Dézingueur, prescripteur, conseiller du culte, pinailleur, bon copain, enfoiré de service, drôle, encyclopédique, suffisant, ennuyeux… Quels que soient ses ambitions, son style et son approche de la chose, le critique rock est devenu au fil des années un élément essentiel du paysage musical. Mais qui est-il ? On en a déjà rencontré quelques-uns. La série se poursuit aujourd’hui avec Benoît Sabatier, écrivain, réalisateur de films ovniesques, et rock critic éminent, que ce soit chez Technikart, Rock&Folk , Schnock ou… Gonzaï.

La critique rock fut et reste à bien des égards un sport de combat. On pourrait facilement se demander si il sert encore à quelque chose de donner son avis sur un objet culturel à une époque où tout le monde le donne partout. Sur Twitter, Facebook, ou à l’arrêt de bus quand on te le demande. Pas de panique, certains « critiques rock » restent des passeurs dont les précieux avis ne seront jamais remplacés par des écoutes passives sur internet ou des lectures « wikipediesques » sans perspective. Hommes et femmes de l’ombre, ces journalistes naviguent souvent entre cynisme et passion. Chez notre client du jour, aucun doute, la passion l’emporte haut le pouce. Même s’il écrit de moins en moins sur les nouveautés depuis qu’il a quitté Technikart en 2015 après un quart de siècle de bons et loyaux services, Benoît Sabatier continue d’en écouter. Comme tous les junkies, il a besoin de sa dose quotidienne de notes et d’accords détonnants. Une des plus belles addictions au monde.

Partagé entre Paris et Marseille où il habite la moitié de l’année, Sabatier se rend chaque semaine à trois ou quatre concerts. Regardez les premiers rangs, vous croiserez peut-être sa chevelure argentée et sa cigarette électronique. Une cigarette électronique qui se relie par un port USB à son Mac, poumon électronique où il épluche Bandcamp nuit après nuit. Sabatier, c’est aussi un look de dandy. Toujours bien sapé, ce rock critique devenu écrivain – on vous conseille vivement son ouvrage Nous sommes jeunes, nous sommes fiers – puis réalisateur de films (Le Moral des troupes, Amore synthétique) avec Marcia Romano, nous reçoit dans son antre parisien. Un lieu étonnant, envahi par des milliers d’albums et de bouquins.

GONZAI : Peux-tu te présenter en quelques mots ?

BENOIT SABATIER : Benoît Sabatier. Rock critic. J’ai été rédacteur en chef adjoint de Technikart, où je m’occupais de la musique, j’ai écrit le livre Nous sommes jeunes, nous sommes fiers, j’écris sur le rock, tous les jours.

GONZAI : Tu viens d’où ?

BENOIT SABATIER : D’un bled rural de 500 habitants, dans le centre de la France. La grande ville où j’allais à l’école, Moulins, c’est 25 000 habitants. Un coin sympa, mais… Dur dur… Quand j’ai découvert la médiathèque municipale, ma vie a changé. C’est illico devenu une addiction, comme pour certains se ruer dans des peep-shows : je passe mon temps à la médiathèque pour emprunter des 33 tours. Du bizarre, du commercial, je ne fais pas la distinction. Je choisis aussi beaucoup de trucs en fonction des pochettes. A 13-14 ans, je découvre des groupes comme Durutti Column ou Chrome. Ça a marqué l’ado que j’étais.

« Quand j’ai découvert la médiathèque municipale, ma vie a changé »

GONZAI : Tes parents baignaient dans la musique ?

BENOIT SABATIER : Pas du tout. Je suis d’un milieu agricole, cultivé, avec des livres, mais pour mes parents, le rock, c’est des conneries. Par contre j’ai deux grands frères, qui eux m’ont abreuvé avec des classiques : Beatles, Stones, Dylan, Yves Simon, Dutronc… Ce qui m’a différencié d’eux, c’est le synthétique. A 12 ans, je tombe amoureux de Bowie, « Ashes to Ashes », et Kim Wilde, « Cambodia » : mes frères se foutent de moi. Et sont furieux quand je me mets à New Order, Cure, DAF, Yello… Parallèlement, je continue de rattraper mon retard, j’épluche les discographies des Neil Young, Lou Reed, Can, John Cale, Kinks, tous les classiques…

GONZAI : Pour quelles raisons décides-tu de venir à Paris tenter ta chance quelques années plus tard ?

BENOIT SABATIER : Le rock m’a projeté ailleurs, dans un autre cosmos. La musique elle-même, les pochettes, les photos de rockeurs, ma lecture de Rock & Folk, mes visionnages des Enfants du rock, les interviews d’artistes : le décalage avec ma réalité campagnarde était si astronomique, il y a eu comme un défi – j’aurai une vie là-dedans. Il y a une part de fantasme, parce qu’écrire une chronique sur Pulp, ça n’a rien de rock’n’roll, mais c’est autre chose que je visais : vivre de ma raison de vivre, soit baigner dans la musique 7 jours sur 7, écrire sur le rock. Je n’ai jamais rêvé de devenir riche, donc rock critic était un rêve adapté.

GONZAI : Tu lis déjà la presse musicale ?

