« J’ai vu les Fraises Sauvages (Smultronstället en suédois) en 1994. A l’époque je ne lisais pas encore couramment la langue et j’avais cru qu’il s’agissait d’une adaptation de mon film Justice Sauvage (Smultronjustället en suédois, NDR). Alors bien sur, comme film d’action c’était un peu plat, mais cela a transformé profondément ma vision du cinéma. » Bouleversé par le film, l’acteur visionne l’intégralité des films d’Ingmar Bergman. Habitué des décisions cruciales, Steven Segal (Dernier recours, Ultime décision) se rend en Norvège afin de rencontrer le cinéaste Suédois. Puis en Finlande. Puis finalement en Suède.
Steven Seagal est accueilli par un homme bien différent de l’intellectuel tourmenté décrit par les critiques. Reclus chez lui, Bergman passe ses journées à regarder des films d’action en mangeant des Knackie balls. Les deux hommes discutent des heures de la filmographie de Seagal. Bergman confie à l’acteur son regret de filmer des drames intimistes au lieu de poursuites en voiture et de scène de combat dans des clubs de strip-tease. Les deux hommes font de longues promenades sur les grèves et Steven assiste même au tournage de Fanny et Alexandre (notre photo).
« J’ai suggéré à Ingmar d’utiliser un peu plus de hard-rock pour la BO du film. Pendant mon séjour nous avions d’ailleurs invité Dave Mustaing à composer un morceau pour la scène d’ouverture du film. Je crois que cela figure sur l’une des copies conservées par la cinémathèque d’Oslo. » confie ainsi Steven Seagal au magazine Variety. « C’est à cette occasion qu’avec Ingmar, nous avons eu l’idée de retourner l’ensemble de ses films, mais dans des versions un peu plus musclées.« . Entre une séance d’Aïkido et une partie de paintball, les deux hommes reprennent notamment le scénario du Septième sceau. La mort de Bergman interrompt la production du film et ce n’est qu’en 2012 que Steven Seagal tourne coup sur coup, Persona, Piège de la vie conjugale (une modification du titre voulue par Bergman) et Le septième sceau. Dans ce dernier film, Seagal incarne un chevalier qui dispute une partie d’échec comme la mort (incarnée ici par Marion Cotillard).
Le tournage dure plusieurs mois. Le joueur russe Sergueï Adamov, invité comme consultant a révélé que la préparation de la partie d’échec a été particulièrement éprouvante pour les acteurs, notamment pour Marion Cotillard qui a eut beaucoup de difficultés à maîtriser la question de l’opposition des cases conjuguées dans la fin de partie. Steven Seagal avait d’ailleurs annoncé la couleur au premier jour du tournage: « Si je joue aux échecs contre la mort, pas question que la partie soit truquée. »
Christophe Lambert, un moment pressenti pour le rôle du chevalier n’a finalement pas été retenu. « C’était le premier choix d’Ingmar, mais Christophe est venu au casting avec un glaive qu’il avait gardé de son film sur les Vikings et ça nous a tous un peu fait flipper. En plus il n’arrêtait pas d’expliquer qu’il était immortel depuis qu’il avait bu le sang d’Isabelle Adjani. »
Un coffret intitulé Bergman par Seagal sortira au printemps tandis que Le septième sceau sera projeté cette année au festival de Cannes dans la section « Patrimoine violence ».