Au même titre que la Divine de John Waters ou Holly Woodlawn, l’égérie trans de la Factory de Warhol qui inspira les premiers couplets du Walk on the Wild Side de Lou Reed [1], Romy Haag, Romy Haag fait partie de ces freaks de l’ombre jamais cités à leurs justes valeurs dans de larges monographies vomitives. Et pourtant…
Née en 1948 sous le nom d’Edouard Frans Verbaarsschott, Romy quitte très vite son cocon familial à l’âge de 13 ans. Elle s’embarque alors dans la troupe du Strassburger Circus et officie comme clown et trapéziste. De passage à Paris, elle commence – comme Marie-France, autre beauté transgenre mythique – à se produire nue sur les scènes de l’Alcazar. C’est apparemment à partir de cette période qu’Edouard décide de changer de nom et de devenir Romy pour vivre comme une femme. Sa transformation reste assez douteuse, elle aurait « développé naturellement des seins et un corps de femme ». De cette métamorphose, elle gardera une voix profonde et gutturale qui lui vaudront bientôt son étiquette typique de « femme Berlinoise » ; à l’image de Claire Waldoff, figure iconique du Berlin des années 20, à la coiffure hirsute et au physique de soubrette nordique qui psalmodiait des textes coquins en se dandinant comme un canard.
Trans-Former
Mais une époque nouvelle voit le jour. Dans les années 70 Berlin est loin d’être le centre névralgique de la fête et du hype. Il y règne une ambiance grise de désolation et de pauvreté, la ville est balafrée par la césure de béton et de fils barbelés qui la scinde, idéologiquement ; ce qui n’empêche pas l’émergence du « rock choucroute » avec pour chefs de file Tangerine Dream, Can et Neu! Bientôt Kraftwerk suivra…
En vrai baromètre des tendances de son époque, Bowie sent déjà le vent tourner. Obnubilé par ces groupes et les nouvelles expérimentations offertes par les synthétiseurs, il est parti à la découverte du centre de l’Europe, seul et en voiture – en raison d’une peur panique de l’avion – en se nourrissant uniquement de poivrons et de lait avec, pour unique bande-son de sa paranoïa, le « Autobahn » de Kratwerk. Parano au dernier degré et tentant de laisser derrière lui une consommation astronomique de cocaïne, il pose enfin ses valises en 1976 dans le Berlin West avec son acolyte l’Iguane, qui le suit comme un chien, dans un petit appartement à trois pieds du mur dans le quartier de Hauptstraße à Schöneberg.
C’est à peu près à même période qu’il rencontre Romy Haag. Invitée backstage lors d’un concert, elle n’a jamais entendu parler de la pop star, mais quand leurs regards se croisent, c’est l’électro choc. Ses tenues délurées font écho au jeune Ziggy suicidé, Romy croit d’abord qu’il porte une lentille puis s’amourache de sa mydriase naturelle. Jusqu’à la fin des années 70, ils seront inséparables.
Chez Romy
À peine rentrée de New York où elle a construit son image de dragqueen pimpante, Romy se trouve bien démunie à Berlin ou les nigthclubs n’existent tout simplement pas. Entre résurgences fanées de cabaret des années 50 et 60 et vieux rades enfumés de hippies, la disco, elle, est inexistante. La diva prend les devants et, sur un coup de tête et à seulement 23 berges, ouvre son propre club « Chez Romy Haag ». Installé dans le quartier délabré de Schöneberg Fuggerstraße où les loyers sont dérisoires, ce coin de ville-fantôme s’apparente alors à ce que sera, presque au même moment, la ville pourrie de Manchester pour la Factory. On parie sur un gouffre sensationnel pour Romy, un fiasco. Et pourtant, là encore…
À l’inverse de tout ce que les journaux écriront, et ce sans presque jamais parler de sa cantatrice, le club de Romy n’a rien à voir avec un cabaret. C’est bien plus que cela, on flirte avec l’esthétique Camp et le kitch Warholien, c’est un cabinet de curiosités lorgnant sur les grands magasins Biba du Swinging London et où viendront s’acoquiner toutes les plus grandes pop stars de l’époque. Entre Art Déco et outrances gays, les pièces sont repeintes en noir et les murs tapissés de miroirs réfléchissant les éclats de paillettes dans une myriade de boules à facettes. Au programme : Champagne et cocaïne. De l’extérieur, le club est inexistant, dans des ruelles en friches, des basses résonnent et une porte blindée officie de tunnel secret. On y toque fébrilement comme à l’entrée d’un sex show, sans trop savoir si l’on est à la bonne adresse. A travers la lucarne étroite, quelques mots s’échangent. Un portier déguisé en prêtre bénit les aventureux qui s’y engagent en piquant des hosties dans un seau à champagne.
