Grand connaisseur du cinéma français, Steven Seagal a su construire avec Camping 3 LA fresque sociale qui manquait à la production des années 2010. Dans un film fleuve de trois heures, le réalisateur américain s’empare des codes de la comédie pour mieux souligner les tensions socio-économiques de la société française et produire un mélo sombre et raffiné.
Dans ce nouveau volet, Patrick Chirac a vieilli. Malgré un non-lieu dans une affaire de mœurs, il peine à réintégrer la société et à trouver un second souffle. Le film commence alors qu’il arrive en vacances après cinq années de prison et une cure de désintoxication. Lorsqu’il remet les pieds aux Flots Bleux, Patrick est un homme détruit, mais la présence d’un promoteur qui menace le camping (Christian Clavier) lui donne l’occasion de retrouver son honneur et sa dignité perdus. Lorsque deux hommes envoyés par le promoteur véreux s’installent dans le camping pour intimider ses occupants, Patrick Chirac comprendra que la rédemption passe par un sacrifice. La scène où il tente de s’immoler avec des petits cubes pour allumer le barbecue restera sans doute parmi les plus poignantes de la filmographie de Frank Dubosc.
« Le film est l’occasion de plonger dans le passé trouble de Franck » (Steven Seagal).
Pour le scénario du film, Steven Seagal a travaillé avec Catherine Breillat dont il apprécie l’humour potache, mais il a également longuement échangé avec Franck Dubosc. « J’ai beaucoup parlé avec Frank Dubouc de son personnage. Quelles sont ses motivations, son rapport à l’alcool et son attirance pour les mineures. Le film est l’occasion de plonger dans son passé trouble. » Bien qu’il laisse une large place à son interprète principal, Camping 3 est d’abord un film choral où brillent des seconds rôles. Vincent Lindon est irrésistible en maître nageur dépressif, tandis que le couple formé par Sandrine Kiberlain et Benoît Magimel enchaîne les gags autour de la mort tragique de leur enfant, replié par erreur dans une tente Quechua. C’est pourtant Gérard Depardieu et Michel Houellebecq qui tirent le mieux leur épingle du jeu en composant, avec beaucoup de finesse, le rôle de deux tueurs névropathes nudistes.
On sort de ses trois heures de film transformé, subjugué par l’espoir et la vie qui gagnent malgré tout. « J’aime le cinéma français, a confié Steven Seagal au magazine Variety, pour sa capacité à se réinventer constamment. Camping 3 n’est qu’un début pour moi, avec Frank [Dubosc] et Catherine [Breillat] nous avons commencé à réécrire le scénario de tous les films de Valérie Donzelli pour en faire un seul film où un couple se déchire mais espère encore, malgré l’amour et la mort. Je ne peux rien vous dire pour l’instant mais il y aura Benoit Magimel dans le rôle d’un ancien flic torturé par son passé. »