La passion de la musique peut parfois être dangereuse. Le dernier exemple en date, c'est le "Narrow" de l'autrichienne Soap & Skin; il a failli me détourner du droit chemin et d'une vie conjugale désormais stable. Mais je ne lui en veux pas... bien au contraire.

Il n’en faut finalement pas tant que ça pour se sentir bien. Avec le temps, les envies de Champagne et de rencontres improbables hachées par les lasers de soirées branchées et futiles ont fini par disparaitre. L’amour de la musique s’est petit à petit transformé, passant d’une passion folle à une liaison conjugale des plus stable et raisonnable. Faut dire qu’elle m’en aura fait baver. De qui parle-t-on? De l’amour ou de la musique? Cherchez un peu. Peut-être les deux. Tout ça pour quoi, pour qui ? Pour l’amour de la musique que j’ai trop eu tendance à confondre avec une vie sentimentale et professionnelle insatisfaite. Mais le dégel est enfin arrivé. La cheminée distille sa chaleur au rythme des craquements du bois. Le bonheur retrouvé, bûches après bûches, les braises rayonnent et apaisent mon corps et mon cœur entaillé.  Me voilà installé depuis quelques années dans une nouvelle relation qui dure et se veut stable. Y croire surtout.

Toujours aimer la musique mais la tenir bien à distance, la faire sortir de sa cage quand il n’y a plus aucun danger et pourtant. 

Même si je n’ai plus vingt deux ans comme Anja Franziska Plaschg, Soap & Skin fait partie de ces jeunes icones qui me fascinent. Etrangement. Avec des mélodies au piano où l’on sent bien l’influence du classique, du romantisme allemand à la fougue russe d’un Rachmaninov. Par dessus, une voix d’écorchée vive bien calée entre celles de Cat Power et Björk qui distille un chant plaintif et introspectif. Je me retrouve comme le wanderer perdu sur le chemin glacé d’un voyage d’hiver entre Styrie, Haute-Autriche et Vienne. Ces arrangements de cordes et de cuivre renforcent la dramaturgie de cette éternelle complainte de l’errance. Anja Plaschg possède une maturité d’écriture et de chant étonnante, le tout avec une personnalité déjà bien affirmée. Son mélancolique Vater s’envole vers les changements de tonalités les plus passionnés et obscures; ses accords pop sont bercés par les chœurs de son tendre Wonder, en écoutant  ses angoisses nocturnes de Lost, je m’imaginerai bien en train de la rassurer comme un chevalier servant. Il ne m’en faudrait pas plus si je n’avais déjà un amour à préserver.
Mais il faut bien trouver un point faible à celui qui n’a pas le droit de naître. Sans doute est-ce cette reprise inexplicable et improbable de Voyage Voyage de Desireless. Qu’a donc voulu exprimer Anja Plaschg avec ce vieux tube 80’s qu’elle déclame dans un français très approximatif en un Feuillasch feuillasch boueux qui confine au plus parfait ridicule ?  S’il y a une chanson à oublier de nos chères 80’s ressassée, rabâchée insupportablement martelée c’est bien celle-là. Soap & Skin cartonne surtout en Autriche, Allemagne et Belgique. La barrière de la langue a parfois du bon et nos amis teutons y trouveront peut-être leur compte. Pour ma part, je suis rassuré, je n’irai pas encore me perdre dans un amour impossible. Je remets une b(o)uche dans le feu, ma femme va bientôt rentrer.

 Soap & Skin // Narrow // PIAS
http://www.narrowsoapandskin.com/ 

3 commentaires

  1. « il faut bien trouver un point faible à celui qui n’a pas le droit de naître »
    Mystérieuse cette phrase ! Pas sûr de la « comprendre » d’ailleurs… Tant mieux.
    Beau texte qui parle bien de musique. D’émotion quoi. Héhé. Ca donne envie d’écouter le truc.
    Au départ j’ai cru que t’allais la démolir (ta thématique du « je démolis les nénettes quoi)
    Mais pourquoi mettre en lien la vidéo du titre que t’aimes pas ?

    Vainsyl, chapeau bas
    http://www.parlhot.com

  2. Hello Sylvain,
    Merci pour ce comment sur Soap & Skin qui vaut largement plus à mes yeux que le faux buz Grimes. Tu vois que je ne casse pas tout le temps les filles qui font de la musique de filles. La phrase mystérieuse est sensée enchaîner avec la précédente. « Il ne m’en faudrait pas plus si je n’avais un amour à préserver » donc « celui qui n’a pas le droit de naître » c’est cet amour avec cet artiste et sa musique. C’est un peu alambiqué mais le texte a été pas mal remanié, il est mieux que le premier jus que j’avais envoyé, je l’ai validé comme ça.

    Pour ce qui est du choix de la video, il est imputable à la rédaction, je n’ai pas donné de consignes. Mais dans un sens c’est bien parce que moi-même en écoutant pluseurs fois son feuillash feuillash je finis par être séduit. Mais le reste de l’album est bien plus intéressant. Je me sens proche de cette culture, braucoup plus que des chinoiseries de Grimes. La subjectivitié mais aussi l’objectivité dans l’analyse des compos qui sont vraiment bétons.

  3. Oui, j’avais fait le lien (amoureux) entre ces deux phrases, ce qui n’épuise pas le mystère de la seconde je trouve. Prise toute seule, comme ça, « celui qui n’a pas le droit de naître », elle acquiert quelque chose de flottant, quoi. Qui laisse un vertige ! Bref, j’essaierai de me plonger dans ce disque prochainemént, histoire de…
    En attendant : travail, travail, plus loin que la nuit et le jour 😉

    Sylvain
    http://www.parlhot.com

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