Le diable est dans la machine. C’est certainement la chose à laquelle on a le plus pensé en écoutant Goblin. Que ce soit en écoutant les terrifi

Le diable est dans la machine. C’est certainement la chose à laquelle on a le plus pensé en écoutant Goblin. Que ce soit en écoutant les terrifiants thèmes synthétiques de Profondo Rosso ou les affreuses sonorités néo-heavy-numériques sur la scène de la Villette Sonique 2009.

Il y a deux choses de mauvais goût à ne jamais faire dans la vie : voir le Pink Floyd de 87 (Learning To Fly, cela vous dit quelque chose?) et Goblin en 2009. Pourtant, en ce vendredi soir estival, je n’avais jamais vu autant de gens heureux d’assister à un concert de métal. Le tout paris est là à se frictionner les épaules en se félicitant que ce soit des français qui déterrent ce vieux groupe expérimental italien. L’histoire Justice ne nous intéresse que très peu ici, le culte voué à Goblin est surtout passionnant pour sa pierre tombale discographique : près de dix B.O de films dont la plupart pour Dario Argento. Au coté de Vangelis ou d’Ennio Morricone, Goblin est un groupe dont l’univers musical est assez puissant pour se confronter à des réalisateurs aussi imposants qu’Argento. Une raison suffisante pour que leur tournée 2009 soit une véritable curiosité.

Pourtant, il y a l’épineuse question du dernier album. Les nouvelles chansons de Goblin restent tout de même une immersion dans le métal made in italy: symphonie + guitare électrique. Dés l’ouverture de leurs concert, Magic Thriller (morceau de fermeture du Back to the Goblin, 2005) vient d’entrée briser les burnes comme le ferait un casse-noisette sonique. C’est ce que l’on pourrait appeler un avertissement : les enfants, c’est pas la fête ce soir, we’re back in town. Ca, personne ne semble l’avoir pigé, cela n’effleure l’esprit de personne. Toute l’équipe TigerSushi, les organisateurs Bam Bam Jam, les journalistes de Tracks et Technikart… bref ; tout ce que l’on peut compter de gens soucieux de la musique synthétique tombe les deux pieds dedans. Goblin flirte avec Rhapsody ; groupe de Heavy Metal passant dans tout les Games Workshop du monde aux cotés de la B.O du Seigneur des Anneaux.

Une personne de leur âge (canonique, donc) danse à coté de moi, s’étendant à la verticale, comme cela devait se faire au concert de Gong. Goblin me rappelle ce moment où le progressif commence à lorgner vers les arrangements religieux, écoutant Saint Preux et lui donnant cet air de requiem potache éternel. Voilà ce a quoi ressemble Goblin aujourd’hui.

Le concert se découpe donc comme cela : Profondo Rosso en ouverture/cloture et le tryptique génial Suspiria, Zombie, Tenebrae. L’interprétation des vieux morceaux fut simplement magistrale. Suspiria file la chair de poule, Zombie donne envie de devenir le sniper de Washington… quand à Tenebrae… la claque. Oui, voir Fabio Pignatelli jouer cette ligne de basse avec ses seuls doigts pout tout effet funky…. Rien ne laisser présager d’une telle dose de jouissance. Pour le reste, il ne nous restait plus que nos yeux pour divaguer. Divaguer sur leurs airs de vieux gentisl, décidément étonner de donner leur premier concert parisien à près de 60 ans. Paradoxe, il y a un jeune sur scène : Aidan Zammit. Au vu de son attitude, on aurait pu attendre (espérer?) qu’il était le responsable de toutes cette supercherie gothique à clochettes. Après tout, il reste le seul habillé en prince des ténèbres, deux Yamaha fraîchement sortis de l’usine sous les doigts, veste en sac poubelle et Gemini Cricket malin sur l’épaule. Au final, Goblin a sa place dans un festival au coté de Mötorhead et Typo O Negative. Le public de métaleux, lui, peut apprécier toutes les nuances de la musique Goblinienne : les breaks heavy, les passages lyriques et le son seventies des vieilles compositions.

Conférence de presse à trois:

Goblin, après tout, n’est pas le plus dégueulasse des groupes. Nous partons à leur rencontre le lendemain.  La possibilité de capter un groupe culte nous enchante ici chez Gonzaï, comme des requins le long des cotes, l’idée est trop tentante. Et c’est donc parti pour UN samedi matin, tôt… trop tôt apparemment pour l’attaché de presse de Villette Sonique. Ce dernier n’est peut être pas matinal, il n’a peut être pas pris son café, ll est peut-être simplement dépassé. Il reproche l’égo, a peut être la gueule de bois, parle comme ç un chien au réalisateur armé d’une tronçonneuse… Pourtant il est le dernier arrivé sur le lieu du crime, bien après les musiciens italiens si contents de profiter d’une bière sous le soleil écrasant de Paris. Seuls trois médias français se sont déplacé pour rencontrer le groupe : Clark, Mad Movies et Gonzaï.

