Sale journée pour la petite Skunk Cunningham. Le jour où son petit ami orphelin doit déménager dans une autre ville, elle est victime d’une crise de diabète chez son voisin — un adolescent légèrement débile — qui vient de tuer sa mère névrotique en revenant de l’asile où il avait été enfermé après une crise de violence due aux accusations mensongères de viol de la voisine et un passage à tabac par le père, un veuf ultra protecteur, à cause d’un mensonge pour éviter qu’il ne casse la télé.
C’est le même soir, d’ailleurs, qu’une autre de ses filles fait une fausse-couche mortelle alors que son père est incarcéré pour avoir molesté également le professeur d’anglais, accusé à tort de l’avoir mise enceinte, pour se venger de son intervention dans une histoire de racket, une occasion pour lui de se racheter auprès de la babysitter, son ancienne maîtresse qui entretient désormais une relation avec le père de l’héroïne dont la femme est parti vivre avec un autre homme.
On peut s’étonner que personne ne se drogue dans tout le film. Il aurait suffi d’un quatrième voisin dealer de crack, si possible incestueux, pour donner à cette histoire un peu trop primesautière toute la noirceur qui lui manque. Ce détail mis à part, c’est un sans-faute. À peu près tous les éléments du cinéma social anglais sont réunis en une heure trente, du coup c’est dense certes, mais pensez que ça règle un bonne fois pour toute la question. Voir « Broken » c’est comme voir tous les films de Ken Loach en une seule fois, plus tous les films sur la fin de l’enfance. Un sacré temps économisé si l’on considère que, ce mois-ci, « Expendables 2 » permet de voir tous les films d’actions des années 80 et 90 en deux heures. À l’exception, bien sûr, de l’œuvre filmée de Steven Seagal, lequel mérite de toute manière une rétrospective personnelle à la cinémathèque de Kaboul).
Rufus Norris // Broken // Encore dispo dans quelques salles, sorti en aout 2012.
3 commentaires
Petit article pour un petit film apparemment, mais surtout pour un si petit propos. La question, à savoir « ce mec qui vient de faire son premier film ne révolutionne rien, trahit des influences, peut être trop, et tente de condenser tout ce qui grouille en lui en 100-120 minutes, comme tous les artistes dans leur première oeuvre ». Réponse: Et alors? Oui c’est peut être une règle, lorsqu’on naît on pousse un hurlement, celui qui ne le fait pas s’étouffe. La rigueur, fort heureusement, n’a jamais été l’apanage de la jeunesse.
D’ici peu -et c’est d’ailleurs déjà le cas- on vous reprochera d’être jeune.
Si, d’ailleurs, la personne qui écrit ce petit torchon a moins de 25 ans, c’est que décidément, la jeunesse et belle et bien nécrosée par une péremption accélérée, sûrement fruit d’une mauvaise assimilation des idéaux d’une frange mâture et majoritaire de la population.
Ah si jeunesse savait… je suis malheureusement assez vieux pour me rappeler de quelques premiers films où la quantité n’est pas confondu avec la qualité, Douches froides par exemple pour n’en citer qu’un.
Mais au delà, il ne s’agit que de noter que dans la catégorie « je tente de condenser ce qui grouille en moi en 120 minutes » le réalisateur dépasse ici largement les bornes. La critique n’a pas vocation, comme on le pense souvent à passer de la pommade et nos réactions s’adressent aussi au delà du film à la fatiguante campagne promotionelle qui accompagnat la sortie d’un film somme toute mineur. Il y a sans doute besoin d’un bon coup de torchon pour rappeler les paroles de Rodrigue:
« Mes pareils à deux fois ne se font point connaître,
Et pour leurs coups d’essai veulent des coups de maître. »