Pour entrer dans la Villa Tugendhat, il faut s’inscrire préalablement à la visite, avant de quitter Prague par le train. Pendant près de trois heures passées dans un wagon-restaurant à déguster une Pils et un plat en sauce, on traverse la Bohème puis la Moravie en observant les usines désaffectées, vestiges du passé industriel tchécoslovaque. Le service est à l’ancienne et on songe à écouter les rythmes ferroviaires de Kraftwerk lorsqu’on réalise que notre voisin de tablée porte un t-shirt Manowar.
On arrive à Brno. La Villa Tugendhat conçue par Mies Van Der Rohe surplombe la ville : les pièces de vie sont les plus remarquables, sont en rez-de-jardin. Ces dernières communiquent entre-elles sans cloison, la maison reposant sur des poteaux d’acier : c’est le “plan libre” cher à l’architecte allemand. Achevée en 1930, cette villa échappe au temps qui passe : un monolithe en onyx laisse passer un peu de lumière dans le bureau, les baies vitrées s’escamotent à la demande, et l’ensemble a été conçu pour que le regard soit irrésistiblement hapé par la vue plongeante sur le jardin d’abord, puis sur la ville. Mies van der Rohe ne s’est pas arrêté là puisqu’il a également dessiné tout le mobilier de la maison, dont une partie est fixée au sol. C’est une oeuvre d’art totale, pur produit de l’imagination d’un génie de l’ingénierie et dans le même temps très fonctionnelle.
La pauvre famille Tugendhat n’a que peu profité de l’endroit, chassée par les Nazis quelques années après son installation. On songe à poser ses valises ici et vieillir dans leur maison. Europe Endless.
1 commentaire
tu écris toujours aussi bien ! Bravo. Bises à toi et à ta belle.
O.