« De palace en parking et de Passy à Roissy, Sergio promenait sa morgue et son ennui. » En 1979, Yves Adrien le décrivait déjà ainsi, à l’imparfait. Comme si Serge Kruger avait été là depuis la nuit des temps, et qu’il en serait ainsi pour l’éternité. Sur le papier glacé de ce vieux Playboy, on devine que notre hôte est trop occupé à tuer le temps pour demander son pourboire. Et pourtant ! De la bande du Drugstore aux années Palace en passant par le Pigalle des 90’s, le chauffeur a promené le Tout-Paris sur sa banquette arrière. Cinquante ans de branchitude silencieuse, moteur.

Dans l’abécédaire de Serge Kurger, tout commence et finit invariablement à la même lettre. B comme Branché, B comme Branleur, B comme Besogne. Ça tourne en rond dans l’esprit des historiens et finalement tous ces mots n’en forment qu’un seul. B comme Kruger, branché comme Serge. Maintenant que la contre-culture est devenue un mode de vie sérialisé où la seule subversion consiste à dénigrer cyniquement tout ce qui s’apparente à une prise de risque, l’histoire de cet increvable acteur des nuits blanches gagne en relief ce qu’elle a perdu en couleurs. C’est ce que je me répète en voix off lorsque, d’un pas décidé, je me décide enfin à gagner le Manoir de l’ile aux Loups pour une rencontre avec le grand Serge pour, deux heures durant, remonter le fil de ses mille vies. Et accessoirement tenter de comprendre pourquoi l’évocation de son nom fait davantage penser à un – mauvais – film d’horreur qu’au second rôle qu’il incarne dans son propre film, avec au générique Pacadis, Yves Adrien, les New York Dolls, Fabrice Emaer, Bizot et tant d’autres. La logique voudrait qu’on ait qu’à énoncer cette même liste d’acteurs pour qu’honneur soit rendu à ce pionnier éclairé mais bon, tout ça c’était il y a déjà deux ans. Entre temps, j’ai failli faire comme tout le monde ; laisser la bande traîner sur un coin de bureau et oublier l’incroyable histoire de cet as des coulisses.
Car en dépit des légendes photographiques, Serge Kruger n’est pas qu’une vieille bagnole aux couleurs pastel. Ou alors disons, pour être courtois, que Serge Kruger n’a pas encore passé l’arme à gauche. Chez Libé, Nova et autres vestiges poussiéreux de la libération mitterrandienne, on se doute bien que traîne quelque part une hagiographie prête à l’emploi. Mais pour l’heure, Kruger se mure seul dans son château. Loin, très loin, de ceux qui l’ont expulsé de Paris. Après tout, Serge Kruger reste ce type à qui tant de branchés actuels – Ariel Wizman, le Jean-No de Philippe Nassif, Lionel et André de la Clique, l’intégralité de l’index du livre d’Arnaud Sagnard[1] – doivent tout sans pour autant avoir envie, ne serait-ce qu’une seule fois, de cracher au bassinet. La contre-culture – qui plus est en France – étant souvent faite d’injustice et de subtils larcins jamais condamnés par la justice, on ne va pas s’étendre pendant trois plombes sur le drame balzacien des nuits parisiennes. On est souvent seul au sommet et Kruger, souvent victime de ses naïvetés visionnaires, ne l’est pas moins. Passeur de disques, de plats ou de culture, passeur de danse aussi, tant il lutta pour le déhanchement des corps, après cinq décennies à claquer des doigts comme des billets verts il est aujourd’hui ce drôle de grand-père capable de citer les Stooges comme Snoop Doggy Dog.

Les vingt glorieuses

Cette après-midi de juillet, il fait très chaud à Nogent-sur-Marne. Coincé entre l’urbanisme galopant des tours bétonnées et ce long fleuve tranquille qui lèche les bords de son manoir, Kruger attend là ses visiteurs comme la mort : avec un sourire carnassier, les cheveux plaqués en arrière et un ourlet de jean méticuleusement repassé. À mi-chemin entre le mods qui aurait su éviter le boulot à l’usine et le Parrain sans héritage à léguer, il vient vous chercher sur le quai puis vous embarque vers son manoir, situé – littéralement – sur l’autre rive. Derrière la végétation luxuriante, on découvre alors cette gigantesque bâtisse plantée sur cet îlot minuscule. Le silence à quinze minutes de la capitale, les arbres qui dansent silencieusement sur l’herbe grasse, le décorum de cette maison d’un autre âge où s’entassent objets antiques et grandes pièces vides, ici tout invite au recueillement. Au cœur de son mausolée solitaire, Kruger vous propose alors un sirop à la menthe. Et le film commence enfin.

Back to fifties. Le petit Kruger n’est encore qu’un gosse de l’après-guerre, livré à lui-même dès l’âge de 13 ans, parce que papa est mystérieusement mort à la Libération. « Ma mère n’a jamais voulu m’en parler, elle m’a dit qu’il était mort d’un cancer, soupire Serge dans sa vaste cuisine. J’ai malgré tout cru comprendre qu’il s’était fait shooter par un Allemand, une sorte de héros en quelque sorte. J’ai jamais cherché à en savoir plus. La seule chose que j’sais, c’est que j’ai jamais réussi à me faire une gonzesse aussi canon que ma mère. » Il se marre, même pas conscient que cette quête de l’amour maternel, à jamais perdu, le poussera par la suite dans les bras de centaines de femmes toujours plus belles, toujours plus jeunes.
Mais trêve de digression psychanalytique, au milieu des années 50 le petit Serge est encore un pas grand chose, rien de plus qu’un titi parisien n’ayant d’yeux que pour sa maman, mais avec un appétit gros comme ça. Sergio, ça ne l’intéresse pas de ressembler aux minets, à ces affreux messieurs tout-le-monde en puissance. Kruger parvient à se faire réformer assez rapidement du service militaire. Quant à son bac, il l’obtient de justesse. Alors forcément sa culture, non, elle ne vient pas de l’école : « On a 13 ans et des parents bourges qui possèdent la haute technologie de l’époque, à savoir le microsillon. On découvre les premières chansons de Presley, Cochran, Bill Haley, Jerry Lee Lewis… Avec ces putains de 45 tours, du coup PAF c’était parti, on foutait sur la platine et d’un coup le monde changeait, on sortait et la musique était partout. Alors que 100 % de la France était dans les années yéyé à la con, t’avais qu’une poignée de tordus comme nous qui – ayant des parents friqués – avaient la chance d’avoir accès à la musique américaine, la vraie. Des mecs comme Barclay, qui était un gros malin, avaient acheté les droits de reproduction du microsillon, c’est donc lui qui avait les droits. Quand il est revenu en France, il a contacté son pote à Europe 1 et ils ont fait le coup ensemble, du coup ils ont niqué la culture française sur toute la longueur, en se faisant un pognon fou. Ils ont pris tous les tubes américains, des types comme Paul Anka, Barclay demandait à des chanteurs comme Franck Alamo de faire la reprise et, forcément, le truc matraqué 40 fois par jour sur Europe 1 cartonnait… » On aura bien compris que, tout comme Marc Zermati ou Larry Debay, Kruger préfère regarder par delà les mers pour fantasmer son quotidien de loulou des Trente Glorieuses. Fin des années 50, une poignée de gamins commence à se retrouver au Français, un café des Champs-Élysées, préfigurant ce que sera la fameuse bande du Drugstore. Serge Kruger en est. Au départ et comme dans toutes les chansons de l’époque, c’est évidemment pour draguer les minettes. Mais après le premier couplet, c’est un autre refrain.

Dix ans se sont déjà écoulés. Les hippies sont passés par là, Pacadis est revenu de son voyage enfumé à Kaboul et Yves Adrien fait ses gammes à l’Open Market, mythique boutique punk ouverte par Zermati dans la rue des Lombards. Tout ce beau monde est désormais prêt à prendre d’assaut la capitale avec quelques disques fondateurs du rock’n’roll et un peu de papier à rouler.
Le maître d’œuvre de cette prise ratée de la Bastille, et les livres d’histoire en parlent peu, c’est bien Serge Kruger. Compagnon nocturne de ceux qui peinent à vomir dignement, il devient cet Eddy Barclay qui préfère le Get 27 à la jet-set, le monsieur Loyal qui organise des soirées grandiloquentes dans son premier grand appartement de la rue aux Ours, où le Tout-Paris se presse pour tremper ses lèvres dans la luxure. Les plus vieux – ou simplement les rescapés – se souviennent encore des interminables parties de Kruger, verre de champagne à la main, jouant adroitement la partition dans son salon pendant que la crème des jeunes gens modernes s’endort sur ses sofas. « En 1975, j’avais cet appartement génial dans les Halles, qui était devenu le rendez-vous de tous les freaks, avec bien évidemment les New York Dolls qui ont débarqué pour marquer le coup, bon… Le truc c’est que nous, les New York Dolls, c’était tous les jours. Tous les jours, des mecs étaient là, fringués comme les Dolls, notamment Pacadis et les Frenchies. Moi je vivais avec tout ces mecs-là, avec tout ce que ça suppose de fringues, d’attitude, de talons hauts et de cheveux longs… On se marrait bien, on fumait des pétards. Et puis un jour, je vois débouler chez moi un mec habillé exactement comme toi aujourd’hui, sobre et discret. On parle un peu, le type est super intelligent [on apprendra plus tard qu’il s’agit de Roland Millet, peintre décédé – NdA], drôle et tout en diagonales ; il me demande s’il peut dormir chez moi. On passe la soirée, il me dit qu’il est mon allié et décide de m’amener dans sa propre bande. Et là, je découvre tous les branchés des Halles de l’époque, les Philippe Morillon, les Dominique Gangloff ; bref des mecs radicalement différents dans leur attitude, des freaks. »
De déménagements en gueules de bois, l’aventure continue dans ses appartements successifs, de la rue des Lombards à la rue Pierre-Lescot. Au milieu des seventies, Kruger est simplement devenu le prince de la nuit. Être un branché au milieu d’un no man’s land, au milieu des 70’s, était-ce une chance, finalement  ? Quarante ans plus tard, Kruger botte en touche : « On se posait pas de questions, on était là-dedans comme des papillons dans l’air. C’est pas qu’on le fasse exprès, mais à l’époque on n’est rien d’autre que 200 mecs qui niquent tout partout, c’est comme ça. On est les mieux sapés, on a les seules gonzesses qui commencent à baiser, on a les scooters qu’on tire à droite à gauche, on a des lieux où on se retrouve et quand on fait un truc quelque part, c’est là que ça bouge. C’est comme ça, c’est un mouvement naturel. » La nuit parisienne n’est pas encore démocratisée, et trouver les bons spots est un art réservé aux seuls initiés. À force de brûler la chandelle par les deux bouts, Kruger invente un mode de vie inédit. De 1972 à 1975, ça se passe chez Kruger. Un foutoir non-stop avec du ding dong à l’improviste dans ce squat luxueux où se croisent en permanence 200 personnes. Plus qu’une communauté, le branché fédère une clientèle fidèle qui le suivra encore quelques années.

Ça, c’est Palace

À ce stade du récit, il est encore difficile de comprendre à quel moment l’histoire de Kruger a dérapé. S’il a fait une croix sur l’alcool, le papy gominé qui me fait face aujourd’hui n’a rien contre la cigarette et encore moins contre la fiesta, qu’il organise encore presque tous les week-ends dans son manoir du bout du monde. Encore que ces « fêtes », on comprend rapidement qu’il s’agit davantage de mariages. Parce que oui, l’histoire de Serge est ainsi faite que sa demeure est surtout une salle de réception. Faut bien payer les factures. Alors Kruger le vieux loue sa baraque pour de jeunes couples qui n’ont jamais foulé le sol du Palace et qui, dans le meilleur des cas, prennent ce septuagénaire gominé pour un retraité atypique. S’ils savaient…
Serge Kruger, le jeune, a tout compris. Sa solution pour rester dans la mouvance, c’est justement un mouvement constant, le désir de bouger. Can’t stop won’t stop. Ding ding ding, ne jamais rester en place, changer de club jusqu’à s’écrouler, passer d’un clan à un autre. « Comment savoir à quel moment bouger ? Facile : quand je me fais chier. » Ça, c’est le seul enseignement véritable du vieux beau. Dans le jargon de Kruger, être branché signifie simplement « être là ». Exister, faire partie de la fête, être celui qui distribue les hosties jusqu’au bout de la nuit. Être branché, comme les flics, littéralement être sur le coup, traquer la fête comme on aurait été sur le fil du rasoir, connecté sur le courant alternatif.
Nous sommes en 1977. Kruger commence à se faire un nom dans la capitale reconvertie, sons et lumières, aux couleurs de la disco. Il officie alors en tant que disc-jockey dans une boîte réputée de Montreuil, la Main Bleue, où toutes les classes sociales se mélangent pour danser sans états d’âme. Un certain Fabrice Emaer propose alors de lui ouvrir les portes d’un lieu directement inspiré par le club de Montreuil. C’est le Palace : « Un jour il m’appelle pour me dire : ‘paraît que vous avez une radio qui a du succès, venez donc faire une soirée le vendredi au Palace.’ Quand il a vu que je ramenais une clientèle qu’il n’arrivait pas à maîtriser, avec des Blacks, des Portoricains, alors que la salle se remplissait de plus en plus avec des coiffeurs de province qui venaient pour s’éclater sur de la disco et qui me demandaient de passer un autre type de musique, on a arrêté. Et là le Palace a commencé à décliner, avec d’un côté le ghetto bourge qu’était le Privilège, et de l’autre un ghetto PD. Terminé. »

Début des années 80, la fête est finie. Le Palace ferme, le SIDA débarque et Fabrice Emaer, fatalement, tire sa révérence. Pour Kruger, le début des années 80 marque le début d’une lente agonie avec des lumières qui se rallument très brutalement : « La fête s’est finie parce que c’était devenu de la daube, que les gens se faisaient chier, qu’il y avait de la came. Regarde les années Palace, tout le monde te montre Kenzo, Saint Laurent et machin en smoking, déguisés en princes napolitains, mais ils se foutent de la gueule du monde, c’était pas du tout comme ça ! C’était un endroit dans lequel t’avais 2000 personnes tous les soirs, environ 1990 secrétaires ou marchands de glace en train de se fendre la gueule et trois Kenzo. Trois ans après [l’ouverture] ça commence à se casser la gueule, Emaer ouvre le Privilège parce qu’il doit sûrement se dire qu’il y a trop de prolos qui viennent chez lui – alors qu’il venait de faire voter tout le monde à gauche, en plus. Et donc le Privilège, il fout à l’intérieur trois zèbres de la branchouille, dont la pauvre Edwige qui avait 18 ans à l’époque, qu’il a complètement tétanisée. Et c’est là qu’il n’y a plus un chat dans le Palace. » En racontant tout ça, l’éternel insomniaque n’a pas la fibre nostalgique, tout au plus une certitude : la décennie 70-80 ce fut le top, à tous les niveaux, « parce qu’il y avait de la liberté sexuelle – pas de SIDA, des filles ravissantes avec qui tu couchais comme tu fumerais une cigarette, c’était l’ébullition ». Pour lui, Paris était le centre du monde. Avec telle description, comment lui donner tort ?

