Une fois par mois, ou presque, Hilaire prend la peau des plus dévêtues, nos stars d'un jour ou idoles d'

Une fois par mois, ou presque, Hilaire prend la peau des plus dévêtues, nos stars d’un jour ou idoles d’hier, nos coeurs battant chaque fois la chamade. Ici, (…) suite

Une fois par mois, ou presque, Hilaire prend la peau des plus dévêtues, nos stars d’un jour ou idoles d’hier, nos coeurs battant chaque fois la chamade. Ici, la deuxième dame de France rencontre le style Balzacien sans que personne ne puisse trouver rien à redire. B.L.

Ma chère Valeria,

C.B. par NewtonA nouveau, me voilà assise dans les fauteuils du palais. Ornement parmi les dorures dois-tu penser, mais il n’en est rien. Je sais que tu m’imagines toujours languissante, posant pour quelque photographe. Fleur renversée sur parqueterie… Mais Michel Comte et Helmut Newton sont bien loin aujourd’hui.

J’ai toutefois été mangée du regard pas plus tard qu’aujourd’hui. L’un de ces jeunes intendants, beau minois, me regardait trop chaleureusement pour que cela ne relève du simple service protocolaire. J’ai fait bien attention à passer très près de lui, le frôler, en me rendant au bureau de Louvrier. J’avais en effet à demander à Franck de me trouver un mariage où me montrer. Tu sais, je me verrais très bien dans cette dispendieuse robe carmine que nous avions évoqué lors de ta visite Place Vendôme. Qui plus est, ce serait l’occasion idéale de jouer I Went to Heaven dans une église. Qu’en dis-tu ? Et puis, il est temps de clôturer les comptes de Madame Attias ! Le fait que j’ai récupéré l’exacte copie de son ancienne alliance ne me suffit guère. Je compte bien laver certains affronts de l’eau d’un bénitier, mais je ne sais pas encore comment. Il faut que j’en réfère à Franck également.
Quoi qu’il en soit, tel notre (putatif, en ce qui me concerne) grand père épousant grand mère Orsola pour se convertir et quitter ses habits de juif tout en mettant la main sur la dot d’un magistrat, je suis certaine à présent que bien des choses trouveraient solution dans une église.

La famille C.B. par-helmut-newtonOh je sais que tu vas me trouver transgressive à nouveau, mais après ma relecture de Houellebecq, j’aimerais tout de même redorer mon image de bonne catholique ; les sectes vont bien un moment, vois-tu ?
Ah je te vois rire d’ici. Mais je ne suis pas femme à déplaire à Dieu. Mes aventures ne sont que celles qu’il a disséminées sur ma route. Pétales effeuillés, pollen éventé ; me voilà. Crois-tu vraiment que Dieu m’en veuille ? Je ne me suis mariée qu’une fois, moi, et lui ai déjà offert un enfant. N’aie nulle crainte, je saurais le faire m’absoudre le temps venu… Et puis, Dieu est mon droit, serais-je tenté de dire depuis ce trône Faubourg-Saint-Honoré.
Un dieu. Voilà ce qui manque à mon palmarès. N’est ce pas l’étape la plus évidemment finale après un chef d’état. Un homme qui peut à tout moment déclencher l’ire de plusieurs kilotonnes de plutonium. L’énergie maîtrisée… J’en ai des frissons jusque dans le ventre.

Enfin, je revenais donc du bureau de Franck, suggérer cette investigation et faire ordonner qu’on acquière cette robe, et passant devant l’intendant je vis – j’en suis certaine – le faux mouvement ultimement contrôlé, de sa main ganté de blanc se tendant vers moi. J’ai ralenti mais trop tard. Il avait su reprendre ses esprits. Tant pis. J’aurais aimé sentir cette tentative sur mes reins, le contact de l’homme qui brave les interdits du protocole pour effleurer une fesse. J’imagine qu’il a compris que cela équivaudrait à son renvoi, un suicide social en quelque sorte. Kamikaze érotique en habits élyséens. Je demanderais ce qu’il en est à Arno Klarsfeld si nous nous revoyions…

Et toi que deviens-tu ? M’en veux tu toujours d’avoir pactisé avec l’envahisseur ? Tu sais comme moi que c’est une habitude familiale pourtant ; n’est-ce pas ainsi que “notre” père a survécu aux allemands ? Je suppose que tu vis toujours d’un tournage ici, l’autre là, et retour à la maison avec ton mari. Tu vas encore invoquer la prudence de l’aînée, mais quand diable te jetteras-tu un peu plus allègrement dans les mains du destin ?
Moi, d’ici, je vois et j’entends les carrosses des grands de ce monde se bousculer sur le parvis de graviers de notre palais. A l’instant où je t’écris, la voiture de Laurence vient se placer devant les escaliers présidentiels. Ce n’est plus le chauffeur d’autrefois. J’avais conseillé à Nicolas de s’en débarrasser. Une intuition quant à d’éventuelles révélations à la presse. Les trajets jusqu’à TF1 lui auront probablement donné des idées. Dans le doute, le voilà remplacé par celui-ci.

Laurence me salue toujours quand elle sort, quoi qu’elle ne passe jamais jusqu’à mon bureau. Bien que nous ne soyons jamais dupes de nos positions respectives (amante et régente, concubine et impératrice…), nous ne nous abaissons pas à nous côtoyer. Il y a peu elle était encore très braquée, mais depuis que j’ai soufflé à Nicolas de lui offrir “sur un plateau” le poste dont elle rêvait, elle a saisi je crois que je ne lui veux nul mal.
Pour le moment. Nous verrons en temps en heures le rôle que je pourrai lui attribuer.

Le moteur tourne. Elle ne va plus tarder. De fait, notre souverain non plus.
Je te laisse. Je m’en vais l’attendre et gérer quelques affaires avant notre départ pour Brégançon et le Cap Nègre – nous sommes tous deux tombés d’accord pour allier à nos vacances les symboles entrecroisés du noble fief de notre famille et de l’armée républicaine que représente ce fort – où, qui sait, nous nous verrons peut-être.

Dieu te garde. Appelle moi à l’occasion.

C.

 

Compazine

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