BENOIT SABATIER : Oui, Rock & Folk chaque mois. Et puis je lis beaucoup, tout court. Musique et littérature étaient d’autant plus liées que je dévorais les livres en dévorant des disques. Le Grand Meaulnes m’évoque Supertramp, Le Rouge et le noir, Elli & Jacno, Tendre est la nuit, Randy Newman, Les Anges vagabonds, Blondie, Flash ou le Grand voyage, Anne Clark, Au sud de nulle part, Christophe, Le Démon, Talking Heads : ces livres n’ont rien à voir avec ces musiciens, sauf que c’est ce que j’écoutais en les lisant. Rétrospectivement, j’ai un souvenir mitigé de La Chute, pas à cause de Camus, mais parce qu’en le lisant j’écoutais Barclay James Harvest. Je lisais énormément, et de plus en plus mes choix ont été guidés par les recommandations ou références de musiciens, piochées dans Rock&Folk : écriture et rock, tout est question de style. Mes modèles étaient des écrivains, des rock-critics mythiques, j’admirais plus Emmett Grogan ou Asger Jorn que Patti Smith et Bono. Mes années collège et lycée ont été un vrai cauchemar, mais au moins, il y avait toutes ces discussions sur la musique. On s’échangeait des disques et des cassettes. J’ai pas le bac, mais je sais déjà que je veux être rock critic.

Résultat de recherche d'images pour ""benoit sabatier""GONZAI : Être rock critic, c’était donc une vocation ?

BENOIT SABATIER : Totalement. Quand à 15 ans il faut réfléchir à son métier futur, je ne me voyais pas d’autre option : je ne vivais que pour la musique et j’adorais écrire. Je rate mon bac mais me fais embaucher à La Montagne, le quotidien local de Moulins. Un stage qui s’est transformé en vrai boulot, plus d’un an. Entre deux reportages du genre « le centenaire d’une grand-mère de la ville » ou « un homme a pêché un brochet de 10 livres », je case des chroniques d’albums. Le boss ne comprenait pas : « pourquoi tu parles tout le temps de cinglés ?! » Il fallait expliquer le mot « single ». Parallèlement, j’anime une émission à Radio Bocage, la radio de la ville. Je monte régulièrement à Paris acheter des disques, je découvre à cette époque, vers 1988, un nouveau fanzine qui s’appelle Les Inrockuptibles et je décide de m’installer à Paris.

GONZAI : A peine arrivé à Paris, tu te rends aux Inrockuptibles pour voir s’ils peuvent te proposer quelque chose, c’est ça ?

BENOIT SABATIER : Pas exactement. Je dois gagner ma croûte, et je trouve un boulot, chez SLM, Sons et Lumières Management. J’installe des sonos dans la ville, j’économise du fric et je m’achète autant de disques que je peux. Beaucoup beaucoup de disques. Finalement, je vais frapper à la porte des Inrocks, qui n’avaient rien à voir avec les Inrocks d’aujourd’hui. Strictement rien à voir. Leurs couvertures à l’époque, c’était Jesus And Mary Chain, Big Audio Dynamite, Prefab Sprout, House of Love, tout le contraire de ce qu’ils font aujourd’hui, avec des couv’ plutôt people. Je frappe à la porte, et je commence à écrire pour eux. Ça va durer quatre ans.

GONZAI : Pourquoi les quitter pour intégrer Technikart ?

BENOIT SABATIER : J’ai commencé les deux en même temps, en 1993. C’est quand je deviens salarié et rédacteur en chef adjoint de Technikart, en 1997, que je laisse tomber les autres publications où je pigeais.

« D’un côté t’avais les gens purs et durs et de l’autre, ceux qui vendaient leur cul. Pour moi, c’était essentiel de rester sur une ligne qui me correspondait pour pouvoir défendre ce que j’aimais ».

GONZAI : Pendant cette période aux Inrocks, tu parviens à vivre de ta plume ?

BENOIT SABATIER : J’avais ce boulot chez SLM, et je pigeais dans plusieurs publications, comme le quotidien Le Jour. Les pages culture étaient dirigées par David Dufresne, un super journaliste, ex de Best, responsable du fanzine Combo. J’ai même pigé à L’évènement du jeudi, qui était un peu l’équivalent du Nouvel Obs aujourd’hui. C’est ridicule, mais j’avais honte, j’écrivais sous pseudo pour ce magazine. Aujourd’hui, on est dans une culture du mainstream, de la win. C’est pas du tout gênant de passer à la télé, mais dans ces années-là, la télé c’était le diable. D’un côté t’avais les gens purs et durs et de l’autre, ceux qui vendaient leur cul. Pour moi, c’était essentiel de rester sur une ligne qui me correspondait pour pouvoir défendre ce que j’aimais. J’ai toujours eu cette passion pour les oubliés, les causes perdues, les losers. J’ai découvert les Stockholm Monsters et Television Personalities – deux chocs. Ça m’est resté : découvrir des artistes passés à la trappe, mais fantastiques. Alive She Died, Don Agrati, Guyer’s Connection, Jona Lewie, Danny Kirwan, Ensemble Pittoresque, tous les jours je me lève en espérant trouver des disques aussi fascinants.

GONZAI : Quand tu as commencé, tes influences de rock critic étaient plutôt françaises ou américaines ?

BENOIT SABATIER : Autant le rock français, il ne fait pas le poids face aux anglo-saxons, autant niveau rock-critic, on a des sacrées références. Mais au départ, quand je lis Rock & Folk, je ne regarde pas qui signe. Ce qui était très important quand j’étais ado, c’était l’émission Les Enfants du rock. Avec Philippe Manoeuvre, on avait vraiment l’impression que c’était un métier où on pouvait se fendre la poire. Aux Inrockuptibles, beaucoup moins. Leurs goûts musicaux m’intéressaient mais j’avais l’impression qu’on perdait un truc en route. En arrivant à Paris, j’avais racheté des vieux numéros de Rock & Folk. Là j’ai commencé à m’intéresser à qui signait quoi. Tout de suite, la mythologie rock des grands critiques de R&F est remonté à la surface. Des gens comme Laurent Chalumeau, on se marrait en le lisant. Manoeuvre aussi : L’enfant du rock, il y a de la déconnade et du style. La manière de raconter une histoire, de la rendre passionnante, bigger than life… Philippe Garnier a aussi été important.

