Il faut aller voir Fast and Furious aux Halles, de préférence un samedi soir ; il faut savoir retrouver le sens forain du cinéma et oui, il faut applaudir à des répliques aussi brillantes que « Ce mec, c’est l’Ancien Testament. »

Fast 5 est le cinquième volet de la franchise Fast and Furious, qu’on avait pu penser en perte de vitesse après un numéro 3 qui consistait, pour autant que je m’en souvienne, en une apologie du dérapage au frein à main dans les virages des parkings souterrains. Et pourtant…

Le quatrième opus avait montré quelques signes de vie, dont une remarquable séquence d’ouverture, sans queue ni tête, mais avec ce qu’il faut de têtes-à-queues. Ce nouveau cru se veut syncrétique, assemblant les pièces des différents films, s’offrant le luxe d’un scénariste, mais assumant avant tout une logique de démesure aussi régressive que jouissive. Chacun est renvoyé à ce moment fondateur où, pour la première fois, il fit rouler avec force Wraouuumm une petite voiture jusqu’au bord de l’accoudoir du canapé, ralentissant à l’extrême le moment sublime où la petite voiture quitte le bord de l’accoudoir pour se retrouver suspendue au-dessus du tapis du salon. Ce sont ces lois singulières de la physique qui s’appliquent scientifiquement à la réalisation du film, l’enfant de huit ans qui sommeille en chacun de nous sera sensible à cela.

Tout en abandonnant la dimension tuning qui fondait le film original, la série rejoint en partie seulement les sous-genres du film de bagnoles et du film de braquage. Car le film de bagnoles est avant tout un film de solitaire, un rapport à la machine, à l’absolu. Le film de braquage est aussi une mécanique, la mise en œuvre d’un système qui fonctionne (comme dans l’excellent Inside Man), ou pas (comme dans l’indépassable The Killing).  Quand le mouvement de ces films sépare les protagonistes, la série des Fast and Furious révèle un mouvement différent, le mouvement d’une réunion de famille, prônant en cela d’autres valeurs que celles d’une white class capitaliste, introduisant, encore plus clairement dans ce dernier opus, l’idéologie alternative d’une Amérique hispano. Ce n’est pas dans un Ocean’s 19 que l’on entendra : « L’argent, ça va, ça vient, mais ce qui reste c’est la famille. » On rejoint par d’étranges chemins l’esprit d’un John Woo et les liens qui parcourent sa trilogie du Syndicat du crime : les gestes criminels comme des mouvements purs, gratuits et finalement empreints d’une (relative) humanité.

Justin Lin // Fast and Furious 5 // En salles

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