Quoi de plus cohérent au fond que la lecture des 347 pages du dernier opus de l’antimoderne préféré des Français comme un plaidoyer sans concessions, satisfaisant quoiqu’assez prévisible, écœurant à l’occasion mais parfois jouissif et semblable au contenu des copieux filets garnis que l’on gagnait dans les foires d’antan ?

Comme le rappelle son ami Beigbeder, Sérotonine fut écrit en 2016 et 2017 par un être solitaire, édenté, profondément malheureux et éprouvé par la sidérante collision entre la sortie de Soumission et les événements que l’on sait. Après la dystopie aux accents prémonitoires, Michel Houellebecq revint ainsi à la valeur sûre qu’est la chronique richement documentée de la dépression chez le bipède occidental mâle âgé de 40 à 50 ans, cerné par un passé démontrant sa profonde inaptitude au bonheur, et un avenir qui sera forcément pire. Youpi-ya.

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Très vite, Michel fait du Houellebecq

Les cent premières pages de Sérotonine relatent la bascule définitive du dénommé Florent-Claude Labrouste, un ingénieur agronome parisien qui décide d’en finir d’un coup avec son existence sociale, laquelle consiste pour l’essentiel en un bullshit job de contractuel au Ministère de l’Agriculture et une relation devenue sinistre avec la jeune Japonaise Yuzu. Il organise en quelques jours sa disparition, pour se reclure dans dix mètres carrés très fonctionnels d’un hôtel Mercure proche de la Place d’Italie, choisi pour son offre anachronique de chambres fumeurs. Son projet initial, attendre la mort devant la télévision en ingérant régulièrement antidépresseurs et Grand Marnier, connaîtra un net regain d’ambition lorsqu’il entamera une sorte de tournée d’adieux auprès des rares personnes ayant compté pour lui.

Cette entrée en matière témoigne d’une remarquable application de l’auteur à cocher une par une les cases du roman houellebecquien. Pour rappel, les plus évidentes sont les suivantes :

– Un catalogue à la Eyes Wide Shut sur le sexe glauque contemporain : partouzes, pornographie, zoophilie ; pédophilie aussi, mais un chouïa plus tard.

– Une fascination absolue pour les supermarchés. Figurez-vous que 14 sortes de houmous sont disponibles chez G20, contre 8 dans les Carrefour Markets.

– Des références régulières à la biologie et la zoologie pour expliciter les comportements sociaux des êtres humains.

– Un complexe naturiste, forcément.

– Une constante érection de la fellation en bonheur terrestre insurpassable.

– L’emploi régulier du mot « bite ». Ainsi : « je ne nourrissais aucune ambition particulière par rapport à ma bite, il suffisait qu’on l’aime et je l’aimerais moi aussi, voilà où j’en étais, par rapport à ma bite. »

– D’incessantes citations de marques commerciales.

– De riches descriptions d’objets et tâches insignifiants en apparence, d’un dépliant sur la Maison de la culture du Japon au laborieux processus de regonflage d’un pneu.

Assertions blasées et provocations d’usage

Disséminés tout au long du roman, les assertions blasées sur l’inexorable aliénation de l’individu dans un monde matérialiste/bureaucratique/libéral/hygiéniste forment une catégorie à part parmi les victuailles promises à l’ouverture du filet. Elle est elle-même divisible en sous-genres :

– Les brillantes : « Les gens n’écoutent jamais les conseils qu’on leur donne, et lorsqu’ils demandent des conseils c’est tout à fait spécifiquement afin de ne pas les suivre, afin de se faire confirmer, par une voix extérieure, qu’ils se sont engagés dans une spirale d’anéantissement et de mort, les conseils qu’on leur donne jouent pour eux exactement le rôle du chœur tragique, confirmant au héros qu’il a pris le chemin de la destruction et du chaos. » C’est chié, ça. Ou bien, dans un style différent : « un plateau de fruits de mer en solitaire c’est une expérience ultime, même Françoise Sagan n’aurait pas pu décrire cela, c’est vraiment trop gore« . Sublime, vraiment.

