Je suis tombé sur cette phrase dans "Donner à voir" d’Eluard et ça m’a plutôt donné une claque : « On commence à deviner ce que vaut quelqu’un quand son talent faiblit, quand il cesse de montrer ce qu’il peut. » C’est de Nietzsche et ça fait mouche, surtout en intro d’un pitch sur la danseuse de Joss.

Je suis chez mon pote Joss. Sur la table basse, le numéro 535 de Rock & Folk… au menu :

1. L’édito habituel de Philippe Manœuvre, qui n’ajoute rien à l’édito habituel de Philippe Manœuvre et au respect que nous lui devons pour ce qu’il a fait entre 1973 et 1976 ;

2. Un article d’Olivier Cachin sur Jermaine Jackson qui doit probablement parler de son frère Michael et de « rapport à papa », info que l’on a entraperçue sur MSN Actualités toute cette semaine, en attendant que la page d’accueil de notre boîte mail s’affiche ;

3. Deux pages sur le groupe Girls par Basile Farkas lesquelles, par un problème d’imprimerie, sont restées collées l’une à l’autre et qu’il ne fut possible de lire qu’en déchirant la première à défaut de la seconde, si bien qu’on se demandait si l’intérêt premier de l’article ne se trouvait pas dans la feuille condamnée ;

4. Amanda Lear comme invitée pour « Mes Disques à moi »… dommage qu’elle soit déjà passé par Schnock deux mois avant pour l’annonce de sa résurrection en égérie sixties (ah merde, elle nous a déjà fait le coup en 1984, 1989, 1993, 1997, 2001 et 2006) ;

5. Divers propos divers et hors de propos, d’où re-Basile Farkas brodant sur Miles Kane et les Artic Monkeys ;

6. Loin d’être tellurique, le papier sur Sébastien Tellier confirme que Jean-Vic Chapus meuble ici pour mieux biner là-bas (Voxpop) ;

7. Eudeline Frère et un groupe circa ’79 qu’il n’a pas réussi à caser dans son Nos années punk ;

8. Un queutru sur le truc du moment, ou comment Père Eudeline prouve qu’il est passé maître ès application froide du battre son fer tant qu’il est encore sur les lèvres de Lana Del Rey ;

9. Philippe Thieyre qui passe du Psyché au Kautrock, quitte à omettre qu’il y ait parfois des moins de 15 ans préparés psychologiquement à passer le premier alinéa de ses études muséologiques ;

10. On pourrait gloser sur 11, 12, 20, 31 points de détails. Je m’arrête à 10 parce que j’aime les comptes ronds.

Hey kids, je me pose cette question : qui achète Rock & Folk en 2012 ?

Sans m’en rendre compte, je me suis posé cette question à voix haute. Réponse de mon ami (qui l’achète « sans être obligé » tous les mois et qui est par ailleurs un grand lecteur de livres et de presse) :

–   » Je ne sais vraiment pas. Je sais pas mais je pense que la lecture de cette gazette, c’est un truc relatif à la misérable place du rock en France. Après des séjours en Allemagne, en Belgique, en Angleterre, aux Etats-Unis, tu perçois la pauvreté et l’incompréhension françaises… et le mépris et les fausses visions !  »

Voilà, ce qui est dit est dit. Je vous laisse méditer ce « Je ne sais pas ». Est-ce en souvenir du bon vieux temps, est-ce pour faire plaisir à papa quand il passe à l’improviste, est-ce parce que ce périodique fait un parfait coffee table magazine pour mâles mélomanes ? Est-ce par habitude, par jeu, par vice ? Est-ce parce qu’il n’y a rien de mieux ailleurs ? Ou bien est-ce quelque chose qui me dépasse ? Moi non plus, je ne sais pas. Je subodore que d’aucuns ne partagent pas mon opinion tranchée mais bon, comme disait Oncle Emerson, mieux vaut être une épine au flanc de son ami que l’écho de sa voix. Fin du billet d’humeur.

11 commentaires

  1. Pourquoi acheter R&F ? UN-GE-MUTH. Non seulement il justifie l’achat de R&F mais également le fait de ne pas acheter les Inrocks.

  2. La presse musicale s’est appauvrie dans tous les milieux, le classique n’échappe pas à la règle. On peut dire la même chose de toute la presse spécialisée, lire Sciences et Vie maintenant c’est se croire dans la rubrique Sciences de Comment ça va bien de Stéphane Bern … L’objectif est de ratisser large pour vendre. De toute ma vie de mélomane je n’ai du acheter qu’une fois ou deux R&F, Best ou les Inrocks même dans les années 80, c’est dire.

