Ce jour, le 6 mai 2020 vers 14 heures, nous apprenons sur le mur Facebook de Robert Görl qu’un des plus grands génies de la musique du vingtième siècle vient de passer l’arme à gauche (la RTBF parle d’un «cancer foudroyant » qui aurait emporté Florian il y a quelques jours). Florian Schneider, éminent membre fondateur de Kraftwerk, est donc décédé quelques semaines après Genesis P-Orridge (Throbbing Gristle) et Gabi Delgado (D.AF.). 2020 est définitivement une année dramatique, et le pire c’est qu’elle n’est pas finie.

L’information est donc partie du batteur de D.A.F. en personne (originaire de Dusseldörf comme nos mythiques robots cravatés), et à l’heure qu’il est, énormément d’artistes (Robin Rimbaud de Scanner, Dirk Ivens de The Klinik ou Ralf Dorper de Die Krupps entre autres…) ont relayé la triste nouvelle sur tous les réseaux sociaux, même si beaucoup de personnes doutaient encore de la réalité de cette annonce tant qu’elle n’a pas été relayée par des « médias officiels », démontrant à quel point Kraftwerk est un monstre sacré, un culte immortel.

Beaucoup de personnes, dont votre serviteur, mais aussi des millions de fans, de musiciens, d’artistes contemporains et de plasticiens, pensent que les Kraftwerk ont été bien plus importants pour l’histoire de la musique que les Beatles. Il est vrai que sans Kraftwerk il n’y aurait jamais eu de new wave, d’electro, de hip hop, de techno, de synth pop ou de musique industrielle. En fait si vous voulez faire une analogie solide de ce qu’est ce groupe dans l’Histoire de l’Art imaginons que nous sommes dans le film « 2001 L’Odyssée de l’espace » de Stanley Kubrick devant le monolithe noir. Et bien Kraftwerk c’est ce monolithe noir, et nous sommes nombreux à nous être prosternés devant. La première fois que j’ai entendu « Radioactivity » j’étais gamin et c’était le jingle de l’émission Maximum de musique de Jean-Loup Lafont sur Europe 1.

Dans une interview télévisée de 1969, Jim Morrison des Doors explique à son interlocuteur une fascinante prophétie dans laquelle il annonce clairement l’avènement de la musique électronique et l’arrivée des synthétiseurs et des DJ’s à la place des groupes de rock classiques. Cinq ans plus tard, les Allemands de Kraftwerk publient « Autobahn ». La vision du Roi Lézard était réellement prémonitoire… comme quoi le LSD permet parfois de sacrés voyages dans le temps et surtout dans d’autres dimensions sonores.

Sans Kraftwerk il n’y aurait jamais eu de trilogie berlinoise pour David Bowie. Tout le monde sait qu’il a écrit « Low » en songeant au legs des hommes-machines, et que le titre « V-2 Schneider » qui se trouve dans l’album « Heroes » est un hommage direct à Florian Schneider, hommage assumé la même année que la sortie de l’album « Trans Europe Express ».

Iggy Pop était lui aussi fan de Kraftwerk au point de reprendre le motif de « Spacelab » pour son morceau « Baby » sur l’album « The Idiot » produit par son pote Bowie à Berlin. L’iguane parle toujours de Kraftwerk avec un certain humour :

Co-fondateur de Kraftwerk avec Ralf Hütter en 1970, Florian avait quitté le groupe en 2009. Sur les premiers albums du groupe (ceux avec des cônes de chantier que personne n’a jamais écouté en entier) il jouait de la flûte mais optera très vite pour un vocodeur et des machines fabriquées dans leur studio Kling Klang. L’héritage que laisse Florian Schneider avec son groupe mythique est incalculable. A l’époque où ils commencèrent à faire de la musique (1968, mon année de naissance !) le mouvement hippie était à son sommet et à part Silver Apples, qui avaient démarré en 1967, quasiment personne ne se servait uniquement de synthétiseurs pour composer intégralement un album. Je pense qu’à cette époque il y avait deux futurs possibles pour l’évolution musicale, l’un était Tangerine Dream avec Klaus Schulze pour le coté planant filmographique et l’autre c’était Kraftwerk avec leurs rythmiques 4×4 et leur sens mélodique proche de la « Pop ». Mais c’est Kraftwerk qui est resté au sommet de l’évolution, devenant le moule originel, la Matrice, le modèle vivant de la musique de la fin du vingtième siècle. Influençant des milliers de musiciens dans le monde, de Jean Michel Jarre à Depeche Mode, de New Order à Coldplay, d’Anthony Rother à Afrika Bambaataa, ils ont contribué à l’avènement de presque tous les genres. J’ai eu la chance de les voir au Sonar festival de 1998 à Barcelone quand ils jouaient encore avec leurs machines analogiques. Un souvenir ému comme si j’étais allé voir une exposition de Salvador Dali ou Picasso, mais de leur vivant.

