1982, le futur. « Chérie, je t'écris de l'Hôtel de l'Espace. La piscine est cool même si le manque de gravité m'empêche de plonger tête première. On s'amuse bien mais on s'ennu

1982, le futur. « Chérie, je t’écris de l’Hôtel de l’Espace. La piscine est cool même si le manque de gravité m’empêche de plonger tête première. On s’amuse bien mais on s’ennuie un peu. Il fait très beau ».

Dans quelques mois nous serons en 2010. Bleach de Nirvana vient d’être réédité et annonce la consécration du jean troué qui jusque là n’a fait qu’un retour disons timide. En attendant, nous sommes toujours en 2009 et arrive la fin de la boîte de compléments alimentaires aux années quatre-vingt. C’était souvent bien foutu mais au final toujours insupportable après dix minutes (Glass Candy, Geneva Jacuzzi…) et de The Fall à Kim Wilde, on peut prétendre avoir révisé la totale.

On a même ressorti le Fleetwood Mac 2.0 avec Pictureplane. Il y a deux semaines, après avoir installé ses trois spotlights de fortune le garçon a sans trop de surprise allumé son iPod. Bien sûr ça en a fait rire quelques-uns. Les autres regardaient les bras croisés en bougeant la tête pendant qu’un type remuait son gras en agitant les bras. Dans un autre endroit que la petite salle à l’étage de l’Ancienne Belgique avant les terribles Health, un autre jour qu’un mercredi, ç’aurait pu être un micro-évènement. Quand il a commencé Gothstar, le ‘type’ remuait encore plus vite. A ce qu’il me semble, personne ne s’est senti troublé au point d’arracher le papier alu qui recouvrait l’avant de la table où était posé son matériel. Le sample de toute façon, la plupart des gens ce soir là ont grandi avec.

Si on s’en tient à Pitchfork, Pictureplane comme Neon Indian sont des ‘risings’, soit comme je l’entends des gens sur qui on devrait logiquement pouvoir compter. Derrière Neon Indian se ‘cache’ deux personnes, mais c’est surtout à Alan Paloma qu’on s’intéresse. Un mexicain qui a grandi au Texas, fils du Richard Cocciante chez les aztèques : Jorge Palomo. Pour Psychic Chasms, il aurait à plusieurs reprises samplé papa. Avec Washed Out il serait la Rolls de la chillwave dont on a commencé à entendre parler au printemps dernier. En Avril, le New Yorker des blogs de hypeux Gorilla vs. Bear a plongé dedans en publiant Deadbeat summer, Grizzly Bear l’a twitté ; hello it’s me Izzat Love? de Todd Rundgren, encore un sample. Depuis, le groupe à fait tout le tour de la toile sans vraiment encore s’emmêler dedans. L’idée à la base, si j’ai bien compris de quoi il retourne, c’était pour quelques musiciens, de diffuser des titres sur le net et sans beaucoup de prétention.

Seulement, je pense que tout ça est déjà en décomposition, pas loin d’être enterré et n’ira pas beaucoup plus loin qu’un petit buzz et deux musiques de pub au moment où ces mecs sortent leur musique autre part que sur le net. Pour ceux qui essaient encore de googler par minitel, c’est en ce moment. Les hipsters du club vacances, eux, ont déjà écumé les myspaces de fond en comble et font la moue. Pas que la musique soit désagréable, si on ne se souvient déjà plus de l’été indien on continuera même en novembre de traîner en caleçon le dimanche après-midi. Pour faire court sur la chillwave, on pense bien souvent à Ariel Pink bouffé par Kirby en version dub noyé dans l’éther et le disque de Neon Indian est à la juste limite du mauvais goût. Alan Paloma est indiscutablement sympathique et remporte une adhésion de principe.

Neon Indian est maintenant en tournée, a engagé un batteur pour muscler le set et devrait penser à remuer autrement que dans un canapé avec un mojito en tirant la tronche. Il ne se cache plus depuis un petit moment déjà, sort un disque et tout le monde en parle : nous sommes donc passé à autre chose.

Au risque de flatter le lectorat en lettre et de perdre les fans de Judas Priest (NB : j’aime beaucoup Living after midnight), j’ai lu à plusieurs reprises que ces mecs représentaient un certain espoir pour les prochaines années, pour en revenir aux ‘risings’. Et ça m’a plutôt chiffonné. Comme beaucoup d’autres, Neon Indian se pointe dans le mille de notre culte des nouveaux visages depuis que nous n’avons plus vraiment personne en qui croire. Ce qui ne fonctionne pas en additionnant Neon Indian et futur, c’est que sa musique ne repose que sur l’hégémonie du passé mais réussit tout de même à apparaître comme une innovation, un comble. Je n’ai rien contre les samples ou le passé en lui-même, mais ici le tout est trop gras pour s’envoler. Tout au long des articles au sujet du frisé, on en reste toujours à la nostalgie des années 80, des mélodies gloomy sur quelques souvenirs de festivités. On n’a jamais dit qu’Alan Paloma était meilleur ou qu’il allait plus loin qu’une réplique mise à jour pour la simple et bonne raison qu’on n’a pas pris la peine de se poser la question : il est juste agréable, n’avance à rien et personne ne lui en veut. Il n’y a pas à considérer Neon Indian comme post MGMT ou quoi que ce soit, parce qu’on s’en fout et remuer sans transpirer reste la grande quête de notre génération. J’y vois juste un emprunt à 0% pour continuer un petit bout de route vers l’impasse inévitable du recyclage des années quatre-vingt, un dernier signal de fumée qui s’étouffe en lo-fi.

La vérité est qu’avec Psychic Chasms ou ce qu’on voudrait nous faire bouffer, voilà la façon dont nous voyons le présent : « Chérie, je t’écris du Club Med. La piscine est cool mais il fait trop chaud pour sortir. Je pense que je m’amuse bien mais je m’ennuie un peu.  Comment va mémé ? »

9 commentaires

  1. Moi j’aurais plutôt défini ça comme la rencontre de « Boards of Canada » et d’Etienne Daho.
    Je trouve cet album excellent, il est surprenant, nostalgique à point, les sons sont travaillés, plus travaillés que ce qu’en laisse penser le chroniqueur qui parait à peut près aussi aigri que les cornichons oubliés au fond du frigo…
    Pas assez moderne?
    Je ne suis pas de cet avis, je dirais que S.G. trop blasé, trop à chercher des références, des correspondances…pas assez dans l’écoute de ce que nous propose Néon Indian.
    Dommage.
    Excellent album.

    P.

  2. J’ai écoute une première fois au taff étant concentré sur autre choses, sans grande conviction, j’ai zappé, je l’ai réécouté au calme avec une bonne sono, une ambiance tamisée et là j’ai été transporté par psychic chasms et l’hallucinant « Should have taken acid with you », ce qui me semblait au premier abord qu’un mauvais collage maladroit s’est révélé être une démonstration d’harmonie.
    Je pense aussi que sg est complètement blasé, il cherche trop les références, trop d’analyse, il a oublié de se laisser toucher par l’émotion de cette potion musical.
    Un texan ! c’est un miracle ! à suivre.

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