Parti sans faire de bruit, le bassiste de ZZ Top Joseph Michael « Dusty » Hill s’est éteint le 27 juillet. Avec lui, c’est une part de la culture Pop des années 1980 qui s’envole. Et c’est aussi la fin du mythique trio texan réunissant Hill, Billy Gibbons et Frank Beard depuis 1970. Le soleil se couche irrémédiablement sur une certaine idée de la musique.

ZZ Top, c’est le trio rock rigolo macho des années 1980 : grandes barbes, gestuelle synchronisée, filles sexy, hot rods rutilants, grosses guitares. Il y eut pourtant deux périodes chez ZZ Top, qui divisent toujours les vrais fans des amateurs de tubes populaires. La première fut celle du heavy-blues impeccable de 1970 à 1981, la seconde sera celle des tubes boogie calibrés MTV à partir de l’album « Eliminator » en 1983.

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Si Dusty Hill ne fut « que » le bassiste, sa présence scénique, son chant, et son jeu de basse seront des atouts capitaux pour l’envol de ZZ Top. Car ZZ Top connut une toute autre formation à ses débuts, en 1969. Le guitariste Billy Gibbons en est à l’origine. Il était auparavant le leader d’une formation garage psychédélique nommée les Moving Sidewalks. Le quatuor d’origine texane aura un petit tube avec le titre 99th Floor, ce qui leur permettra d’assurer des dates en première partie de la première tournée américaine du Jimi Hendrix Experience, en 1968. C’est à l’issue d’un de ces concerts que le grand Jimi offrit une Fender Stratocaster rose à Gibbons pour le féliciter de son jeu.

L’ère psychédélique évaporée, le rock laisse la place en 1969 aux premiers frappeurs de blues dans le sillage d’Hendrix et Cream : Jeff Beck Group, Led Zeppelin, Mountain. Gibbons ne veut pas entrer dans cette surenchère sonore. Il désire développer un groupe de blues-rock plus proche de l’os, une sorte de retour aux racines, considérant que ce hard-blues est bien trop démonstratif et pas assez authentique.

Le trio originel est fondé à Houston avec le bassiste et organiste Lanier Creig et le batteur Dan Mitchell, deux anciens Moving Sidewalks. Un premier simple est publié après la signature avec le manager Bill Ham : Salt Lick/Miller’s Farm, deux compositions originales de Gibbons. Les deux compères de Gibbons ne sont hélas pas à la hauteur des espérances, hautes, du guitariste. Mitchell est remplacé par le batteur d’un autre trio local pratiquant un blues-rock râpeux : American Blues. Son nom est Frank Beard. Creig est remplacé un temps par Billy Ethridge, avant que Beard ne ramène son compère de American Blues : Joseph Michael Hill, surnommé Dusty.

Personnage trapu, blond aux yeux bleus, Dusty Hill a un jeu de basse d’une efficacité exceptionnelle en trio. Simple d’apparence, il soutient parfaitement la guitare en interprétant les mêmes lignes que la guitare rythmique, et ne laisse aucun espace vide lorsque Gibbons part en solo. Atout de luxe : Hill chante merveilleusement bien. Sa voix chaude, imprégnée de rythm’n’blues, est le parfait contrepoint de la voix grave et coassante de Gibbons. En lead, il est parfait, dans les choeurs, créant de vraies harmonies.

Le trio se fait une jolie réputation locale au Texas, ce qui permet à Bill Ham de démarcher les maisons de disques. Toutefois, la musique de ZZ Top n’intéresse pas grand monde sur le marché du disque, vivant désormais à l’unisson du hard-rock (Who, Led Zeppelin, Deep Purple, Black Sabbath) et du rock progressif (Yes, Jethro Tull, King Crimson, The Moody Blues). C’est finalement la filiale américaine de Decca Records, London, qui les signe. Rien d’étonnant à cela, puisque Decca possède aussi dans son écurie de nombreux groupes de blues anglais à la musique finalement assez similaire dans l’esprit : Savoy Brown, Chicken Shack, Keef Hartley Band.

