Presque 40 ans avant la guerre d’indépendance que livre actuellement la Catalogne à Madrid pour se défaire des liens qui l’unissent à l’Etat, des anarchistes bricolaient dans leur coin une autre révolution où les armes étaient des boites à rythmes et des synthés punk. Le label Bongo Joe exhume aujourd’hui ce passé méconnu sur une compilation olé olé.

On connaît quoi de l’Espagne, musicalement ? Mecano, dans le pire des cas, ou tout un tas de groupes obscurs dont on oublie les noms quand vient le moment de faire le malin en soirée. Pourtant, et comme l’Italie inventant quasi le prog rock dégoulinant avec des groupes comme Goblin ou Le Orme, l’Espagne sut, comme on dit en marketing, transformer une menace en opportunité en faisant de la période post-franquiste (mort en 1975) une grosse fiesta de punk électronique tel que racontée, brillamment, dans la compilation « Contra Ola » réalisée par Loïc Diaz Ronda, un critique cinéphile à qui on dit aujourd’hui gracias.

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Deux ans après la mort de Franco donc, ou six ans après la naissance de Ricky Martin, l’Espagne se réveille simultanément avec la gueule de bois (fin d’une longue dictature) et une grosse gaule (fin d’une longue dictature). En 1977 sont organisées les premières élections démocratiques du pays au système monarchique qui voit débarquer le mouvement de la Movida, sorte de bande-son culturelle où groupes à la Chris & Cosey, excentricités à la Almodovar et tenues pas possibles se croisent, d’abord à Madrid, puis un peu partout ailleurs, jusqu’à ce que naisse l’expression « Nueva Ola », pour caractériser ce qui deviendra, en souterrain, la New Wave ibérique.

Logiquement moins froide que sa copine anglaise, cette nouvelle vague du sud de l’Europe, maintenant qu’on la découvre, fait un peu relativiser tout ce qu’on a toujours pensé de la musique espagnole. Des titres comme le Autogas du « technorchestre » de TodoTodo, pas très éloignés des meilleurs essais disco-library français, ou le Golpe de amistad de Diseño Corbusier, génial duo de Grenade réédité par les fous furieux de Dark Entries, viennent rappeler à quel point on était, à l’époque, loin du son des mariachis.

La corrida, ici, est électronique, punk, synthpop, décomplexée ; bref, c’est une auberge espagnole. Sur le pas de porte, les deux meilleurs titres sont à mettre au crédit d’El Aviador Dro, une bande de lycéens futuristes (!!!) qui en plus de pondre un tube absolu comme Gestalt se fringue en combi d’ouvrier ou d’astronaute, fonction des révolutions industrielles. Nuclear si, lui, mélange Kraftwerk, Devo et JP Decerf ; et c’est un hymne à la joie éphémère, le son de la libération d’un peuple qui, comme on s’en doute, n’entendra guère cette déflagration des sous-sols.

Quatre décennies plus tard, ce punk festif est en soi un livre d’histoires dont on retourne les pages avec grande modestie, ce lâcher de 18 vachettes fait plus que piquer, il déchire tous les préjugés. Au même moment, de l’autre côté des Pyrénées, quelques français nommés Deux, Pascal Comelade ou Jacno œuvraient eux aussi à dynamiter les frontières ; mais franchement, en écoutant « La Contra Ola », on se dit que leurs cousins ibériques étaient bien plus dangereux que l’ETA.

Compilation La Contra Ola (synth wave & post punk from Spain 1980-86) // Bongo Joe Records
http://lacontraola.com

13 commentaires

  1. BONGO JOE MEILLEUR LABEL FRANCOPHONE DU MOMENT , »On connaît quoi de l’Espagne, musicalement ? Mecano, dans le pire des cas, » bester tu etais ou dans les 90’s? grace basterra on a decouvert des tas de super groupe espagnol ,migalla,sr chinaro et consorts ,les labels elephant et acuela entre autre,je me souviens aussi de el ultime della fila,la frontera

  2. je souviens aussi de ducan dhu et de leur tube En Algún Lugar sur l’album El Grito Del Tiempo en 1984 et reedité en 1989 par Les Disques Du Crépuscule,bref je connais au moins une dizaine de bon groupe espagnol ,»On connaît quoi de l’Espagne, musicalement ? Mecano, dans le pire des cas, » dixit bester, putain bester tu est un sacré baltringue

    1. nesta tu nous fout les glandes, on te lit, mais pas +, on n’aimerait pas rentrer dans ton ‘shop’, que de fiel,,,, tu reste clouer au computer, tu download t vinyls, & tu chiale, y ‘a plein de mecs comme toi, qui ont une culture (GENERALE) et ils le valent bien , ravale ton fiel.

  3. alexandre perseverance c’est en chiffre plus dix milles video ou lien musicaux sur twitter depuis 2012 ,et c’est plus de vingt mille lien you tube et musicaux sur facebook depuis 2009 et c’est 1215 « articles musicaux « sur mon blog depuis 2011.c’et aussi quelque disque avec mon label et quelque concerts organisé ,au final je vous l’accorde c’est des broutilles et sa compte que pour du beurre et On pourrais dire c’est que des chiffres et donc que du vent et il est aisé et facile de me classé dans la case troll et haters 2.0 etc .,.mais cependant .a ma bien modeste échelle j’ ai essayé de transmettre mon amour de la musique avec éclectisme,diversité et pluralité j’ai essayé d’être un passeur.Bien sur le flux des réseaux sociaux fonce à la vitesse lumière et je ne suis qu’une poussière d’étoile dans la constellation labyrinthique d’internet.Mais je crois que j’ai malgres tous j’ai fais le job. et franchement je m’en fiche de votre mépris et de votre indifférence et de vos sarcasme et de votre bien pensance ultra conformiste en réseaux ultra fermé entre consanguin ce que j’appellerai la fameuse pseudo intelligentsia bobo hipster blanc parisienne coincé du cul des gonzai ,the drone,les inrocks magic ,born bad et toute la clique et la souterraine et consort

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