– Les paresseuses : « Paris comme toutes les villes était faite pour engendrer la solitude« . Celle-là vient trop longtemps après Alain Souchon et Michel Sardou. « Les femmes sont des putes si l’on veut, on peut le voir de cette manière, mais la vie professionnelle est une pute bien plus considérable, et qui ne vous donne aucun plaisir. » Franchement écrit à la truelle.

– Les foireuses : « les amitiés de jeunesse, celles qu’on noue pendant ses années d’étudiant et qui sont au fond les seules amitiés véritables, ne survivent jamais à l’entrée dans la vie adulte, on évite de revoir ses amis de jeunesse pour éviter d’être confronté aux témoins de ses espérances déçues, au poids de son propre écrasement« . Ben non, en fait.

Les doubles-saltos avec triples-vrilles qui atterrissent quand même, on ne sait comment : « j’avais besoin d’une chatte (…) d’un autre côté les chattes avaient besoin de bites, enfin du moins c’était ce qu’elles s’étaient imaginé (heureuse méprise, sur laquelle repose le plaisir de l’homme, la perpétuation de l’espèce, et peut-être même celle de la social-démocratie), en principe la question est soluble mais en pratique elle ne l’est plus, et voilà comment une civilisation meurt, sans tracas, sans dangers ni sans drames et avec très peu de carnage, une civilisation meurt juste par lassitude, par dégoût d’elle-même, que pouvait me proposer la social-démocratie évidemment rien, juste une perpétuation du manque, un appel à l’oubli. » Sous vos applaudissements.

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Bien entendu, le filet garni offre aussi son lot de provocations trash. Un saupoudrage généreux de « lopette » et « pédé » marque autant de petites attentions à l’égard des homosexuels. L’auteur n’oublie pas non plus son abondant lectorat étranger en assaisonnant consciencieusement plusieurs nationalités d’amabilités xénophobes. L’haïssable Yuzu concentre sur sa personne de quoi rhabiller tout son archipel d’origine. Le Hollandais fait très vite l’objet d’un soin particulier : « Quant aux Hollandais c’étaient vraiment des putes (…), une race de commerçants polyglottes et opportunistes les Hollandais on ne le dira jamais assez. (…) Comment un Hollandais pourrait être xénophobe ? Il y a déjà contradiction dans les termes, la Hollande n’est pas un pays c’est tout au plus une entreprise. » Mais son rival l’Allemand n’est pas oublié pour autant : « (…) quelle raison pouvait bien avoir une petite fille de dix ans pour frapper à la porte d’un quadragénaire misanthrope et sinistre, allemand de surcroît ?  » Cette dernière gentillesse fait le lien avec le sujet également primesautier de la pédophilie, traitée ici sans éloge déplacé, mais avec un art consommé de la minimisation insidieuse : « Je n’avais jamais vu de vidéo pédophile, je savais que ça existait mais sans plus, et tout de suite je sentis que j’allais souffrir de l’amateurisme de la prise de vue », « hélas il ne s’agissait pas de pédophilie, c’était bien pire (…) ». On imagine l’auteur dévoiler un peu de gencives grisâtres, le bougre, à chaque mine dérivante lâchée dans le flux de son texte.

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Laurent Baffie, une « belle personne »

Il convient ici de préciser que l’on rit toujours – très – souvent avec lui, que l’on goûte ou non ses efforts attendus pour offenser les dernières âmes pures du XXIe siècle. Car Sérotonine, pour sombre qu’il soit, régalera petits et grands d’étouffements solitaires à supposer qu’ils goûtent la candeur feinte, la froideur distanciée, voire une certaine absurdité du désespoir. Difficile de ne pas trouver son compte dans l’interminable litanie des amusantes exécrations de Florent-Claude Labrouste – théâtre subventionné, France Culture, Maurice Blanchot, bobos, écoles de commerce, architectes, limitations de vitesse, On n’est pas couché – à regarder sans le son -, détecteurs de fumée dans les hôtels, partis politiques, le dernier Christine Angot – dont il a lu les cinq premières pages -, écologistes, droit – « il n’y a certainement aucun secteur de l’activité humaine qui dégage un ennui aussi total que le droit » –, Goethe, féministes, sans oublier les quartiers parisiens de Beaugrenelle ou La Butte aux cailles.

