Maître du disco, vétéran des nuits qui finissent dans un sale état à l’aube, Cerrone revient pour Gonzaï sur un demi-siècle de succès (on va lui parler de Supernature aux JO, non?) et de péripéties en tous genres. Rencontre avec un artiste pour qui le succès ne serait qu’une danse comme les autres.

Le problème quand on rencontre Marc Cerrone, c’est qu’on dispose de peu de temps pour lui parler. Trop peu en tout cas pour disserter sur les 1000 vies de cet homme pourtant bien ancré dans le présent.
Cet interview s’est déroulée dans son studio, entre deux séances. « Right time, Right place ». Cerrone ? C’est pas le gars dont la musique est passée à la fin de la cérémonie d’ouverture des JO, avec les lasers ? Si, si. Mais c’est d’abord un mec né en 52 à Vitry pour qui tout avait plutôt mal commencé : des parents qui se séparent à 6 ans, un séjour dans un orphelinat plus dur que Manuel Ferrara un soir de disette. Puis il découvre la batterie, qui le sauvera. Il monte quelques années plus tard un groupe avec Marcel Dadi. Se lance dans des études de haute coiffure. Adore la soul. Rencontre Gilbert Trigano, le patron du Club Med. Lui propose au culot de mettre de la musique dans ces endroits qui manquent encore un peu de vie. A 17 ans, le voilà en charge de l’animation d’un Club Med en pleine émergence. Puis il crée Kongas, un groupe signé par Eddie Barclay. Tient 3 ans et se lance dans l’aventure du magasin de disques suite à une désillusion. Le reste ? Un hit mondial – Love in C Minor, les débuts du disco et surtout le début d’une histoire fantastique.

A 72 balais, Cerrone est plus actif que jamais. Pas le temps d’en parler ici, mais écoutez son album DNA, sorti en 2020. Vous serez surpris. Des anecdotes sur lui, on pourrait vous en trouver des centaines : achat de château classé qui tourne vinaigre suite à des travaux foirés, réception par la Poste de poils pubiens d’une fan enthousiaste, Studio 54 avec Warhol, Grace Jones, passage au Château d’Hérouville, clip signé par les Monty Python, oubli, résurrection.. le patron du disco a tout vécu ou presque. Ceux qui en doutent jetteront un œil attentif sur ses mémoires (Paradise, aux éditions E/P/A) sorties en 2007. Rencontre avec une pile électrique qui ne rate jamais une opportunité de se recharger.

Cerrone - Wikipedia

Paré pour l’interview ?

Cerrone : Paré.

On a un peu de retard sur l’horaire prévu.

Cerrone : Aux USA, c’est pas possible, ça. Ils sont très ponctuels dans le business. Tout est hyper bien organisé. Mais à Paris, ça va mieux aujourd’hui. En télé, il m’est arrivé d’attendre énormément. Un jour, je viens à 13h, comme demandé. Là on me dit « Répétition à 16h ». A 15h 30,  « On va avoir un peu de retard ». Là, tu prends deux heures supplémentaires dans la vue. Insupportable.

Votre crédo existentiel, c’est le fameux « Right time, right place » qui est d’ailleurs tatoué sur votre bras. 

Cerrone : « Right time, right place », ça vient avant tout de mon éducation. Je suis fils d’émigré italien très moral. Il fallait tout faire pour être à la hauteur, pour être « sur le quai de la gare ». La vie fait des cadeaux, elle est pleine d’opportunité, mais tout le monde ne sait pas les saisir. Cette maxime, je l’applique. Je l’ai transmise à mes enfants, et on est tous un peu comme ça aujourd’hui, dans la famille. Le quai de la gare, il faut y être en permanence. Parce que personne ne va vous téléphoner pour vous dire que le train arrive tel jour à telle heure.

« Pas le temps. J’ai besoin que ça avance. C’est pour ça que je m’organise. C’est pour ça que j’ai toujours eu en France ou aux Etats-Unis un studio et un ingénieur à demeure » 

Pourtant, quand on regarde votre vie en détail, on a l’impression que tout n’était pas gagné d’avance : divorce de vos parents quand vous avez 6 ans, placement pendant deux années dans une institution religieuse ultra-rigoureuse, escroquerie quelques années plus tard quand vous commencez à faire de la musique avec votre groupe Kongas, refus de toutes les majors de vous signer quand vous voulez vous lancer en solo,…

Cerrone : Vous, vous avez lu mon bouquin, non ? 

