Deux ans après sa diffusion, le documentaire de Benoît Garel « Reims 74, Rock goes to the cathedral » sort en dvd ce mois-ci. Cinquante-deux minutes pour comprendre la mise en place du concert de Tangerine Dream et Nico dans la cathédrale où la France sacrait nos rois. Cinq mille personnes furent au rendez-vous et auraient, selon le conseiller municipal de l’époque « transformé la cathédrale en fumerie asiatique ».

Dans reconstitution, il y a restitution… C’est la conclusion que j’ai tiré de mon visionnage laborieux du documentaire de Benoît Garel. L’idée était géniale. Produire un documentaire sur cette nuit d’anthologie, où le lieu de sacre des rois s’est mué en sacré bordel. C’est le genre d’histoire dont on raffole, qu’on est capables d’entendre ou de lire cinq cent fois, guettant la moindre variante…Le genre d’histoire qui me font regretter mon putain de jeune âge alors même qu’il avance déjà beaucoup trop. Enfin, ce genre de mythe là. C’est donc avec une excitation indomptable que j’insère le dvd dans mon ordinateur, pensant découvrir des séquences entières du concert, des images inédites, des récits fous et le chapitre sur le scandale de Reims, vu de l’intérieur. Erreur ! Révisez votre horizon d’attente tout de suite. Il s’agit d’un documentaire sur les coulisses de l’organisation de ce concert sans précédent. Le focus est mis sur la petite poignée de Rémois à l’initiative de l’événement. Entre deux entretiens, le réalisateur Benoît Garel distille des éléments de contexte historiques pour mieux comprendre le scandale provoqué par la manifestation, jugée profanatrice par la société conservatrice. Il met aussi en lumière la tension qui régnait au sein de la jeunesse : la guerre du Viêt-Nam n’était pas encore terminée, le débat sur l’avortement explosait, l’esprit de 68’ subsistait…

$_35Intéressant, mais quand on s’attend à voir la plus géniale des musiciennes sourdes (ou presque…) depuis Beethoven envoûter une foule de fidèles dans un haut lieu gothique, la déception est rude. Là, on rencontre l’actuel conseiller municipal de la ville de Reims, cheminot à l’époque du concert. Ce bon gars, dont les fringues et la gueule sont aussi sexys que le laisse présager sa fonction, revient souvent. Malgré son anti télégénie et son manque de naturel flagrant (voire gênant) face à la caméra, il nous amène voir ses anciens copains, ex membres de Musique Action Reims, une association qui organisait des concerts et passait des disques obscurs pour le grand public comme Gong ou Nico. L’ancien clavier de Gong, Tim Blake ou encore l’ancien directeur de l’Open Market, Marc Zermati, témoignent de cette période et délivrent des anecdotes précieuses. Bien que Benoît Garel ait réuni tous les grands acteurs qui contribuèrent à diffuser la musique underground et étrangère de l’époque, leurs tables rondes ressemblent à des réunions Tupperware de papys rockers. Un brin déprimant. Le film manque de rythme et puis, même une fois prévenu de son contenu, l’envie de voir des images du concert reste impérieuse. Quand vient enfin l’archive vidéo où l’on voit Nico chanter dans le Saint lieu, le réalisateur choisi de faire des gros plans sur les papys installés dans la cathédrale, qui regardent l’écran sur lequel apparaît Nico, comme une reconstitution foirée. Ça rend fou et donne envie de lui arracher la caméra, de lui expliquer que c’est Nico nous intéresse, pas les gars assis qui la matent. Mais encore une fois, tout dépend de ce qu’on attend du documentaire. Et pour ceux qui réclament davantage, il existe le disque réédité chez Cleopatra « Nico, Reims Cathedral December 13th,1974 ».

Benoît Garel // Reims 74, Rock goes to the cathedral // DVD Les Films du Tamarin

7 commentaires

  1. Avant Reims c »est à Troyes (aussi en Champagne) que Nico et Tangerine Dream jouent pour la premiere fois ensemble dans une église (St Rémi) pas de traces pas d’images, mais le souvenir d’etre seul dans la sacristie avec Nico à tester un spot violet,putain 40 ans!

    1. Je pense que c’était plutôt au Cirque (anciennement Théâtre de Champagne) de Troyes que Nico et Tangerine Dream sont passés… n’était-ce pas LA TAUPE, l’organisateur du concert?

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