Gaspard Noé aurait-il trouvé son maître ? C’est ce que l’on peut penser en visionnant Climax de Steven Seagal, un film nihiliste et prétentieux qui remet à l’heure les pendules du cinéma français. Plaçant la barre très haut, Steven Seagal (Camping 3, Les Bronzés) parvient en une heure quinze de film à réconcilier les extrêmes du cinéma hexagonale, un équilibre parfait entre les films de Rohmer et les sextapes de Marion Maréchal le Pen.

« Le film de Gaspard est courageux, confie Steven Seagal au magazine Variety, mais on voit bien qu’il se censure. En réalisant ce remake j’ai voulu faire le film qu’il n’a pas osé faire. » Comme le film de Gaspard Noé, Climax de Steven Seagal est un huis-clos étouffant, une fête qui tourne au cauchemar, mais Steven Seagal a su briser les tabous qui brident encore le réalisateur français.

La première surprise du film vient de l’âge des comédiens. En situant son film dans une maison de retraite, le réalisateur écarte l’alibi du jeunisme. Il confie avoir eu cette idée en assistant à des combats de personnes âgées, un sport controversé qui se développe dans les milieux interlopes du Japon et qui permet à la population d’exorciser l’évolution de sa démographie.

Le film s’ouvre par une longue séquence de rediffusion de l’émission Des Chiffres et des Lettres sur la télévision de la salle commune de la maison de retraite.

A part cette différence d’âge, le remake de Steven Seagal respecte fidèlement le scénario. Le film s’ouvre ainsi par une longue séquence de rediffusion de l’émission Des Chiffres et des Lettres sur la télévision de la salle commune. Autour du téléviseur, le réalisateur a empilé les VHS de tous les films qui seraient plus intéressants à voir que le sien, une technique de torture psychologique qu’il a emprunté à Noé. Au moment où Simone de Rodez annonce « 9 lettres » le poste s’éteint et le film nous plonge dans une longue séquence de danse hypnotique, un plan virtuose à travers la salle où la caméra filme une chorégraphie conçue par Philippe le coach santé (Romain Duris dans un rôle à sa mesure).

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L’action est portée à incandescence durant la grande scène du Bingo d’après repas. Yvonne accuse Émile (Jean-Paul Belmondo) de profiter de l’Alzheimer de sa femme pour échanger avec elle sa grille de Bingo. L’infirmière qui tente d’intervenir (Marion Cotillard dans un rôle à sa mesure) est battue à mort à coup de déambulateur. René qui a réussi à s’emparer d’un défibrillateur l’utilise pour découvrir qui a encore arraché la page des mots croisés du télé 7 jours. On ne dévoilera pas la suite du film, sinon pour dire que peu en sortiront indemne, à l’image d’Émile, sous l’emprise d’une tisane hallucinogène, qui se lance en fauteuil roulant dans les escaliers, une cascade que Jean-Paul Belmondo, fidèle à sa légende, a tenu à réaliser lui-même.

Dans un entretien au Figaro Magazine, Steven Seagal se défend d’avoir voulu « choquer le bourgeois », notamment en mélangeant les thèmes de la drogue, de l’islam radicale et de l’inceste gérontophile. Il envisage plutôt Climax comme « un film simple, une sorte d’ode à la vie ». Pour preuve un tournage réduit, presque familiale qui s’est fait en quelques jours seulement. « De toute façon, ajoute Steven Seagal, nous étions un peu obligé, à cause de Jeanne Moreau qui ne pouvait pas rester trop longtemps sur le plateau. »

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