Tout est bancal dans le second film de Martin McDonagh, pourtant c’est sans doute ce que j’ai vu de plus sincère, de plus étrange et parfois de plus beau depuis le début de cette année.

Il y a cinq ans McDonagh avait réalisé Bons baisers de Bruges, un petit film, simple, du genre avec des flingues et des tueurs un peu cinglés. Avec ce programme qui n’annonce pas un concours de finesse, le réalisateur avait fabriqué un OVNI, de ceux qui vous filent entre les doigt, dont vous ne savez pas que pensez, sinon que pendant des mois il vous arrive d’en revoir des images. Sa manière bien particulière de décevoir les attentes, de prendre un tour inattendu est déjà un peu mélancolique. Sept psychopathes va beaucoup plus loin dans la déconstruction, trop loin sans doute, mais il faut bien suivre les fous si l’on veut apprendre de leur folie.

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On ne dira pas grand chose de l’histoire, simplement parce qu’on a l’impression que celle-ci s’écrit au fur et à mesure du film. Il y a ce scénariste un peu paumé, porté sur la bouteille qui à l’idée d’un film, ou plutôt simplement le titre d’un film : Sept psychopathes. Et c’est tout. Alors il traîne avec son meilleur ami qui kidnappe des chiens et croise des gens tous plus tarés les uns que les autres, note quelques unes de leurs histoires pour son scénario. On a un peu l’impression qu’il envoie ces notes dans le désordre à une équipe technique qui les tourne au fur et à mesure, comme si la fin du film n’était pas encore prête au moment où l’on s’assied dans la salle pour le voir.

Un peu comme chez Dupieux et ses films surréalistes, bien malin le spectateur qui pourrait, au début d’une scène, en deviner la fin. Chez McDonagh toutefois, le style est moins compassé, moins froid, plus humain et plus destroy. Dit comme ça, cela pourrait être un joyeux bordel, sauf que ce n’est pas vraiment joyeux. Ce work-in-progress vertigineux est pris dans une langueur, un doute permanent qui laisse filtrer entre des scènes parfois hilarantes, un désespoir sincère, un désespoir qui nourrit les plus beau moment du film, porté par des acteurs qui se déparent un temps de leurs statures et de leurs images pour prendre chacun une part de ce spleen et de ce doute que l’on sent tout au long du film, jusqu’à la fin du film, jusqu’à l’écho qu’il laisse encore longtemps.

Sept psychopathes de Martin McGonagh. En salle.

2 commentaires

  1. Voilà qui m’apprendra à écrire des articles de mémoire sans utiliser wikipédia, comme on l’apprend à l’école des journalimstes…
    Merci Cedric pour cette juste remarque. Je le note pour le voir, c’est un réalisateur qui mérite que ses films soit vus, quoi qu’on en pense au demeurant.

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