« Je repense aux Inrocks, là…C’est très étrange que ce magazine où l’écriture était importante n’ait pas produit de grands critiques. Même s’il y a eu de grands papiers marquants ».

GONZAI : Yves Adrien aussi je suppose ?

BENOIT SABATIER : Énormément. NovöVision, époustouflant tellement le style est impressionnant. Une distanciation pleine d’humour, comme un disque de Kraftwerk. À Rock & Folk, il y avait aussi Christian Perrot, qui est devenu rédacteur en chef du quotidien Le Jour. Je repense aux Inrocks, là… C’est très étrange que ce magazine où l’écriture était importante n’ait pas produit de grands critiques. Même s’il y a eu de grands papiers marquants.

GONZAI : Et Michka Assayas ?

BENOIT SABATIER : Je connais mal, il me semble plus sérieux, un côté plus universitaire, une érudition dans les rails.

« La culture YouTube ne remplacera jamais le fait d’avoir écouté les quatre faces de Blonde on Blonde de Dylan pendant six mois ».

GONZAI : C’est capital l’érudition ?

BENOIT SABATIER : Ma génération, on n’avait pas le choix. Dans ces années d’apprentissage au début des années 90, je me souviens avoir chopé un plan pour écrire 10 pages sur les Turtles dans Jukebox magazine, la bible des collectionneurs. La question est la suivante : comment je peux faire dix pages sur les Turtles en 1993 ? Il n’y a pas internet, donc il faut avoir tous les disques, lire toutes les notes de pochettes, se renseigner, voir qui produit quel album, comment ça se fait, quelle est la chronologie… Un boulot monstrueux. On était donc forcé d’être érudit. Il fallait emmagasiner tout un tas d’infos dans sa tête. Quel producteur, quel endroit, quels musiciens,… J’adorais savoir tout ça. Aujourd’hui, tout a changé. On sait tout en deux clics. En tout cas on a les infos. Mais il faut les avoir assimilées, et ça c’est autre chose. La culture YouTube ne remplacera jamais le fait d’avoir écouté les quatre faces de Blonde on Blonde de Dylan pendant six mois d’affilée.

GONZAI : Quand tu arrives à Technikart, quelle est ta feuille de route ? Tu fais ce que tu veux ou la ligne éditoriale du magazine est déjà définie ?

BENOIT SABATIER : J’étais totalement libre, la ligne rédactionnelle s’est imposée de façon générationnelle. J’avais 25 ans et un truc nouveau se produisait : l’explosion de la musique électronique. J’ai cru, avec la mort de Cobain et le rétro de la brit-pop, que les guitares, elles ne véhiculeraient plus rien. J’ai plongé dans l’électronique – raves, clubs, The Justified Ancients Of Mu Mu, Green Velvet, Goldie, Aphex Twin, Bucketheads, Kevin Saunderson… Et toute la French Touch première période : je voulais raconter cette explosion comme autrefois fut racontée l’effervescence punk : de l’intérieur, avec amour, humour et mauvaise foi. Rétrospectivement, la French Touch de la fin des années 90, elle n’est pas démentielle, mais par rapport au cauchemar de « la nouvelle chanson française », je reste fier de nos partis pris, à Technikart. J’ai arrêté de me focaliser sur l’électronique au début des années 2000, la ligne rédactionnelle a alors été plus guidée par mes rejets – le principal : la gentrification de la pop. À Technikart, tout était permis, et on se gênait pas dans l’irrévérence, avec des reportages nocturnes où l’eau était interdite. Comme nos concurrents jouaient beaucoup sur la notion de « bon goût », j’avais décidé qu’il fallait casser ça, qu’on pouvait traiter sérieusement des conneries, et inversement. Je me suis mis à aller interviewer en 2001 Britney Spears à Miami, à analyser son phénomène en citant Edgar Morin. Quelques années plus tard, tous les médias s’y sont mis, et je me sens coupable : aujourd’hui, je ne vois aucun intérêt à lire un papier sur Taylor Swift, sur tous ces people. Les horribles artistes qui cartonnent, on pouvait au moins se foutre d’eux, ils s’en mettaient plein les poches mais n’avaient pas la critique. Désormais, plus un artiste a du succès, plus il y a des chances qu’on lui trouve des qualités – tous les Christine & The Queen, Ariana Grande, Rihanna, Julien Doré, The Weeknd… Il y a une fascination de la win qui me dégoûte, ça dépasse ce qu’incarnaient les yuppies reaganiens. C’est une des raisons pour lesquelles j’ai arrêté Technikart : marre de la peoplisation des médias, de cette dégénérescence où pour être reconnu il faut parler de gens connus. Lécher le derrière des puissants pour se sentir puissant, bonjour le calcul.

(C) Franck Chevalier

GONZAI : Taxi Girl est le fil conducteur de ton livre Nous sommes jeunes, nous sommes fiers. Vous êtes plusieurs dans la critique rock à adorer ce groupe, en quoi était-il si spécial ?

BENOIT SABATIER : C’est le groupe qui a le plus marqué mon adolescence. Quand je suis en province, à Moulins, et que je tombe sur leur morceau « Paris », je disjoncte, je n’ai qu’une envie, me tirer à Paris, alors que le morceau c’est quand même Paris, M.E.R.D.E. Des textes torturés, une musique moderne et accessible : le groupe idéal, quoi, à la fois synthétique, et renvoyant à toute la mythologie rock des Stooges, etc.

GONZAI : Cette fascination pour Taxi Girl est-elle l’explication de la tendresse qu’a toujours eu Technikart pour Mirwais ?

BENOIT SABATIER : Totalement. Très vite, j’ai réussi à le rencontrer, ainsi que Daniel Darc. Et c’était génial. Il y a ce cliché qui dit qu’il ne faut surtout pas rencontrer ses idoles. Alors que cette rencontre était essentielle pour moi.

