Le temps dira si Flavien Berger est le meilleur de sa génération. Personnellement, j’ai brûlé mes pincettes depuis longtemps : ce garçon compte. Beaucoup. Laissant passer l’emballement médiatique qui a suivi la sortie de « Contre-temps », son second album, j’ai tenté un zoom arrière, histoire d’avoir la big picture. Elle est remplie de cœurs qui battent. Très fort.

Être fan complique tout. Dire que Flavien Berger réalise le parfait équilibre entre musique de son temps et chanson française suffit-il ? Pour faire du prosélytisme auprès des néophytes, c’est un bon début ; c’est après que je m’emballe. Plus les mots se pressent, plus ils refusent de venir. Commencer par rembobiner [bruit de bandes] ne devrait pas lui déplaire.

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Au commencement, il y a Priscilla. C’est elle qui me pousse à écouter ce garçon dont je ne connais pas encore le visage rond sous cheveux longs et moustache fine. Je ne sais plus si elle m’envoie le clip ou juste le morceau, mais c’est Léviathan. Je suis d’abord réfractaire, allez savoir pourquoi. Les mails promo et les factures qui s’empilent, la scolarité des enfants et la recherche du prochain frisson à guitare laissent peu de place. Confessons ici un passé métal, puis grunge, puis fusion, puis indé, avec dEUS en héros éternels. dEUS, Léviathan et musique du diable : en tapant ces mots, continuer de croire au hasard ressemble à un sacerdoce. Je prends quand même les paris. Bref.

Léviathan, donc. Je devrais tout détester : les nappes de synthé, le beat électro qui monte et qui descend, comme dans les clubs que je n’ai (presque) jamais fréquentés et par-dessus tout, des textes, en français. Jusque-là, j’ai mis à la corbeille toutes les tentatives de chanson électro que j’ai pu entendre ; il faut choisir son camp, la langue de Molière ne sied pas plus aux boîtes à rythmes qu’au rock’n’roll. Fatal error.

Love, etc.

N’ayons pas peur des mots : je suis subjugué. Presque quatre ans plus tard, je ne change pas une virgule. Et les frissons qui s’emparent de Priscilla et moi, lors de son concert à la Condition publique, à Roubaix, dans une salle bondée de sourires ravis, sont exactement les mêmes, je le sais. « Après les concerts, ce sont souvent des couples qui viennent m’acheter des vinyles. » Tu m’étonnes. Sur son Bandcamp, une internaute a écrit, à propos de « Contre-temps » : « Il est de bon ton de faire l’amour sur cet album, beaucoup. »

Ce garçon déclenche des réactions que ses confrères actuels paieraient chers pour obtenir : du LOVE. Ce soir de novembre, nous sommes 1 200. Grand Blanc et Agar Agar sont aussi à l’affiche. Je prends les paris que plus de la moitié de la salle est venue l’écouter et le voir défendre son second album sorti fin septembre. Quatre jours plus tard, c’est l’Olympia, complet depuis deux mois. Plus un ticket à vendre non plus pour les dates bruxelloises et bordelaises. Il reviendra à l’Olympia en mars.

Peu après le début du concert, la jeune fille à côté de Priscilla lâche un « il est chou ! » désarmant de sincérité. C’est vrai qu’il est chou. Dans la salle, les garçons sont aussi charmés que les filles. Tout le monde n’a pas la trentaine, comme lui, mais tout le monde danse. Il se passe quelque chose.

Une heure avant le concert, je suis pourtant inquiet. Comment Flavien Berger, dont j’ai tout écouté depuis sa découverte, peut-il être aussi bon sur scène que sur disque en étant seul avec ses machines ? Être déçu n’est pas une option. Sois bon, Flavien ! Une heure plus tard, nous sommes nombreux à sourire. Et lui ? « J’ai halluciné du retour du public ! J’ai pris une grosse claque de retours positifs. J’ai vu plein de regards… Plein d’amour. » Après le show, passant dans le public, ils sont plusieurs à lui avoir dit « Flavien ! On t’aime ! » Clairement, l’attente grandit. « Je joue enfin dans des salles qui viennent me voir. Les gens me disent “Ah ! Ça fait longtemps qu’on t’attendait !” » Personnellement, ça faisait donc plus de trois ans.

Un chanteur de salle de bains qui escaladerait les octaves.

Si Flavien Berger n’est pas mon premier héros, mon rapport à sa musique est inédit. Vu comment il a bousculé mes oreilles et tout le reste, je ne compte pas en rencontres à intervalles réguliers au gré des sorties. Son Soundcloud n’a plus jamais bougé de mes favoris.

Le temps passé avec « Mars balnéaire », « Contrebande-le disque de Noël » et « Léviathan » ne se mesure pas en morceau 1, morceau 2, morceau… Je ne compte plus les papiers que j’ai écrits en l’écoutant. J’ai levé les bras dans l’open space plus d’une fois, sans en avoir rien à foutre de passer pour une andouille, trop emporté pour résister. De la chanson française de début de (XXIe)siècle. Des soulèvements drôles et doux, du rockab’ electro (La Fête noire), des mots trop naïfs pour être malhonnêtes, des surprises qu’on n’attendait plus, du clubbing et des mélodies, du beat de teufeur et des refrains bluette  à chialer – « le soleil, dans la maison, c’est joli, après la pluie » ; se faire à nouveau ouvrir le cœur. Au couteau à beurre.

