Par ces temps où avoir un groupe de musique rentable est presque impossible et où tous les nouveaux petits poulains de majors se professionnalisent gentiment par soucis d’image et de statut, il est devenu rare de voir des têtes cramées troublionner la bite à l’air en annulant des dates à tours de bras. C'est le cas de ces Anglais qui assument forcément leur héritage de mauvais garçons (les Stones ne sont jamais loin) mais avec un je-m’en-foutisme réjouissant qui rappelle les premiers déboires des Horrors avant qu’ils ne se prennent d’un strabisme aiguë empâtés dans la fixette de leurs pompes.

Mâché moulu par le succès toxique de leur premier album « Champagne Holocaust » en 2013, goudronnés mais pas encore plumés, c’est avec « Songs for our Mothers » que Fat White Family revient gentiment. Malgré un titre bisounours qui rappelle la typo ringarde du « Brothers » des Black Keys et de leurs étrons pop à suivre, ces loustics se défendent d’un appel à la haine véritable en se justifiant dans leur communiqué : « Songs For Our Mothers is an invitation. It is an invitation, sent by misery, to dance to the beat of human hatred! ».

De quoi faire sourire, mais ce n’est pas tout, ils embrassent un nouveau look de mercenaires nazis (RIP Lemmy ?), la boule à Z dans un treillis, on les voit psalmodier leur Whitest Boy in the Beach dans les recoins sombres d’un bunker normand entourés de jarrets de porcs écartelés. Un changement de toxine au programme ?!

Programme alléchant en tout cas, les arrangements sonnent comme du Joy Division, les voix s’acoquinent dans la bave et l’éternité ; ces gars ont des têtes de tueurs. Les claviers rehaussent les ambiances de messe noire qu’ils savent si bien installer, une boîte à rythmes dans l’entrejambe et une basse qui ronfle, on se croirait presque chez les Australiens de Birthday Party ! Mais voilà, l’album ne tient pas le pari du premier sur la durée et s’enlise très vite dans de boueuses compositions de 6min (Duce) qui rappellent du mauvais Anton Newcombe… Des clins d’œil acoustique au Wild Horses des Rolling Stones, le panache en moins, versent dans la mélasse gluante. Rien à voir avec leurs anciens Touch the Leather.

Mais après tout, ce n’est peut-être pas le moment de spéculer sur la valeur d’un groupe qui ne retire encore qu’un peu de sa gloire battis uniquement sur ses excès. S’il y a bien une chose à faire, c’est aller vérifier cela en live sans gilets pare-balles.

Fat White Family // Songs for our Mothers // Without Consent (PIAS)
https://fatwhitefamily.bandcamp.com/

4 commentaires

  1. Un bunker normand pour le clip de Whitest Boy On The Beach ?
    Ils sont à un jet de pierre de Brighton, sur les falaises de Beachy Head (songez à la fin de Quadrophenia et surtout, à la pochette de 20 Jazz Funk Greats, de TG – d’ailleurs, la pochette du 45T est un énorme hommage).

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