Ma dernière découverte vraiment marquante en 2014 – et l’année fut clémente – est Michel Mullender. Son nom déjà présage du romanesque. Un défricheur, un filmeur, un militant, passionné et passionnant, à des années lumière d’Instagram et de Twitter ; un homme de l’ombre qui dégaine sa caméra depuis plus de vingt ans, des raves, jusqu’aux pays en guerre en passant par des tournages où il aura exercé longuement comme ingénieur du son. Reporter son et images, sans peur et sans frontières, dont la seule trace sur la toile est ses quelques trente-six vidéos tournées entre 1991 et 1994 : rave on.
Rien à vendre, encore moins à acheter, M.M est un insider, capable de filmer à l’arraché la soirée d’un ami, également pionnier de la techno puis, d‘en assurer le montage dans la foulée, lors de ses heures de « congés ». Six décennies affichées qui s‘en fichent, défiant les compteurs, apte à en remontrer en termes de fêtes et d’énergie aux clubs des 20s, 30s, 40s, 50s, du genre à monter à lui tout seul toute la déco d’une soirée mémorable en huit heures. Il ne demande pas être sous les feux de la rampe ; la flamme, il l’a, la lumière, il l’a vue. Qu’il me pardonne de pointer un spotlight admiratif et amical sur sa caverne filmique éclairée. Mullender est salutaire parce qu’il a un vrai point de vue et pas des millions de vues.
RAVE ON, collection complète : 1991/1994