La disco y fait irruption, des DJ anglais et newyorkais sont appelés en renfort. Romy est la maîtresse de cérémonie et elle y performe la chanson de Bertolt Brecht, Show me the way to the next whiskey bar (aussi connue sous le titre Alabama song, repris par The Doors), affriolée de costumes aux mille feux et de ses danseurs bodybuildés. Parallèlement Romy Haag débute sa carrière musicale avec son tube Superparadise qui tourne en boucle sur le Musikladen TV Show.
Le travesti se ment
Entre Romy et Bowie, l’aventure ne durera finalement qu’une poignée d’années. Empêtré dans sa relation avec Angie, le chanteur rompt et repart sur les routes. En 1983, Romy vend son club et s’offre un tour du monde. La même année, soit dix ans après l’ouverture de son club, elle accomplit sa transformation complète et change de sexe par chirurgie. La boucle bouclée, Romy et Bowie, caméléons résolument modernes et au sommet de leurs jeunesses éternelles ne se recroiseront pour ainsi dire plus jamais, mais s’influenceront tous deux d’une manière certaine ; Bowie, l’homme-éponge qualifié de « vampire », adoptant dans son clip Boys keep Swinging la gestuelle de sa muse berlinoise.
De ces années de travestissements, on retiendra les regrets posthumes – et ridiculeusement moches – du clip Where are we now où Bowie apparaissait, en 2013, déjà flétri dans ‘’The Next Day’’, avant-dernière œuvre composée dans un monde qui ne lui appartenait plus vraiment. Romy, elle, est encore en vie. La légende raconte qu’on peut la croiser sur scène, ou au détour d’un café Berlinois. Personne ne sait vraiment où. Et c’est peut-être mieux ainsi.
[1] : « Holly came from Miami, F.L.A. / Hitch-hiked her way across the U.S.A. / Plucked her eyebrows on the way / Shaved her legs and then he was a she / She says, « Hey, babe,Take a walk on the wild side.»
5 commentaires
Pascale Faurever
Pascale Faurever Journaliste = Grosse merde !
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Romy Verbaarsschott hat geantwortet · 1 Antwort
Rui Duarte
Rui Duarte You are alive and kicking.
The journalist is obviously dead and he don’t knows it…
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Rudy Nielson
Rudy Nielson Scheiß´ drauf, liebste Romy –
diese superhässlich aussehenden Schreiber mit ihren Pickeln im Gesicht – reichen Dir das Wasser in diesem Leben nicht!
„heart“-Emoticon „heart“-Emoticon „heart“-Emoticon
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Suzanne Judith
Suzanne Judith der war nicht dabei..also weiss er NICHTS.
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Ramoana Stone
Ramoana Stone this is what scuzzy journalists do, print lies or half-truths so someone will negate or confirm….then they get a scoop „unsure“-Emoticon
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Jessy Hohenzollern
Jessy Hohenzollern Je trouve cet article vraiment navrant et diffamatoire le résultat de la frustration profonde d un tout petit scribouillard étroit dans va pauvre vie , dans son cœur sec et dans sa grosse tête vide !