La farce tranquille

Après la folie des années 70, chacun a fini par rentrer chez soi, chacun a suivi son chemin. La droite de Giscard d’Estaing se prend la raclée finale en 1981 et c’est peu ou prou la même chose pour l’Union Des Fêtards. Kruger ne mâche pas ses mots sur le brutal changement de rythme que fut l’arrivée de Tonton, et comment l’arrivée du socialisme au pouvoir marqua le retour aux vestiaires pour les déjà plus très jeunes gens modernes. Fabrice Emaer crève en 83, Pacadis suivra en 86, Yves Adrien est retourné se terrer à Verneuil, quant aux autres ils sont partis vendre leurs âmes aux diables dans la publicité, où ils s’évertuent désormais à vendre de la ligne cassée et des épaulettes moyennant des ponts d’or. « Après les années 75-80, tous ces gens sont devenus des traîtres, au sens social du mot, en se vendant à Vuitton, Loulou de la Falaise… », dit l’exilé du Manoir. « Quand tu vois une fille comme Paquita Paquin[2], qui était redoutée et crainte de tout le monde, qui a fait son bouquin vendu à 500 exemplaires et qui en est encore à faire le tour de Paris en mobylette pour faire les défilés de je sais pas quel Japonais pour toucher une pige, c’est pas une réussite. Donc la plupart des gens de cette époque n’ont pas vraiment réussi, et ceux qui ont finalement eu du succès, ce sont des gens comme Jean-Marie Poiré, qui après l’aventure rock avec les Frenchies s’est finalement décidé à faire du cinéma. Bon, il a fait Les Visiteurs, hum… Je suppose que sa vie de réalisateur de films comiques, c’est un peu comme moi avec les mariages : une sorte de rabaissement commercial. » Fin de citation. Serge Kruger n’aime pas faire dans l’emphase, encore moins dans le révisionnisme. D’ailleurs il reste l’un des rares à n’avoir jamais publié de livre de souvenirs, comme moult grabataires du clubbing reconvertis écrivains, faute de mieux. Ce n’est pas le genre de la maison. Tout au plus apprendrai-je qu’il dicte ses mémoires à un adolescent du nom d’Amaury, lui aussi passionné par le pygmalion, à travers des discussions fleuves et virtuelles où le vieux explique au jeune comment ça marchait avant. Socrate expliquant à Platon comment draguer les filles et faire de la maille en faisant danser la foule, rien de plus.
Même cerclé de rides, son regard n’en reste pas moins lucide. Il coupe : « C’est hélas la lucidité dont tu parles qui fait que je ne suis plus ami avec la majorité de ces gens, que cela soit la fameuse bande des branchés, géniale entre 75 et 80, que j’ai rapidement quitté pour aller foutre de la musique de black parce que j’en avais marre de les voir comme des poules se suivre dans les chiottes pour se faire des lignes. » Lui n’est jamais tombé dans la dope, devenir un passeur de drogue n’a jamais été son hobby. « Un jour, je me suis même amusé à refourguer de la farine aux branchés, ils sniffaient sans comprendre que c’était du sucre pâtissier, ah ah ah ! » Et quand François Mitterrand s’installe au micro pour quatorze longues années de jerk, Kruger sent qu’on va justement rouler sa génération dans une autre farine aux allures de mélasse. Pas grave : « Moi j’imagine que les mecs qui avaient vingt balais en 81, et qui y ont cru, ont probablement été déçus. Pas moi, pas surpris. Tous ont fini par être achetés par le système, tous les types de gauche sont subitement devenus riches, forcément c’était réglé. » La musique étant, comme la politique, une question de cycle et d’alternance, Kruger suit alors à la lettre son propre adage : changer de clan dès qu’il s’emmerde.

Musique noire et nuits blanches

Quand Fabrice Emaer signe l’arrêt de mort du Palace en encourageant la foule à voter pour Mitterrand Le lendemain y avait plus un chat. La vérité c’est qu’il avait une clientèle de bourgeois, ils sont tous partis comme des lapins devant un coup de fusil. »), Kruger émigre fissa, destination chez lui. Hier Jean Gabin du Palace, voilà donc que notre Kruger tombe à l’aube des années 80 dans le chaudron de la musique noire. Ça lui tombe dessus, comme un piano du cinquième étage : « Un jour, j’attendais ma copine vaguement mannequine, il était cinq heures du matin à Orly et je tombe sur des balayeurs en train de faire leur boulot en dansant, en se fendant la gueule avec le sourire jusque là. Je vais les voir pour leur demander ce qu’ils écoutent parce que c’est formidable. C’était le Tabou Combo, de la musique haïtienne qui se vendait à Barbès. Du coup, et contrairement à des puristes comme Remy Kolpa Kopoul, moi je me fous de savoir que la couverture c’est une édition rare et que le bassiste est le cousin du frère de, rien à cirer ; moi j’ai de la chauffe pure, des tubes à guincher. » C’est déjà l’heure des premières radios libres, Serge sort alors deux vieux hauts-parleurs en se souvenant de Radio Caroline, que le gamin parvenait à capter depuis Paris « en foutant un fil électrique sur un balais ». Le sens de la bricole, le résumé d’une vie.
Fan de funk, de musique caribéenne, de musique africaine ou sud-américaine, le touche-à-tout décide donc du jour au lendemain de lancer une radio pirate nommée Radio Tchatch qui, de 82 à 88, émettra dans la plus stricte illégalité. « Je faisais tout à mes frais, jamais tiré un franc de subvention. Et puis un jour, j’ai reçu un recommandé envoyé par Michelle Cotta [3] me demandant de cesser d’émettre immédiatement. » Dans la foulée, Bizot – grand seigneur – le reçoit pour lui faire « passer un test » sur l’équivalent légal de Radio Tchatch, à savoir Radio Nova. Le casting restera, pour des raisons qu’on préfère ignorer, sans lendemain. De toute façon Kruger n’aime pas Bizot, ce type complètement largué mais doué pour la récupération des tendances que Serge a souvent vu traîner dans ses propres soirées, au milieu des 70’s. Vingt ans plus tard et en dépit des marées basses, il tient encore debout. Comme par miracle, presque. À la fin des années 80, Kruger a déjà côtoyé quatre générations de chébrans qui, tous, rêvent d’être plus hip que le seigneur du cool. Qu’à cela ne tienne, Serge investit dès 86 le Bataclan pour les soirées Domingo, puis multiplie les soirées à thèmes, comme au Tango, avec un mélange de prolos, d’immigrés et de jeunes gens de bonne famille. L’année de la réélection de Mitterrand, il ambitionne aussi de lancer un nouveau lieu noctambule baptisé Le Canal. Mille mètres carrés à proximité du métro Stalingrad et promis à une nouvelle génération de Parisiens prêts à transpirer comme leurs aînés, jadis, au Palace. Las, le bâtiment brûle deux mois avant son ouverture, à cause d’un mystérieux et gigantesque incendie. Touché, pas tué. Mauvais joueur, Kruger lance dès 1992 le Danceteria, une boîte de nuit new age avec un air dépollué à 90 % où sont injectées sels minéraux, iode et autres vapeurs naturelles. Il y a l’air, mais pas la chanson. Le cœur n’y est plus vraiment. Le danseur pose un premier genou à terre.

Mon grand-père, ce héros

« Si tu regardes attentivement mon histoire, tu verras qu’elle est parsemée d’échecs. Moi j’essaie de sauver ma mise en disant que c’était pour avancer que je me suis toujours cassé la gueule, en vérité c’est une façon de m’en tirer un peu fastoche parce que j’aurais bien aimé que ça marche. » C’est une triste confession. C’est la fin de l’après-midi et les saules pleureurs de l’île aux Loups se mouchent discrètement dans la rivière. J’ai envie de lui dire qu’une telle carrière est admirable ; si je ne carburais pas depuis deux heures déjà au sirop de menthe, j’aurais presque envie de le prendre dans mes bras pour le serrer très fort, comme on enlace un être cher à qui l’on doit tout : son mode de vie, les lieux qu’on fréquente, les musiques qu’on écoute. Des années 60 aux années 90, Kruger fut un radar à tendances, un prescripteur de modes bien avant que le mot « branché » ne devienne une insulte souvent proférée par des péquenauds bien trop jaloux pour se l’avouer. De la France jacobine où tout se joue toujours à Paris, le retraité a compris tous les rouages, toutes les combines de vieux roublard qui permettent de rester in quand les types de votre âge sont tous out. Et, contrairement à la chanson, Kruger n’a jamais traîné ses guêtres au Bus Palladium.
Retour aux années 90. L’année de la mort de Serge Gainsbourg, Kruger prend les rênes d’un club de Pigalle, le Moloko. Cette incroyable survivance à travers les décennies commence à en énerver certains. Être le Parrain de Paris suppose aussi des rivalités. Serge en a connu un paquet, des gens qui voulaient prendre sa place, qui voulaient tuer le père pour trinquer sur ses cendres. « C’est ce qui s’est passé quand je me suis moi-même détrôné, avec l’incendie du Canal, deux mois avant son ouverture. Je me suis retrouvé sans rien, sans moyen d’expression et bien obligé de fermer ma gueule. Je m’en suis sorti en montant ma planche à billets du Moloko, mais qui était malgré tout moins en prise directe sur la chose. C’est à ce moment-là qu’ont débarqué tous les petits prétentieux qui, ayant un kilo de réputation parce qu’ils avaient bossé à la téloche, à Canal + ou dans une agence de pub comme Beigbeder, ont décrété qu’ils étaient Dj. Leurs soirées se sont multipliées dans tous les coins, c’est ce que j’appelle l’imposture. C’est ce qui explique que la nuit parisienne a subitement été monopolisée par une poignée de types, et c’est encore le cas aujourd’hui. Résultat : il n’y a plus de lieux à Paris, on se fait chier. Et c’est comme ça que tu te retrouves au Baron, avec un Wizman aux platines. » Pas d’amertume, juste un petit règlement de compte inter-générationel.
Milieu des nineties, Pat Cash et Ariel Wizman se profilent à l’horizon avec le début des after « space » au Rex et au Psychodrome. Dix ans plus tard, ce seront Lionel et André de la Clique qui doubleront le vieux. L’histoire est un éternel recommencement, je vous l’ai déjà dit. « Est-ce qu’ils sont reconnaissants vis-à-vis de mon histoire ? Disons qu’ils me reconnaissent. Ils savent qui je suis. Pour le reste, j’en ai rien à battre de plus que du mec qui a ouvert un Hippo’, sauf que j’ai beaucoup plus de respect pour un type qui fabrique une marque de biscotte que pour un autre qui invente le Baron. » On pourra bien évidemment reprocher à ce même Kruger d’avoir les boules de s’être fait piquer sa ceinture ; il faudra néanmoins m’expliquer comment un être normalement constitué peut passer une soirée inoubliable dans des lieux aussi dénués d’humanité que le Social Club, le Silencio ou encore le Showcase. Mais bref, n’est pas baron qui veut, et ça Kruger l’a bien compris. Après qu’il a ouvert sa porte à des milliers d’inconnus, voilà qu’on le pousse gentiment mais prestement vers la sortie.
À la fin des années 90, le vieux grigou paye le prix de quatre décennies d’indépendance. Cette même marginalité, il dit pourtant la devoir surtout au hasard : « La vérité, c’est que personne n’a jamais voulu me donner un travail. Si ça avait été le cas, que quelqu’un m’avait proposé de devenir directeur artistique à 8000 balles par mois, j’aurais certainement accepté, j’suis pas plus valeureux qu’un autre, j’suis aussi pourri qu’un autre ! » Mine de rien, garder la tête haute c’est aussi une histoire de non-rencontres.
Son seul décrochage avec le temps présent, ce sera la techno. Un mouvement qu’il ne comprend pas, tant pour l’esthétique que pour l’attitude ou, bien sûr, la musique. Quand la techno est récupérée par le capitalisme bourgeois, Serge fait son choix, ce sera le hip hop. Un éternel retour aux sources de la contre-culture qui permet au ridé de faire sa jouvence perpétuelle. De 2004 à 2008, Kruger traîne du côté de la Courneuve. À cause d’une nana, forcément. Plutôt jeune. Très. Une danseuse de hip hop dont Kruger s’amourache, une époque bénie pour le vieux qui parvient à se faire accepter par un nouveau clan, au delà des distinctions raciales, sociales et générationnelles. L’histoire se finira mal. Fin de parenthèse.

