Si tu fais partie de ces jeunes gens modernes qui prennent un malin plaisir à faire pleins de choses en même temps, le « Sonic Protest » est (par)fait pour toi. Festival hors-norme qui pose son cul du 2 au 15 avril entre Paris et Montreuil, il convie sur un même plateau concerts et conférences, projections dadaïstes et promenades, tout ça avec William Basinski, Can meets Faust, Sourdure, Suicide (enfin presque) et quatre freaks finlandais.

Musique, cinéma, expos… De quoi combler une bonne partie de tes soifs artistiques d’un coup d’un seul. Avec des formats plutôt couillus comme cette « promenade sonore » pour faire du sport tout en se cultivant et des moments de partage où les musiciens s’assiéront devant un micro pour te raconter leur vie. Avec un peu de chance tu pourras même leur parler.

Niveau musique y’a du lourd : Martin Rev de Suicide, un ancien gars de Can (Jaki Liebezeit) croisant le fer avec un ex-Faust (Hans Joachim Irmler) et le band british de musique improvisée AMM au grand complet. Autant dire le gotha de l’avant-garde rock et expérimentale des 70’s/80’s. Avec en plus une ribambelle de chercheurs de sons tous plus barrés les uns que les autres, de la musique expérimentale à la musique minimaliste jusqu’à ce qu’on appelle « l’art sonore ». A côté de cette prog’ hyper pointue, le jeune et fier voilier Sonic Protest n’hésite pas à faire le grand écart pour inviter les punks débiles mentaux de PKN. Tout ça dans des endroits vraiment marrants qui changent des sempiternelles hippodromes et autres salles de concerts vues, vues et encore revues. Si t’as jamais foutu les pieds dans une église, c’est le moment.

PKN : freaks finlandais 3.0

Quand on sait que Suicide fut l’un des premiers groupes de l’histoire de la pop music à s’autoproclamer « punk », le fait de foutre les PKN à leurs côtés, qui fait figure à bien des égards d’ultime version ultra aseptisée de l’esprit d’origine (Sony, Eurovision), est quand même une putain d’audace. Ou comment Sonic Protest décide en deux coups de téléphone de boucler la boucle de la punk music.

Avec ces 4 finlandais, ils tiennent à coup sûr l’un des line-up les plus barrés de l’histoire : 2 autistes et 2 trisomiques, qui se sont rencontrés à l’atelier musique d’un asile psychiatrique. Oui, du très très lourd. Si bien que quand j’en touche un mot à mon voisin d’open-space, il me regarde d’un air médusé : « mais non.. C’est une blague..non, non.. ». Au delà d’une simple esthétique punk, les membres de PKN sont de facto de vrais rejetés de la vie Qui s’en sortent par la grande porte en faisant des gros fucks à tout le monde devant des millions de téléspectateurs. Une histoire ahurissante qui a fait l’objet d’un film, The Punk Syndrom.

Nicolas Collins : le DIY en étendard

Ça va sans dire, le Sonic Protest affiche un goût prononcé pour tout ce qui tourne autour de la musique expérimentale. Comprenez : des musiciens qui se prennent « un peu » plus la tête que les autres. Comme l’adepte du « collage sonore » Vicki Bennett, la dingue de la « résonance » Ellen Fulman, le luthier expérimental Anton Mobin ou encore notre ami Adam Bohman qui « crée des pièces où Beckett, les dadaistes et Burroughs viennent prendre le thé ».

Nicolas Collins est de ceux-là : prenez le CBGB, John Cage et la culture DIY, foutez-les dans un shaker et vous obtiendrez l’une des mixtures sonores les plus explosives et singulières qui soient. Prêchant pour « la splendeur acoustique d’un chaos contrôlé », ce ricain aux faux airs du Doc de Back To The Future prend un malin plaisir à choper tout ce qu’il trouve pour en faire des instruments : câbles de smartphone, objets du quotidien.. Un leitmotiv : « détourner sinon rien ».

https://youtu.be/mIB04e25ayk

Collectif Négatif : le cinéma qui vomit

Comme je te le disais, Sonic Protest ne veut pas faire de jaloux et croise les disciplines artistiques, de quoi faire plaisir à Jack Lang et sa « démocratisation de la culture ». La culture, en veux-tu, en voilà ! Toujours dans une veine expérimentale, parce qu’il faut quand même resté cohérent avec sa ligne artistique, le festival fait appel à un collectif de cinéastes complétement dézingués au blaze nihiliste: « Collectif Négatif ». La description en copier/coller dans le dossier de presse est pourtant claire : « un collectif qui vomit le lisse artistique pour privilégier un discours rugueux ». Sur la photo en-dessous, je repère trois individus visiblement bien détente, dont un avec une crête sur la tête, en train de picoler autour d’une table. Autant de détails qui comptent et qui laissent présager une performance/projection très « Banzai ». Rendez-vous pour la « Carte Blanche » le 12 avril au Grand Action. Ah oui, j’oubliais, y’a un groupe qui s’appelle SIDA.

Sonic Protest Festival : du 2 au 15 avril à Paris, Montreuil et dans toute la France
http://www.sonicprotest.com/

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