Oui, j’ai lu votre autobiographie.

Cerrone : Depuis la sortie de ce livre en 2007, il s’est passé tellement de choses. Ce « Right time, Right place », c’est presque un mantra. A chaque fois que j’ai eu des problèmes dans ma vie, je l’ai appliqué. Quand on analyse un peu sa vie, qu’on prend un peu de hauteur, on se rend compte que c’est pas que des mots. On s’aperçoit souvent d’ailleurs qu’on avait pas grand-chose à faire là. « Pourquoi je suis dans la musique ? Qu’est ce que je fous là ? ». C’est une question que je me suis souvent posé. « Pourquoi il t’es arrivé ça ? Pourquoi tu n’es pas arrivé à faire ça ? ». Parce que c’était pas le bon moment ou parce que ça n’était pas avec les bonnes personnes ? C’est difficile. Le bouddhisme m’a beaucoup aidé à avoir cette philosophie, dans le calme. Prendre de la hauteur. Bien sûr, c’est des mots. En réalité, c’est difficile, mais ça n’est pas que sonore quand on s’en imprègne. Après toutes ces années, je constate que je suis toujours sur le quai de la gare. Même quand j’ai fini quelque chose, je démarre tout de suite autre chose. Je ne veux pas être dans l’attente. Pas le temps. J’ai besoin que ça avance. C’est pour ça que je m’organise. C’est pour ça que j’ai toujours eu en France ou aux Etats-Unis un studio et un ingénieur à demeure (NDLR : Notre interview se déroule dans le studio parisien, où Cerrone vient de faire de la musique toute la journée avec son producteur).

Je pensais faire cette interview en mode chronologique, mais commençons plutôt par votre actualité.

Cerrone : Très bien. Pour vivre, j’ai besoin d’être dans l’action.

Je m’en rends compte. Nous sommes chez Malligator, votre propre label. On y trouve aussi votre studio d’enregistrement.

Cerrone : Je fais de la musique tous les jours. Si vous saviez tout ce que j’ai à faire… J’ai déjà délivré pas mal de choses je crois. Chaque mois, je sors deux prods en collaboration. Là, il y en a une superbe qui sort la semaine prochaine. Un remix que m’a fait Louis Vega des Masters At Work. Un des kings de la house music. On n’a même pas encore eu le temps de le sortir qu’il le joue déjà, le poste sur les réseaux, etc. Derrière, c’est le feu et c’est super. J’ai aussi fait un truc avec le rappeur Laylow il y a 4 ans. On avait quand même fait 5 ou 6 millions de streams. C’est rien par rapport à David Guetta, mais on était contents. Récemment, j’ai fait un morceau en version symphonique.

On a l’impression que vous êtes à l’affût des opportunités.