Un vieil homme chic

Retour à Nogent-sur-Marne. Il flotte une ambiance de fin de règne dans cette maison vide. Aujourd’hui, Serge Kruger n’a plus envie de créer de lieu. Pas la force, plus la gnaque. Son délire du moment [4], c’est le lancement d’un nouveau mouvement : l’Aristocratie Populaire. Le fantasme d’une société pop culture « où les vrais héros seraient ceux qui se lèvent à cinq heures du mat’ pour partir bosser ». Sur le papier, un concept hippie où les branchés du village global seraient tous égaux face au rythme. En vrai, rien d’autre qu’une chaîne de télévision en streaming avec des programmes culturels, politiques et sociétaux ; un condensé de la vie de Kruger, accessible gratuitement à tout le monde. Après avoir démocratisé la nuit, voilà qu’il veut encore croire à un autre impossible en montant sa chaîne de télévision à ses frais, tout seul dans cette si grande maison. Sans surprise, l’Aristopop sera un flop, le point-virgule d’une phrase qui refuse de se finir autrement qu’avec trois points de suspension.
Comme les loups de son île, Kruger est donc devenu un animal solitaire. A-t-il traversé ces cinquante années de branchitude tout seul, sans compère ni complice ? Kruger pousse un soupir. « L’harmonie sociale, c’est quelque chose d’éphémère », dit-il. Et comme il plane toujours dans une fin de soirée cette nostalgie du moment d’avant, il règne dans cette grande baraque comme un parfum de tristesse. « Être branché, ça ne paye pas. Tout au plus ce sont ceux qui te suivent qui récoltent le fruit de ton travail. Mes échecs sont une forme de réussite indéniable… qui m’ont foutu dans une certaine solitude… » Les jeunes filles, c’est plus possible. Et changer de clan, à quoi bon ? À soixante-dix ans passés, Kruger reste là, à attendre patiemment qu’une nouvelle génération de mariés vienne danser sur un mauvais titre de Dalida dans son salon si spacieux. Ça fait certainement pouffer les nouveaux branchés mais, contrairement à ces derniers, l’ourlet du jean Levis de Kruger est droit comme au premier jour. Au moment de me faire raccompagner sur l’autre rive, je remarque suspendu au-dessus du ponton, ce court message gravé sur une modeste plaque en bois : LE PASSEUR. La vérité, comme souvent, se trouve juste au-dessus de notre tête.

Illustration : Philippe Morillon


[1] « Vous êtes sur la liste », un pamphlet sur la dérive du mot « branché » qui analyse en détail pourquoi et comment les héros de la contre-culture se sont lentement transformés en hipsters corruptibles sans autre ambition que d’apparaître, téléphone portable offert par la marque, en homepage de Purepople.

[2] Légende des années Palace, d’abord physionomiste à la Main Bleue puis aux Bains Douches, Paquita sera ensuite hôtesse au Privilège. Elle a récemment publié le livre souvenir Vingt ans sans dormir et continue d’exercer en tant que « journaliste mode » sur Puretrend.com

[3] Alors présidente de la Haute Autorité de la Communication Audiovisuelle, ancêtre du CSA.

[4] L’interview a été réalisée en juillet 2010.

54 commentaires

  1. tu melanges un peu tout avec un gros préjugé, une obsession maladive et un peu agressive pour l’age (vieillesse): et Picasso, agé, ct un « vieux »?
    Tu ne dis pas non plus que pendant 10 ans j’ai été peut etre le seul créateur de mode à faire du pur et du vrai à Paris, suivi par tous les artistes de l’époque qui ne s’y trompaient pas (mais j’ai refusé de faire des « signes exterieurs de fortune », comme tous les arrivistes de la « couture », d’ou arret du schmatess!). Enfin tu esquisses désagréablement ma recherche permanenente de l’EVOLUTION: j’ai toujours été non seulement un précurseur, mais surtout un CONCEPTEUR (de tendances, de lieux, de systemes de vie); et donc en fait plutot un philosophe du concret et du politique; d’ou ma tentative prématurée et finalement rasante (trop de taf, pas assez de technik) de lancer le concept évident mais dissident « d’aristocratie populaire »internationale, le parti du 22ème siecle!…. Quant à mes fetes au Manoir, pendant 10 ans ce furent les sommets du fun et du groove de cette planète, avec 4 ou 500 personnes à chaque fois: j’ai arrété quand l’alcool est devenu trop systematique et dégradant, dommage . Mais je lance depuis qq semaines des fetes « NO ALCOOL », encore une innovation peu commerciale certes, mais délicieuse: j’ai concocté pour cela un nouveau coktail musical, veritable anthologie des splendeurs à danser du monde entier, que je remixe à la Colombienne (Champeta pour les connaisseurs: ça décoiffe!); et une nouvelle boisson energisante et légale: ah! ah! Il faut bien un berger pour les « smart people », mes seuls amis, aussi nombreux qu’éparpillés dans les generations et les lieux, des gens magnifiques, qui m’aiment et que j’apprécie….Welcome?

    1. Salut Serge, je m’appelle Alexzandra, je réside à Berlin et je suis à la recherche d’une boîte de nuit des années 80, nommé « Le Martial ». Cela te dit quelque chose? J’y avais travaillé à l’époque, dans le 9ième, je crois. J’aimerais tant savoir où c’était.

  2. Ne pas confondre cette « obsession de la vieillesse » avec la longévité que j’essaye de dépeindre tout au long du portrait. Pas d’agressivité ici, bien au contraire…

  3. OKIDOK,
    accepté. Mais tu dois comprendre que les gens ont des clichés tres négatifs sur les termes tels que « vieux » etc: c comça…
    Et il ya eu tellement de connards qui, à bout d’arguments contre mes idées « différentes des leurs », se sont servis de ce terme pour me disqualifier définitif et à bon compte en tapant « en dessous de la ceinture » ,que j’en suis assez méfiant (sans pour autant vouloir refuser l’évidence: oui, O vieillesse ennemie etc; mais bon, l’experience mélée à la lucidité laisse encore une porte etroite au rève créatif, non?). Il y a des vieux cons de 15 ans, crois moi!

  4. Okay Serge, je comprends mieux la vindicte.
    La majorité des gens de mon âge sont déjà plus vieux que vous, la question n’était donc pas là. Jacques Attali, qui n’a pas dit que des conneries, disait que « le vrai luxe, c’est le temps ». Je crois que la trame de fond du papier parle justement de cette résistance à travers les décennies. Un truc dont l’époque actuelle – et donc les gens qui la font – sont parfaitement incapables. Changement d’époque, changement de rythme. Et donc raccourcissement des tempos.

  5. Big up,
    cet article est loin ds cliches ou stéréotypes ! La longévité est un art de vivre sans vieillir prématurément.

  6. Parlons en alors: interessant et actuel: par ex au vietnam etre agé suscite l’admiration plus encore que le respect; anecdote: à paris, j’avais pres de 50 ans et je suis sorti avec les 3 soeurs ravissantes et ultra vives de 16,17 et 18 ans….Allant un jour ds leur appart (ds le marais, pas des prolos) je tombe aaargh sur la mère! Elle me dit: serge, vs etes ici chez vous: mes 3 filles sont amoureuses de vous!!
    Loin d’une matrone franchouillarde, non? Et ds cet article, pas mechant certes, je sens un peu trop la franchouillardise: obsession sur l’age, sur la réussite sociale, bref ça sent le sapin: patience, voyons plutot ce qui est arrivé à ceux qui croyaient aux succes durable ds le commerce, et imaginons un avenir pour des vies qui peuvent dépasser les ….110 ans?? (mais ou on peut TOUS crever ds qq mois!!)

  7. Parlons en alors: interessant et actuel: par ex au vietnam etre agé suscite l’admiration plus encore que le respect; anecdote: à paris, j’avais pres de 50 ans et je suis sorti avec les 3 soeurs ravissantes et ultra vives de 16,17 et 18 ans….Allant un jour ds leur appart (ds le marais, pas des prolos) je tombe aaargh sur la mère! Elle me dit: serge, vs etes ici chez vous: mes 3 filles sont amoureuses de vous!!
    Loin d’une matrone franchouillarde, non? Et ds cet article, pas mechant certes, je sens un peu trop la franchouillardise: obsession sur l’age, sur la réussite sociale, bref ça sent le sapin

  8. Je crois, avec tout le respect que je vous dois, que votre lecture du papier est partielle. Et comment vous le reprocher, lorsqu’un type sorti de nulle part vient (ré)écrire votre propre histoire. C’est « juste » un portrait historique qui remonte six décennies, partant de là c’est forcément historique. Et donc passéiste, puisque cela remonte le cours du temps.

  9. ps: je parle evidemment de 3 soeurs vietnamiennes vivant à paris….
    Quant à l’usage de la longevité: programme tres concret à envisager : a part le net ou le suicide légal (suisse) y a t il de la place pour s’epanouir? evidemment la fortune arrange b1 des choses: un ami d’enfance vit à Cuba, entouré d’un veritable harem de danseuses riantes et calines; pas mal; mais discutable: tout est a faire a decouvrir, tout est avenir et autrement, to be or not THE question!

  10. oui partielle: du moins je l’espère, et pour chacun d’entre nous: le passé n’est que la quille du navire, c’est du vent dans les voiles qui est interessant (et l’age du capitaine!)…
    Mais bravo pour « le Passeur », génial! Yves disait d’ailleurs de moi que j’étais « l’arbitre timide de l’évolution àParis » (pas mal), mais le plus beau jugement a été celui de Laetitia (oui, celle de la chanson, ravissante ex-minette) qui m’a dit: « toi, tu es SORTI de l’extraordinaire »! mmmm , elle a le …dans la,… léti laetitia!

  11. J’ai de merveilleux souvenirs de Serge Kruger en tant de DJ au TANGO

    Mais quoi qu’on en dise, ce n’était qu’un DJ.
    Et je comprends qu’à 70 ans ce ne soit pas glorious !

    Pour le reste …

  12. mais qu’y a t il de plus beau, de plus noble, de plus genereux et haut , qu’etre le meilleur DJ de la plus belle et haute musique du monde entier (surtout quand on est proprietaire des recettes (+/- 100 000€/mois) qu’on en fait une radio (émise ds 84 villes en france pendant 8 ans) qu’on crée en meme temps une ligne de fringues reconnue par toute la Presse et les artiste, qu’on fait en meme temps une soirée au Palace, une autre fete fabuleuse chque dimanche a Bataclan (le Domingo) et qu’on vit une série d’amours delicieuses en cruisin chaque nuit: puis qu’on perd TOUT par un INCENDIE, pauvre conne (que ça t’arrive, tu verras ce que ça fait). Et que ruiné, anéanti, on ouvre 1 an apres le Moloko, le plus grand bar de Pigalle, tenu pendant 18 ans avec 1000 clients par soir!!?? DJ? mais à ce niveau, c’est comme si tudisais qu’un Prince n’est qu’un con qui se ballade à cheval!! Certes j’ai acheté apres Paris-Centre (2500m2 de pistes de danse avec la 1ere et seule machine à dépolluer l’air!): mauvais associé, faillite assurée, mais quelle aventure! Et j’ai créé alors à 65 ans, l’Aristocratie Populaire, concept tellement elegant et haut que je n’ai pas meme a essayer de l’expliquer aux ames obscures (et obstinée): ok je ne suis pas milliardaire, je dois louer mon Manoir pour l’entretenir: mais j’ai eu les plus belles filles du monde, les amis les plus droles et brillant, et ceux qui ne pigent pas la beauté de cela sont des NAINS!!