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Le premier album sobrement nommé « ZZ Top’s First Album » sort le 16 janvier 1971. Il a été capté entre deux concerts entre juin et octobre 1970. Il est un parfait disque de blues-rock à la saveur authentique, sonnant comme le blues des noirs américains, avec cette petite touche d’exubérance propre au rock blanc. C’est ce qui fit le sel du blues anglais de la seconde moitié des années 1960 : un aspect et une recherche à coller au plus près de l’authenticité du blues noir américain, et cette effervescence liée à la jeunesse blanche qui n’a évidemment jamais connu les tourments de la population afro-américaine.

Pour marquer cette authenticité revendiquée, ZZ Top ne fait aucune concession. Le nom du groupe d’abord, qui fit l’objet de dizaines de versions au gré des fantaisies de Gibbons et Hill, provient d’affiches d’artistes blues posées sur les murs de l’appartement de Gibbons. L’idée initiale fut de parodier le nom de BB King avec celui d’un guitariste texan : ZZ Hill. Le résultat fut ZZ King. Mais à l’époque, de nombreux « King » étaient sur le circuit : BB King, Albert King, Freddie King. Hill et Gibbons réfléchirent à un synonyme de King, le roi, le sommet… Ce fut le top. ZZ Top était né.

ZZ Top joue toujours, même le soir où il n’y a qu’un unique spectateur. Le trio fera même un rappel avant d’aller boire un verre avec le courageux garçon.

Il y a ensuite les photos de la pochette qui montrent les trois musiciens dans les alentours du Robin Hood Studio, perdus à Tyler au Texas, en plein désert, dans une petite baraque. Ils sont habillés de jeans, de tee-shirts et de bottes en cuir, simples et sans fioritures. Hill a déjà opté pour une barbe afin de casser son visage rond et poupin. Gibbons se cherche un style. Lui aussi a opté pour la barbe, en collier, avec de petites lunettes rondes.

Il y a enfin le manifeste au dos de la pochette que l’on peut résumer ainsi : « en ces temps de rock homogénéisé, synthétique, gorgé d’overdubs, ce premier album est fait de hard blues-rock joué honnêtement par trois musiciens plein de passion, et sans aucune fioriture. »

La pochette dit vraie : « ZZ Top’s First Album » est un magnifique album de blues blanc, direct et inspiré. Toutefois, il a déjà une caractéristique : contrairement à ses homologues anglais, ZZ Top ne fait aucune reprise. Tous les titres sont des compositions originales de Billy Gibbons. Dusty Hill pousse déjà de la voix sur Squank et Goin’ Down In Mexico. Les ventes ne sont toutefois pas très encourageantes : 201ème des ventes aux USA. Elles sont toutefois celles d’un groupe pratiquant le blues-rock authentique. Les groupes anglais ne font guère mieux, et se payent grâce aux concerts qui attirent un public nombreux, notamment dans le Midwest.

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ZZ Top, lui, ne sort guère des limites de son état du Texas afin de limiter les frais. Il obtient toutefois une invitation au Country Blues Festival de Memphis le 10 avril 1971. ce dernier réunissant la fine fleur du blues noir américain. Et c’est là le souci, car l’organisation, en entendant le premier album et les voix de Gibbons et Hill, pense avoir affaire à un groupe de blues noir texan. Lorsque les trois blanc-becs débarquent au festival, c’est la panique. L’Amérique vit alors en pleine période du Black Power porté par James Brown, Isaac Hayes et les artistes du label Stax. Il n’est donc pas question que des blancs viennent souiller l’affiche avec leur musique de pilleurs dans un festival de vraie musique noire jouée par des artistes noirs. La montée sur scène dans l’après-midi est donc des plus tendues. Finalement, jouant avec la flamme et l’humilité qui les caractérise, les ZZ Top récoltent des applaudissements après trois premiers morceaux accueillis sans la moindre réaction.

