Déjà surnommé le film le plus terrifiant des films les plus terrifiants de tous les temps, le tournage de l’Exorciste a été pour Steven Seagal presque une distraction. « J’étais en train de négocier des ventes d’armes entre l’Angleterre et la Syrie, raconte-t-il au Magazine Variety, lorsque j’a réalisé que j’avais là les décors parfait pour tourner une nouvelle version de l’Exorciste. » Dans ces décors de fortune, entre deux réunions, Steven Seagal improvise un plateau de tournage et se lance. « Je me suis souvenu de la méthode d’Orson Welles dans ses derniers films : tourner vite et improviser avec ce qu’on a. Les acteurs ont été recrutés sur place et c’est par exemple le ministre de la défense Syrien qui joue l’un des guides dans la scène de la pyramide. » Revenu à Londres, Steven Seagal tourne le reste du film en une semaine, toujours entre deux réunions secrètes au Foreign Office. Là encore, le réalisateur met tous le monde à contribution et on aperçoit plusieurs députés conservateurs et un marchand d’armes américain incarnant des patients d’un hôpital psychiatrique.
Le film reste globalement fidèle à l’original, racontant la possession et l’exorcisme d’une jeune fille. Néanmoins, dans cette nouvelle version, le Mal contamine aussi la famille et les voisins de la fillette. C’est ainsi tout un quartier de Londres qui est possédé par le Mal. « Franchement, avoue Steven Seagal, si j’étais prêtre exorciste, je ne me déplacerais pas pour un seul démon. Là, avec la moitié de la ville sous l’emprise du Malin, ça commence à devenir une opération rentable pour l’Église. Surtout quand on connaît les honoraires d’un prêtre exorciste. »
Le démon crie toujours quand on le frappe dans les couilles.
Les cinéphiles noteront que pour la seconde fois, depuis le Septième Sceau, Steven Seagal reprend l’un des rôles cultes de Max von Sydow. Son personnage, le père Merrin est un ancien soldat des forces spéciales devenu prêtre. « C’est un personnage très complexe que je dois interpréter, un prêtre un peu badass, alcoolique hanté par les esprits de ses camarades morts au combat. Il a donc des convictions religieuses, mais il a aussi l’habitude de voir des fantômes et aussi des objets bouger tout seuls. » Le passé militaire du père Merrin comme sa maîtrise des arts martiaux s’avèreront un atout de poids face aux hordes d’habitants possédés par le Mal. « Dans le film, mon personnage rencontre des difficultés. Par exemple j’ai l’habitude de briser la nuque de mes ennemis, c’est un peu ma marque de fabrique. Avec le démon du film c’est impossible parce que sa tête tourne sur elle-même, j’ai donc dû faire preuve d’inventivité. Heureusement, nous confie-t-il l’acteur avec un sourire, « le démon crie toujours quand on le frappe dans les couilles. »
Comme souvent, l’investissement de Steven Seagal dans son rôle a été total. Conseillé par l’ancien pape Benoit XVI, l’acteur a appris les rudiments de l’exorcisme. « Steven est incroyable, nous a confié le souverain pontif à la retraite, non seulement il maitrise parfaitement le latin ancien, mais il a profité de son séjour en Syrie pour apprendre à parler Araméen à l’envers. Ses premiers exorcismes sur les démons que nous gardons enfermés dans les caves du Vatican pour rigoler sont proprement stupéfiants. On le voit mal sur les videos youtube, mais c’est du très haut niveau. » C’est évidemment ce soucis du détail et du réalisme qui donne toute sa force au film. À elle seule, la scène finale où Steven Seagal, possédé par le Démon, pratique son propre exorcisme face à un miroir expliquerait l’interdiction temporaire du film dans plus de dix-sept pays européens.