  13. AMOURS PERILLEUSES à 60 ANS : ADOPTE PAR MES NOUVEAUX COPAINS du 93 !
    Rue d’Aboukir:La femme de menage est passée: c’est une pro: tout est nickel, tout brille, c’est beau, rangé; dring voilà la bande qui deboule: Sofia est en pleine forme, yeux qui petillent, grand sourire inamovible, gestes vitesse 3, ses copines emportées par son elan bougent en la suivant comme des pions de babyfoot, synchrones: chaud devant, ça va delirer; apres m’avoir taxé d’un billet de 30euros, attaque du chinois rue montorgueil, et retour triomphant: la tornade se met en marche, en 5 minutes exactement tout est totalement sens dessus dessous: meubles deplaces, les meches de cheveux volent, les cotons aussi, papiers gras eparpillés, coussins par terre, une sorte de neige des objets les plus courants (et generalement immuables) jonchent rapidement le sol , les etageres, mon lit est defait, c’est un boxon total, vetements partout, un salon de coiffure ici, la bouffe la, une cabine d’essayage et d’echange de tenues, musique à fond, demo des derniers pas de danse, rigolades et baisers, un ouragan!: mais qu’est ce que t’es bien gaulée dis je à son amie metisse black et rebeu, qui me dit merci sans se cacher «c’est prêt à table» : «ah j’ai cours à 3h: …mais il est 3h!» Ben y m’attendront, bon ben faut y aller, allez on y va, «deja?»: redépart de toute l’equipe ( jsui bon pour la vaisselle), la porte se claque, re-sonne: viens me chercher à 7h, je passerai chez toi (ça c’est un bon pour un calin) et apres fo que je fasse a manger a mon ptit frere, reporte claquée…. un silence de plomb, retombe sur mon appart; totalemen devasté, une derniere meche de cheveux vacille d’une etagere, un courant d’air, elle tombe, au ralenti: c’est mort, tout est fini: rien n’a plus de sens, ni la sono, ni la deco, ni le moindre objet n’a aucune utilité, ni meme moi qui me sent vidé de mes entrailles, tout est petrifié, inutile, figé, et le silence siffle insolemment… il n’y a plus RIEN.
    A 7h je suis devant son cours de danse, les mecs sortent, Sofia n’est evidemment plus la mais chez une copine , il faut aller la chercher c’est a St Denis, ou Gennevilliers: les immeubles sont entourés de groupes, sortes de goulues cagoulées, ça rigole pas: elle finit par descendre, on part je passe pas ce soir, je viendrai demain matin, je rentre chez ma mere; à 2h du mat elle m’appelle je suis porte de la Villette tu viens me chercher viens vite ya des mecs qui tournent , je dors chez toi: j’ai le coeur qui explose, le parking en courant, je brule des feux, à 140 à l’heure rue de Flandres une queue de poisson, leger choc, le mec me fait signe que c’est bon, je continue, et voit la Sofia en mini et talons aiguilles, à moitié nue la au coin de la rue: ouè c’etait l’anniversaire d’une copine; son telephone sonne elle a l’air génée «je suis avec mon copain, non je t’ai dit je t’appelle demain:» un texto suit qu’elle me montre vite fait: «je serais ta mere j’aurais honte»…

    Un jour elle deboule a la maison avec Lolipop, celle avec qui je me consolerai, plus tard: elle a un coeur en or, et pleure parfois quand Sofia doit partir et qu’elle voit notre souffrance de nous séparer (et en plus elle est vraiment tellement jolie) Sans m’en prevenir, elle a amené son mec; c’est pas dans nos accords mais il est la, et avec un de ses potes en plus, et la belle rebeu; ce caid et dandy, black,est tres arrogant; il me toise pas un mot, bagouses à chaque doigt, casquette enfoncée totale sur un coté: seul un oeil apparaît! putain il assure, manque pas d’air, avec son metre quatrevingt dix,et le voilà qui trouve mes lunettes mp3: elles lui vont mieux qu’à moi, il ne les quitte pas; Sofia voit le mur blindé du malaise nous entourer, on va au mieux grave se faire chier: elle prend des chaises , assied tout le monde,toi là, là, et là, et leur dit, bon on va s’expliquer: elle retire son jean’s, vire son pull, se retrouve en mini short et debardeur,ses cuisses nues brillent un peu, elle met la musique fort, commence à danser on la regarde tous, elle assure; bon elle leve une chaise en fer au dessus de la tete des 2 keums, bloqués devant moi: tout en effet nous separe, la race, l’age ( 3, 4 generations), le milieu social, la mentalité, et en plus ils sont tous la à la draguer.. elle leur dit: regardez moi, je suis votre princesse, y en a un qui discute? (elle agite la chaise au dessus de leur tete,) ils commencent à sourire, font non non en hochant; bon je vais continuer a danser pour vous, mais avant : lui la regardez le bien (elle me designe): moi je suis votre reine, ok? et lui c’est serge, et c’est mon roi: et elle se met sur mes genoux et m’embrasse sur la bouche; elle reste sur mes genoux, ses bras autour de mon cou «ya quelqu’un qui a une question?» Silence. Regard deja changé des mecs qui me toisent, se detendent doucement; Apres ça, ils m’appelent serge, pour un truc ou comme ça normalement, et y a plus la moindre distance malgré mes 60 ans, je sens que cette fille a reussi ce prodige, historique: faire tomber TOUTES les barrieres, des generations, des classes, des races! Je suis simplement, maintenant, serge, le mec à Sofia, et c’est possible, suffit que ce soit clair, que le mec soit « correct », naturel, respectueux et evidemment, respectable!Comme l’atmosphere est devenue cool, elle redanse pour nous, et on est tous la a se marrer; puis on decide d’aller se ballader; «y en a un qu’aimerait bien rester pour faire un calin a sa copine tu veux bien?»: ok fais comme chez toi; le mec est touché, mais bien sur ne dit rien, fallait surtout pas, evidemment, l’elegance est discrete et la noblesse naturelle…on se barre zoner dans le quartier, Sofia danse partout, sur les bancs, les poteaux, voire sur un capot de bagnole, la elle exagere, tourne autour de moi, me grimpe dessus, m’embrasse devant les gens qui nous sourient, qui nous trouvent beaux, et quand on revient ya les 2 enlacés: ouè pour le calin ça sera une autre fois, faut pas exagerer, mais merci c’etait sympa: et pfffuit tout le monde s’en va; je cherche mes lunettes: elles ont disparu! J’appelle So elle me dit cherche bien t’es malade ou quoi; et je les retrouve sous un coussin: j’ecoute voir, le mec les a chargées: 50 titres de musiques de lascars, crunk, regaeton,hip hop , rap français, un regal…un cadeau de prince.

    Jusque la, ça va…

  14. CRUSIN,ou la nuit des Princes:
    J’ai toujours aimé pratiquer des balades sans fin dans Paris la nuit, en voiture, avec du son et de préférence une amie, mais la solitude n’y est pas hostile, au contraire même; et si on pense au nombre hallucinant de solitaires dans Paris, peut être 60% de la population, insomniaques ou ennuyés, qu’on y oppose le nombre incroyablement restreint d’occupations possibles (impossible d’aller au resto seul, même au cinéma t’es bizarre, ne parlons pas des boites ; non, à part les Mc Do, où on ne te calcule pas du tout, reste la télé!!). Mais aussi et surtout le « cruisin », invention américaine qui consiste à rouler sans fin et sans but pour le plaisir, pour cette puissante et enveloppante sensation de liberté pure, liberté de choisir à chaque instant son chemin, liberté de laisser son esprit se déplacer en diagonale, liberté de ne rien faire sans pour autant être inoccupé, et la musique qu’on peut enfin écouter À FOND sans la désagréable impression de peut-être déranger un voisin, non, là, en drivant d’une main, l’écran du pare-brise fend l’espace sans fin de l’indépendance, de la liberté, juste la jauge à essence à zyeuter de temps en temps, ah le temps comme on l’étire comme un long filet de guimauve, comme on est bien dans Paris la nuit SEUL, qui ne connaît ce plaisir n’a pas compris ce qu’être libre veut dire! Et c’est ainsi que parfois, ayant eu le bonheur improbable d’être accompagné, en plus, d’un être qui par un détour fugace de son destin, est là, elle aussi, là et libre, sans timing, sans but ni attente d’autre sensation que celle d’exister, avide de musiques à partager (Barry White en infra basses dans une cadillac à la démarche de poulpe), parfois donc j’arrive à atteindre cette sensation éphémère et douteuse : ce n’est pas nous qui nous déplaçons, mais la planète sous les roues! Et place de la concorde, à trois heures du matin, c’est une leçon de clémence envers toutes les vilenies et tous les vilains : ils n’ont rien compris ; tout glisse… Et il y a mille endroits (liste sur demande) où, le moteur enfin coupé, mon dieu, merci de ces plaisirs, c’est tellement bon d’être ainsi camouflés, complices, et amoureux, protégés par l’aile de la nuit, dans une voiture bien close, immense finalement, tu parles : la Liberté!!!
    Il devrait y avoir des embouteillages de gens heureux la nuit, ou de gens seuls et satisfaits, mais non ya qu’des paumés, qui cherchent un plan, ou bien à rentrer, ou à aller quelque part, alors que sans le savoir, ils sont là où l’on peut aller le plus loin et le plus beau au monde : à Paris, seuls, en voiture la nuit!
    ( comme ces ringards qui dans les boîtes quand ça chauffe, essaient de piger « mais qu’est-ce qui se passe? » alors qu’ils sont là au milieu, mais, comme dans une autre dimension, en fait « à côté »…)
    Et depuis 40 ans que je trace, je n’ai, me croirez-vous, jamais croisé de cruiser : dans cette ville abandonnée, capitale du monde aux feux rouges distraits, les bourgeois ronflotent, les criminels s’escriment, un taxi gêné roule en diagonale, et libéré de l’humanité entière, (sauf ma liste de restos surpeuplés aux rires bruyants), mais qui parle d’aller où, de voyager où : on est au « TOP OF THE WORLD…! »
    Et dans ma corvette miaulante un soir de glisse, mon ange était en diagonale, pieds nus sur le tableau de bord et tête gentiment appuyée sur mon épaule, (et les regards des mecs dans les groupes devant les café de bobos à côté du marais), j’ai atteint l’impression délicieuse et cruelle à la fois que jamais je ne serai davantage ni même aussi heureux, et que donc ma vie ayant atteint son apogée, je n’aurai bientôt que de pauvres, impalpables souvenirs à opposer à des moments moins biens… enfin aller se plaindre d’être heureux!… Donc c’était ça mon travail la nuit, au Moloko : aller zoner, et revenir, l’air sérieux et affairé, faire les comptes ; et Bouille ma t’ite pitbull ange gardien, veillant alors très sérieusement sur ma bagnole, vidée de tout sens, ma copine raccompagnée, et moi revenu, tout n’était plus que ferraille, pognon, sourires et délations, histoires de la soirée : dodo à demain, attention l’aube se pointe oulahla faut vite aller se coucher : ils arrivent!!!

  15. – Kruger, hip n cheap!
    Qui créait les modèles?
    Serge
    Chaque modèle était de moi ; j’avais un principe : UN seul nouveau modèle par salon! (donc 2 par ans !) comme chacun de mes modèles était tellement nouveau qu’il fallait pratiquement inventer un nom pour lui (et que ces modèles se vendraient encore si j’avais continué), au bout de 7 ou 8 ans (j’ai été styliste de 76 à 86 à peu près) j’avais une collection sympa : les autres stylistes venaient voir mon invention de l’année, en se marrant : eux devaient créer 30 ou 40 modèles par saison c’est à dire 3 ou 4 fois par an (on s’étonne de voir tellement de merdes) : ils étaient très intrigués par mon système qui pourtant me faisait bien vivre, sans travailler plus d’une heure ou 2 par semaine, et surtout sans cavalerie bancaire, sans patron : LIBRE!
    J’ai des parutions dans la presse, mais très peu de photos : ne sachant pas dessiner, mes vêtements étaient « minimaliste -rock » ; pas de chichis, de falbalas et tous ces colifichets grotesques qui font tourner les usines à pigeons (tant mieux, pendant ce temps on est tranquilles!).
    Tout était dans le concept et dans la coupe, et bien sûr le détournement des matières : blousons en « caoutchouc » (en réalité matière pour sièges automobiles WW) : somptueux, comme du caoutchouc tressé/ skaï de valises pour des manteaux ou duffle-coat/ bâche de camion on l’a vu pour mes jeans mais aussi mes « spencers » (une synthèse de veste et de blouson court, au dos trapèze)/ boubous zaïrois avec manches en cuir pour mes blousons/ nylon pour des costumes de mec/ parfois je voyais quelqu’un de loin, dans la rue ou le métro, tellement chic à mon goût, et je me disais « si ça pouvait être de moi cette silhouette » : C’ETAIT de moi!! aha trop facile!! ce qui l’était moins c’était encore une fois de pas se faire voler : les idées, ok ; mais aussi la matière (façonniers indélicats qui « grattent » : moins de tissu par ex chemises trop courtes = 100 pièces pour eux vendue au black) : les affreux !
    Sans parler du vol dans ma boutique, régulièrement pillée par les 2 petites merdes qui me l’avaient sous-louée et avaient gardé un double des clés, et les lascars qui adoraient TOUT ce que je faisais (surtout les tee-shirt « tête de mort »… il y a 32 ans!!) ne parlons pas du CUIR, mon modèle de base, porté entre autres par Yves Mourousi, étant considéré par lui et beaucoup d’autres comme « le nouveau perfecto »… Bien entendu j’épargne la malhonnêteté des clients en gros (50 points de vente en Europe) qui ne payent pas ou mal : quand j’ai arrêté, ils me devaient environ 2 ou 300 000 €, sur lesquels j’ai fait une croix : mais j’étais tellement heureux d’être avec ma radio, le dj et patron de la 1ere boite black et branchés de paris (le Tango)!!