GONZAI : Tu n’as jamais été déçu au cours de ta carrière ?

BENOIT SABATIER : Si, bien sûr. Ça m’est arrivé pour d’autres personnes. Mais plus dans des cadres d’interviews organisées par des maisons de disques. Il faut quand même savoir que dans les années 90, Mirwais et Daniel Darc étaient tellement à la ramasse que pour les contacter, il fallait passer par d’autres canaux qu’une maison de disques ou un attaché de presse. Je ne me souviens même plus comment j’avais réussi à les contacter. Ni comment j’étais parvenu à les interviewer et devenir très proches d’eux. Mirwais ne m’a jamais déçu, et j’ai passé de sacrés moments avec Daniel. J’étais très copain aussi avec Jacno… J’ai fait le DJ trois ans au Pulp, au début des années 2000, Mirwais et Jacno venaient passer des disques avec moi.

GONZAI : La proximité du critique rock avec certains artistes pose quand même la question de la liberté du critique. Tu n’as jamais eu de problèmes à dire du mal d’un album ?

BENOIT SABATIER : Non. Je ne me suis jamais posé de questions existentielles là-dessus. Mes amitiés avec les gens du milieu se sont faites en fonction de la musique et de la personnalité des musiciens. Déontologiquement, j’ai jamais eu de problèmes. Si un artiste avec qui je suis devenu ami sort un album que j’aime pas, il y a deux solutions. Soit je n’écris pas sur l’album en question, soit je fais la fine bouche. De toute façon, je n’écrirais jamais un article dithyrambique sur quelque chose qui me plaît pas. Jamais. Personne ne m’a jamais forcé à quoi que ce soit. Au contraire, j’adorais dézinguer tous les chanteurs que je trouvais surestimés, on avait une rubrique pour eux à Technikart, « Poubelloscope », chaque mois j’avais un énorme paquet de prétendants pour cette rubrique… Aujourd’hui, ça m’amuse beaucoup moins : je préfère utiliser des feuillets pour écrire sur ce que j’aime.

« Le matin, je me lève. Si je ne mets pas de la musique dans les 10 minutes, je me sens mal. J’écoute plus de 10 heures de musique par jour ».

GONZAI : Ce qui est fascinant chez toi, c’est qu’après toutes ces années, tu gardes une passion féroce pour la musique. Toujours sur le pont, toujours à chercher des nouveautés, à découvrir. Les gens ne s’en rendent pas toujours compte, mais écouter en permanence de la musique et être quasiment obligé d’avoir un avis sur tout ce qui sort, ça peut user.

BENOIT SABATIER : J’ai jamais été saturé de musique. Le matin, je me lève. Si je ne mets pas de la musique dans les 10 minutes, je me sens mal. J’écoute plus de 10 heures de musique par jour. Tout le temps. Je reste chez moi à en écouter, et quand je sors, en général pour aller à un concert, je prends mon iPod et j’en écoute encore. Ces derniers temps, je montais des films. Dans ces moments-là, c’est pas possible d’écouter de la musique. Eh bien je me sentais mal.

GONZAI : Quelles sont les nouveautés qui t’ont vraiment étonné récemment ?

BENOIT SABATIER : J’ai beaucoup aimé l’album de Bisou de Saddam, mais je me verrais pas trop faire un article dessus. Je me suis consacré pendant vingt-cinq ans à défricher les nouveautés, j’ai fait mon temps, j’ai un peu fait le tour : ça m’intéresse plus beaucoup d’interviewer de nouveaux artistes. Entre New York, Paris, Londres, Lisbonne, Brighton, Marseille, Los Angeles, Reykjavik, j’ai rencontré Iggy Pop, Ray Davies, John Lydon, John Cale, Alan Vega, Kraftwerk, Brian Eno… Can, Madonna… Qui d’autres ? Ma mémoire part en sucette… Il y a aussi Peter Perrett, New Order, Beastie Boys, David Byrne, Lee Hazlewood, Moroder, Scott Walker, Chuck D… Et Depeche Mode, George Clinton, The Stranglers, Shaun Ryder… L’immersion, j’ai beaucoup pratiqué, je commence à voir mon boulot différemment : raconter la vie d’un artiste en l’inscrivant dans une époque révolue, avec un max d’infos… Comme le postulat semble un peu chiant, et que la story est souvent tragique, la moindre des choses, c’est qu’elle soit aussi comique, extravagante.

GONZAI : Aujourd’hui, tu es pigiste chez Rock & Folk. Tu écris aussi parfois pour Gonzaï. Tu n’as plus ton ancien positionnement de rédacteur en chef musique. Tu es redevenu simple pigiste. T’as pas l’impression de régresser ?

BENOIT SABATIER : Quand j’ai arrêté de bosser pour Technikart, peu de temps après avoir sorti mon livre Nous sommes jeunes, nous sommes fiers, où j’avais un peu tout déballé, je me suis mis à écrire et réaliser des films avec Marcia Romano. Pour autant je me suis pas dit « stop, je ne suis plus rock critic, maintenant je suis réalisateur ». Parce que je serai toujours rock critic. C’est ma raison de vivre. Le fait d’être redevenu pigiste chez Rock & Folk, Gonzaï ou Schnock me permet d’être plus libre et d’avoir plus de temps pour travailler sur mes projets de cinéma. Aujourd’hui, je propose ou on me propose… C’est une situation idéale pour moi. J’adore quand Rock & Folk me demande ce que j’ai envie de faire dans le prochain numéro. Je propose un truc sur les 30 ans de la mort de Roy Orbison et j’ai le feu vert pour 15 000 signes. C’est vraiment super. La carte blanche que j’ai chez Gonzaï, c’est pareil. Dans chaque numéro, j’écris un long papier sur un truc culte. Nikki Sudden, Chrome, Chris Knox, etc. J’adore faire ces story.

