À défaut d'être hallucinante, exceptionnelle et révolutionnaire, la sortie du dernier album de Jack White est assez révélatrice de l'époque actuelle : mes amis, l'heure est grave. Les années 2000 que nous pensions obscures et révolues, presque lointaines tant nous souhaitions les quitter, semblent de retour.

Concernant l’objet, Jack White nous sert un disque audible, ce qui est une bonne chose. Disons que « Blunderbuss » est audible par rapport aux Dead Weather, ce qui est déjà pas mal.
Mais plus sérieusement maintenant, quel est l’intérêt de cet album ? Pourquoi irions-nous l’acheter ? Excellente question à laquelle pourtant je ne trouve aucune réponse. Ce disque n’apporte absolument rien : il est audible, certes, mais plein des sonorités typiques de White. C’est objectivement le même son, les mêmes phrasés vaguement jazzy-bluesy-électrifiés qui à l’époque étaient chouettes, annonçaient un retour du garage, mais qui aujourd’hui sentent avant tout le réchauffé.

Question ouverte, à laquelle vous aurez le droit de répondre : qui écoute encore, en 2012 et sans ironie, les White Stripes ?

Je dirais « personne », mais je peux effectivement me tromper. Je ne dis pas que c’était mauvais, bien au contraire, ce serait de la mauvaise foi vraiment déplacée. On a tous écouté les Stripes, on les a tous aimé, on s’est même tous rendu compte que Meg White était juste là pour remplacer la boîte à rythme : rien de plus, rien de moins. Et que du coup, Jack White était objectivement cool. Mais aujourd’hui, sans affirmer haut et fort que l’on a évolué ou qu’il s’agit d’un passé bel et bien enterré, on est en droit de se demander pourquoi ressortir ces teintes musicales. Sans doute s’est-il rendu compte que c’est dans le vieux pot que l’on fait la meilleure soupe, ou bien que sa carrière solo ne serait pas bien différente de celle achevée en 2007 sur « Icky Thump ». À moins qu’il n’ait juste eu envie de capitaliser sur son nom.

Je le dis et le répète, ce n’est pas mauvais. C’est agréable à écouter, et c’est la seule raison valable de le faire. Ça a aussi tendance à ressembler à un piège pour fans. Ou un truc pour les gens dont le calendrier s’est stoppé en 2009 : vous savez, ces mecs qui continuent à écouter les Libertines, le premier Justice, et qui iront voir les concerts des Hives cet été.

Si vous ne vous reconnaissez ni dans l’une, ni dans l’autre catégorie, c’est que l’idée même de lire ce papier n’aurait pas dû vous traverser l’esprit. Dans ce cas, retournez au boulot, fainéants, ou écoutez de vrais disques.

Jack White // Blunderbuss // Third Man Records (XL)

10 commentaires

  1. Voilà une bien belle critique. Cependant, penser qu’on détient le monopole du bon goût et parler de « vrais disques » ce ne serait pas un peu prétentieux et petit bourgeois ?

  2. Le disque n’est certes pas extraordinaire (forcément pas au niveau des premiers White Stripes, parce que évidemment, c’était mieux avant), mais cette chronique est une bouse de première qualité.

    La phrase « qui écoute encore ça ? Personne », c’est mignon pour troller les internets quand on a 12 ans, après c’est juste le signal d’alarme qui indique qu’il faut envisager la reconversion encore plus vite que Jack.

    Sur le sujet, je préfère nettement ce compte-rendu : http://gonzai.com/jack-white-jai-teste-pour-vous-la-seance-decoute/

    PS : je n’écoute ni les Libertines ni Justice mais j’admets volontiers mon faible pour les Hives, ça m’empêche pas d’écouter de « vrais disques », enfin je crois.

  3. Je suis de près les chroniques de Mr de Lille, et je dois dire, non sans peine, que celles-ci vont de mal en pis.
    En effet, je trouve l’argumentation pour descendre cet album très moyenne, on le sait, Jack White a un style qui lui colle à la peau et qui restera, selon moi, inchangé. Opinion qui, je suppose est partagée par le haineux des années 2000.
    Alors pourquoi s’obstiner à chroniquer ce genre d’album? Faire l’éloge d’un disque en 2012 serait-il devenu un acte trop mainstream? A moins qu’écouter un disque attentivement ne soit trop fatiguant.

  4. Au contraire de mes deux prédécesseurs je trouve cette critique totalement fondée. Dire que cette chronique descend l’album, déjà, c’est ne pas la comprendre, puisque même en étant critique l’auteur dans sa personnalité arrive à rester reconnaissant du travail de l’artiste.

    Au départ, on peut mal interpréter le passage ou il parle de « vrais disques ». Mais enfet, quand on poursuit par intérêt avec la lecture des commentaires, on se dit que c’est pas plus mal de parler de « vrais disques » que de dévoiler en public (et sur Gonzai) qu’on a un faible pour The Hives (*rires*).

  5. Par contre, du coté de VortexAndrogyne, il est vrai que l’on aimerait voir paraître plus de chroniques destinées à faire découvrir et apprécier des disques (même si ceux que l’on arrive à réellement apprécier se font de plus en plus rares…oui car pour faire apprécier quelque chose au lecteur, il faut d’abord l’apprécier soi-même.).

