Je marche souvent dans le rue en reluquant des mineures, je suis souvent pris d’une envie soudaine de coller un bloc de béton sur ma voisine dans le métro, j’ai écouté 456 fois See the sea en moins de 3 jours et je déteste les teenagers à T-shirt Ramones… je suis, je suis…. Un fan de Vitalic.
Cela ne se voit pas au premier coup d’œil, je m’habille comme tout le monde. Je ne suis pas partout, on me voit finalement assez peu. J’ai presque 30 ans, dix ans de french touch derrière moi et la douce impression de m’être fait baisé par mes semblables. Parfois le soir, en rentrant chez moi, j’aimerais envoyer un message sur le Myspace d’Air, Gopher et Cassius pour leur dire comme je les déteste d’avoir échoué à l’époque où Footix portait haut les couleurs de notre pays. Mais j’ai encore plus d’amertume sur la nouvelle génération qui n’a rien connu d’autres que les perfectos d’apparat et le mensonge des salles à moitié-remplies avec l’odeur de bière tiède… je suis, je suis… un fan de Vitalic.
Je n’achète plus de Cd, l’idée même du format me donne la nausée, je feuillette les journaux musicaux comme on va chez coiffeur se faire raser les couennes, très vite et sans parole. Et pas de commentaires. Je n’attends pas avec impatience le prochain album de Daft Punk, j’ai développé tout un argumentaire contre Bangalter, j’ai vécu la naissance de Justice sans espoir et Guy-Man m’évoque une marque de dérailleurs pour VTT… je suis, je suis … un fan de Vitalic.
Je n’aime pas les chauves en musique, j’ai quelques fois de la nostalgie pour les compilations Cafe Del Mar et un peu de con-compassion pour ces con-cons de french toucheur aujourd’hui reconvertis en courtier d’assurance. Boys Noize m’évoque l’angoisse des parkings désaffectés, la Hongrie année 87 et le paludisme en Afrique avec un slip en laine de verre, je déteste les transports en commun et n’écoute plus la musique qu’au casque, 457ième écoute de See the Sea… je suis, je suis… hope you guess my name… un fan de Vitalic.
En vérité, je suis surtout moi. Un pauvre type qui considère le rock comme une escroquerie sans fin ni but, une sinusoïde marketing avec des pleins et des déliés, des cheveux longs qui ondulent et une génération entière sans hit fédérateur avec en arrière plan des discussion insipides sur la marque de l’ampli et la prochaine date en province. Rien, rien, rien ne me semble aujourd’hui plus vulgaire que l’addition rock+cd+guitare; les discussions sur le financement de la culture française m’emmerde et la fermeture des squats parisiens m’indispose tout autant que les débats annexes sur « pour ou contre les fringues rock chez H&M ? ». Un grand orgasme simulé.
Sur le dernier album de qui vous savez, il y a une guitare qui monte, saturée sous le poids des logiciels, qui hurlent pour survivre au dessus du drumkit. See the Sea, chanson d’ouverture de Flashmob, est une perle pour les insensibles, les gens comme moi, ceux qui ont arrêté de croire à la puissance du cuir qui colle. Cri d’espoir ou relent de nostalgie sans avenir, cette chanson m’obsède, c’est le chant de ralliement des beaufs, la victoire sur la déchéance de ceux qui n’ont plus d’avenir. Vitalic, c’est la victoire des provinciaux à lunettes de soleil rivées sur le crane, les coïts dans le sable à Palavas, les discothèques, la science du first-step pour la foule en sueur et ta petite sœur en tringle dans les WC des garçons. C’est tout et rien, simultanément ; c’est tout ce que le rock n’est plus. Cela tient sur un titre, 4.05 de folie furieuse. A vous donner envie de descendre en pantacourt et liquider les rockeurs bariolés, leur faire bouffer leurs références par l’arrière-train jusqu’a ce que le tout régurgite par le trou du haut et la voix vocoder qui me crierait d’arrêter.
2009, l’esprit du clan beauf, parce qu’on n’a plus personne en qui croire, parce que se sentir plus bas que tout c’est parfois mieux que se croire au-dessus des marées.
Vitalic // Flashmob // PIAS