Ce festival sera l’une des très rares excursions de ZZ Top hors de son Texas. Toutes se soldent par des audiences misérables. Mais ZZ Top joue toujours, même le soir où il n’y a qu’un unique spectateur. Le trio fera même un rappel avant d’aller boire un verre avec le courageux garçon.

Le ratissage du Texas finit toutefois peu à peu par payer. Le second album, « Rio Grande Mud », publié le 4 avril 1972, fait un bond significatif en s’installant à la 104ème place des ventes. Le disque est aussi moins austèrement blues, et plus dynamique. Le son ZZ Top s’installe définitivement sur ce second album, notamment avec les excellents Francine, Just Got Paid, Chevrolet, Ko Ko Blues ou Bar-B-Q. La dynamique scénique du trio s’installe également.

Le groupe reste attaché à ses racines : pas de ballade sentimentale sur une jeune femme évanescente, ni titre hard-rock progressif à base de dragons et de vikings.

Billy Gibbons et Dusty Hill sont deux personnages plutôt éloignés : le grand sec et le petit trapu, le bavard et le discret. Pourtant, ils partagent le même sens de l’humour, grands amateurs d’absurde à la Monty Python, et redoutables observateurs de la société qui les entoure. Tous deux droitiers, ils forment un duo particulièrement efficace, effectuant comme par magie les mêmes mouvements en synchronisation sans se concerter le moins du monde, parfois même sans se regarder.

Cette alchimie, le groupe la rôde le plus possible, jouant pas loin d’une centaine de concerts par an sur le seul état du Texas, et quelques excursions extérieures. Toutefois, le jeu de scène embarque la moindre audience réticente, et les quelques sets joués dans la région de Detroit ou en Californie font leur petit effet. Plus fort, le second album est tellement bon qu’il commence à circuler dans le cercle des musiciens. Stray Dog, trio américain signé par les pourtant très progressif Emerson, Lake And Palmer, vont effectuer une reprise de Chevrolet sur leur premier album en 1973. Cela n’aura aucun impact sur les ventes, mais montre bien l’impact grandissant du groupe sur la scène musicale américaine. Le trio de Birmingham Trapeze va lui aussi découvrir la scène très particulière du Texas, et ce fameux trio qui remplit les plus belles salles de son état, mais nulle part ailleurs. Trapeze va connaître curieusement un destin assez semblable, retrouvant le quasi-anonymat à son retour en Grande-Bretagne alors qu’il remplira de belles salles au Texas et en Californie.

Le simple avec Francine avait déjà ouvert la voie des classements de meilleures ventes de disques en accrochant la 69ème place. Le simple La Grange issu du troisième album décroche la 41ème place. Publié le 26 juillet 1973, l’album « Tres Hombres » s’installe à la 8ème place des meilleures ventes US. Les concerts ont payé. Car musicalement, ZZ Top n’a absolument rien lâché de son identité sonore originelle. Une chose est par contre certaine : l’écriture musicale de Billy Gibbons progresse de jour en jour, et Dusty Hill n’y est pas pour rien. Le bassiste cosignait trois titres sur « Rio Grande Mud », sur « Tres Hombres », il les cosigne tous. Hill n’est pas forcément à l’origine d’un morceau, mais il sait lui donner de la dynamique. Frank Beard commence aussi à apparaître dans les signatures, car lui et Hill sont le groove impeccable derrière Gibbons. « Tres Hombres » est le disque qui dispose de toutes les qualités, bien que les deux premiers furent déjà particulièrement fameux.

