L’endroit où il fallait être en ce samedi du mois de décembre, c’est place de la Madeleine, aux funérailles du Elvis Presley français (qui en fait était belge). Bien décidé à ne pas rater une miette de cet événement historique, je me suis levé aux aurores à midi, pour tout vous raconter, ah que coûte que coûte.

« En raison de l’hommage national rendu à Johnny, les stations de métro Concorde et Champs-Élysées C. sont fermées au public. » À moitié endormi au milieu des passagers du métro, je suis réveillé par une voix robotique tout droit sortie d’un roman de George Orwell qui vient me rappeler que ça n’est (malheureusement) pas un vilain cauchemar. Eh ouais mon gars, toi qui annonçais torché à la téloche qu’une cérémonie nationale « ça serait pas terrible », et ben voilà, tu l’auras quand même, ma gueule.

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À peine sorti du conduit souterrain, les premières manifestations du « stress post-mort de Johnny » se font ressentir : des quidams sont pris de crises de folie et hurlent un peu partout « ALLUMER LE FEU » pour expurger leur dépression d’avoir perdu l’être aimé. Des quidams venus par centaines de milliers, si bien qu’il m’est tout simplement impossible de rejoindre le cœur de l’action, là où tout se passe (en vérité, on dirait un footing autour d’un cercueil).

Qui vient aux funérailles de Johnny ?

Johnny. En plus d’être le mieux installé de tous, confortablement lové dans un grand lit en bois entouré par toutes ses femmes, voilà qu’il se paye le luxe d’être aussi le mieux placé. Après avoir confessé à la France entière ses doutes sur sa gueule, la voici qui se retrouve en taille XXL sur la façade de ce que Napoléon considéra comme un temple de la gloire. Eh ouais ma gueule, c’est ça de faire des pubs pour un opticien. À part ça, la foule se compose de fans des Stray Cats, sisi, de Hell’s Angels français (oui, on fait ce qu’on peut) et de CSP+ qui chantent « elle vient de là, elle vient du blues ». Il faut le voir pour le croire.

Que se passe-t-il aux funérailles de Johnny ?

D’abord et comme à tous les enterrements, il y a des répliques. Type fanatique : « Il est où Johnny, je le vois pas ! » ; « il est encore là ! » Ou type tout en finesse : « Putain de merde, ça fait cinq heures qu’on est là nous, dégagez ! »

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En fait, c’est pire qu’un concert de Johnny. Tels les fans primaires de Jim Morrison complètement débiles venant jeter bière et clope sur sa tombe, les loubards français rendent hommage « à leur pote » sans arrêter les conneries. Pas du tout effondrés, les gars fument clope sur clope, grand sourire aux lèvres, avant l’apéro du soir : « Zhahah, on va s’en mettre une bonne, la playlist est déjà prête ! » D’autres moins patients n’ont pas pu se retenir, comme me l’indique une source sûre : « Un mec a pissé sur les pieds de sa voisine et une mini-baston a commencé a deux mètres d’elle. » Les plus bourrés, quant à eux, prennent la parole durant le discours du curé, au moment précis où l’homme de Dieu nous enjoint à nous aimer les uns les autres : « On s’en fout, putain, ta gueule ! » Enfin des funérailles dignes de ce nom : ça déconne, ça fume, ça pisse, ça chie sur le curé et ça chiale pas du tout. Enfin ça, c’était avant le discours de Macron.

Comment parler de Johnny ?

Des grandes phrases poncées dans le marbre de la langue de bois par le service com’ de la présidence viennent alors nous rappeler que Johnny a changé la face du pays. Allez c’est parti :

 « Johnny c’était la vie. Une part de nous-même. Une part de La France. »

« Un destin improbable. Une force qui parle, comme dirait V. Hugo. »

« Il ne savait pas vraiment exprimer ce qu’il vivait. Il aimait les longs silences. »

Hélas, le silence ne durera pas longtemps. S’ensuit une enfilade de blablabla par les amis. L’alcoolique Jean Reno : « Prenez un verre de bière. » Le poète Philippe Labro : « Tout homme est un mystère. » Le romantique Patrick Bruel : « Il a levé les yeux au ciel et il s’en est allé. » Son biographe, reconverti humoriste : « Il n’avait jamais fait la place de La Concorde. » La pleureuse catholique Carole Bouquet : « Prions ensemble. » Et elle ne croits pas si bien dire : après la récupération politique, place à celle des prêtres.

Après un sublime enfoncement de porte ouverte, notre père lance le karaoké final que tout le monde attendait : « Et à jamais chantons ! » Les fans bourrés qui l’insultaient deux minutes avant se calment, la foule tout entière se met à chavirer, avec à la guitare notre Hendrix national, Matthieu Chedid : « QUE JE TAIME QUE JE TAIME QUE JE TAIME. » Presque contaminé par cet élan brutal de communion populaire, je me dis qu’il est grand temps de faire comme Johnny : partir, pour ne plus jamais revenir.

5 commentaires

  1. pecnots, smicards, chômeurs, consangains, nesta12, sous merdes ministrables, cheloux, ahuris & abrutis, patchés, sous marques, gomines, mal assemblées, QI?,envieux, ——————————-& tous/tes dans la tombe un de c kat.

  2. estrady c’est le nom qu’ils cherchaient tous & aucun ne l’achetera, au + mp3, a quoi ça sert a se faire chier a ressortir des ténébreux…

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