GONZAI : Écrire sur la musique, c’est finalement assez facile. En tout cas d’un point de vue logistique. Pourquoi aller désormais vers le cinéma alors que c’est extrêmement compliqué de monter un film, notamment financièrement ?

BENOIT SABATIER : Pour deux raisons. La première c’est que je vois beaucoup de rapports entre le portrait d’un artiste, la construction de sa story, et un scénario. Il y a de la mise en scène et du montage dans un grand article. La seconde chose c’est que comme rock critique, j’ai fait de la presse écrite, de la radio – notamment à France Culture -, de la télé, le Rock Press Club… Et je trouve incompréhensible que le cinéma français ne s’intéresse pas du tout au rock. C’est quand même fou, ce sont des histoires tellement électriques, le rock ! Aux États-Unis, il y a obligatoirement plusieurs films sur l’équivalent des Bérurier Noir ! En France, tout le monde a pleuré la mort de Bowie, alors pourquoi y-a-t-il 400 000 films sur la médecine ou les hôpitaux et rien sur le rock ? C’est pour ça que j’ai eu envie d’écrire des films là-dessus. En plus, je me suis installé à mi-temps à Marseille, une ville très « cinégénique », avec une scène garage incroyablement vitale. Une ville à 1000 lieux des images d’Epinal qu’on nous serine en permanence. D’où l’idée de réaliser avec Marcia une trilogie marseillaise de films rock, avec des personnages qui ont des groupes, vont à des concerts, sont passionnés de musique…

GONZAI : Marseille, c’est vraiment une ville rock ?

BENOIT SABATIER : Il n’y a pas que IAM et Jul, là-bas. Quand j’ai commencé à m’y rendre régulièrement, au début des années 2000, si j’ai laissé tomber la techno et la house pour replonger dans le rock, c’est grâce à la Machine à Coudre, l’Embobineuse, Data, l’Asile 404, des petits clubs, limite clandestins, avec une vitalité totalement folle. Le rock, c’est pas un truc de hipsters, là-bas.

« Le discours “c’était mieux avant”, je le comprends pas. Mon époque, elle est comme ça, je vais pas pleurnicher ».

GONZAI : Au cours de ta carrière, tu as interviewé beaucoup d’artistes. Certaines rencontres t’ont-elles marqué ?

BENOIT SABATIER : Des tonnes. Autant citer des foirades, des trucs complètement anecdotiques… Billy Corgan, le chanteur des Smashing Pumpkins en 1993. Un des groupes les plus importants du moment, que je n’ai jamais aimé. C’était pour le quotidien Le Jour. J’arrive, et je pose ma première question. Corgan me répond « Ta question me plaît pas ». J’en pose une deuxième. Il se lève et part. Fin de l’interview. Un peu flippant. Je me souviens aussi de Gérard Manset, que j’écoutais beaucoup dans les années 80 à Moulins. J’avais apporté ses albums pour qu’il me les dédicace, je lui demande « Vos disques sont souvent mélancoliques et nostalgiques. Regrettez-vous l’époque de De Gaulle ? Parce que depuis, la situation s’est quand même améliorée ». Réponse : « Mais je vais vous fracasser mes disques sur votre tête ! Évidemment que je regrette l’époque de De Gaulle ! Quel âge avez-vous pour dire que c’était moins bien à cette époque ? ». Je n’avais pas pigé sa réaction, mais aujourd’hui je comprends. Plus on vieillit, plus on s’épanche sur les temps révolus. Le même phénomène s’empare de moi, ce que je regrette d’ailleurs.

« Aujourd’hui, le rock c’est rien du tout. À peine quelques niches. Quand on regarde les charts, le rock, c’est fini, plié ».

GONZAI : Que regrettes-tu ? La profusion du streaming ou le virage général de la société ?

BENOIT SABATIER : Le discours « c’était mieux avant », je le comprends pas. Je suis trop rationnel, mon époque, elle est comme ça, je vais pas pleurnicher. C’est pas spécialement rigolo de vieillir, mais on n’a pas le choix. Donc c’est pas vraiment un regret. Par contre, ça ne m’empêche pas de constater qu’il y a eu un âge d’or du rock, et qu’il est révolu. Il n’y a pas en 2019 des équivalents artistiques des Beatles, Velvet, Bowie, Clash, prétendre le contraire, ça dépasse le jeunisme : sortez les camisoles de force. J’avoue ma nostalgie des choses qui disparaissent. Quand je vois un film des années 70, je trouve tout beau : les devantures, les voitures, les fringues… Alors qu’aujourd’hui, je ne trouve pas que l’esthétique contemporaine soit splendide. Je déteste tellement le mainstream d’aujourd’hui, il est tellement horrible que je ne regrette pas le fait que le rock ne représente plus grand-chose. Aujourd’hui, le rock c’est rien du tout. À peine quelques niches. Quand on regarde les charts, le rock, c’est fini, plié. Or ma construction mentale, c’est le rock comme poil à gratter. Et là, il redevient une musique de la marge. Quand on va voir un concert à l’Embobineuse, on ne fait pas partie du troupeau. Bien sûr, c’est pas la même chose qu’en 1954, le côté révolutionnaire, mais ça redevient un truc marginal. Et ça, je ne m’en plains pas.

GONZAI : Quels sont à tes yeux les groupes importants depuis l’an 2000 ?

BENOIT SABATIER : Jay Reatard. Le plus grand rockeur du XXIe siècle. J’aime tout. Particulièrement ce qu’il a fait avec Lost Sounds. Après sa mort en 2010, il y a quand même eu une super vague de garage rock en France. Début 2000, il y avait aussi les Strokes. J’adore ce que fait Julian Casablancas. Il est maintenant de bon ton de les débiner, mais c’est cyclique, dans dix ans, ils seront réévalués.