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« Tres Hombres » est un premier acmé de la fusion des trois ZZ Top en tant qu’entité : l’incroyable dynamique rythmique, la fluidité du jeu de Gibbons sur elle, la connivence entre Hill et Gibbons sur les parties de chant. Et puis il y a les compositions, quasiment toutes devenues des classique du rock classique : Waiting For The Bus, Jesus Just Left Chicago, Beer Drinkers And Hell Raisers (reprise par Motorhead en 1977), La Grange.
Ce dernier morceau va devenir un monument du hard-boogie, musique qui va ravir les publics ouvriers durant toute la décennie, avec des groupes comme Status Quo ou AC/DC. ZZ Top vient de gravir le sommet de la colline (poussiéreuse) sans avoir cédé le moindre pouce de terrain. La tournée US va confirmer l’impact scénique des ZZ Top. Cette fois, il n’est plus question de 80 ou 90 concerts par an, mais pas loin de 200. Le trio n’en oublie pas son public originel du Texas. Il organise à Austin un concert géant dans le stade de la ville durant l’été 1974 nommé « ZZ Top’s First Annual Texas Size Rompin’ Stompin’ Barndance & Bar B Q », qui réunira 80 000 personnes.

Cet exploit est mentionné dans la pochette de l’album « Fandango ! » qui sort le 18 avril 1975. Afin de saluer les fans et permettre aux novices de se faire une idée de ZZ Top sur scène, trois morceaux sont captés en direct : Thunderbird, Jailhouse Rock et Backdoor Medley. C’est pour l’heure l’unique trace officielle de ZZ Top en concert durant les années 1970, et cela va frustrer les nombreux fans. Le reste du disque a été conçu en studio, et Dusty Hill y grave son premier tube au chant : Tush, une expression faisant autant référence aux filles faciles qu’à la came.

L’horizon de ZZ Top n’a guère changé depuis ses débuts. Le groupe reste attaché à ses racines, et ne fait ni ballade sentimentale sur une jeune femme évanescente, ni titre hard-rock progressif à base de dragons et de vikings. ZZ Top parlent toujours des mêmes sujets, le tout arrosé d’une bonne rasade d’humour : les bagnoles, les filles, les soirées à picoler, les barbecues géants texans, et une touche de filouterie mexicaine. La Grange est un superbe exemple de cet humour ravageur, évoquant le Chicken Ranch, un club à prostituées perdu au milieu du désert et que de nombreux politiciens locaux fréquentent. Les ZZ Top sont des garçons pragmatiques, n’idéalisant rien. Le monde est tenu par quelques ficelles, et il n’est pas nécessaire d’aller chercher plus loin : le sexe, l’alcool, le pouvoir. Le reste en découle : la solitude, la tristesse, la déception.

Classé à la 10ème place, « Fandango ! » est un nouveau disque d’or pour ZZ Top après celui de « Tres Hombres ». ZZ Top a abandonné un temps les jeans et les tee-shirts pour de beaux costumes pailletés de millionnaires texans, avec santiags et stetsons. On les prend pour des ploucs, notamment les chroniqueurs branchés rock décadent comme Lester Bangs de Creem, mais aussi ceux de la Côte Ouest. Mais il s’agit-là encore d’une formidable touche d’ironie signée ZZ Top. Jouant à fond la carte des bouseux, ils ravissent d’immenses salles avec leur boogie ravageur.

5 - ZZ Top - Tejas - D - 1976---- | Klaus Hiltscher | Flickr

« Tejas », publié le 29 novembre 1976, est l’aboutissement de cette démarche de provocation péquenaude. Le nom et la pochette sont une ode au Texas. La musique s’imprègne de country, mais pas au sens branché des Byrds ou de Neil Young. Les ZZ Top le font tremper dans du blues-boogie gras. Le trio apparaît dans la pochette avec leurs superbes costumes texans : pantalons crème ou bleu pâle, santiags, paillettes, stetsons et lunettes de soleil miroir. L’album accroche un nouveau disque d’or et s’inscrit à la 17ème place des ventes aux USA. ZZ Top entreprend une interminable tournée nommée « Worldwide Texas Tour ». Le groupe emmène avec lui des cactus, des rochers, des arbustes, des bagnoles, mais aussi tout une ménagerie texane : serpent, scorpions, coyotes, vaches… Le groupe va jouer pendant deux longues années à travers le continent américain, pratiquement jusqu’à l’épuisement.