Seul face à 1 200 personnes

Début du concert. L’heure de vérité. Peu de téléphones en l’air. Et pour filmer quoi ? Un type coincé entre son clavier, ses machines et son micro. Moins spectaculaire, c’est difficile. Plus intense, va falloir se lever tôt. Tout de suite, la foule prend. Il ne joue pas vite, mais les gens se dandinent. Il chante en anglais, puis en en italien – Arco Iris, composée avec Étienne Jaumet –, puis, enfin, en français. Cette voix ! Cette grosse paire de couilles, surtout, d’affronter 1200 personnes tout seul ; un chanteur de salle de bains qui escaladerait les octaves. « Le chant, c’est un peu nouveau. Je me suis longtemps… Pas caché, mais j’étais dans ma bulle. » Il y a du changement. En décidant de faire un album pop, il a mis sa voix au diapason. « Je prends beaucoup de plaisir à interpréter. Autant qu’en faisant l’homme-machine. »

Plaisir partagé, vraiment. Si on m’avait dit un jour qu’un type avec son tee-shirt rentré dans son jean me refilerait les mêmes frissons que Radiohead au théâtre antique de Vaison-la-Romaine avec trois bouts de jacks, un synthé et un micro, j’aurais ri bruyamment, avant de finir mon trois feuilles.

Et l’album pop, au fait ? « Ça n’était pas pour pouvoir passer à la radio, mais plus pour voir ce que je pouvais faire avec ce format, comment faire ma sauce avec ce truc religieux qu’est la pop. » Vous faites ce que vous voulez, mais la meilleure façon de se faire une idée est d’écouter Pamplemousse. Le reste suivra.

En rembobinant une énième fois, je me rends compte que je n’ai vu que des concerts formidables dans cette salle. C’est ici que mes oreilles ont été coupées en quatre par La Colonie de vacances et ont chopé une dépression grâce à Godspeed You! Black Emperor. C’est le lieu pour tenter ma chance. Décrocher une interview au débotté. Ça commence plutôt bien, les organisateurs et la manageuse sont OK. Pas lui, trop fatigué. Il s’excuse dans un sourire et une poignée de main. Rendez-vous est pris au téléphone le lendemain.

J’ai mis un point d’honneur à ne surtout pas préparer l’interview en lisant celles qu’il a déjà données. Juste moi et Flavien. À l’heure dite, pas de nouvelles. Le temps passe. Au ralenti. Puis la manageuse me fait savoir qu’il attend mon appel. Une, deux, trois tentatives. Il ne répond pas. Je réécoute Léviathan en attendant. Ma cuisine est une nouvelle fois plongée dans les abysses. Je commence à écrire mon papier. Le téléphone sonne. C’est Flavien Berger. Une voix souriante au bout du fil : « Salut ! Désolé pour le contre-temps. »

Flavien Berger // Contre-temps // Pan European Recording

15 commentaires

  1. Flavien Berger le pseudo artiste le plus surestimé de sa génération , c’est de la soupe BOLINO , c’est lisse insipide , c’est de la musique 3.0 des années 2010 : en clair c’est 80 pour cent de copinage et de marketing pour 20 pour cent de musique.Je comprends vraiment pas le buzz autour de mec en plastique ,c’est un mickey

    1. Pourquoi tu déverses un jugement avec un ton hautain ?
      Flavien Berger propose une musique très originale pour notre époque et je suis persuadé que tu n’as pas même fait l’effort d’écouter avec une once d’envie de ne pas juger.
      Mais bon les mecs sans goûts comme toi c’est pathétique, kiffe bien la gerbe musicale que tu écoutes.

      Excellente journée ou soirée.
      Le kiki

  2. en 1ere parie des tindersticks gallon D, & Dom a. C A SS é Par magic rpm devant le stand NON officiel des vinyls de this way up ………………….

  3. Comprend pas cet engouement pour F. Berger.
    Il n’y a qu »a voir ses live sur Youtube….
    Une musique qui ne décollera pas votre papier-peint et idéale pour les cocktails.
    Elle ne dérangera pas vos conversations , et ne remettra pas en question les gouts musicaux que vous avez patiemment cultivait, parce que ce n’est pas la mission de la musique domestique .
    Je me demande d’ailleurs si F Berger n’est pas payer pour contribuer à la paix des ménages et aux soirée knakies réussies.
    La musique de F Berger est là pour pacifier, elle rassure et avec cette petite touche electro qui comme les grains de chocolat dans la mousse réveille vos papilles endormies…
    Bref la transe gélatineuse de ce monsieur me donne envie de passer du Death Grips dans les haut parleurs d’une maison de retraite.

  4. Pourquoi tu déverses un jugement avec un ton hautain ?
    Flavien Berger propose une musique très originale pour notre époque et je suis persuadé que tu n’as pas même fait l’effort d’écouter avec une once d’envie de ne pas juger.
    Mais bon les mecs sans goûts comme toi c’est triste à en mourir.

    Excellente journée ou soirée.

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