Parallel Lines - September 1978 - Chrysalis Records

Un monde comme un code-barre. Des amitiés comme des stroboscopes. Noir blanc noir blanc. No

Parallel Lines – September 1978 – Chrysalis Records

Un monde comme un code-barre. Des amitiés comme des stroboscopes. Noir blanc noir blanc. Noir. Binaire. Chiant. Le un-deux-un-deux, c’est bon au pieu ou chez les Ramones. Et encore, ça sonne hémiplégique. Du punk à un bras pour supporters d’Arsenal. De la teck sinon, une bonne soirée mal-de-tête couché souriant au chill-out. Passe encore, en musique. Mais sur des fringues c’est un truc à vous rendre associable ad vitam eternam.

I Walk the Line – May 1964 – Columbia

De quoi il parle ? Vous n’avez pas remarqué ce monde de matafs qui s’est constitué sur les cinq dernières années ? Si au moins le retour de la rayure sur les fringues avait embelli des chemises et les pantalon à pinces, je ne dis pas ; mais l’alternance redondante s’est étalé sur des t-shirts (parfois même manches longues), des pull-overs (coton, laine, synthétique, sans plus de discrimination qu’à Columbine), des fuseaux et des polos ! L’horreur vestimentaire incarnée : ni une chemise, ni un maillot, ce truc informe est le comble de l’incapacité de choisir, de trancher. Ce que la rayure est devenue également.
L’incarnation de la mollesse. L’entre-deux. Ni couleur, ni blanc ou noir. Blanc ET noir. Une population entière forcée de sortir d’un film de Tim Burton, l’homme qui a su rendre le gothic noirâtre de nos eighties batcave chéries accessible à votre petite sœur. Avec deux conséquences notables : la mode émo – ce néologisme 00’s pour ne pas contrarier le passage passif-agressif des 13-17 ans – et le lettrage germano-goth doré sur tous les tops de Jennifer à Kookaï en passant par la lingerie fine. Si les Mont de Venus s’étaient mis à la tendance ‘monorail’ depuis un moment, les tickets de métro se sont imposés jusque sur les imprimés des corbeilles et un vocabulaire digne d’un mongolien ont été recopiés en lettres d’or par des stylistes handicapés moteurs prenant la place des dentelles et strass sur les boxer-shorts.

The White Stripes – June 1999 – Sympathy For The Record Industry

La rayure, cette tendance taulard de la mode, s’étant effivement étalé sur les deux sexes sans hésitations : pourquoi en aurait elle eu ? Cela ne rend pas plus moche un branleur méchu qu’une pétasse à frange. Une bande monochrome verticale allonge la silhouette cadavérique dans un slim comme il efface les bourrelets de milkshake à l’horizontal.

Des kids qui semblent perpétuellement sortir de leur cours d’aérobic ou de Charlie et la Chocolaterie (il faut vraiment tuer Tim Burton).

Pire parfois, cette génération a repoussé le mauvais goût au point de s’afficher avec des couleurs rayées de gris. Le gris, ou l’absence même de contraste. une couleur n’importe laquelle, de préférence pétante et passée à la fois, vomie du matin ou gratté au fond d’une cuve ; mettez là à côté d’un gris et elle retrouve éclat et pétillant comme un sein de Madonna après un lifting et un corset super-lacé.
De longues bandes gris fade – incapable de trouver un anthracite franc ou un gris perle homogène, pensez donc. Un gris chiné ! L’acné du textile. Comprennez « moucheté d’infimes points blanc » qui pourraient aussi bien être les restes du pain au sucre de quatr’heure que le sel de leurs frites. Des bandes étirées comme des rails de coke qui vous attendent, une promesse de nuit extraordinaire et au final rien. Rien, vous n’aurez rien fait. La coke aura suffit à elle même et vous aurez avoué à cette nana que vous lui feriez bien le petit avec ce truc de taureau dont vous êtes affublé, ouais vous lui avez dit parce que vous étiez high on C, mais tout ce qui se sera passé late at night, c’est un baiser maladroit avec votre meilleur pote. Vos langues s’emportant, les doigts dans les cheveux, vous lui carressez les lunettes et dans le headache du lendemain vous chercherez encore ce que vous avez raté, mais aucun souvenir ou raisonnement ne viendra à la rescousse.

La rayure grise c’est l’absence de choix, de goût, de discernement. Comme un album sans titre à ses tracks, ou sans groupe sur la pochette. Une musique qui défile sans qu’on sache pour qui ou pour quoi. L’art vain.

Blue Lines – April 1991 – Wild Bunch Records/Virgin

Que vienne la fin de cette décennie, et qu’elle emporte avec elle ce mauvais goût criard vestimentaire évoquant une trêve de confiseurs. Mais surtout, surtout, que disparaissent à jamais ces rayures grises.

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