Après avoir négocié (par la force de son charme naturel, il va sans dire) deux pass pour le festival Rock & Littérature, Bester envoie Hilaire et Nash couvrir

Après avoir négocié (par la force de son charme naturel, il va sans dire) deux pass pour le festival Rock & Littérature, Bester envoie Hilaire et Nash couvrir deux jours de beuveries lettrées à Deauville. Serge Clerc, Eudeline, Nick Kent, De Caunes (père et fille), Assayas, Lescure… On a connu des week-end plus difficiles.  24 Avril 2009. Journal. Day one.

« Arrivé peu avant midi à la Gare St Lazare, je tombe face à face avec Patrick Eudeline. Ce n’est ni un hasard ni un symbole. C’est essentiel ».

Patrick c’est le crédit même de ce festival. Le type qui s’endort dans le train, étalé, comme mort, la tête dans son canard à deux balles, zippo à terre enfoncé dans la moquette polychome du corail, et qui, deux heures après, sans manger, répond aux questions abruptes d’une classe de lycée. Droit dans ses bottes, honnête, il balance sur le téléchargement, tente de limiter l’adoration pour les poudres alchimiques pete-dohertiennes d’une adolescence française. Culte. L’homme que tout le monde adule. A commencer par une professeure, qui a exposé un sourire magnifique à l’annonce de son simple nom : « Pourquoi amener une classe à Patrick Eudeline ? » Réponse inutile, puisque tout est dans le sourire. Patrick, c’est le mythe. Une prose. Une incarnation. Qui me prendra pour un lycéen, et déclenchera une argumentation sur le tabac avec Serge Clerc, au débotté, devant la mine de dizaines de lycéens abasourdis.

Le reste, le hors-Eudeline ? En une poignée d’heures, devant nous, se profilent Serge Clerc, sous-classé dans l’hotel « presse » et affublé d’une photo d’une bobine qui n’est pas la sienne dans la PQR, Gerard Bereby qui s’attriste dans un fauteuil municipal de l’insertion d’Edouard Leclerc dans la culture littéraire, de Kent qui reconnait qu’aujourd’hui aucune révolution n’est possible puisqu’il n’y a plus de contre-culture, affirmant au passage avoir été dérobé de son idée par les Ramones. De jouer plus vite, encore plus vite. De Isadora de Nova qui nous punaise des posters de Bizot dans les yeux. D’Ariel Kenig, inconnu lors de notre débarquement normand, absent des plaquetttes du festival, et pourtant digne révélation entre les auteurs annoncés.

Ariel est émotif, unique, plus humain qu’humain, et salement protégé dans sa veste vert pomme, quant nous tentons – interview Giscardienne à l’appui – de lui faire avouer son côté sombre. L’homme se révélera plus tard, sur les planches, au Up & Down, sourire ciselé dans la barbe et confession more human than human. Derniers trainards dans une ville qui n’est pas la notre, on se fait compter le Normand par un poète local devant l’auto-avoué (trois Jameson plus tard) assassin du petit Gregory, nous rentrons écrire.

Dans ma chambre Continental, wifi powered, je revis. Un instant factice de sympathie, cette complicité de voleur de bonbons, que seuls entretiennnent ceux qui vivent à la fois dans l’ombre des écrivains, et qui de leurs blanches mains, dirigent les lumières sur ceux-là. Nos idoles. Leurs héros.

03:16 Dérushage. Deauville s’éteint. Plug off.
Sur mes paupières, les sourires des gens qui prononcent ce néologisme : G.o.n.z.a.ï…

http://www.deauville.fr

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