Un oiseau devenu star des médias, des dictateurs qui n’avaient rien vu venir, le reste du monde non plus d’ailleurs, trop occupé à s’en foutre ; la Grèce qui dégraisse, l’Espagne qui dévisse et s’indigne sans que personne n’en ait rien à cirer ; deux otages revenus de 547 jours de détention à moins d’un an des élections ; le DSK TV Show qui balance toutes les saisons à la fois et Ben Laden qui, dix ans après, passe de l’aviation pour les nuls à la plongée sous-marine en une seule leçon. Quelqu’un aurait-il vu le bouton « stop » ?

On nous cache rien, on nous dit tout, nouvel ordre de transparence d’un monde transparent. Qui, on finirait par l’oublier, tourne toujours sur lui-même à la même vitesse. Pourtant, en cuisine, ça s’accélère. Et les clients en salle ont de plus en plus d’appétit. Junk food, junk infos ? Ca y ressemble. Et le menu de mi-saison est copieux. De quoi se sentir très Sens de la vie : encore un bout de scoop et ce sera l’explosion. Anyway : pas à un paradoxe près, l’homo wi-fius continue d’en redemander. Le voilà servi, et ras-la-gueule, s’il vous plaît. Greed is a sin.

Faster pussycat, kill, kill !

Loin de vouloir faire dans l’essai socio-anthropologique (pas les billes ni le background), on peut quand même, entre fromage et dessert, faire semblant de se poser une paire de questions (pas compris dans le menu, faut bien se sucrer) : étouffant sous l’avalanche de révélations-scoop-infos-chocs-et-switch-scénaristiques-déclinés-sur-cinq-colonnes-à-la-une, que devenons-nous ? Nos vies changent-elles vraiment ou attendons-nous, tous sucs gastriques en avant, le prochain gros truc à digérer ? I mean : Moubarak foutu au placard par Facebook (gros raccourci, hein), le visage d’Hillary Clinton sur la photo du QG de la partie de chasse Ben-Ladenienne, les menottes et les joues creusées de DSK, les milliards de tweets tentant de s’échapper de la salle d’audience, la joie pure d’Hervé Ghesquière en conf’ de presse, la violence qui prend le pouvoir en Grèce et la jeunesse espagnole prenant modèle sur celle de ses anciens colons (putain, cette phrase devient vraiment longue), les journalistes s’emmêlant quelques pinceaux, la rotative étant passée en débit 4 gigas, où est-ce que ça nous mène ? Demain, on ferait griller des merguez sur la lune que ça n’étonnerait plus personne…

Louder d’estomac

Mais, pause estivale oblige, entre deux coups de soleil et un cornet vanille, la prise de recul est (un peu) plus facile. Vacances, j’oublie tout. La machine à tweets noyée dans la piscine de l’hôtel, les enfants en colonie et la France entière se paluchant sur onze joueuses de foot – les fans de ballon rond ayant horreur du vide, ainsi qu’une grosse addiction au chauvinisme, quand ce n’est pas sur une poignée de tarés se rasant les mollets et prêts à crever à 38 ans pour ne pas rater L’arrivée du Tour, on peut tranquille dégainer son laptop et balancer des milliers de signes sur la toile, mi-critique goguenard, mi-acteur aussi insignifiant que le voisin, de ce film-monde tournant 24h/24 sur une pellicule elle aussi bourrée d’EPO : seule explication valable pour justifier que la vérité-en-24-images-par-seconde chère à Godard se soit surmultipliée.
En bref, la pause café s’impose. Et pas à celui du Commerce. Tiens au fait, le feuilleton La Crise ne serait-il pas le fil conducteur de toutes ces séries qu’on ne peut (enfin un paradoxe) pas encore télécharger ? Non c’est vrai quoi, le bordel mondial orchestré par les spéculateurs qui veulent leur part du gâteau ne serait-il pas devenu LE truc ininterrompable qui mettrait continuellement de l’huile dans les rouages et sur le feu ? Mais je vous arrête tout de suite : avant pondre ce papier, j’ai pris ma pilule « Marx, sors de ce corps ». C’est mieux que tous les Rennie© du monde.

Peanuts, better

Malgré tout, the times they are a changing. Les momies dictateurs s’écroulent avec leurs statues, le boss d’Al Qaïda joue avec les dauphins for ever, les réseaux sociaux engrangent de l’IP pour le plus grand bonheur des annonceurs (il ne devait jamais y avoir de pub sur facebook, remember ?), le scénario du puissant qui peut tout se permettre, mille fois raconté en fiction, s’est invité dans la réalité sous le maillot presque jaune de deuxième événement médiatique après le 11 septembre,  l’Euro tremble plus que jamais sur ses fondations et il y aura eu au moins un happy end en 2011 : plus de « depuis 546 jours, Hervé Ghesquière et Stéphane Taponier… » à la fin des journaux télévisés.  Et nous n’en sommes qu’à la moitié de l’année. Avant de quitter la plage et d’aller me commander un poulet-frites, encore une question, juste une seule : toutes ces infos, c’est pour de vrai ?

Crédit illustration: http://jasonseilerillustration.blogspot.com

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