De 1976 à 1988, Hiroshi Sato a enregistré pas moins de 8 huit albums, dont l’un atteint aujourd’hui une côte astronomique sur Discogs : « Orient », réédité aujourd’hui par We Want Sounds, et qu’on découvre fasciné par l’impression que le Japon hébergeait jadis un sixième Beach Boys surfant sur un synthé waterproof.

Un paquet de plis postaux posés sur le bureau ; partout des Cd’s autoproduits et d’autres tentant de sucer la roue variété-disco regonflée à bloc par Juliette Armanet ; un paquet de déception. Planqué en dessous, une lumière attire l’œil à travers le papier kraft : « Orient » d’Hiroshi Sato. Inutile de lire la biographie qui accompagne la réédition pour conclure qu’on se trouve là face à un Ovni ; il suffit de regarder la pochette.

Publié en 1979 par Kitty Records, cet « Orient » qui porte mal son nom est le troisième album du dénommé Sato, décédé à l’âge de 65 ans dans son studio après une crise d’anévrisme. « Il est tombé alors qu’il faisait de la musique témoignera plus tard sa fille, mais je crois qu’il savait que le moment était venu, car il était assis les jambes croisées, les mains jointes, comme s’il pratiquait la méditation zen ». Tout cela remonte à 2012. Six ans après son décès, donc, le label français We Want Sounds a eu le nez creux, car son « Orient », peut-être sa master piece avec « Time », sonne comme une rencontre du troisième type ; enfin disons, entre deux types : le Herbie Hancock de la période funk chill « Thrust » et Alain Chamfort période pré Manureva. C’est parfois tellement beau qu’on a du mal à croire que telle merveille ne revienne qu’aujourd’hui sur le rivage.

Parler de rivage est tout sauf anodin. C’est précisément ce qu’on entend, par exemple, sur l’introduction de Jo-Do. Rétrospectivement, et dans son grand ensemble, « Orient » évoque surtout une espèce de Japon west coast où les roller girls de Venice Beach seraient tout bridées ou, à l’inverse une version californienne de Tokyo raconté par un surfeur jazz rock. Dans les deux cas, une excellente surprise pour ceux qui aiment danser le pas de côté, et pourra aussi bien ravir les amateurs de Black Devil Disco Club que du Yellow Magic Orchestra, et qui prouve que la disco, la vraie, n’était pas la chasse gardée des européens orientaux.

Pour ceux qui aimeraient pousser le vice du côté du Soleil Levant, l’excellent label Soul Jazz a récemment compilé les meilleures délires Boogie Funk des nuits tokyoïtes (mention spéciale à Hitomi Tohyama), et le premier album de Bon Voyage Organisation, prévu pour une sortie en mars prochain, semble lui aussi emprunter la même voie escarpée, quoique furieusement dansante. Voilà quarante ans, Sato ouvrait la voie à ce mouvement de réhabilitation ; on espère que là où il est, il sirote un cocktail avec un parasol pour admirer son retour en grâce.

Hiroshi Sato // Orient // Réédition chez We Want Sounds
https://wewantsounds.bandcamp.com/merch/hiroshi-sato-orient-cd-edition-pre-order-cd-ship-16-feb-2018

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