  6. Si j’étais un fan de Mötley Crüe faisant le salut cornu au Zénith je n’aurais pas peur de l’avouer alors autant te dire que le tribunal du bon goût je me torche avec (et Gonzaï est souvent assez intelligent pour défendre le mauvais).

  7. Titi, je te cite : « Mais enfet, quand on poursuit par intérêt avec la lecture des commentaires (…) »
    Oh, j’aime ton « enfet ». Je l’aime d’amour. Voilà, je tenais à te le dire.

  8. Desobligeant.. Le type de papelar pseudo blog rock qui peut faire l’éloge de groupe comme les ‘foals’ ou user de branlette intelectuelle sur tiens pour cette année il a utilisé la tête orange édition limitée pour sa tournée!
    A vomir..
    Le tout est d’être underground ou dans le moov, alors on s’achète un tourne disque deux trois vinyle, on écoute 35234234 groupes dont on connait les noms et sur lesquels on sait 2 3 trucs pour faire bien pour les copains.. Par contre le contenu on s’en fiche au final, on écoute une deux fois l’album entier, on a deux trois morceaux qu’on écoute souvent et le reste fou le camp..

    Voilà, il y a deux catégories de personnes aimant ce style de musique, ceux qui aime l’environnement et ceux qui aime l’art.. et ceux qui préfèrent l’environnement pour faire ‘bien’ valent à peine mieux qu’un fan de guetta (car lui il a accès à un énorme contenu dont il ne connait rien).

    Mon argumentaire en connivence avec cet article:
    1. je vais descendre jack white
    2. je vais dire que c’est du réchauffer.
    3. je vais tapper sur dead weather (j’suis sur que le mec kiff les kills, ce serait la double peine..)
    4. j’vais sortir deux trois trucs bien bidons du style ‘mais qui écoute encore les white stripes aujourd’hui » on dirait presque du manoeuvre sans dec d’ailleurs j’ai presque envie de le dire en imitant sa voie ! Et tu m’as couché sur les hives.. bien sur que c’est un truc qui à marché et qui s’estompe, ça fait bouger, ça fait du bien mais c’est pas de la création ultime tout le monde le sait, et quand ça repasse tout le monde est content.

    Un article qui aurait parlé plutôt d’une influence bien moins bluesy et plus folk, tranquille voir mélodieux, chose qui pourrait déstabiliser justement les fans des white stripes (et pas stripes).. Ou encore parler de sixteen saltine qui à mon gout et une caricature du jack white d’il y a 5 ans et qui est en marge de l’album, j’ai trouvé étonnant mais je ne dis pas que ce soit une mauvaise chanson.

    Bref Roger de Lille je n’ai surement pas autant d’heures de musique que toi dans mon itunes mais j’aime ce que j’écoute et les white stripes en font partis ainsi que blunderbuss et même en 2012. Je ne suis pas un ‘fan’, Je pense et c’est peut être arrogant que je ne me trompe pas sur l’influence que peut avoir jack white sur la ‘bonne musique’ qu’il nous reste et que nous aurons dans le futur. ciao

  9. Bonsoir mes agneaux,

    Je ne m’attendais absolument pas à emporter les foules à la manière du grand Charles de Gaulle, mais il faut croire que vous avez effectivement lu ce papier. Je suis donc fier de vous.
    Quelques points cependant: j’ai pas détesté au point auquel vous semblez imaginer les années 2000, mais j’assume entièrement mon opinion comme quoi le vieux White s’est perdu en lui-même. Je n’envisage aucune reconversion, même si vous semblez le vouloir très fort et manque de bol pour moi mon cher bofbof, ce n’est pas avec mes 662 titres sur mon iTunes que je pourrai rivaliser avec toi. Par contre j’aime m’acheter des disques. Je me suis pris la semaine dernière un chouette pressage français du 8eme album du Quicksilver Messenger Service. Envoie moi un mail si tu veux, je serai ravi de l’écouter avec toi.
    Je pense avoir suffisamment de bon goût pour éviter d’encenser les Foals, et je n’ai absolument pas le souvenir d’avoir une seule fois parlé « matériel de musique » dans ces colonnes. Je laisse ça à des journaux comme Guitar Part dont c’est le boulot.

    Revenons au sujet principal. J’ai pas grand chose à dire de plus dessus vu que je me suis exprimé à ce sujet au dessus de cette belle section de commentaires. Vous pouvez écouter Sardou, Television ou des petits chats qui ronronnent, ça m’est complètement égal, je ne vous respecterai ni plus ni moins. J’essaie pas de détruire la vie probable dans mes couilles pour avoir à devenir votre père à tous. Allez à l’Église ou dans n’importe quelle secte si vous avez besoin de maîtres à penser.

    En un mot comme en cent, vous êtes vraiment tout mimis, je ne changerai pas une seule virgule à ce papier et je vous fais de gros bisous

  10. Qui? Moi. Toujours pas assimilé un album comme « Get Behind Me Satan », je dois louper des trucs supers ces temps-ci mais j’ai pas le temps, j’ai trop de trucs mieux à écouter.

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