Gefällt mir nicht mehr · Antworten · 1 · 2 Std. QUE DE MENSONGES DANS CETTE ARTICLE
Sorry Madame. Mais c’est le grand jeu de la pop culture, à un moment votre identité ne vous appartient plus vraiment, c’est un bien commun. Et on se plait ainsi à fantasmer, réécrire, rêver ou souiller votre vie. Cet article n’a pas vocation à être « objectif » ou véridique. C’est bien plus une fiction brodé sur le peu que l’on sait. Peu importe que les murs de votre club aient été noir ou rouge, que vous ayez changer de nom à 17 ou 21 ans, là n’est pas la question… Ce papier est un canard qui n’attend que qu’on lui jette des tomates (comme votre navrant commentaire copié/collé de mur). Bref, tout cela pour dire que je ne m’en excuse pas. Et, au passage, merci pour les lecteurs, qui, tenus dans le mystère, savent désormais que vous êtes bel est bien vivante (et online). MP pour une interview. Thanks
La Chanteuse Séduisante.
The Queen of Berlin.
Diva of the Underground.
The Voice of Experience.
Comme autant de couronnes dorées, voici quelques titres parmi tant d’autres qui ont orné la tête étincelante et tressée de flammes de l’artiste légendaire que le monde connait sous le nom de Romy Haag. Chacun de ces titres lui convient parfaitement, à sa manière et pourtant, la marque et l’essence profonde de sa personnalité multi-facettes échappe à tous. Romy Haag, au final, est un enfant des sixties, de la Love Generation et du mouvement pacifiste qui ont servi de cadre à une ère de progrès social incroyable, de libération sexuelle, et de changements politiques. Au fond, combien glamoureux que puisse paraître l’extérieur, il recèle un coeur qui bat, et dont les battements ont été entendus et suivis par des milliers depuis sa première apparition sur la scène internationale, il y a plusieurs dizaines d’années. Paris. New York. Berlin.
Et pourtant cela n’a pas été si simple: ces temps semblent beaucoup plus simple aujourd’hui grâce au message d’espoir qui résonne toujours aujourd’hui… mais de temps en temps, ce message semble avoir été perdu derrière un ciel encombré de nuages toujours plus sombres.
Il est est temps d’écarter ces nuages, et d’oser rêver à nouveau.
Ce printemps, Romy Haag et sa bande de musiciens exceptionnels vous invitent à rajeunir vos têtes et vos coeurs grâce à un répertoire entièrement nouveau de chansons, assemblées avec art comme autant de fils sur un canevas. Pour ce concert très spécial, Romy interprète chaque chanson, sélectionnée avec soin comme une peinture aux nuances teintées d’émotions, des chansons qui l’ont formées et qu’elle seule est capable de chanter et qu’elle partage, comme autant d’histoires d’amour et de passions différentes. Car qu’est-ce qu’un artiste sinon un raconteur d’histoires?
Des compositions anciennes et nouvelles. Et des chansons d’autres artistes, familières et dont on se souvient avec amour, mais que l’on n’a jamais entendues réinterprétées et parfois, avec des arrangements étonnants. La musique devient une histoire à partager pour toutes les générations, sans début ni fin, peut-être quelque part entre les deux, et elle nous fascine autant qu’elle nous a fasciné naguère.
Avec sa voix rauque teintée d’érotisme subtil et d’élégance, pleine de son expérience et de son humanité, Romy Haag joue d’un pouvoir d’attraction unique dans la chanson d’aujourd’hui, une manière qui attire et retient des générations de fans: les jeunes, et ceux qui resteront toujours jeunes dans leur coeur.
Venez rejoindre Romy dans ce voyage musical vers le passé, où l’on trouvera la porte vers le futur, un futur peint aux couleurs brillantes de l’optimisme et de la prise de conscience. Vous vivre une soirée inoubliable.
C’est noté!