    1. J’ai toujours fantasmé sur votre blouson perfecto (si je m’en rappelle, il y a si longtemps…) en caoutchouc noir structuré qui buzzait comme un bourdon lorsqu’on glissait l’ongle dessus. Super structuré, et pourtant souple. Je n’étais qu’un jeune étudiant en design de mode, fréquentant le Palace, le Privilège, parce j’avais de bons amis dans le milieu de la nuit (deejays, barmans, organisateurs de soirées, etc.), que je me « lookais » avec les moyens du bord, cousant la semaine en prévoyance des soirées du weekend, ou du mercredi. La bonne époque, les années 80 où si on avait du style et de la personnalité, peu importe qu’on ai pas d’argent, on vous invitait et on vous faisait passer devant tout le monde avec les ami(es) pour peu qu’ils aient le bon maquillage, la coiffure folle et l’attitude de la fête. Vous avez raison de connaitre la valeur de votre influence, car pour moi ce blouson en plastique est un des marker du style de cette période. 😉

  16. LE NOUVEAU MONDE COMMENCE… N°24
    par Serge Kruger, mercredi 15 septembre 2010, à 13:24

    APRES MON PASSAGE DANS LE 93 :
    J’ai revu sa copine Lolipop qui m’a permis de tenir le coup ; elle ne supportait pas de me voir si seul et triste : elle m’aimait bien… elle était si fraîche et si jolie, venait me réveiller à 5h du mat avant d’aller à son cours, enlevait en quelques secondes ses vêtements d’une toujours rare élégance pour ne porter que sa peau de satin noire aux courbes plus chic que ce qu’aucun couturier n’a jamais réussi, et comble de falbala, sachant que ça me rendait fou, sortait gentiment sa longue langue rose et pointue, trop longue et ondulante, (genre « loch ness » pas sauvage). Quel bonheur simple quels instants si joyeux, et intenses, et tant de sourires et de délicatesse ; j’oubliais mon chagrin, Lolipop, avec toi, pourquoi tu m’as fait ce coup : je venais de t’annoncer que j’allais, tel Ulysse, retourner avec mon ancienne fiancée, mon amour de toujours, celle qui m’attend, qui me comprend, qui est de mon monde aux valeurs de conscience, de clarté, d’engagement, de pureté, un monde préservé de vos situations de force et de violence, de deals, de misère et de haine, c’était surtout dans l’espoir que tu le dises a Sofia, qu’elle ne s’inquiète pas, car je savais que tu la voyais encore parfois, mais tu l’as pris pour toi : ah comme tu as été drôle et habile en me violant à moitié pour ce « dernier calin d’adieu », qui t’a permis, comme une maline petite rom, de me tirer ma carte bleue sans meme que je m’en aperçoive! Tu me l’as rendue une heure après en me demandant pardon, que c’était pour te venger, et me tirer un peu de blé, j’ai dû la changer ; t’es adorable, et je ne t’en veux pas : on aurait dû rester amis à vie tous les deux : je t’embrasse et te remercie de ta bonté, de ta beauté, de ton coeur brillant et joyeux et tu resteras toujours une étoile scintillante pour moi…
    Je vous remercie toutes et tous de m’avoir accueilli comme un frère, comme un homme, moi le « vieux gars », de m’avoir épargné de ceux qui me jalousaient parmi vos copains du 9/3, de les avoir convaincus que l’exception existait, parfois, grâce à vous ils m’ont respecté, accordé leur amitié, parfois même bien aimé, voire adopté (ah les rigolades et le stress quand on partait en voiture vous filocher pour être sûrs que vous n’étiez pas avec d’autres mecs!) : dis-leur de ma part, il le savent, que Sofia je l’aimerai toujours, et que personne ne lui fasse du tort, elle mérite, plus encore qu’une autre, d’être heureuse : oui sois heureuse mon bébé, oublie le passé, vis et danse ta vie, tu es une fille exceptionnelle, je le sais…
    De toutes les bandes que j’ai côtoyées depuis 50 ans dans Paris, vous avez été les plus classe, élégants, vous les filles, les plus gaies, vives et douces, vous les mecs les plus beaux, et fiers, les plus purs, les plus sincères, et de par votre situation terrible, les plus innocents sans doute : je vous aime ; vous êtes proches de mon coeur, vous êtes mes petits frères…

    « ARISTOCRATIE POPULAIRE » : DEPUIS TROIS ANS DÉJÀ JE RÉALISE LES PREMIÈRES BASES DE CE QUE J’AI INTITULÉ « ARISTOPOP »,
    une énorme machine de connection par affinité sur le net mondial, pleine de FUN et de beauté, de cordialité et donc d’éthique… pour révéler l’évidence d’une élégance d’âme et de comportement universel, chez les peuples de la planète entière : pauvres ou riches, jeunes ou âgés, mais tous d’une grande lucidité pour un monde plus équilibré, plus agréable, plus conscient : pour sauver ce que nous avons détruit! Cette lumière des peuples discrets, cette intelligence disséminée sur la planète, sera peut-être réunie un jour :
    1/ par l’observation attentive des évolutions nouvelles, étudiées dans les villes les plus cultivées, les plus évoluées du monde ; pas dans des théories politiques mais directement dans leurs milieux créatifs et évolutifs, vivants, sincères et spontanés, enfin reconnus pour leur vraie valeur de défricheurs du futur, de sauveurs des sociétés obsolètes, devenues dangereuses!!!
    J’ai personnellement traversé les avancées de ces bandes, durant ces 50 dernières années, à Paris, en évitant leurs pièges les plus grossiers, en n’en retenant que l’essence enrichissante, que la synthèse, pour m’approcher d’un nouveau concept de valeurs, une nouvelle éthique, une autre façon d’envisager le futur et de le vivre ; ce qui me confère, pour l’instant je pense, un rôle, responsable et honorifiant de « doyen », dans cette recherche…
    2/ par une récupération concrète, comme l’ont fait des milliers de musées sur des cultures à l’usage hypothétique, des MUSIQUES CHANTÉES, DE FÊTE ET DE GAIETÉ, DE SAGESSE POPULAIRE, QUI INDIQUENT, DU FOND DE L’AME DES POÈTES DU VÉCU AU QUOTIDIEN, LE CHEMIN À SUIVRE pour vivre bien, autrement que sur la spéculation commerciale, l’éloge de la cupidité etc. !!
    3/ par la sélection de passages clairs, vifs et flashants des plus grands penseurs, écrivains de l’antiquité à nos jours, qui affirment avec éloquence ces mêmes valeurs, par des mots simples et evidents…
    4/ par le plaisir de vivre et surtout de communiquer avec des gens qui dans le monde entier, partagent ces mêmes évidences et donc les mêmes projets ; et qui auront le désir et la représentativité, de se faire entendre des, parfois innocents, mais toujours dangereux… ringards au pouvoir!

    Et ce, sans se déplacer, avec nos ordinateurs, clés de voûte du nouvel homme tant espéré depuis la nuit des temps ! Et si le surhomme, tant recherché par les utopistes depuis toujours, était tout simplement la réunion mondiale des hommes simples, de bon sens, enfin reliables entre eux ? voilà une idée qui tient debout, comme utopie!).
    Et ce à une époque où « il faut d’urgence trouver quelque chose », (mais quoi, mais où, mais comment, se demandent politiciens, scientifiques, philosophes, et rageux divers, complètement paumés!…).
    Alors bienvenue, réunissons nos pensées, espérons, entreprenons!
    Et vous déjà : participez, et que se développe l’aristocratie populaire, pour un monde +BEAU, +CHAUD, +HAUT !

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    Bonsoir, nous ne sommes pas « amis » mais j’ai lu votre article et il ma beaucoup touché. Je voulais vous le dire, c’est tout.
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    Amaury Bargioni Le « Doyen »: j’aime ça !
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    Michel Esteban jolie programme, le cynique dira un brun utopique, et l’optimiste lui repondra, que serait la vie sans l’utopie. Mais c’est certainement pas sur les politiciens ni les « intellectuels »professionnels qu’il faudra compter…

    Commente
    Fabien Mara Ranaivo- Rahamefy ‎ »Les aristopops » une bonne nouvelle ..

    Bashir N’Diaye Bravo mec !
    and thank you for the ride !
    See Ya soon…
    13 août, à 04:36 • J’aime •

    Carol Aplogan j’aime ce passage:
    «  »pas dans des théories politiques mais directement dans leurs milieux créatifs et évolutifs, vivants, sincères et spontanés, enfin reconnus pour leur vraie valeur »
    Es tu toi aussi, Serge, parfois dans cette lucidité utopique?
    Hugo m’a dit cela l’autre jour….probablement à raison: évidence malheureuse

  17. LES VIQUEENS
    Là, j’essaie donc un Grand Coup, à l’ancienne, en expédition, à la russe! On est en 86, j’ai 44 ans! Je décide de monter un safari vers le nord, ses beautés platines aux yeux clairs : je prends une caméra, ma grosse Cad 72 et part à Copenhague avec 2 copines, mes éperviers, chargées de me repérer les futures stars d’un projet vidéo supposé remplacer le magazine, mon chagrin d’amour, ma surconsommation de brunes du sud : je veux UNE BLONDE AUX YEUX BLEUS, et n’en connaissant pas à Paris (ou alors elles sont inabordables) je décide cyniquement d’aller m’approvisionner directement à la source : le Danemark!! Le moins que je puisse dire c’est que ça a marché au-delà de mes espérances! (conclusion les gamins : le monde est à nous, il suffit d’aller le chercher, YEAH!).
    Donc expédition « Viqueens » (de vikings, héhé) : Cadillac remplie ras la gueule de matos, fringues, et copains : Marc et Pauline Boyer, eux-mêmes danois, et mes deux assistantes : Gaëlle la voix d’or de tchatche, et Do Sy, super gazelle sénégalaise au rire constant et ravissante qui, n’ayant rien à foutre cet été là, acceptent d’être mes invitées et de jouer les éperviers : repérer en cruisin, jaillir et attraper la proie, la ramener si possible, ou au moins lui donner rendez-vous, la rassurer ; moi j’attends, au volant stoïque et on passe à une autre, c’est amusant, facile, ça marche : toutes les filles sont d’accord pour être filmées « par un français qui fait un reportage sur la beauté scandinave » ; d’ailleurs Gaëlle en fera même son métier, avec sa future agence de casting pour le cinéma!
    Et tout d’un coup, LA CATA absolue: tous les trois on la repère, de loin, elle occupe tout l’espace : cheveux blonds sur le creux des reins, expression désabusée, jeans élimés sur des tiagues aux talons rapés , bon c’est tout vu : c’est une « top-modèle », et j’en veux pas… »NAN PAS CELLE-LA »! Mes 2 chasseuses sont court-circuitées, va dire à des labradors survoltés de ne pas sauter sur un faisan royal : mais… « Nan, ces filles sont des chieuses, y en a plein les agences à Paris, on a pas fait 2000 km pour se retrouver avenue Victor Hugo, et ce n’est pas ça que je veux montrer dans mes films » (ni surtout avoir dans ma vie hin hin, sans compter que c’est pas gagné!) en passant on la regarde tous les 3 comme des affamés devant un poulet rôti, et faut dire, elle en jette : quelle classe, quelle bouche somptueuse et dédaigneuse, des yeux bleus ciel, les doigts si longs et surtout cette sorte de fraternité dans le partage entre l’ennui, la morgue, la supériorité, et la sincérité qui font qu’on reconnaît, tout de suite, une sœur marquée du signe indélébile de M (le maudit). On passe, j’accélère, ouf, sauvé ; et le lendemain matin mes 2 copines parties se balader, me disent « euh tu sais la canon d’hier, et ben elle est archi géniale, très sympa et euh, on est avec elle là en bas : elle s’appelle Bettina, elle est d’accord… ».
    (Après 2 jours de vidéos, je lui prends la main machinalement en marchant et elle me dit « I know what you want : NO WAY! »). Il ne faut jamais dire jamais…
    Trois mois après je pars à Courchevel avec Micky, en mode réconciliation, dans ma toute nouvelle Stingray bleu nuit métallisé, décapotée sous la neige, avec ses énormes pneus chaînés, fière allure : on passe noël dans un hôtel à 1000 ou 2000€ la nuit, Micky devait confondre avec des pesetas quand elle avait réservé : que des ripoux rupins en famille (et un ex pote milliardaire de la Muette) qui me regardent curieusement avec mes 44 ans et cette beauté qui en a maintenant à peine 18, et si ostensiblement in love ; l’ennui c’est qu’elle est dans un délire de jalousie féroce, pas espagnole et allemande pour rien, son amour pur comme un volcan en éruption, me semble un peu trop près de la crise de nerfs, et j’avoue que je ne supporte pas, surtout quand à la patinoire elle me flanque un grand coup de coude dans l’estomac parce que je croise le regard d’une beauté… On décide une séparation stratégique et je me retrouve comme un con, dans ma suite, tout seul, (et le regard des co- locataires genre « tu y croyais haha » ; s’ils savaient !). Bref je me rase sérieusement et, dans ce vide floconneux tout à coup l’idée flashante me vient : « et si j’appelais Bettina ? » (dont je n’ai aucune nouvelle depuis les vidéos) : elle me répond, tranquille : « OK, I BE THERE TOMORROW !… »
    Et le lendemain c’est une vraiment divine blonde à la longue chevelure platine naturelle d’à peine 18 ans elle aussi , qui est à côté de moi dans la corvette électrisante, et l’atmosphère blanche, si blanche et elle, si on fait la synthèse avec ses yeux bleus ciel, ses lèvres corail, la couleur de ses cheveux et sa peau si douce, je trouve toujours, jamais compris pourquoi : rose pâle… B. est rose pâle ; et moi je fais comme si tout cela était tout à fait la moindre des choses, genre normal quotidien, quoi, sous les glottes secouées des voisins de palier. Le blème c’est qu’au ski, il faut en faire ; et ça, quand on n’est pas monté sur des planches depuis l’âge de 6 ou 7 ans, (mais je patine très bien, alors je ne suis pas trop inquiet…?). Bref je loue un vélo-ski à B, qui fait la gueule en me disant que ça la fait vraiment chier, qu’elle trouve ça nul et flippant, et arrivé en haut de la piste elle dit qu’elle retourne direct à l’ascenseur, et moi j’ai plus qu’à descendre tout seul. À Courchevel, une des stations de haute altitude sur l’échelle des vanités et de la suffisance, la configuration de la piste d’arrivée, celle que j’avais prudemment prise à la 1ere sortie, est telle que les derniers 100 m on passe devant la terrasse où le tout mondain du cru est là aux aguets, à mater les fins de descente sans perdre une miette de ragot. Je démarre prudemment. Malheureusement je prends rapidement de la vitesse et j’ai beau essayer de ralentir, il est indubitable que je vais de plus en plus vite, il est même tout à coup très clair que je ne contrôle absolument plus la situation, la panique me nargue, et plutôt qu’accepter d’emblée la honte et l’éventuel hôpital, j’essaie de lutter, c’est effroyable, ça devient un cauchemar et je vois se profiler en plus la putain de terrasse, tous les cons là qui regardent, c’est pas possible je vais m’écraser devant eux sur le mur de la station de remonte pente ! Il faut absolument trouver un truc pour que je ralentisse! Et alors, là, je ne sais absolument pas ce qui se passe, j’ai du faire quelque chose, me voilà tout à coup soulevé en l’air, et je me retrouve dans l’autre sens, terrifié, mais impassible, à reculons, je me bats au millième de seconde, « il /faut/ absolument/ que je ne tombe/ pas », et c’est ainsi que je passe, EN MARCHE ARRIERE à (50?) km/h devant la terrasse, sous l’œil pourtant blasé mais cette fois-ci légèrement interloqué de tous ces snobinards (qui m’avaient trop bien repéré, je m’en doutais)! Par une véritable configuration miraculeuse, je réussis à ne même pas tomber ; j’ai pris l’air nonchalant du mec qui fait ça tous les jours, genre…
    B était là, elle m’a dit avec un éclat d’ironie dans ses beaux yeux bleus ciel: « you’re quite good, I see », et je me suis promis de ne jamais plus remonter sur des skis…