GONZAI : Et plus récemment ?

BENOIT SABATIER : Guillaume Rottier, Bisou De Saddam, excellents, Beechwood aussi, que j’ai vu à l’Olympic il y a quelque temps. Chaque semaine je vais à des concerts, hier c’était Seppuku, et puis je retourne à des vieux disques, Theoretical Girls, Bruce Haack, Thomas & Richard Frost, The Legendary Pink Dots, R.Dean Taylor, Mother’s Love… Les nouveautés, il y en aura toujours des super, même si le rock a complètement perdu de sa subversion. Par contre, autant j’aime Rhythm of the Night de DeBarge, ou Hotel California, mais le mainstream contemporain… Épouvantable, non ? C’est pour ça qu’il y a eu le punk et l’indie, le mainstream devenait pas beaucoup plus fréquentable qu’une réunion d’anciens correspondants de la Wehrmacht. Je serais dans la merde si je devais citer cinq gros et grands tubes de ces dix dernières années.

https://www.youtube.com/watch?v=XIaUMmFM7tw&feature=youtu.be

GONZAI : Ton appartement est une dinguerie. Il y a des disques et des bouquins partout. Ça t’arrive d’écouter de la musique sur Spotify ou Deezer ?

BENOIT SABATIER : Jamais. En ce moment j’écoute « Shirley » de Max Vincent, Der Lustige Musikant, “Ventriloquisms » de Beaver Brothers, Justin Heathcliff, “El Diablo En El Cuerpo” de Size, et j’ai pas besoin de Spotify pour ça. J’ai numérisé tous mes vinyles… Le post-punk reste un de mes styles préférés. Avec la pop 67/68. Ce sont mes fixations récurrentes, et je m’aère en écoutant Klaus Dinger, de l’industriel, de la country, Guy Clark, Porter Wagoner, de la soul, Baby Huey, Chairmen Of The Board, de la musique brésilienne, Tom Zé, Ronnie Von, de la musique italienne, Chrisma, Battiato, de la noise, du space-rock, etc.

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GONZAI : Avant qu’on se quitte, peux-tu m’expliquer ta fascination, ou tout au moins ton intérêt très marqué pour Morrissey ?

BENOIT SABATIER : Adolescent, j’appréciais les Smiths mais je préférais Jesus and Mary Chain, « Mirror Moves », Lloyd Cole ou les Stranglers. Son retour au milieu des années 2000 a correspondu avec le moment où j’ai arrêté d’écouter de l’électronique. Et puis surtout, c’est le moment où j’ai commencé à le suivre en concert. Et là, j’ai pris claque sur claque. Toute la ferveur autour de lui aux États-Unis, c’était fantastique. Je l’ai suivi en reportage là-bas et en Angleterre pendant un mois sur une de ses tournées. Il était entouré de latinos, c’était fabuleux. Le décalage entre les fans anglais, composés de lads et d’étudiants, et les fans américains, principalement des latinos, était fascinant. L’interviewer était émouvant… C’est pas seulement important, de plonger dans un univers, les fans, les live, c’est surtout le pied. Maintenant, bien sûr que j’adore un énorme paquet de chansons de Morrissey, mais j’aime autant 100 000 autres choses.

« Sa dextérité à la basse évoquait celle d’un unijambiste à un concours de coups de pied au cul ».

GONZAI : Une conclusion ?

BENOIT SABATIER : J’ai toujours appréhendé le rock comme une force esthétique. La musique que j’aime, elle me secoue esthétiquement. Et quand je trouve des artistes visuellement infects, généralement, leur musique aussi, je la trouve beurk. Le film hip-hop de Rick Rubin, Tougher Than Leather, il est splendide ! J’adore le hip-hop des années 80, mais dès le milieu des années 90, je n’aime plus l’esthétique, alors musicalement, je décroche – à partir de l’avènement de Jay-Z, qui m’emmerde. Le problème, c’est pas que l’image a pris le pas sur la musique, c’est que l’image devienne clichée, friquée, normative… Le rock, c’est ma vision du monde, c’est visuel, avec cette idée du refus de la servilité, des conventions. C’est mon prisme, un idéal de vie, sachant qu’il détient une super promesse : celle de bien se fendre la pipe. Peut-être qu’aujourd’hui écrire sur la musique est un job socialement prestigieux, un boulot complètement gentrifié, ou un non-métier de crevards, en tout cas j’ai la chance de le pratiquer alors qu’il reste encore des miettes, deux-trois trucs à expérimenter, vivre, écrire… dans la rigolade et la mauvaise humeur.

GONZAI : Greil Marcus n’est pas très fendard, c’est pas ta came, si ?

BENOIT SABATIER : Je déteste. Complètement bidon. Il n’y a rien qui m’intéresse moins que les écrits de Greil Marcus. Je reste un autodidacte sur toute la ligne. À la base, la pop culture, c’est ce que rejettent les universitaires, maintenant, c’est leur nouveau dada, et c’est une cata, ça nous donne tous les Pitchfork, pitié. Par contre j’adore Richard Meltzer, Lester Bangs… La première anthologie de Bangs publié en France était compilée par Greil Marcus, et j’avais été un peu déçu. La deuxième n’était pas compilée par Marcus. Elle était mille fois mieux. Comme quoi… Nick Kent aussi, c’est fantastique. Ses écrits avaient été traduits très tôt en France. Attends, je vais te sortir une de ses phrases, que j’ai lue aujourd’hui. (Il feuillette L’envers du rock, ouvrage de Kent). C’est à propos de Sid Vicious. « Sa dextérité à la basse évoquait celle d’un unijambiste à un concours de coups de pied au cul ». Ça c’est du pur style. Et fendard !