L’hilarité jaillit tout aussi bien de l’enthousiasme déraisonnable du bonhomme pour le bouquet de chaînes sportives proposé par SFR, ou pour la dépaysante ringardise du menu de la brasserie O’Jules de la rue Bobillot. Chacun aura son propre fou-rire quintessenciel : j’avoue avoir craqué à l’évocation d’un hommage télévisé à Laurent Baffie, unanimement salué comme une « belle personne », ou lorsque le héros découvre une vidéo de sa compagne honorée par un doberman, dont il juge opportun de préciser qu’il était « d’âge moyen ».

Sérotomisogyne ?

Ce dernier exemple illustre une ambiguïté souveraine dans l’exercice du compte-rendu de Sérotonine. L’humour a beau en accompagner la plupart des outrances, l’expérience de lecture peut différer sensiblement selon que l’on possède ou non un chromosome Y. Si Florent-Claude Labrouste fait preuve d’une émouvante empathie pour les vaches, son rapport à l’humanité est plus délicat, et une bonne moitié de celle-ci est souvent fondée à rire jaune. On croise dans les souvenirs du narrateur une « black à petit cul » qui « suce comme une reine« , une compagne qu’il aima avant tout pour ses « aptitudes de pute ordinaire« , une situation embarrassante où « personne n’était mort, il y avait juste une histoire de nana qui ne savait plus si elle avait accepté de se faire enculer, enfin des problèmes de jeunes« , ou des réflexions profondes sur les femmes, comme « ça a besoin de vacances, ça a besoin de distractions culturelles, elles sont moins vénales qu’on ne le prétend parfois, question bijoux tu leur achètes un colifichet africain de temps à autre et ça passe mais si tu les baises plus, si tu les désires même plus, là ça commence à craindre« .

Les lecteurs qui ne sont ni femmes, ni originaires de Niort devraient pouvoir affirmer avec certitude que les premières trouveront plus facilement matière à une gène légitime que les seconds. Un auteur compte au nombre de ses droits inaliénables celui de ne pas être confondu avec les personnages de sa création ; de même, un lecteur des romans de Michel Houellebecq, comme de sa poésie, compte parmi les siens de pouvoir y sentir poindre une franche misogynie. Le faisceau d’indices concordants est épais, et la plaidoirie de ses avocats prévisible : l’auteur est un homme qui s’assume, une part substantielle de son fonds de commerce consiste à choquer le bourgeois-bohème, son rapport à l’éternel féminin l’a longtemps fait souffrir, et ses – étonnamment mignonnes – images de jeune marié, postérieures à l’écriture de Sérotonine, laissent deviner le bon gros roudoudou qui s’ignorait.

Une littérature de genre-s

Pour pertinent qu’il soit ici, évitons le piège d’un simple débat entre zélateurs et offensé(e)s qui reflèterait si bien son époque. Michel Houellebecq s’inscrit avant tout dans une littérature de genre-s, et lorsqu’il traite dans l’absolu des mérites respectifs des hommes et des femmes, la comparaison est rarement flatteuse pour les messieurs. Dans Les particules élémentaires, il affirmait que « depuis quelques siècles et la fin des époques où les ours étaient nombreux, les hommes ne servaient visiblement à peu près à rien« , tout juste bons à déclencher des révolutions et des guerres inutiles, tandis « qu’un monde composé de femmes serait à tous points de vue infiniment supérieur« . Il renchérit dans Sérotonine, résumant ainsi ce qu’est une rencontre virile : « Il conduisait un Mercedes classe G, nouveau point commun qui permet souvent à un embryon de communication de se créer, entre hommes d’âge moyen. Mieux encore il avait un G 500, et moi un G 350, ce qui établissait entre nous une mini-hiérarchie acceptable. »

Il ne s’agit pas tant d’affirmer lequel des deux sexes est supérieur – ou bien ce ne serait pas l’homme – que de traiter l’impasse des relations entre eux, vécue du point de vue d’un type entre deux âges et au fond du trou. Chez Houellebecq, les instincts qui rapprochent hommes et femmes ne sont pas superposables, l’amour est possible mais forcément précaire, et ceux qui ne désirent plus, ou « mâles blancs vaincus » sont aussi à plaindre que celles qui ne les font plus bander, telle cette « vieille divorcée malheureuse qui n’avait pas encore tout à fait réussi à renoncer au sexe, et cela avait donné lieu à bien des épisodes navrants« . C’est le propos central de Sérotonine.