    REMARQUES GENERALISTES :

    « Oui parce que le monde est assez contrariant au départ : moi par ex, d’origine slave, par mon père exilé russe, et ayant repris quelques expressions et traits de ma maman, une bombe super gaulée de la Rochelle (quand j’étais petit je ne supportais pas tous ces hommes qui la draguaient dans la rue, elle était veuve, avait 24 ans, et franchement avec des yeux verts pales, une bouche très voluptueuse, et des nichons énormes et magnifiques, je comprends un peu les mecs ; je sais on ne parle pas comme ça de sa maman! J’emmerde tous ceux qui ont eu cette pensée hypocrite ou malchanceuse ; moi ma maman, c’était une canon! Et en plus surdouée : elle dessinait, sculptait un portrait avec de la mie de pain, et je ne parle pas de son poulet rôti ni de ses beignets…). Donc je ne suis pas content : toutes mes copines sont MOINS BIEN que ma mère!!! Et en plus, moi qui suis blond avec un grand pif, j’aime surtout les blondes avec un petit nez retroussé, qui ne me calculent même pas (et par-dessus le marché, je suis petit, enfin pas très grand)…
    Alors, j’ai beau jouer les play-boys, je n’assure pas à côté de mon père qui, à 45 ans passés, se choppe ma mère qui en a 17! Trop fort, papa ! Moi qui t’ai jamais vu, (tu es mort en héros à la libération, je me souviens de rien), je te le dis là : « pardon, pardon de n’être qu’un nul qui t’a jamais fait de descendance, mais t’étais trop fort, j’ai jamais pu en trouver une aussi jolie que ta femme, je te salue et m’en veux pas : c’est pas faute d’avoir essayé! »
    la suite à ceux qui acheteront mon livre (700 page d’anecdotes vécues en 60 ans de branchitude à Paris) / si j’ai envie de me faire du mal a reécrir ttça…

  18. ah! ah!
    : mon bel hôtel particulier pèse lourd en entretien, la nounou (essentielle), je vois bien qu’elle commence à en avoir marre de sa vie en vase clos : mes rares visites se passant plutôt dans ma chambre. Et dans le magnifique salon qui occupe tout le 1er étage avec sa double terrasse, sa déco au sol rouille, aux murs ornés de boucliers orientaux noirs, grand hamac en cuir noir, rideaux aux larges rayures noires et écrues, le 1er chiquissime video-projecteur Sony à écran géant (presque du relief!). C’est dans ce bel espace que trône au milieu d’un mur, telle une commande de sous-marin Nautilus (modèle stratosphérique), une sublime console dessinée par Gangloff, incrustée de platines, d’une série de magnétophones qui ne s’arrêtent jamais, de lecteurs de cassettes et de jingles, de micros, le tout relié par lignes téléphoniques privées à mon émetteur, et connectable d’une touche pour que je passe « en direct » sur mon réseau de fidèles et enthousiastes auditeurs, oui d’une touche et en direct et je suis indéniablement au sommet de la putain de planète, oui au vrai sommet, car les musiques qui s’enchainent dépassent en splendeurs méconnues, tout ce qu’on n’a jamais, ni avant, ni après, entendu : aucune radio au monde n’a jamais plus atteint ce niveau de sublimité, je le jure !!
    Le problème, (ou plutôt les problèmes), c’est que j’ai autre chose à foutre, et de moins en moins la pêche pour haranguer les ondes, d’autant plus que tout ce boxon fonctionne très bien tout seul ; alors je passe et repasse devant ma belle console, vérifie les boutons, fais quelques tentatives que je trouve beaucoup moins bonnes que l’automatique et euh, ben voilà, c’est mort : je ne suis pas le capitaine Nemo, et avec mes soirées, ça suffit, ça va, … alors la radio en direct, bof : « euh bonjour bonjour les auditeurs, eh ben voilà dansez bien tout ça » (non mais j’ai un rencart, là, qu’est-ce que je fous) « bon allez, à plus tard! ». De toute façon c’est tellement indécent d’oser interrompre un flot de telles beautés musicales par des propos forcément moyens ou anodins : j’avais résolu cette épineuse question avec une idée de citations de Shakespeare et autres génies: clic j’ouvre le micro, je me concentre « euh, c’est un paas qu’il me faudra fraanchiir, ou bien tréébucheeeer ! » (shakespeare) clac je ferme le micro/( « ah la, je crois que j’ai pas été mauvais » /driiing (appel d’un auditeur : « allo je vous signale qu’y a un micro qu’a pas du être coupé à la régie, ya la femme de ménage qu’on vient d’entendre raler… »).
    Heureusement il me reste mes copines : demain il y a une des deux sœurs, russo-polonaises et méritant totalement de l’être (ce pays n’ayant pas battu le record mondial d’invasions pour rien) : yeux verts pale en amandes, taches de rousseur (très bon signe en général, je passe sur d’autres critères top-secrets) qui vient me « réveiller » vers deux heures : pourvu qu’elle ne se trompe pas de jour, (c’est déjà arrivé) parce que je couche aussi, alternativement (et elle le sait, ça la booste intensément) avec sa canonissime frangine dont elle est archi jalouse. L’une a 18 ans, l’autre à peine 20 : elles rivalisent de prouesses amoureuses en pure compétition, je reste mystérieux, ça marche à fond, non mais quel panel (et quel pied !): la première, sortie direct d’un dessin de Manara (un auteur de grand talent), l’autre d’un délire du roi des Mangas (dans une BD à ne pas laisser traîner), avec sa taille tellement fine et ses seins en pastèques, (jusqu’à ce qu’elle quitte son manteau j’ai cru qu’elle était obèse : pendant de longues semaines d’hiver elle m’écoutait me lamenter et gémir sur sa petite sœur dont j’étais dingue amoureux : faut croire que ça la touchait puisqu’un jour elle enlève son manteau, et là je découvre, stupéfait, à qui j’avais eu le culot de ne pas m’intéresser!).
    Et c’est ainsi, et pas autrement, que les jours passent, rue Blomet

  19. NICO, PRINCESSE DE L’UNDERGROUND

    Nico, qui était d’une nature assez indolente, était plutôt adorable avec moi. C’était sans doute encore à cette époque une des plus jolies filles de la planète. Mais le temps taquinait déjà l’immaculée perfection de ses traits de poupée de porcelaine, contrariés par cette énorme bouche agressivement sensuelle, aphrodisiaque, qui semblait presque la gêner par sa permanente provocation érotique. Sortie d’Allemagne après des problèmes traumatisants, elle avait été un peu top model, avait tourné un bout de la Dolce Vita, eu un enfant d’un acteur célèbre, et était devenue l’amante, à Londres, d’un certain Bob Dylan, dont elle me refilait régulièrement les premiers 45 tours. Plus tard Andy Warhol l’imposera au Velvet, suprême consécration de son idéal hype décalé. Elle habitait alors un vaste atelier au-dessus du commissariat du 16 ème, et y fumait de l’herbe du matin au soir dans une grosse théière qui lui servait de pipe géante, pratique. Son gosse, alors un bébé, avait trouvé la même technique que moi à son âge : assis, il reculait à toute vitesse avec ses jambes et ses bras. L’inconvénient est qu’il ne voyait pas arriver les innombrables merdes qui parsemaient le plancher, où il chiait partout, comme un clébard sauvage… ambiance grunge.

    Nos sorties à St Germain étaient un régal pour moi et sans doute une pénible épreuve pour elle. L’aboutissement délicieux de tout ce chemin, c’était cette toute petite rue St Benoît, ultime et incontournable, au coin du Flore. Il s’agissait d’y rouler à trois ou quatre km/h en savourant chaque seconde de ses précieux quarante mètres, qui nous contraignaient à refaire le tour vite fait et repasser l’air de rien, je cherche une place, et ainsi de suite, tel un manège de douce vanité, de super-reconnaissance éphémère, d’existence intense, exposés aux regards du tout Paris ultra-branché de l’époque. J’y allais aussi souvent que possible, et elle écumait que je me serve d’elle comme potiche : tout le monde nous matait. Parce que déjà son but ultime était, tel un chat glissant toutes griffes dehors sur un toit de verre, d’atteindre les hautes sphères aristocratiques de la poésie underground, de la marginalité glorieuse, du sommet de l’esprit. Nico, c’était ses relations mondaines, archi-élitistes, et la came. Le reste, elle n’en avait rien à foutre. Et c’est ainsi qu’un soir, en compagnie de cette sublime et déjà célèbre créature, je tape la frime dans cette fameuse rue, et là, l’horreur, la honte. Déjà elle est gavée par mon deuxième tour faussement innocent, quand j’en klaxonne un devant qui n’avançait pas et Si, ça m’arrive, non j’y crois pas, un cauchemar, mais ce n’est pas vrai, le hurlant klaxon italien se bloque ! Nico avait la tête rentrée dans les épaules, comme une tortue tétanisée, et moi, à peine nerveux, obligé de réparer, capot levé, devant le parterre agacé et assourdi. Très long et pénible ce coup, particulièrement avec elle, qui dans ce genre de situation révélait un certain manque d’humour germanique, si on peut dire. Enfin, après ce remarquable épisode, disons que tout le monde savait que je sortais avec cette beauté renommée …

    La rue St Benoît, ça a duré des années, puis tout d’un coup plus rien. Devenue une pauvre petite rue banale et oubliée, par la simple adjonction d’un sens unique malveillant ; celle qui nous avait attirés comme un puissant et irrésistible méga-aimant urbain, le coeur de Paris, de nos vies nonchalantes et faciles : gommée. Puis une boutique Cartier à coté des Deux Magots, un fabricant de fringues de luxe à la place du Drugstore St Germain, ce si délicieux Palais des gadgets au service des errances solitaires ; et les méga-bobos, quadras arrogants de pulluler à chaque coin de rue. Ce quartier, c’est devenu la mort de toute ingénuité, de toute compassion, de toute cordialité ou espérance ; bref le contraire de ce que c’était. Bizarre d’ailleurs, en fait c’est devenu ce qu’est, dans l’ensemble, Paris. Il y a là comme une preuve que l’argent tue tout ce qu’il touche ; enfin pas l’argent, bien sûr, mais ceux qui jusqu’à présent ont réussi à le gagner, disons à l’obtenir. Peut-être qu’il n’est finalement accessible, pour l’instant, qu’à ces gens-là, assez odieux, cupides, prétentiards, ou simples héritiers ploucs et sans mérite, avec leur vraie obsession de la supériorité et leur fausse distinction banale. D’ailleurs à la gueule qu’ils font, on peut se demander si ça leur sert à autre chose qu’à se faire chier chez eux : aah, se raser dans ses 160 m2, archi déco, à St Germain des Prés, à quelques millions d’euros, (plus les tableaux mon cher, la peinture, ça rapporte plus que votre boulot, ahah). Mais quels intellos d’avant-garde, quels artistes éveillés, quelle ouverture d’esprit, ces cultureux, ces gentils; ce doit sûrement être eux, les nouveaux existentialistes ….