  3. Excuse-moi Roman, mais :
    1) Il n’y a qu’une seule page sur Girls.
    2) L’interview de Jermaine Jackson parle bien des relations avec le père, et en plus elle est drôle. Mais ton « qui doit probablement parler de… » est inquiétant.
    3) L’édito n’est pas l’habituel de Philippe Manœuvre : il est encore pire. J’aurais bien aimé que tu le lises, ça aurait pu faire un article rigolo.

    Loin de moi l’idée de défendre Rock & Folk (quoique je sois d’accord avec Abitbol à propos d’Ungemuth), mais dauber sur un numéro que l’on n’a même pas lu n’a rien de très classe.

  4. Excuse-moi, Sylvia (j’aime pas ce ton mais bon):
    1. Il y a deux pages sur Girls, m’est restée dans les mains celle de la photo.
    2. « inquiétant »: steuplé, garde ce ton moralisateur pour tes gosses et reprends une bière.
    3. #éditomanoeuvrepirequedhab: fais-nous rire, écris un pap’.

    C’était juste un billet d’humeur. C’est hygiénique de sortir le kalach, de temps en temps, juste pour décompresser un bon coup. Si ça t’a pas fait rire, OK, je comprends. Mais prends pas la mouche comme ça: si t’aimes pas les cons cyniques comme moi, ne les imite pas, prouve-leur qu’ils ont tort de se cacher derrière cette attitude.
    Et je suis d’accord avec abitbol: Ungemuth, c’est bien. Et d’ailleurs, y’a pas qu’Ungemuth que je trouve bien dans R’n’F. Mais, encore une fois, ce n’était qu’un billet d’humeur, un truc écrit sur un bout de table parce que ça me fascine, à chaque fois que je vais chez mon pote Joss, de trouver ce mag sur la table basse. Voilà.
    Au plaisir, et au 13
    ro

  5. Je trouve qu’on se répète un peu sur l’action et que franchement ça mouline dans le vide… Le sujet et l’angle de l’article ( en gros se faire rock and folk) n’a aucun intérêt

  6. Punaise si maintenant faut faire de l’explication de commentaire, c’est sans fin.

    Ce que je pense: au lieu de vous écharper sur un billet d’humeur, vous feriez mieux d’utiliser votre temps à écrire. Qu’on puisse s’engueuler par papiers interposés plutôt que dans des flux de commentaires qui par définition passent la réflexion à la moulinette comme à la buvette du coin.

  7. sauf que cet article n’appelle pas un papier mais un simple commentaire… Je ne défends pas rock et flock je dis que la perte de temps réside plus dans le fait d’écrire ce papier qui est un non sujet par excellence. C’est ,à mon sens, une marotte juvénile de Gonzaï que de vouloir taper (même à juste titre) sur les nainrocks, rock et flop et la galaxie de la presse musicale.

  8. Walla, écoutez écoutez les ami(e)s, j’ai juste fait ça pour « juvénilement » taper dans la fourmilière. Perso, je pense qu’il n’y a pas de cibles faciles. Le seul truc qui compte : l’angle de vue et le style. Attaquez-moi (je ne demande que ça) mais attaquez-moi là-dessus. Et pi’ tiens, j’étais sûr qu’on allait sauter sur l’occaz pour me reparler des Inrocks, parce qu’y’en a pour qui c’est le sujet sensible j’en sais rien. Perso, pas de sujets faciles, pas d’ambulances pour moi. Je pourrais très bien faire un papier sur The Artist, Les Victoires de la Musique, Poutine, tout plein de trucs bien crades qui n’ont aucun intérêt SAUF SI, en le relisant, je trouve qu’il y a un intérêt minime à le faire publier : cad soit le papier me fait rire, soit il m’apprend un truc que je connaissais pas. Ex : si qq1 lit mon papier sur R’n’F et n’a jamais entendu parler d’Eluard et qu’après l’avoir lu, il s’en va emprunter à la médiathèque un livre dudit auteur, j’ai gagné, mon papier sert à qqchose. Autre exemple : ce n’est pas anodin de namedropper Thieyre, parce que ce mec si je l’écorche, c’est aussi pour le sport. A vingt piges, j’ai littéralement épluché les feuilles d’artichaut de Rock Psychédélique américain 1966-1973. Bon, bien sûr, pour les plus informés, ils comprendront que j’ai le complexe Philippe Garnier. C’est pas parce que tu titres Rock & Folk que le papier porte là-dessus. C’est juste un bon prétexte pour balancer deux ou trois bons mots (qui ne font que rire que moi apparemment). Mais n’est pas Philippe Garnier qui veut. Et pour reprendre la voix du chef : qui ramène les chips, mardi ?

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