Courant 2015 Florian Schneider s’était associé avec Dan Lacksman, fondateur du groupe belge Telex, ainsi qu’avec Uwe Schmidt pour enregistrer Stop Plastic Pollution, un album pour la protection des océans dans le cadre de la campagne « Parley for the Oceans ». En 1998, Florian Schneider avait obtenu un poste de professeur d’Arts de la communication à l’Université des Arts et du Design de Karlsruhe (Allemagne). On pourrait parler de Kraftwerk pendant des jours et des nuits, mais pour l’instant j’ai juste envie de ré-écouter leurs albums. Repose en paix Florian, des robots prendront ta place laissée vacante, merci pour tout. Music Non Stop !

 

 

23 commentaires

  1. J’aurais toujours une préférence pour Dave Greenfield et ses « Men in Black » plutôt que pour les playmobil de Dusseldörf.
    Sauf quand c’est Afrika Bambaataa qui les remix sur « Planet Rock »

    1. Un avis c’est comme le trou du cul, tout le monde en a un, et c’est même salutaire. 😉 Cela dit l’impact du claviériste des Stranglers et celui de Kraftwerk sur la musique « moderne » n’est pas du même acabit. Entre jouer du clavier façon Ray Manzarek des Doors sur des compos de punk/pub rock ouvrier, et fabriquer, concevoir, expérimenter et révolutionner l’ingénierie des synthés, des boites à rythmes et des vocoders, tout en écrivant dans les 70’s des albums si futuristes que tous les mouvements qui en sont issus se réclamant directement de Kraftwerk ont fini par inonder le monde et la conception de la création musicale, non vraiment on n’est pas du tout dans le même registre.

      1. Ben c’est pas un avis c’est juste une histoire de goût.

        Quand à savoir si la musique de Kraftwerk à révolutionner quoi que ce soit je m’en fous un peu.
        Le déterminisme en musique comme en art : genre qui est précurseur de quoi je n’y crois pas et ça me fait un peu chier pour tout dire.
        Cluster à la même époque avec le même matos et dans le même pays on fait une une musique plus sensuelle voir élégiaque .
        Une histoire de goût.

        1. Soyons sérieux, ce que je dis n’a rien à voir avec le déterminisme, les goûts personnels de chacun, ou les opinions bouffies d’individualisme des internautes en général. Ce que j’évoque c’est juste l’Histoire de la musique électronique, point. C’est ainsi qu’elle sera racontée aux enfants dans le futur. Le reste, les avis négationnistes, les invectives, les débats stériles sur le net, je m’en branle d’une force ! Rien ne peut changer l’histoire, surtout quand les plus grands musées du monde l’inscrivent dans le marbre https://www.moma.org/calendar/exhibitions/1240

          1. Mais alors pourquoi cet article puisque l’histoire est déjà écrite et que rien ne peut la changer ?
            L’article ne dit que ce que l’on savait déjà.
            Stérile et non avenu.
            CQFD

            1. parce qu’un artiste important est mort et que nous voulions lui rendre un petit hommage spontané, aucune autre prétention ici.
              et si tu sais déjà tout alors grand bien te fasse.
              reconnais juste que le site n’est pas lu que par d’éminents érudits dans ton genre et qu’un peu de « vulgarisation » ne fait jamais de mal dans une rubrique nécrologique aussi brève soit elle.
              bonne journée
              stay safe

  2. Touchez pas à l’idole !!!
    Ridicule et prétentieux avec ça
    Vous auriez été parfait en commissaire politique charger de défendre ligne officielle
    Un bon petit soldat.

  3. Analogie solide ….
    Variante:
    Florian Schneider est à la pop music ce que Justin Bridou est au saucisson.
    Puisqu’un vous dit que c’est un génie !!!

  4. marre des farces books a 4 sous dans le vent! je vous met bien profond même pas masqué ni maquillé dit :

    mettez les bites & les elles dans un shaker…….

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*
*

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

partages