  20. Et puis, au fond de moi, j’aime à le répéter, avec cet instinct d’autodestruction ou au contraire de survie, et de gout phoenixien, j’ai toujours tout fait pour ne pas devenir rupin. Voici donc mes trois meilleurs conseils aux amateurs qui voudraient se débarrasser régulièrement de la gangue de la fortune, pour retrouver leur légèreté :
    1. se laisser voler (ça aide)
    2. se faire escroquer (c’est beaucoup plus rapide) ;
    3. ou ne rien foutre (ça le fait aussi, un peu plus long)…

  21. SIXTY YEARS LATER, ALLIGATOR

    J’avais ouvert le Moloko depuis presque un an (un peu comme une pochette surprise) et, encore inquiet d’un succès au renouvellement toujours incertain mais o combien nécessaire, vu les loyers exorbitants, après les expos de tableaux, les réunions de films en super 8 organisées par l’équipe dite du Molokino, (toujours en activité d’ailleurs), les apéros Mambo avec Pozzi, sa chanteuse violoniste et les jeunes mecs « rétros », puis le magnifique Victor Reed, le seul crooner rock berbère, et d’autres encore, me voilà tel le renard affamé en chasse d’attractions de caractère, de qualité. Quelqu’un me dit : « je connais un groupe de musiciens, je sais pas si ça peut t’intéresser, ils sont un peu vieux, enfin disons même très âgés, et je crois avoir compris qu’ils avaient joué dans le quartier, en gros c’était avant-guerre (guerre de quoi je demande distraitement ?) Ben avant la guerre de 40, quoi, mais vraiment AVANT. » Et moi la truffe soudainement relevée, de prendre aussitôt contact (pas une heure à perdre, on sait jamais…) avec nos remarquables aînés.

    J’ai donc rendez-vous avec ce vieux monsieur délicieux, Don Barreto, qui me dit « mais enfin ça c’est très amusant votre Moloko, là, avant ça s’appelait le MELODY, et j’y ai joué à mes débuts, avec mon groupe cubain, voyons c’était en… 1 9 3 2 !! » De la Salsa, mieux, du Son Cubain, non mais je crois rêver, en 1932 ! Je vois le plan on est en 1992, ça fait donc euh soixante ans, soixante ans après, les mêmes au même endroit, de la salsa, je commence à m’exciter et on décide, après de courtes négociations où je leur donnais tout ce qu’ils voulaient, c’est-à-dire beaucoup moins qu’en fait ça ne valait, que chaque mardi ils pourraient venir renouer avec le passé, le succès peut-être. Enfin je m’angoisse aussi sans n’en laisser rien paraître : vais-je tomber pour détournement de seniors, un comble (il manquerait plus que ça) : une attaque d’émotion excessive, un mort, voire trois (ils jouent en trio), fermeture administrative, les journaux, tout ça… Bon OK vous commencez mardi. Et d’annoncer « DON BARRETO REVIENT AU MOLOKO, SOIXANTE ANS APRÈS » (chaque mardi à 20h30, Son Cubano).

    Dès la première, on est complet, et voilà nos trois lascars qui commencent à chanter : guitare, percus, j’ai acheté un piano, quelle émotion, quelle beauté, mais quand même je suis là à chronométrer, un peu inquiet, bon allez trois chansons, après, épuisés, ils auront bien gagné leur pognon, moi ma soirée. Putain quel pied, les voilà qui décollent et ça commence à chauffer, le batteur tape avec sa baguette sur un coin du mur (qu’il commence à ébrécher), et les gens se mettent à danser, applaudissent et crient, succès total. Bon faudrait qu’ils s’arrêtent, là, ça va faire bientôt une heure, mais Don Barreto ce bel homme magnifique, le voilà qui tombe la veste, il a de nouveau vingt ans, et moi j’ai plus le droit de l’en empêcher, mon ami, mon père, mon pote, mon petit frère. Je demande à JD de débrancher en douce l’électricité, ça va faire comme une panne et les calmer ; pas du tout, « on joue en acoustique, le temps que vous répariez »… et c’est reparti, c’est clair ils ne voulaient plus jamais s’arrêter, ni de chanter, ni de jouer, ni d’avoir retrouvé leur jeunesse, leur succès. Ils ont continué comme ça la plus belle, la plus douce, la plus joyeuse musique du monde, toujours aussi vraie, encore plus forte et pure – avec le temps qui comme on le sait, n’atteint pas la beauté, mais l’embellit de sa patine et lui donne une officielle noblesse.

    Et ça a duré des mois et des mois, jusqu’à ce qu’ils soient engagés, un jour, pour une série de concerts. J’ai appris récemment que Don Barreto était finalement parti, il y a déjà quelques années, pour la Très Grande Tournée, où il nous attend tous, patiemment (… les invitations sont faites : on va bien s’éclater). RIP Don Barreto.

    Voilà, c’était un petit souvenir du Moloko, comme ça, à Pigalle, une gentille année de beauté.:zaviez qu’à etre la, bande de nazes!

  22. L ALCOOL/ CETTE MERDE:

    Illustrons donc un cas de souvenir symptomatique, voire presque classique, quoique à chaque fois ce soit une surprise qui attend le téméraire, ou l’innocent, qui ose sortir avec toi.

    On était au resto, quelle inconscience de ma part, dans un quartier bobo. Tu commences ton délire, et te mets à boire, comme toujours, plus que de raison, ce que j’oublie à chaque fois. Voyant un peu tard le danger venir, j’interdis aux serveurs de t’apporter quoi que ce soit de plus ; alors fatiguée d’insister, ni une ni deux tu bondis sur la table des voisins, et vide leurs verres un à un, d’un trait (là, ça y est, j’ai compris, c’est parti). Les gus effarés appellent au secours, voilà un, puis trois loufiats qui arrivent, essaient de te ceinturer, mais toi, habile comme un chat, t’arrives à les dribbler : le temps de découvrir que t’as disparu, glissant entre leurs bras (mais où elle est passée, votre femme ?), t’es derrière leur bar, et les narguant insolemment tu siffles à longues goulées une bouteille de vodka, décrochée vite fait… Hystérie générale, on se fait enfin lourder manu militari par les serveurs, le patron et même le cuisinier, tous unis, sous les piaillements indignés des clients, leurs tables renversées. La porte claquée, on est enfin dans la rue, la honte totale. Mais toi non, tu veux y retourner, pas du tout découragée, trouvant ça marrant. Obligé de me fâcher je t’attrape par le capuchon et comme tu te débats, te tire sur le trottoir, là, sur le dos, à la troglo, malgré tes contorsions. Deux lascars allumés traversent alors et me disent : « eh m’sieur, comment vous traitez vot’femme, là ». Je leur réponds: « écoute, dégage, ce n’est pas le moment de me faire gonfler» ; et me voilà, avec d’un côté Lulla qui se débat en gigotant, traînée par terre, de l’autre des moulinets de coups de pieds pour écarter les manants. Elle en profite pour me mordre. La douleur me fait la lâcher, elle part en courant, droit devant, (si je ne la rattrape pas, par qui elle va encore se faire gauler, cette pauvre pute)… Je réussis à la plaquer, façon mêlée de rugby, tout ça dans la rue, devant le resto, avec tous les clients bobos, babas, debout, qui nous matent comme à la télé, les yeux ronds, bouche bée. Je la re-saisis par son col et une de ses couettes et la traîne à nouveau, gesticulante et criante, ya son sac par terre qui pend au bout de son bras ballant et de sa longue lanière, lamentablement ; et quand enfin je hurle, n’en pouvant plus, comme un fauve traqué, à la lune ma seule et ultime alliée : « Non mais t’as vu où on en est là, non mais tu vois ce que tu me fais faire. Mais on a l’air de quoi, putain on est en enfer, oui, en enfeeer !». Je l’entends alors gémir, s’étouffer, des sortes de sanglots, je me retourne et je vois qu’en effet elle a du mal à respirer : elle est en train de se marrer…

    Ah t’es trop forte Lulla, avec toi, vraiment on ne peut pas s’embêter. Ce soir-là, en te raccompagnant, totalement pétée, dans ma voiture où tu gisais sur le plancher, continuant de rigoler, ta jupe un peu trop relevée, sur tes fameuses cuisses longues et galbées, comme j’en ai profité. Mais vraiment, tu l’avais bien mérité ; moi aussi…

  23. en fait tu ne piges paut etre pas bie ce genre de choses: famille, éducation, cupidité ou conformisme: qu’importe…tu es une MINOUCHE… 😉

  24. Mon dernier amour:

    MA PRINCESSE PATOUCHE

    Certains amis suspicieux me demandent avec une insistance de mauvais aloi de leur en dire un peu plus sur celle qui, secrète depuis toujours, mais souvent évoquée, supporte indéfectiblement mes écarts aventureux ; celle qui telle Pénélope est toujours là, et dont la devise médiévale pourrait être «J’Y SUYE ET J’Y RESTOI »…
    Il s’agit d’un périlleux exercice que de tenter quelques lignes, O combien méritées cependant, sur cet être d’exception, dont il n’y a factuellement, et d’une façon générale aussi bien que particulière, absolument rien à dire… Plongée depuis son adolescence dans les circuits branchés de Paris, qu’elle observe avec une indifférence à peine teintée de curiosité, elle se serait apparemment payé le luxe obsolète de n’avoir eu qu’un seul et unique amant de toute sa vie ; cette nymphe aux traits aristocratiques et délicats, au corps de pin-up élancée, est en général sobrement vêtue avec un gout rock et raffiné.. Ses dents parfaites se découvrent volontiers pour laisser passer, mais seulement à bon escient, un sourire lumineux, aperçu de son âme de nacre, aux saveurs de paradis ; et cette reine de la gratouille, aux gestes de petit fauve et au gout de noisette aurait décidé, luxe ultime, de me sauver (telle la beauté sur la plage à la fin de la « Dolce Vita) : de gré ou de force, ce n’est pas gagné …
    Empêtrée parfois au milieu des banalités les plus ordinaires, ce qui ne lui fait pas peur, j’aime à la situer, existentiellement parlant, entre Rantanplan et Greta Garbo : disons entre l’insaisissable et la glue…Parmi ses exploits les plus discrètement remarquables, cette créature instinctivement habile pour les câlins dignes des pires courtisanes, cette cavalière émérite et élève surdouée, capable de commercer avec l’infaillible force de son intégrité absolue, a réussi à passer sa vie à renoncer à tout bénéfice d’aucun de ses talents ; pratiques qu’elle aurait considéré comme un peu trop faciles, limite abusives, voire vulgaires… Moyennant quoi elle baille assez fréquemment, avec élégance et nonchalance, non sans laisser traîner un regard bienveillant à la perspective de tout instant qui pourrait être porteur de quelque intérêt. Mais méfiez vous de l’eau qui dort : avec ses yeux laser, si elle vous regarde, elle vous voit, et ses réparties tuent; pattes de velours, mais griffes acérées. En ai-je assez écrit? « Oui-oui » dit-elle, « ça suffit », car question modestie elle n’a rien à craindre de personne…
    Libre elle est, c’est-à-dire totalement prisonnière de son excellence abstraite.
    Et ce n’est pas de moi qu’il s’agit…

  25. Très bon papier sur un phénomène de la scène underground de la vie nocturne.
    Par contre,je trouve un peu excessives les réactions de l’intéressé qui à force d’anecdotes arrive à raser le lectorat.
    En tous cas,chapeau bas à tous ceux comme lui qui arrivent à tirer le bon grain de toute la merde ambiante;quand à l’idée de « dede » de raser Paris,je la trouve excellente(tant qu’on y est,ajoutons Lille,Metz et Reims dans le lot)et rendez vous à Anvers où les autochtones et les autres ne se trimbalent pas 24h sur 24 avec un baobab dans le cul!

  26. ah! ah! ce que tu es drole: tres sympathique, j’aime bocou ton état d’esprit, tres normal, au fond. Mes amitiés, camarade…

  27. Ce n’est pas la première fois qu’un de mes commentaires passe à la trappe ce qui confirme que sous des dehors libertaires,vous avez tout de même de sérieux problèmes avec la critique.
    Même si Gonzaï reste au dessus du lot de la majorité des blogs musicaux,j’ai constaté un appauvrissement progressif des propos traités ici (ce n’est pas le cas par contre de cet article)et l’arrivée d’un sectarisme Parisianno-branchouille-néo garage qui n’existait pas avant.
    je continuerais à vous suivre mais « silencieusement »puisque manifestement vous préférez dialoguer avec des interlocuteurs qui s’expriment par tweets et ont cinquante mots de vocabulaire

  28. Bonsoir Stéphane,

    de quelle censure parlez-vous? Les commentaires sont filtrés automatiquement par notre robot spam et je ne les regarde jamais (bon du coup je vais regarder ça de près, voir si un commentaire serait resté bloqué…)

    A tout de suite, du coup.
    B

  29. Oui donc pour les auditeurs qui nous auraient rejoint en cours de route, le commentaire de Stéphane daté du 14 juin était resté bloqué en spam. D’où l’inquiétude du principal intéressé qui peut être rassuré: on ne censure RIEN chez Gonzaï, c’était juste une erreur technique.

    Ce message vous a été délivré par la secte parisiano-branchouille-neo-garage qui aime bien se faire insulter:)

  30. Bon bon bon, jusque là j’ai laissé les uns et les autres s’étriper gentiment, mais pourrait-on maintenant en finir avec les guéguerres sans fond?

    Ce papier n’avait pas vocation à faire polémique, mais plutôt à rendre hommage à un destin, une vie, plutôt hors du commun, parce que parsemée d’embûches. Ca m’attriste un peu de lire toutes ces digressions qui nous éloignent du sujet initial. Merci d’avance.