40 commentaires

  1. dans ma piole je miole j’ai un display en carton grandeur nature de BLONDIE, & de alice cooper ! ma piole est petite, pas de voisins, ça turbine 24/24 en haut de la tour!

  2. « Rhythm Of The Night » de DeBarge, c’est une bonne raison pour voir « Le dernier dragon », ils y interprètent le morceau. L’autre bonne raison, c’est Vanity, l’actrice principale. Je ne vois pas d’autre bonne raison de voir ce film. Une question: il y a Wehrmacht qui est cité, y a-t-il un de leurs albums en particulier à me recommander ?

  3. le critique musicale ,et en particulier la critique rock ,souffre depuis des décennies du même mal endémiques, en clair : TOUT N’EST PLUS QUE PARISIANISME BUZZ ET HYPE .LA CHRONIQUE DE COMPLAISANCE ET DE CONNIVENCE EST DEVENU LA NORME. Toute cette clique de scribouillard fonction en vase clôt ultra cloisonné .L’entre soi de section 26 ,gonzai,the drone et consorts c’est a des années lumières de ma façon d’envisagé de parlé de la musique et de la soutenir

  4. j’avais acheté technikart quand ils avaient mis en couverture koudlam. sabatier le soutenait tout le temps. qu’est-ce qu’il fout koudlam, il a migré ?

  5. si ses déclics d’enfance, c’est kim wilde, supertramp et debarge, pas étonnant qu’il a des gouts de chiotes. par contre, j’ai écouté la musique de son film, amore syntétik, bizarement elle est super, mais, moins bizarement, sabatier il y est pour rien, c’est blackmail qui la composé: bravo blackmail

  6. quand je lisais technikart il y a eu yves adrien qui s’est mis à tenir une chronique, je suppose que c’est sabatier qui l’avais fait venir, vers 2001 ou 2002… ça a duré un an ou deux, des chroniques très étranges…

  7. j’ai connu rock & folk dans les années 2000, et c’est pas un mag qui m’intéressait. je sais pas si c’est un changement d’équipe, en tout cas depuis un an maintenant je le lis tous les mois, d’ailleurs y a aussi florin qui signe dedans, et burgalat, plein d’excellents articles

  8. je ne suis pas fan du tous de rock and folk et je ne le serais jamais , mais il faut bien le reconnaître que c’est le seul magazine de musique qui tiens encore la route en 2019 , c’est dire l’état lamentable de la presse musicale contemporaine française.Magic rmp et les inrocks et consorts sont pitoyable ,quand a Gonzai j’ai cru un temps que c’etais des héritier de la free press us et de feu actuel ,mais je me suis fourvoyé ,en réalité Gonzai c’est plus un mix entre boul et bill et closer pour bobo hipsters parisien et lyonnais etc .. ,je vomi cette pseudo intelligentsia frenchy , tout n’est plus copinage ,ils fonctionnent en réseau en vase clos et ENTRE EUX .TOUT N’EST PLUS QUE CONFORMISME

  9. Si Benoit Sabatier a été grand à Technikart, il faudrait rajouter- ce qui ressemblait en soi à un miracle -, que l’équipe ciné était aussi irréprochable (de Léo Haddad à Francois Grelet plus récemment), défendant maximum un ou deux films par mois, avec un vrai point de vue, sans fausses valeurs (les innombrables films que les critiques défendent et dont plus personne ne se souvient deux mois après, pas même les critiques eux-mêmes, sans suite dans les idées).
    Comme tout critique un peu conséquent, Sabatier remet en cause la notion subjective de goût. L’amour certain qu’il a de la musique (jamais de simples « marottes »), et l’érudition – qui donne aussi envie au lecteur d’aller voir plus loin -, chez lui ne semblant faire qu’un. Il a par ailleurs compris tout ce que la musique récente, le rock, doit à la notion de « mauvais goût » (et que ce n’est donc qu’à l’aune de cette notion, toujours présente à l’esprit, jamais surplombante, qu’on peut écrire, juger, se dire critique musical aujourd’hui).
    Je lui dois quasi toutes les découvertes un peu pointues de ces 20 dernières années (et le remercie au passage)

  10. Perseverance effectivement il lâche rien, un interview d’un qui se trimbale une dégaine pareille et qui pigent dans le milieu du show-business depuis 30 ans l’occase était trop belle, et revoilou le couplet sur le copinage des bobo parisiens( pire que la franc maconnerie ce truc là) qui fait son grand retour, regarde il s’auto-interview ses nazes, miroir mon beau miroirs…
    Reconnait lui quand même d’avoir pondu un truc comme « Nous sommes jeunes nous sommes fier », parce que même si les mecs nous refont l’histoire à leurs sauce, sa reste du bon boulot,
    Tu es une sorte de croisé de quoi au juste?
    je vais te dire, pour écouté certains des groupes que tu donnes comme références dans tes commentaires assassins et bien comment te dire, je ne vois pas très bien la différences avec les trucs proposé sur ce site.
    Pour moi hein, c’est pas la vérité ce que je vais dire, solo ma sensibilité, et bien toi comme certains pigistes de Gonzai vous sembler écouter les mêmes choses avec comme différence c’est que pour toi, ceux que tu écoute sont plus cool parce que eux ne veulent pas ou ne peuvent pas sucez la teub des maisons de disques ou des médias.
    Moi aussi ça me fait chier les pubs pour le Jacdaniels mais ton monde à mon sens c’est celui d’un fanatique ou alors c’est juste pour occuper un espace, celui du troller peut être
    Les coups de gueules j’ai rien contre et ne rechigne pas à mettre ma mauvaise fois noir sur blanc en privé comme en public de temps en temps, mais quand c’est systématique, tiens on dirait du Soral à la longue.