Remords, drogue et vieux rock n’roll

Fait nouveau chez le héros houellebecquien, Florent-Claude n’est plus dans l’errance sexuelle. Son désir s’est éteint avec son « adhérence » à la société, et chaque comprimé « blanc, ovale, sécable » de Captorix le rend mécaniquement impuissant. Il se livre donc au bilan de sa vie amoureuse, un échec difficilement contestable, mais sans verser dans le nihilisme : « J’ai connu le bonheur, je sais ce que c’est, je peux en parler avec compétence, et je connais aussi sa fin, ce qui s’ensuit habituellement« . Le premier bonheur qu’il contempla fut l’ »amour fou » et tragique de ses parents. Avant Yuzu et le coup de grâce porté à sa libido, il y eut Claire, l’actrice ratée devenue alcoolique et autocentrée, et leur séparation pour défaut de motivation partagé. Loin de cette mollesse, l’homme connut aussi deux amours véritables, pour autant de remords indélébiles : la danoise Kate, du temps de l’inconséquence de la vie étudiante, et Camille, celle avec qui tout était trop parfait. Les pages sur Yuzu et Claire grincent autant que celles sur Kate et Camille, lumineuses, douloureuses et dépourvues d’inutiles effets drolatiques, émeuvent.

Sérotonine marque aussi le retour de son narrateur sur sa seule amitié véritable, vécue avec Aymeric, un condisciple de l’INA issu de la noblesse normande. Si Florent-Claude s’efforce de mener une carrière la moins « néfaste » possible, à défaut d’être utile, son ami se lance d’emblée dans une œuvre aussi estimable que vouée à l’échec : faire du domaine familial une exploitation agricole de qualité. Vis-à-vis de cet amateur de pétards et de vieux rock n’roll, figure donquichottesque et fatiguée, Houellebecq abandonne de nouveau l’ironie au profit d’une franche admiration. La révolte paysanne dont Aymeric deviendra le symbole mondialement connu est une nouvelle preuve de la prescience de l’auteur tant elle fait écho à l’actualité. Et l’explication entre les deux copains, après plus de 20 ans de non-dits, lorsqu’il est encore temps de reculer, recèle une vraie puissance littéraire : « c’était étourdissant et un peu écœurant, comme à chaque fois qu’on plonge dans le vrai. »

Compter ses cartouches comme ses points-virgules

C’est bien de puissance littéraire qu’il doit être question à l’heure de juger la valeur des écrits de Michel Houellebecq, au-delà de ses enfantillages, de ses postures et des polémiques qu’il suscite à plaisir. Il la libère ici avec parcimonie, comme on compte ses cartouches, sûr de l’effet produit. Lors de la description d’un élevage de poulets industriels, résolument indignée et violente. Celle des trains Intercités, désormais dépourvus de services et d’une propreté élémentaire. Ou bien dans une terrible page sur les banlieues que traversait Florent-Claude durant ses études, entre Senlis et Paris (« Maintenant c’était différent, un parcours social sans brio particulier m’avait permis d’échapper, je l’espérais définitivement, au contact physique et même visuel des classes dangereuses« ). Et au travers des constats implacables de l’artiste Claire sur son appartement de Ménilmontant, « qui gagnait plus qu’elle tous les mois« , ou d’Aymeric s’apercevant qu’il appauvrit plus sa famille en investissant dans son projet que son père, demeuré oisif toute sa vie de rentier. Voire quand Houellebecq fustige par la voix de son personnage le délitement des familles, la tentation de l’euthanasie – on brûle de lui demander de vive voix si l’expression « euthanasier vite fait bien fait » fait l’objet d’un emprunt délibéré à Desproges – ou le « verrou idéologique trop fort » de l’Union Européenne pour sauver ses agriculteurs du « gigantesque plan social » en cours. Il y a plus saisissant encore, à mesure que Florent-Claude sera conduit à envisager l’élimination d’un oiseau, un meurtre, ou un suicide. Ah, oui, tout de même.