Qu’est ce que Goblin aujourd’hui? Rien de moins (ou de plus) que quatre vieux italiens n’arrêtant pas de jacasser entre eux (en italien pour ne pas nous faciliter la tâche) et un jeune qui reste pourtant le seul chauve de la bande. On le comprendra tout de suite, Goblin a tout du groupe underground culte sur le retour. Ils ne comprennent pas vraiment ce qui leur arrive. Juste contents d’être là, même pas vraiment conscients qu’ils ne sont plus exactement ce pourquoi on les aime tant. Il suffit d’une vanne d’Agostino (dont le T-Shirt affiche en gros sa place dans le groupe : DRUMS) sur le film Non ho sonno pour que toute la dialectique s’installe : comment vivre 40 ans de carrière et maintenir toujours la barre au même niveau? Agostino botte en touche, parle des chefs d’oeuvre, ceux d’avant, éludent les fours actuels d’Argento.. Tout comme je pense que l’on ne peut être l’homme que d’une époque, Goblin compare les artistes à des Donuts : dans l’artiste il y a toujours un trou (sic).

Dario Argento justement. Si les membres de Goblin semble avoir de l’admiration pour certains de ses films, ils parlent de l’homme comme d’un fantôme : Il ne donne pas de direction, quelques mots tout au plus, bredouille un semblant de confiance au groupe et s’efface. Suspiria par exemple, est composé plus d’un an avant que le groupe ait vu la moindre image du film, un scénario entre les mains pour seule indication. À la vue de l’adéquation parfaite entre l’image et la musique, on ne peut qu’imaginer la qualité d’écriture de ce fameux script.

N’empêche, Goblin est un groupe qui veux comprendre; inquiet de savoir comment nous avons trouvé le concert de la veille, quelle est la place du Jazz en France, quand Argento a ici rencontré un succès… Un groupe qui veut comprendre pourquoi il est ici aujourd’hui. Peut être espère-t-il qu’ils ne sont pas ici que pour une vague histoire de Justice réhabilitée. Le journaliste de Clark a l’air bien intéressé par l’affaire, donc oui, « il y a bien eu un contrat entre les deux maisons de disque et oui ils ont écouté le morceau ». Goblin a l’air de s’en foutre un peu.

Et lorsqu’on leur demande leur avis sur ces deux petits branleurs devenus superstars avec le talent des autres, c’est le journaliste de Mad Movies qui répond à leur place : « qu’importe, pusqu’ils ont été superstars à la sortie de Profondo Rosso? » Peut on croire un fan ? Une chose est pourtant sure, ils ont au moins révolutionné la B.O.F.

Contrairement aux américains, Goblin a inventé la les films de chansons. Tout comme Le Lauréat reste le premier film incluant une chanson pop dans sa B.O, Profondo Rosso reste traversé de chansons et thèmes offrant une dimension supérieure à l’image.

Des émotions non dites flottent au dessus de l’action, leur musique reste si visuelle qu’elle n’en finit jamais de se retrouver sur les bancs de montage. Roller a été utilisé par Argento pour un film de Vampire dont Pignatelli « ne peux se souvenir du nom », les morceaux de Back To The Goblin se retrouvent dans un court métrage français d’horreur et ainsi va la vie. Souffrent-ils d’être considérés comme un groupe de B.O ? Certainement pas, c’est même leur principal fait d’arme. Mieux encore, Goblin reste extrêmement concerné par la production cinématographique, demande des nouvelles du festival de Cannes, avoue adorer Emmanuelle Béart et place L’exorciste dans ses B.O préférées. Carpenter l’a dit lui-même ; en composant la thème de Halloween, c’est à Goblin qu’il pensait.

Au sortir de l’interview, Goblin reste fidèle à l’image: Enfants des 70′, obsédés par Pastorius, laissant se dérouler d’immenses bandes dans leur studio pour enregistrer Profondo Rosso (eh oui, le thème du morceau est une loop). L’expérimentation est indissociable de cette époque, Goblin est un monstre composite où chaque musicien amène son bagage et ses influences. Trop doués pour être mainstream, trop forts pour être prophète en son pays, Goblin est comme on l’avait imaginé : Vieux et immortels, tellement naïfs qu’ils continuent d’ignorer leur talent.

www.myspace.com/backtothegoblin

Réalisation video: Julien Perrin

Photos: Vladimir Besson

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