En général, quand vous passez la soirée jusqu’au petit matin avec un mec d’un groupe australien qui passe de la musique dans un bar nocturne de Pigalle, la logique voudrait que vous vous souveniez de lui la fois où vous le recroiserez. Ce n’est pas le cas ici. Récit.

Plutôt que de vous dire bêtement « nouveau clip d’un groupe de rock australien », c’est plus intéressant que je raconte comment j’en suis arrivé à le relayer. Ce n’est pas du tout le fait d’une demande par mail d’un attaché de presse, mais via un concours de circonstances suffisamment « anecdotiques » pour que cela vaille la peine d’être raconté.

Si vous avez la flemme de lire les tenants et aboutissants d’une histoire complètement improbable et sans aucune logique (ou presque), vous pouvez directement lire la vidéo YouTube en fin d’article – même si le mieux reste d’écouter et de lire en même temps.

Novembre 2017, Paris. Un collègue de Gonzaï m’appelle :

– « Hey mec, y’a un gars que je connais d’un groupe australien qui passe du son ce soir au Pigall Country Club, Tu viens ?
– On les connait les soirées au PCC. Attend-moi : j’arrive ».

S’ensuit une soirée dont je tairai les détails, mais où nous avons sympathisé avec le mec en question, un mec aux cheveux longs, un certain Jackson Reid Briggs, au point de nous demander en ami sur Facebook en face à face (si ce n’est pas la plus belle manière de vouloir ajouter quelqu’un à son réseau, ça). Vers 5h du matin, les clients se font mettre à la porte, et moi et mon collègue nous retrouvons dehors ; excepté notre comparse australien qui devait rester dans le bar pour discuter avec les employés du bar, boire un dernier verre et récupérer son cachet de DJ (accessoirement).

Nous voilà dehors par une température négative, nous harcelons notre Australien pour savoir quoi faire :

Bilan : il ne ne nous a jamais rejoint, et pour éviter l’hypothermie, nous sommes rentrés chez nous. Fin de l’anecdote.

Octobre 2019, deux ans plus tard, Paris.

Un peu à la manière d’Anais Vanel dans son bouquin Tout Quitter, je ressens le besoin irrémédiable de me barrer de la capitale pour aller faire du surf à Hossegor, le temps d’un week-end, alors que je n’y suis jamais allé de ma vie et que j’ai encore moins mis les pieds sur une planche. La raison ? Une perte de sens et de repères dans cette vie « métro-boulot-apéro-dodo », une crise existentielle du quart de siècle qui se profile et un clair manque de congés payés. Il était temps de fuir et de trouver un refuge éphémère.

Un dimanche au petit matin, gare Montparnasse, me voilà dans un train direction Soorts-Hossegor malgré la grève (déjà !) avant de me retrouver sur la côte Atlantique et de toucher des pieds le sable le plus fin et le plus doré qu’il m’est été donné de voir. En arrivant là-bas, j’ai l’impression de me croire dans Brice de Nice. Un grand soleil, un décalage d’une heure sur le coucher du soleil avec Paris, vue sur la côte basque espagnole par un petit 25 degrés, des vans de hippie partout, une compétition de surf mondiale avec des amateurs venus du monde entier, des bonnes vibes. Bref, un espace-temps qui change bien de l’automne grisâtre du Nord de la France et qui fait du bien.

Et forcément, vu qu’il y a des riders et des hippies de partout, il y a des concerts tous les soirs, comme ce dimanche dans l’un des bars réputé pour son côté rock (le Coolin), où commence soudainement un concert bien bourrin après la projection du film-concept  Self Discovery for Social Survival (qui compile images de surf et musiques inédites composées notamment par Allah-Las, Dungen ou bien Connan Mockasin). Comment passer du coq à l’âne. Entre hippie et punk, il n’y a qu’un pas.

Ce concert qui débute avec une énergie redoutable me requinque de ouf. Je n’ai absolument aucune idée de quel est le groupe qui joue, mais je m’adonne au joyeux bordel collectif pendant leur set. Mais étant un minimum consciencieux, je vais voir le chanteur à la fin du concert en lui demandant « ouais gros mortel ton groupe ça s’appelle comment ? » avant qu’il ne me donne des stickers de son groupe. Il doit ranger son matos en express pour laisser sa place à un DJ de merde, on ne se recroisera pas derrière.

Le week-end s’achève, je rentre sur Paris en TGV et curieux de retrouver le groupe que je venais de voir en concert, les Jackson Reid Briggs & The Heaters venus d’Australie (je ne percute pas de suite), je mène l’enquête sur Facebook pour les contacter. Je tombe sur le profil du chanteur, et là, je me rends compte que je suis déjà ami avec le mec. « Tiens donc » me dis-je, je ne comprends pas de suite. J’ouvre Messenger pour le contacter, et là je tombe sur la discussion précédemment screenshotée plus haut et c’est là que je fais le rapprochement avec la soirée à Pigalle deux ans auparavant. Mon cerveau rentre dans un mindfuck pas possible. Pourquoi je ne l’ai pas reconnu ? Tout simplement car il s’est coupé les cheveux, ce hippie, que je n’avais jamais vu son groupe auparavant, et que j’étais un peu trop touché (torché?) la première fois que l’on s’est rencontré pour analyser dans le détail les traits de son visage.

J’vois pas comment j’aurai pu le reconnaître

Je rigole de la situation et lui en parle : « Ahah mec on a déjà tapé soirée ensemble, je t’ai simplement pas reconnu à Hossegor ». Lui, par contre, me remet direct « Ah oui, t’écris pour Gonzaï avec Maxime ! Je me souviens un peu de cette soirée ahah… », et d’enchaîner, bien consciencieux lui aussi : « Au fait, on a tourné un clip pendant notre tournée européenne qui vient de ‘achever là, dans les différents endroits où nous avons joué. Tu penses que tu pourrais le relayer ? ».

ALLEZ, POUR LA PEINE : CHICHE.

Hide away donc, trouver un refuge, fuir. Un titre qui fait drôlement écho à toute cette histoire et qui témoigne de l’énergie punk du groupe.  Bien sûr que c’est bien mieux en live, mais on connait tous l’importance de faire des clips de nos jours ; faut bien diffuser des choses en mouvement sur tous ces écrans.

Les amateurs du groupe y trouveront des similitudes avec leur précédent clip pour Caroline Springs, qui documente la dure vie d’un groupe en tournée. Moralités : l’alcool ça cause des troubles de la mémoire. Et sachez vous barrer de temps en temps pour casser occasionnellement le quotidien de votre morne existence. Et arrêtez de vous couper les cheveux bordel.

Le groupe prévoit de sortir un album chez Beast Records en 2020, avec une nouvelle tournée européenne dans la foulée. Je vais essayer de le reconnaître cette fois-ci.

Photos © Raw Journey

4 commentaires

  1. Vachement bien le groupe australien cheveux longs cheveux courts et hôtel lux point trop punk but pub in a way half man half biscuit
    Et pourquoi tant de messages où on comprend que dalle ?
    C’ Est tendance ?

Répondre à ta brize get the fucked up!!!! Annuler la réponse

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