Tandis que les studios Disney rivalisent de vieilles recettes pour laisser accroire qu’un soixante-quatorzième épisode des vengeurs de l’espace nous fera oublier que le monde est en état de mort clinique, sort en DVD ce qui était sans doute le meilleur film de 2018, Diamantino.
Comment décrire ce film sinon en promettant qu’il est autant un film que le monstre rédempteur qui pourrait enfin tout détruire et sauver à la fois la pop culture et nos cerveaux saturés d’images trop sucrées ? Faut-il commencer par reconsidérer les choses à partir de cette donnée que nous glisse le réalisateur, Gabriel Abrantes, à savoir que Serguei Eisenstein, le cinéaste de la révolution d’Octobre, était justement obsédé par Walt Disney ?
Faut-il dire que son film réunit les pires ingrédients que l’on puisse trouver au cinéma, non pas juste deux ou trois, mais le plus possible : une star du football, des petits chiens, des réfugiés, des drones, des clones, les talk-show, des personnages de telenovelas, un complot d’état et la montée du nationaliste. On pourrait se dire que c’est beaucoup, mais ce serait oublier un chaton, deux sœurs jumelles maléfiques et une espionne lesbienne déguisée en bonne sœur comme au bon vieux temps des SAS de Gérard de Villiers. Et pourtant.
Pourtant tout cela, porté par la voix-off de son narrateur – un footballeur doté d’un QI plus bas que sa température corporelle – atteint des sommets d’intelligence et de finesse. Le film ne se contente pas d’être drôle, il démontre que dans un monde renversé, le divertissement peut sauver la pensée politique, là où la politique se roule depuis longtemps dans le spectacle – en poussant des petits cris aigus.
Il faudrait débattre très longtemps pour essayer de comprendre comment un personnage d’une bêtise aussi sidérale parvient à toucher si précisément au sublime. Il est probable que c’est bien cette candeur absolue qui sauve, d’une manière presque christique, à la fois les personnages et celui qui les regarde. C’est cette même candeur qui dissout la grossièreté du vaudeville pour infuser à la place un érotisme insistant et un humour qui ne frappe pas directement mais par ricochet, comme un poteau rentrant pour rester dans les métaphores footballistiques.
L’histoire en elle-même n’a pas beaucoup d’importance, surtout parce qu’elle reprend et retourne comme un gant les ersatz d’histoires avec lesquelles nous sommes sommés de nous divertir. Le coup de boule de Zidane, la déchéance de Maradona, la longue filmographie des sextapes de célébrités sont ici distillés et transcendés. Diamantino n’est pas seulement un chef d’œuvre, c’est d’abord l’espoir que la pop culture soit encore capable de sauver l’humanité.
2 commentaires
Turkish airlines fly better
…j’irai couché avec Gloria Bell, mais pas ce soir, ce soir c shabba ranks