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On a eu chaud. L’équilibre des goûts, parfums et textures du filet garni qu’est Sérotonine prévient l’indigestion, et ce en dépit de certains choix stylistiques discutables. Le livre démarre en effet assez poussivement, comme si le narrateur faisait l’apprentissage progressif de l’écriture, abusant des adverbes, des parenthèses, des répétitions, des « j’y reviendrai » ou d’étranges digressions (« enfin je m’égare revenons à mon sujet qui est moi, ce n’est pas qu’il soit spécialement intéressant mais c’est mon sujet »). Les points-virgules si chers à Houellebecq se sont raréfiés au profit des virgules, juxtaposant les propositions le long de phrases pouvant atteindre une page de long. Certains anglicismes résonnent comme autant de pieds de nez, de la part d’un auteur qui s’en dit peu friand (« gore », « fun », « hardcore », « vintage », « funky », « cool », « brother »). Dans l’ensemble, l’écriture se fait plus fluide à mesure que le récit avance et que s’estompe la drôlerie ; on peut imaginer que ce soit fait à dessein. Et s’il fallait retenir un élément particulier de la construction de l’œuvre, ce serait une fois de plus la faculté de l’auteur à bien terminer ses chapitres.

Méfiez-vous donc des filets bien garnis

Or ces pirouettes de fin de chapitres ne sont rien à côté du point d’orgue du bouquin lui-même, peut-être supérieur à l’inoubliable et glaçant « Je n’aurais rien à regretter » de Soumission. Sans en dévoiler la teneur, il faut insister sur l’effet produit auprès d’un certain profil de chroniqueurs, qui s’empressèrent d’exprimer la profondeur de leur émotion une fois le livre refermé. Toutes ces déclarations, d’Eugénie Bastié à Matthieu Bock-Côté ou Frédéric Beigbeder, ne tiennent sans doute pas du hasard. La plus grande force de Sérotonine est de parachever le règlement de compte de son auteur avec la démocratie libérale. Oublions les élucubrations du dépressif rigolo : prise dans son ensemble, l’œuvre romanesque de Houellebecq est un manifeste du nouveau courant conservateur qui émerge au sein de la droite, honnissant aussi bien le libéralisme économique que celui des mœurs, résolument nationaliste et eurosceptique, moins matérialiste que solidaire entre défenseurs d’une même tradition, aspirant à un pouvoir régalien fort qui ne n’immisce pas dans le quotidien, respectueux d’une virilité et d’une féminité classiques, sûr de ses valeurs et empreint de foi chrétienne.

A cet égard, Houellebecq incarne plus que jamais le « vrai » romancier dont avait fait son deuil Philippe Muray dans L’empire du bien : « Un romancier véridique, aujourd’hui, serait traité comme autrefois les ‘porteurs de mauvaises nouvelles’ : on le mettrait à mort séance tenante, dès la remise du manuscrit. C’est pour cela exactement qu’il n’y a plus de romanciers. Parce que quelqu’un qui oserait aller à fond, réellement, et jusqu’au bout de ce qui est observable, ne pourrait qu’apparaître porteur de nouvelles atrocement désagréables. » L’auteur n’a plus besoin de concessions dans l’exposé de sa vision du monde, et des pulsions de vie et de mort qui le traversent, pour être en tête des ventes de livres en France. Les approximations que pointent les critiques dans le détail du discours économique de Sérotonine ne doivent pas faire oublier la redoutable cohérence idéologique de l’ensemble dans lequel il s’inscrit, ni son exhortation finale. De quoi galvaniser les uns, et rappeler aux autres qu’ils ont un fameux coup de retard dans la course à l’hégémonie culturelle. Lisez Sérotonine, et méfiez-vous donc des filets bien garnis.

7 commentaires

  1. a-ton les niais de la nasa essayer d’envoyer un etron sur le hellbecq?

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