5 - ZZ Top - Tejas - D - 1976- | Klaus Hiltscher | Flickr

5 - ZZ Top - Tejas - D - 1976--- | Klaus Hiltscher | FlickrLe premier à flancher est Frank Beard, qui au contact de la jet-set rock met le nez dans la cocaïne un peu comme tout le monde, Hill et Gibbons compris, mais surtout dans l’héroïne. Malade comme un chien, devenu dépendant, Beard est au bord de la mort, d’autant plus que sa femme, précieuse épouse depuis ses débuts avec ZZ Top en 1970, est partie. Hill et Gibbons optent alors pour une pause forcée le temps que Beard se remette sur pieds. La tournée « Worldwide Texas Tour » s’étalant jusqu’en 1977, ZZ Top disparaît au milieu de la tempête rock californien/punk.

On sait peu de choses de cette escapade de deux longues années, un gouffre pour la carrière d’un groupe à l’époque. Frank Beard s’est donc désintoxiqué. Hill et Gibbons sont partis en vacances. Pour Hill, il s’agira de vraies vacances. Pour Gibbons, il lui sera impossible d’abandonner totalement la musique. Il fera ainsi son premier grand voyage en Europe, traversant la Grande-Bretagne, la France, l’Italie et l’Allemagne. Ce dernier pays l’intéresse à plus d’un titre, puisque Gibbons est totalement curieux de l’utilisation des premiers synthétiseurs. Il aurait pu apprendre quelques rudiments avec des personnages comme Brian Eno, mais il préfère aller à la source. Il fréquente donc la scène rock allemande : Can, Klaus Schulze, Tangerine Dream…

La suite de ses voyages l’emmène en Afrique du Nord et au Moyen-Orient. A son retour, il pense enregistrer un album solo avec toutes ces musiques. A l’atterrissage, Dusty Hill l’accueille. Les deux se tombent dans les bras, et éclatent de rires. Ils ont eu la même idée : arrêter de se raser. Résultat, ils ont tous deux une barbe jusqu’au nombril. Il n’est plus question ni de se raser, ni de faire de la musique électronique ou afrobeat.

Dusty Hill death – Billy Gibbons introduces Elwood Francis as ZZ Top take  to stage for first time since bassist tragedy

 

« Deguello » qui sort le 8 novembre 1979 est un superbe disque de boogie-blues comme sait les concocter ZZ Top. Il devient leur premier disque de platine. Toutefois, il est le point de départ d’une nouvelle évolution. Musicalement, l’album est parfaitement en ligne direct de ses prédécesseurs. Mais il dispose de quelques subtilités sonores qui sont le fruit des pérégrinations des trois garnements : les petits accords de synthétiseurs sur Cheap Sunglasses, les cuivres sur She Loves My Automobile et Hi-Fi Mama. ZZ Top se présentent d’ailleurs sous le nom de « The Lone Wolf Horns ». Habillés de la même manière, tous portant barbes et lunettes noires, ils parodient les orchestres de jazz et de rythm’n’blues des années 1940. Cette idée, le duo barbu Gibbons-Hill la perpétue sur scène. Ils se présentent avec des lunettes noires pour le morceau Cheap Sunglasses. Barbes longues, lunettes noires, costumes identiques cherchant du côté des années 1950… Le visuel du groupe est en train d’évoluer au galop.

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La tournée 1980 va installer le ZZ Top de bande dessinée que l’Europe connaît, sans savoir qu’il y eut un ZZ Top bien plus boogie et américain avant. Le Deguello Tour permet les premières dates en Allemagne (filmée notamment pour l’émission Rockpalast à la Grugenhalle de Essen) et en France. Le groupe est encore boogie, mais la formation est en constante recherche du show percutant. Des lasers apparaissent, et le look du trio y contribue. Frank Beard (pour barbe, une ironie pour un moustachu) se cache derrière son immense kit double grosse caisse. Le show se fait sur le duo Gibbons-Hill, impeccable de complicité.