    1. Existe-t-il un point Godwin quand arrive le mot bobo dans la conversation ?

      Attention PERSEVERANCE tu files un mauvais coton.

      A toujours orienté ton discours dans le même sens toi aussi tu deviens ce que tu dénonce à longueur de post:
      UN CONFORMISTE.
      Bon week-end

      1. mon cher Gorgonzolaï depuis que ses rats de gonzai on pondu 2 pages sur moi dans leur feuille de choux pour sur je suis devenu un conformiste lol

  11. PERçé @ la tondeuse restera facteur interimaire & walou! un cancre aigri qui doit se croire tout tout veut tout connaître reste humble & surtout ta gueule! le snovo TAZ c le dimanche, alors sort & prend t’en Un coup! tout le ‘monde’ est contre toi disparait!

    1. mon cher c quoi ce ron_ron, un barillé? mets toi a la page mec ,sa fais 10 que je travail plus pour ses enflures de la poste, et il y a longtime que j’ai disparu dans le maquis 🙂

  12. j’ai l’impression qu’il y a deux sortes de rock-critics: ceux qui vont recommander des disques différents, qui vont plaire à un cercle (les inrocks période bimestriel), et ceux où les goûts n’ont pas énormément d’importance, on va accrocher au style (bayon avait des goûts de merde mais il écrivait super bien avant les années 90). moi gonzaï, noisey et rock&folk j’ai souvent pas les mêmes goûts, ça m’empêche pas d’y lire des papiers particulièrement excellents

    1. j’ai été sur ton site perseverence allez-y ça n’a aucune conséquence
      il fait juste recommander des morceaux par-ci par-là
      excusez-moi un rock critic comme c’est dit dans cette interview je pense que c’est plus une histoire d’écriture ?
      cela dit persé ils sont intéressants ces morceaux que tu postes mais excuse moi t’as pas pigé ce que c’est que d’écrire des story, des destinées des infos des histoires, tout ce qui est passionnant sur le rock ?
      n’importe qui peut poster ses goûts on s’en branle un peu ?
      bon ok j’aime bien tes goûts mais pas plus qu’à droite à gauche
      bisou !

      1. cher merci persé ,je ne révolutionne rien du tous avec mon modeste blog 100 pour cent faute d’ortographe ,mais j’ai le sentiment qu’il y a plus de pluralité et d’éclectisme et de diversité et de sincérité que chez la plupart des pigistes lambda de gonzai et consorts et je n’ai pas le monopole du bon gout et ce qui me débecte dans le petit milieu parisien de la musique ,c’est leur condescendance,le copinage ,le clientélisme ,leur snobisme , ils sont entre eux réseaux en vase clôt , leur pseudo bien bien-pensance et ultra conformiste.Pour moi le buzz et la hype etc c’est tous sauf une culture musicale pérenne.La musique pour moi c’est un sacerdoce ,j’ai tous sacrifié dans ma vie pour elle ,et je souhaite a ma bien modeste échelle rendre a la musique tous ce quelle m’a donné ,j’en peu plus de l’hyper narcissisisme de certain pigiste et boss de label etc ,pour moi seul la qualité de la musique compte ,j’essaye d’etre un passeur

  13. le truc funny, c’est que tu as ce sabatier qui dit qu’il bosse à marseille, qui nous gonfle avec tous les clubs rock marseillais, et… il se fait traiter de parisianiste. je sais pas, c’est déconcertant . plus l’invective est délirante, plus on se fait remarquer ? je suppose que ça fait partie de la post-vérité, de l’ère du clash ? Should I Go Or Should I Say (n’importe quoi) ?

  14. cher merci persé ,on ne peux reduire mon blog a des morceaux recommandé par si par la ,(tu fais sans doute reference a ma serie en cours (song of my live) qui ne représente que 397 « articles » sur un blog qui en comporte plus de 1800 depuis sa création en mai 2011 ,au risque de paraitre tres pretentieux en matiere de culture musicale je suis un killer je n’ai peur de personne et surtout pas des pigiste lambda a la petite semaine de gonzai et consort Mes maitres mots sont diversité pluralité et eclectisme

  15. Bonjour,
    Personnellement, je suis plutôt d’accord avec PERSEVERANCE.
    Benoit Sabatier est nostalgique du rock des années 70 et n’aime pas les directions que le rock à pris depuis les année 80, 90. Dans ce cas, il ne doit pas écrire de critiques sur des groupes récents.
    Je prend l’exemple où il critique assez négativement Lofofora en 1996 qui est à cette époque, l’équivalent français de Rage Against The Machine.
    https://fr.wikipedia.org/wiki/Lofofora#cite_note-26
    Benoit Sabatier justifie sa critique en comparant à NTM, Miosec et Trust. Ce qui n’a strictement rien à voir comme style musical et montre juste qu’il ne connait pas ce type de musque et que dans ce cas c’est une question de gout, mais pas de rock critic.
    Comment quelqu’un qui est resté sur le rock classique, qui s’est arrêté au début du punk rock, qui n’a pas suivi le hard rock, le métal et autres variantes, pourrai avoir un avis éclairé sur un groupe de fusion ?

  16. Oser dire après une carrière de 30 ans de journalisme que tu as jamais eu aucun problème déontologique, bah putain ! C’est pas très très lucide non ?

    Et puis bon, on retrouve le bon vieux biais bourgeois français anti-rap, anti-internet. Preuve que c’est là que ça se passe aujourd’hui. Pas dans les sempiternels revival rock naphtaliné pour vieux dandys à la retraite.

    1. Alors y en a qui en sont encore là ? En 2020 ? « Le rap c’est là où ça se passe c’est pas pour les bourges ». Y a que des bourges pour véhiculer ces clichés douteux.

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