  31. j’abrege: je ne fais pas des fetes pour les rupins comme mon ami Albert, et c vrai que ça marche moins bien que Guetta etc: mais mes musiques sont tjrs au TOP de la splendeur.
    J’ai fondé l’Aristocratie Populaire parceque j’aime ces gens: simples et droles, qui ont l’esprit large et la morale claire, qui aiment l’amour et la danse: rien a voir avec l’INTEGRISME MORALISATEUR ET AIGRI de ceux qui veulent donner des leçons (bientot la burka, l’excision, comme ça les filles de 18 ans ne flirteront plus avec des mecs de 40, quel crime en effet!!).
    Ce genre de pensée me dégoute, : vous me donnez une legere envie de gerber, madame la juge, et ça ds un canard qui fait l’apologie de Pacadis (mon pote) de Zermati (mon ami) d’Adrien (mon complice): mais keske vous foutez la?? Allez lire le Figaro, ou le cathos: pfffuit, merci,

  32. cette pouf ne pige que dalle, et m’insulte à coups de clichés venimeux (pédophile: mais jamais de la vie, mes copines ont toujours été des impératrices, fortes et déterminées, et je crois qu’elles ont autant de plaisir que moi à nos souvenirs amoureux): ça me rappelle le retour de l’integrisme, ça fait PEUR!
    (agrégée de philo et aussi bornée??)

    si j’avais su avoir affaire à ce genre de lectrices, j’aurais préféré parlé au Figaro, les pires bourges sont sans doute moins ‘cliché » avec leurs pland de cougar, elles ont un peu mieux pigé ce qu’est la vie et la liberté
    enfin je ne vais changer ni mon passé (tres amusant et léger),
    ni mes projets: les chiens aboient la caravane passe…

  33. qui est gai, en juin 2012 ? Quelques monstres du business sur leurs yachts, et encore, pas sur que leur banque soit épargnée…
    non , j’en ai parlé en faisant mes 1eres « no alcool parties »
    « je pense que l’époque n’est plus à la fete, mais au bien vivre », c’est deja énorme:
    etre moins entouré, mais mieux,
    rire moins souvent, mais avec esprit,
    etre grave, mais sans serieux,
    bref SAVOIR etre populo et aristo à la fois, c’est mon point de vue, et j’ai le droit de l’avoir!

  34. Merci Serge d’avoir agrandi la réalité de nos vies durant ces parenthèses nocturnes (maintenant refermées…).
    J’espère sincèrement que tu ouvres cette porte étroite.

    Daniel

    beau boulot Bester malgré les remontrances du vieux 😉

  35. ah tu me souris encore , pas mal. Alors toujours assoiffé de power et d’intransigeance?
    Ou un peu plus enclin à la compassion ?
    Dans ce monde saboté par la cupidité médiévale, qui sous très peu maintenant, va disparaitre, noyé sous son impuissance à imaginer une autre échelle de valeurs que l’accumulation du fric, et la ruine des autres: mauvaises conséquences, empoisonnement général, aucune issue que l’extinction! Sauf mieux écouter la sagesse des Grands Philosophes, et des petits musiciens des grandes sagesses populaires…. Je t’embrasse : merci!

  36. Laure S: « En quelques sorte, vous êtes une des rares personnes, qui montre bien que l’on peut profiter de la vie, s’amuser a 1000% et porter un certain sens au chemin, sans drogue ni autres béquilles branlantes. Il en faudrait plus, des gens comme vous…et moins, des faux modèles … » Aah ouf ça fait du bien de croiser des esprits ouverts et positifs, lucides! Et d’échapper aux insultes calomnieuses de certains rageux péremptoires et mensongers…. 🙂

  37. Le Tango ! le meilleur de mes années 80… le vendredi soir car le samedi il y avait les bals populaires latinos ou africains à l’école d’architecture… dans les 2 les diasporas et pas tant de branchés que ça dans mon souvenir en tout cas… et les quarts d’heure sénégalais avant la fermeture… merci Mr Kruger la vie elle était vachement là !
    https://www.youtube.com/watch?v=24dB3OoMHzU

  38. K SPECIAL: extrait de « GONZAI » n° 8…(extraits)

    Flambeur invétéré, parrain historique des nuits parisiennes, play-boy amateur de nymphettes, animateur radio, styliste de mode, entrepreneur indépendant, fondateur d’un parti… N’en jetez plus ! Serge Kruger a roulé sa bosse sur de nombreux fronts, a gagné beaucoup d’argent, en a également beaucoup perdu. . Un parcours en forme
    de montagnes russes vertigineuses,
    . Au 26, rue Fontaine, le Moloko résonnait encore d’une certaine philosophie de la night, hédoniste et relativement désintéressée. Aux commandes, Serge Kruger, personnalité incontournable des libations nocturnes de la capitale, qui, comme bien souvent au cours de sa vie, n’aurait pas dû se trouver là : “J’avais initialement investi beaucoup d’argent personnel et contracté de nombreux crédits afin d’ouvrir un établissement révolutionnaire de 800 m2 situé quai de Seine, mais je n’ai jamais obtenu le permis de construire et, très bizarrement, le bâtiment a entièrement brûlé de manière inexpliquée, j’étais totalement ruiné, au point que mon avocat refusait, par décence, d’encaisser mes chèques en paiement de ses honoraires.
    La propriétaire des murs du futur Moloko m’a alors téléphoné : ‘J’ai cet endroit, prenez-le, vous avez des idées, ça va marcher !’ J’y suis allé à reculons, mais je devais absolument payer mes dettes… Alors, j’ai remplacé le classique concept DJ par un juke box (self-DJ !) et inventé la première boîte de nuit où l’on ne danse pas. Les pseudo-branchés ricanaient mais au bout d’un mois, il y avait 50 mètres de queue sur le trottoir . J’ai remboursé mes créanciers, puis j’en ai eu assez, je l’ai donné en gérance , et ça a tenu quand meme 14 ans….
    On en connaît d’autres qui auraient profité de cette réussite pour bâtir méthodiquement un petit empire et récolter de la monnaie. Pas Kruger, qui préfère suivre son instinct et sauter en vol dès que le succès arrive.
    Par peur de l’ennui. Par peur, surtout, de perdre son âme en se brûlant les ailes au contact des flammes du capitalisme roi.
    Et pourtant, ce fils d’une dessinatrice de mode fauchée (“nous habitions avenue Foch mais nous étions les plus pauvres du quartier”) a plusieurs fois jonglé avec les millions, avant de systématiquement tout laisser
    tomber, non sans parfois se faire arnaquer au passage.
    “Quand tu ne disposes pas de fortune personnelle ou familiale, comme moi, il existe trois façons de se lancer : la première, c’est d’être malhonnête et de démarrer avec de l’argent volé ou fraudé ‒ j’en connais un certain nombre… La deuxième, c’est d’être un artiste et d’avoir du succès, c’est ce qui m’est arrivé au début. Je sortais avec Nico quand elle était mannequin, avant qu’elle ne rejoigne le Velvet Underground. Je suis devenu l’assistant de l’une de ses copines photographes, qui, coup de bol, m’a ensuite laissé son job quand elle est partie aux États-Unis : j’avais 20 ans, je prenais l’équivalent de 2 000 euros la photo à raison de deux à huit par mois… c’était de l’argent facile qui
    m’a permis d’acheter ma première voiture de sport pour frimer avec les copains. Malheureusement, cela n’a pas duré, je ne pratiquais pas le cirage de pompes et je n’avais pas mes entrées dans ce milieu, contrairement à certains qui sont aujourd’hui richissimes…”
    “La troisième manière pour s’en sortir, c’est d’avoir à la fois une idée originale et de la chance. C’est ce qui s’est passé quand j’ai rencontré Olivier. Tout a commencé quand je lui ai bêtement dit que j’aimerais bien pouvoir écouter de la musique en stéréo sur ma moto. Son regard s’est allumé immédiatement, et nous nous sommes lancés… et ramassés en beauté! C’était dix ans avant que Sony n’invente le walkman… De fil en aiguille, nous nous retrouvons à installer des autoradios, un métier guère passionnant, sauf que nous décrochons le contrat du siècle : 40000 voitures à équiper. En six mois de travail le matin dans des aéro-ports glacés, nous gagnons l’équivalent d’un million d’euros, et ouvrons une station . Tout cela commençait donc à porter ses fruits, et pourtant je n’avais qu’une hâte : arrêter pour repartir à Ibiza, me lever à 16 heures, sortir avec mes potes tous plus ou moins fauchés… C’est ce que j’ai fait. Olivier, lui, a continué en bossant 12 heures par jour et il est devenu milliardaire.”
    Businessman kamikaze qui a surfé toute sa vie sur l’énergie que donne une idée géniale à un moment déterminé et de
    l’avance qu’elle confère à son créateur, Kruger s’est souvent retrouvé au bon moment au bon endroit, mais jamais assez longtemps pour tirer les marrons du feu. Ce qu’il regrette parfois : “En 1981, en pleine période des radios libres, j’avais créé Radio Tchatch. J’étais parmi le premier à programmer un subtil cocktail de musiques black, antillaise et africaine. Cela fonctionnait bien, j’étais très fier de cette radio sublime et inégalée depuis, mais, n’étant ni breton, ni basque, c’est-à-dire sans réelle identité minoritaire à faire valoir, Michèle Cotta ne m’a jamais octroyé une fréquence légale. J’ai ensuite demandé à Radio Nova de m’héberger deux heures par semaine. Refus catégorique.
    Je suis devenu styliste, j’ai créé ma propre ligne de vêtements (qui seraient tout aussi fashion encore aujourd’hui). L’incroyable Sloogy, le jean’s Triple Force Kruger, qui ont tellement cartonné à l’époque que nous n’arrivions plus à répondre à la demande. Et puis, l’histoire se répète : j’en ai vite marre de produire une collection par an (3 modèles, mais si nouveaux qu’il faut leur trouver un nom, d’organiser des salons, je découvre aussi dans quelles conditions misérables travaillent les ouvrières, et encore, je faisais fabriquer exclusivement en France… Bref, je passe la main à un financier qui fabrique des centaines de milliers de pièces et s’empresse de déposer le bilan pour récupérer le pognon.
    : ‘Ne te venge jamais d’un ennemi; assieds-toi au bord de la rivière, tu verras passer son cadavre.”
    “Franchement, si j’avais 17 ans aujourd’hui, je ne saurais que faire. Quelqu’un qui possède un certain talent en 2014 est quelqu’un de désespéré, par définition, car il n’a aucune chance de l’exprimer s’il n’a pas dès le départ au minimum 100 000 euros, juste pour avoir le droit d’essayer. (…)
    Quand je vois passer un fils à papa, héritier fortuné, qui remonte et copie nos anciens lieux branchés parcequ’il a les moyens d’acheter 600 m2 là où il faut, cela me met hors de moi. Le pire, c’est que ça marche, le pognon rentre!
    Résultat ? C’est naze, et tout le monde se fait chier aujourd’hui à Paris !”
    Kruger semble d’abord être un indécrottable idéaliste, comme en témoigne la fondation d’un mouvement, il y a quelques années, pompeusement baptisé l’Aristocratie populaire : “L’idée principale consistait, entre autres apologie de l’ame et de la danse, à créer une commission de réalisation des projets, avec l’Anpe et les banques, qui donnerait sa chance financière aux porteurs d’idées.( L’Aristocratie populaire admettait, par exemple, que certaines personnes gagnent vingt fois plus que la moyenne, mais elle n’acceptait pas qu’une seule dorme dans la rue).
    Mais autant le dire tout de suite, je me suis planté dans les grandes largeurs, trahi par des collaborateurs inéfficaces, et j’ai perdu un dernier million d’euros dans l’histoire.”
    DÈS QUE LE SUCCÈS ET L’ARGENT ARRIVENT, LA PASSION S’ÉTEINT
    AU PROFIT ” DU RENDEMENT.
    « Bordeaux parano! »
    Récemment exilé à Bordeaux après avoir vendu son manoir de l’île aux Loups ( à Nogent-sur-Marne) où il organisait de somptueuses fêtes plusieurs fois par mois (“j’ai arrêté quand je me suis aperçu que trop de copains venaient chez moi pour se bourrer la gueule”), Serge Kruger fait aujourd’hui figure de dernier des Mohicans.
    “.. c’est un peu comme les filles, géniales, pleines de vie et d’entrain à 18 ans, qui deviennent chiantes à 28 ans car elles calculent le mec avec qui s’installer, avoir des enfants…” Étant donné que le récit de ses aventures avec ses nombreuses jeunes conquêtes pourrait occuper l’intégralité
    de ce numéro, nous préférons, en guise de conclusion, interpeller le beau Serge sur ses projets d’avenir dans la “belle endormie” :
    “Bordeaux constitue pour moi le sommet de l’exotisme. Mais tout compte fait, cette ville est encore plus endormie que je ne l’imaginais, très fermée, désagréable… mais Paris m’est devenue encore plus insupportable!
    Alors, je regarde, je cherche, je souhaite dénicher un lieu qui m’inspire, cela peut prendre encore un ou deux ans.
    ” Juste le temps, peut-être, d’approfondir la nouvelle situation du monde et ses relations avec les autochtones…
    TEXTE : Denis Roulleau
    PS: je précise que ma vraie seule passion, à part les rencontres amoureuses, c’est de mettre des séries de sélections musicales «  »sans faute » », des merveilles en ascenseur de plaisir, avec des musiques venant de 40 pays et 4/5 époques !
    mes enchainements sont la seule perfection que j’ai jamais atteinte de ma vie –

  39. Un complice d ‘Yves Adrien ne peut etre que quelqu’un de bien.En outre,plaisanter sur Beigbeder,Wizman et Paquin,cela sort des sentiers battus,pour un « branché.Et cela sonne vrai tant cela est dissonnant par rapport aux violons bien accordés des ex noceurs du Privilège.
    Y »aurait pas un mot sur Eudeline ?Non?…..Hors jeu?

    Car lui était punk du gibus et pince desormais les fesses de Beigbeider.Yves Adrien le méprisait il?

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