« Deguello » est un disque subtil, presque laidback. Le public découvre la fureur du trio sur scène, ravageur, et attentif au moindre signe pour faire le spectacle. En 1979-1980, la marque de guitares Hamer cherchent des porte-drapeaux. Pour cela, ils démarchent Gibbons et lui conçoivent des guitares spécifiques de temps à autres. Car Gibbons reste très attaché à la Gibson Les Paul, dont une, Sunburst, qui reste son instrument de prédilection. C’est elle que l’on voit appuyée sur un amplificateur sur la pochette de « ZZ Top’s First Album ».

Le concept vêtements identiques-barbes-lunettes noires a été lancée, « El Loco » pousse l’idée, mais ne concrétise pas. L’album montre de nombreuses faiblesses. Publié le 20 juillet 1981, il atterrit au milieu de la consécration du nouveau heavy-metal de Motorhead, Saxon et Iron Maiden. La scène hard-rock US s’est depuis enrichi avec Blue Oyster Cult, Kiss et Aerosmith.

Avec « Deguello », ZZ Top avait expérimenté l’idée d’un hard-rock minimaliste. L’album était une réussite notamment grâce à ses chansons. « El Loco », publié le 20 juillet 1981, est un échec artistique certain par rapport à ces prestigieux prédécesseurs. Les idées grapillées en Europe comme en Afrique embourbent le concept de ZZ Top. « El Loco » fait un gentil disque d’or. L’album ne satisfait personne, et surtout pas les amateurs boogie de ZZ Top. Billy Gibbons est un garçon intelligent, et sait analyser ses erreurs. Le groupe repart en tournée mondiale, sous une bannière plus texane : jeans, stetsons, et vestes pailletées. Le set de Rockpalast au Festival Lorelei les dévoile au sommet de leur forme (voir lien ci-dessus).

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Ils sont toutefois à deux pas d’aller au bout de leur concept, ce qui va être très clairement être fait avec l’album « Eliminator ». Il sort le 23 mars 1983, monte à la 9ème place des ventes aux USA, mais aussi dans le monde entier, une première pour le groupe. Cette fois, pas de bidouillage inutile, mais du boogie chromé sur tranche. L’électronique, les boîtes à rythme, les clicks et les fairlights servent à créer un son futuriste qui rend leur bon vieux hard-blues soudainement moderne. Autre carte jouée : les clips vidéos. Le trio met le paquet avec des vidéos scénarisées, un personnage masculin récurrent, des jolies playmates et des hot rods, dont celle figurant sur la pochette de l’album, et propriété de Billy Gibbons. Les ZZ Top s’habillent tous de la même manière, Hill et Gibbons portent barbes, lunettes noires, et des guitares assorties. Les gestes synchronisés sont également poussés au maximum. Le résultat est visuellement ultra-efficace, et les transforme en véritables personnages de bande dessinée. Les tubes se succèdent : Gimme All Your Lovin’, Got Me Under Pressure, Sharp Dressed Man, TV Dinners, Legs. Ils cachent d’autres merveilles comme le fantastique blues mid-tempo I Need You Tonight et l’expéditif Bad Girl capté dans un club texan.

La formule magique étant trouvée, le trio va l’user jusqu’à la corde avec les deux disques suivants, de plus en plus envahis par l’électronique : « Afterburner » en octobre 1985 et « Recycler » en octobre 1990. Durant la seconde moitié des années 1980, les ZZ Top sont des stars mondiales, immédiatement reconnaissables, et capables de se permettre toutes les fantaisies technologiques pour leurs vidéos ou leurs scénographie de concert.

