Fontaine passées au lance-flamme : « eh bien dansez, maintenant« . Bienvenue à BXHELL, une fois.

Expo Elzo Durt, du 24 février au 13 mars à La Vallée (Bruxelles) : toutes les pièces sont à vendre.
https://lavallee.brussels

Et pour retrouver les créations d’Elzo pour Volcom, c’est par là

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