Tourné en quelques semaines et avec peu de moyens, "L'Atalante" de Steven Seagal ("Piège en haute mer", "Piège en eaux profondes") est un vibrant hommage à l'humanisme du cinéma de Jean Vigo. Par la délicatesse de sa réalisation, le film se montre digne de la première version tout en offrant au public une parie du film que Vigo n'a jamais pu tourner.

atalante-1934-17-gJean vient d’épouser Juliette, une jeune fille qui n’a jamais quitté son village. Il conduit une péniche suivants le rythme lent des canaux et sa nouvelle épouse découvre avec lui la vie des mariniers, une vie faite de labeur, de solitude, de plaisirs simples et de bastons. Les longs plans séquences de la première partie du film de Steven Seagal montrent avec subtilité cette vie modeste et heureuse que mènent les deux personnages.

Cette vie tranquille sera troublée par l’arrivé d’un camelot (Willem Dafoe) qui séduit Juliette en lui promettant de l’emmener à Paris. Jean, fou de colère abandonne Juliette à son sort, mais le père Jules (Steven Seagal), un vieil excentrique qui est l’homme à tout faire de l’équipage, flaire quelque chose de louche. En suivant les traces du camelot, il découvre que celui-ci est à la tête d’une vaste organisation criminelle qui mêle trafic de drogue et réseau de prostitution.

C’est dans cette seconde partie du film que Steven Seagal réalise un véritable travail d’historien du cinéma.

Car si Jean Vigo est mort quelques semaines après la sortie du film, de nombreux commentateurs restent persuadé que celui-ci est en réalité inachevé. En s’appuyant sur quelques notes découvertes récemment et que certains spécialistes attribue au cinéaste, Steven Seagal a reconstitué toute une partie du scénario dans laquelle le personnage de Michel Simon s’avère un ancien commando des troupes coloniales et met la ville à feu et à sang. Non réalisé pour des raisons budgétaires, cette partie du film complète harmonieusement ce que l’on connaissait déjà du film. À la recherche de Juliette, le père Jules rencontre tout le petit-peuple du Paris des années trente. Dans sa traversée de Paris, il détruit un sympathique troquet pour obtenir quelques informations. Plus loin, un trimardeur l’oriente vers une guinguette qui sert de couverture à un meth-lab clandestin. Le Père Jules y affronte une bande de margoulins qu’il livre à la maréchaussée.

Dans cette odyssée poétique rythmée par l’horaire des marées, le chuintement des tramways et les coups de fusils à pompe, Steven Seagal trouve un équilibre subtil entre l’univers de Jean Renoir et celui de Charles Bronson. Les couleurs saturées et la 3D rendent au film son actualité. « L’usage de la technologie 3D nous a paru essentiel, confie Viktor Pyromanovitch, directeur des effets spéciaux. Autant pour les scènes de dialogue que pour la destruction de la Ville, l’usage de la 3D combiné au dolby surround rotatif garantie en effet une sensation de naturalisme maximum. »

On ressent cette sensibilité à fleur de peau jusqu’à la conclusion apocalyptique du film. Tandis que Juliette (Cameron Diaz), saine et sauve, contemple l’incendie qui ravage la ville depuis le pont de la péniche, le Père Jules lui dit avec tendresse: « Tu vois Juliette, c’est encore d’ici qu’on les voit le mieux, les lumières de la ville.« 

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