Quand Synckop ouvre la porte de ses placards ce n’est pas pour dévoiler des boîtes en inox pleines de raviolis, haricots verts ou autres merveilles culinaires. A la place, ce sont des dizaines de papiers, de feuilles qui lui ont servi d’essai. Elles sont couvertes d’encre, de formes de toutes les couleurs. Elles attendent là, que les mains de leur géniteur viennent les chercher, pour les bidouiller, ou simplement pour les y laisser en paix.
Synckop, quand tu lui demandes d’où vient son nom, il te sort un CD, un album pour illustrer sa réponse. Tu comprends rapidement que le gars est bercé par la musique depuis un bail. Son travail d’ailleurs, c’est plein de choses à la fois : de la zic, des fleurs, de la zic et des fleurs, mais pas que.
Synckop travaille parfois à l’illustration de pochettes d’album, d’autres fois pour l’identité visuelle du Café de la Danse, des fois encore à la créa de posters pour des gars comme Brian Jonestown Massacre et ce, depuis un bail. En bref, « Il a les mains dedans », comme dirait l’autre.
Son univers c’est un aller simple pour les 60’s. Mais pas celles qui fleurent bon les costards pelle à tarte des années Cloclo, encore moins les années Pierre Bellemare. Les 60’s de Synckop, elles sentent la fleur psychédélique (mot compte triple), les visages (un peu) torturés, les présences fantomatiques. Putain, c’est beau. Mais aussi les tâches de peinture, les dégoulinures et tout autant de formes indéfinies.
Les couleurs pop, les couleurs pâles, le noir et blanc, l’aquarelle, l’encre, Synckop semble à l’aise à peu près avec tout. Aussi bien manuellement que numériquement d’ailleurs. De toute façon, il le dit lui-même, il a ses phases, il évolue constamment. Son travail est en fait une expérimentation constante.
Ses sources d’inspiration sont nombreuses : quand il s’agit d’illustrer la pochette d’un album, de travailler sur l’illu d’un poster, il se nourrit de l’atmosphère du groupe, des échanges qu’il a pu avoir avec les zicos, de l’idée qu’eux se font de leur bébé, pour apporter son petit truc en plus. Pour lui, le lien entre la musique et les arts graphiques a toujours existé, évident, comme si les deux univers s’inspiraient et se nourrissaient en retour. A chaque mouvement musical son bestiaire, ses atmosphères. « Il y a des morceaux cultes, mais il y a également des pochettes cultes qui marquent leur génération. »