Néanmoins, le combo jolies filles/bagnoles/boogie futuriste prend un sérieux coup d’arrêt au début des années 1990. La scène grunge de Seattle débarque avec Nirvana, Pearl Jam et Soundgarden, rendant tout ce clinquant frimeur totalement obsolète. C’est l’heure des jeans déchirés et des chansons désespérées; pas vraiment l’univers des ZZ Top. Aussi, lorsque sort « Antenna » le 18 janvier 1994, les ventes s’effritent sérieusement. La musique est encore bloquée dans le concept boogie électronique. De toute façon, il semble qu’on n’attend plus d’eux qu’ils soient novateurs, comme le montrera le succès massif de leur « Greatest Hits » de 1992, multi-platines.

« Rhytmeen », sorti le 17 septembre 1996, est un retour aux sources du hard-blues de leur début, un album capté en quasi-direct en studio, avec quelques belles pépites comme Vincent Price Blues ou She’s Just Killing Me. Même si les ventes sont tièdes (29ème aux USA), les amateurs du ZZ Top des années 1970 sont ravis. Il faut dire que ZZ Top et leur producteur Bill Ham sont allés jusqu’à tenter d’effacer ce glorieux passé en remixant les six premiers albums en 1987. Il était alors impossible de retrouver ces disques en CD avec leur sonorité originelle, et ce jusqu’en 2013.

Depuis les années 1990, les sorties d’albums s’espacent : « XXX » en 1999, « Mescalero » en 2003, « La Futura » en 2012. La source créatrice semble se tarir. Ces albums ne sont que des prétextes à d’interminables tournées qui sont désormais la principale raison d’être de ZZ Top.

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Le décorum high-tech a quelque peu disparu, se limitant à des pieds de micros chromés, des guitares des kits de batterie customisés. ZZ Top va se contenter d’être une légende du rock, assurant des shows de plus en plus bluesy, et fouillant de temps à autres dans ses archives et son passé. Le groupe racontera son histoire dans le beau coffret « Chrome, Smoke & BBQ » de 2003, puis dans le documentaire « ZZ Top : That Little Ol’ Band From Texas » en 2019.

Les désormais trois pépères coulent une vie tranquille entre concerts, vies de famille et virées en bagnole. Billy Gibbons reste le plus sollicité pour diverses interventions dans des émissions ou des documentaires sur le rock et le blues. Il publie également un album solo de temps à autre. L’an dernier, Dusty Hill avait dû annuler quelques dates pour des soucis de hanche. Il avait alors été remplacé par leur technicien guitare : Elwood Francis. Sa mort a entraîné non pas la séparation de ZZ Top, mais son remplacement permanent par Elwood Francis, Billy Gibbons ayant confirmé que le trio continuait « comme le souhaitait Hill », selon leur communiqué.

Il reste que le trio mythique est désormais à jamais brisé. La suite ne sera que de l’acharnement à ne pas vouloir arrêter. La magie du duo scénique Hill-Gibbons n’est désormais plus, et c’est tout un pan de l’histoire visuelle et sonore des années 1980 qui disparaît avec Dusty Hill.

11 commentaires

  1. les Nazebroque de Gonzai qui cherche toujours par tous les moyens a faire du buzz ,ZZtop musicalement ça jamais eté votre came et les lecteurs de gonzai en ont rien a branlé de se groupe completement hass been et maintream et les fans de zz top ignore l’existence même de ce torchon de gonzai et en ont strictement rien a branlé que vous parliez de zz top , chez gonzai tout n’est que branchouille et zero culture musicale pérenne

    1. Ouesh Ouesh mais sache man quen1976 j’étais avec les zz à dallas et qu’on a partagé une boutanche de tang et que j’ai appris a les connaître et bien crois moi ils étaient super cool, c’était en plein punk et nous on bouffaient des tripes au fayot avec d’autres ploucs tirés de délivrance ça c’était rock comme dans la chanson de Nadyia !!!

  2. les organizateurs du positiv festival d’orange vaucluse sont tous/tes des trafiqant-es d’âmes, merçi la mairie de nazebroques

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