Vous avez remarqué ces mecs qui font des ourlets à leurs pantalons ? Moi oui. A tel point que c’est devenu une préoccupation quasi-obsessionnelle : dans la rue, dans le métro, en soirée, je ne regarde QUE les ourlets aux pantalons des gens. Je les ai même classé selon plusieurs tendances. En voici le tableau : il y a les ourlets de saison et les ourlets d’hiver. Il y a ce que j’appelle le tiers-mollet, le demi-mollet, et le full-mollet, appelé aussi mollet-all over. Rares sont ceux qui arrivent à les réussir voire à les magnifier. Ce qui nous donne très souvent des ourlets ratés.
Que sont des ourlets ratés ?
Ce sont tout simplement des ourlets qui flottent trop au dessus de la cheville, qui ne sont pas assez rigides, qui n’épousent pas le bas du mollet. J’ai moi même fait cette erreur à mes débuts dans la capitale. J’avais beau essayer plusieurs modèles d’ourlets, le résultat n’était jamais convaincant. Au pire, plus je marchais, plus l’ourlet se déformait, il devenait mou, descendait trop bas, perdait de sa rigueur, ce qui me plongeait dans une vague humiliation mêlée à un sentiment de gêne et de perte de confiance. Mais à force d’entraînement et d’observation j’ai réussi mes ourlets de pantalon : la base c’est que le pantalon soit skinny, qu’il soit resserré, sinon l’ouverture de l’ourlet sera plus large que la cheville. Ensuite, il faut pincer à deux doigts au ras de la cheville pour créer une ouverture plus serrée. Puis, faire juste un ourlet à deux plis, larges d’environ 2,5 cm. Précision importante : on juge l’ourlet de qualité sur des petits détails majeurs comme la couture intérieure en selvedge, ceux avec le liseré rouge. Cela marche aussi avec un pantalon plus casual comme les chinois.
Désormais, moi aussi, je peux prendre part à ce processus d’identification et de réappropriation d’un symbole à l’origine subversif et contre-hégémonique : l’ourlet au pantalon qui fait référence au mythe du marin baroudeur 50’s. Ce voyou qui partait en mer pour échapper au système, les bras tatoués, faisant escale dans des ports brumeux au large de Saïgon pour y trouver refuge, le temps d’une nuit auprès de filles de joie. La dimension idéologique de l’ourlet au pantalon est devenue un des codes vestimentaire connotatif grâce auquel le jeune urbain incapable de changer une roue de voiture, peut se mettre dans la peau d’une figure contestataire et contre-culturelle. Je me sens bien, à Paris, avec ma barbe de marin, mon bonnet de marin, mon ciré jaune de marin, mes tatouages d’ancre de marin. Bon à savoir : les ourlets aux pantalons en tiers-mollet se marient à merveille avec des chaussettes à motif ananas.
2 commentaires
J’adore le dessin de Love Gerard !
Chouettes dessins. Si tu as besoin d’idées, pour le retour 2014 il y a aussi: la K7…