Cerrone : Ca veut dire quoi être sur le quai de la gare ? Tiens, un exemple récent, facile à capter. Je refuse de faire plus de 35 dates par an. L’année dernière, en janvier 2023, mon manager m’appelle et me dit « La ville de Nice a un concept qui s’appelle « C’est pas classique » ». Je lui réponds « Ok, c’est super. Et alors ? ». Il me dit « Attend, laisse-moi finir. Le principe, c’est de passer le catalogue d’un artiste en version symphonique. Jusqu’ici, ils ont fait Bowie, Prince et Gainsbourg. » Et ils viennent de dire à mon manager « On aimerait bien faire Cerrone. En plus, il est vivant ». Là, tu vois, je suis sur le quai de la gare. Le train est là, je monte. Je dis oui.
Côté business, on s’arrange très vite. Aucun souci. Puis vient le mois d’avril alors que le concert doit avoir lieu début novembre dans le stade, à Nice. 7000 places. Le stress. Là, je dis : « Je vais pas le faire comme ça, parce que je ne veux pas qu’on me revisite. Je ne veux pas faire du symphonique juste parce que ma musique supporte de passer en mode symphonique ». Depuis le début de ma carrière, mes tracks ont des cordes, des cuivres,… Si tout le monde avait joué ensemble, ça aurait déjà été du symphonique. J’ai donc décidé de prendre un chef américain pour conduire l’orchestre et je lui ai demandé de respecter les arrangements à la lettre. J’ai juste fait une entorse pour Supernature. Ce titre est tellement électro. Comment le faire en mode symphonique ? Les mecs vont se croiser les bras et s’emmerder si on le joue comme ça, en symphonique. Or, je veux l’occuper, le public. Le faire vivre. Alors je me suis permis de l’imaginer en symphonique comme si je le faisais aujourd’hui. Je fais tout. Synthé, cordes… Je donne ça  à mon chef d’orchestre, qui va faire les relevés, le score, etc. Il prépare le concert. Arrive le 3 novembre 2023. On est 53 sur scène. Grosse machine. Deux mois avant, j’apprends que c’est blindé. Sold out. C’est excitant. Et là, je me dis « Putain, il va falloir être à la hauteur ». Les opportunités. Une fois de plus, mon expression du quai de la gare. Mais une fois fois qu’on est montés dans le train, on va où?

Aux Jeux olympiques peut-être puisque Supernature était programmé lors de la cérémonie d’ouverture ?

Cerrone : Mi-octobre 2023, Emmanuel De Buretel, le boss de Because, m’appelle et me dit « Il y a un mec sympa qui aimerait bien te voir. C’est le directeur musical des JO ». Ils veulent prendre Give me love pour les JO, et il aimerait bien te rencontrer. On monte un rendez-vous. Il vient là, comme vous aujourd’hui. Il est musicien. On part dans une conversation de musiciens. Le feeling passe très bien. Et je lui raconte mon projet symphonique pour Nice que j’ai nommé « Symphonique électro Orchestra ». Il me dit, « C’est quoi ? ». je lui réponds « J’en sais rien. Je me réveille le matin avec la peur au ventre ». Pourquoi je suis monté dans ce train ? Je ne sais même pas où je vais. Bref… Il me demande de lui faire écouter la version synthé. Ce que je fais. Au bout de deux minutes, je baisse le potard pour pas le gonfler. Il écoute tout, yeux grands ouverts, et me dit « J’ai une idée. Je peux pas t’en parler mais j’ai une idée ». C’est dur. Tu as une idée mais tu veux pas m’en parler ? Mais tais-toi, aha ! Je continue de vivre, de faire mes dates, etc. J’oublie. Il me recontacte et me dit « A l’unanimité, on a décidé que Supernature sera le final de la cérémonie d’ouverture des JO ». L’Elysée, Thomas Joly… Tout le monde est pour. Et là il ajoute « Tu sais comment ? En sym-pho-nique ». C’est ça, être sur le quai de la gare et prendre le train quand il se présente.

« Alors, tu sais pourquoi tu es venu maintenant? J’ai une cabine de son derrière. Tu as des couilles ? On le fait, ce morceau ? »

L’opportunité, c’est aussi de faire un morceau avec Laylow. Ou avec Lujipeka, du groupe Columbine par exemple.

Cerrone : Laylow… Il y a cinq ans, une nana qui travaille chez Because et bosse sur le hip-hop et le rap pur et dur me dit qu’elle aimerait bien que lui et moi, on se rencontre. Laylow est en train de monter. Je lui dis « T’es sûre ? Il ne va pas me taper ? ». Le mec vient. On met un bon bout de temps mais finalement, il vient. Avec son manager qui doit avoir 20 ans. Il est là. On discute. Il dit « Moi, je », « Moi, je »,… De mon côté, je dis rien et j’écoute. Il me dit « T’as quoi en tête ? ». Moi, j’ai rien du tout. On est tellement à l’opposé, et on est là pour faire connaissance. Il me demande de lui faire écouter ma musique. Il me dit « Je connais un peu ta zique. Cerrone, j’en ai rien à branler mais les quelques morceaux que j’ai écoutés de toi m’ont bien envoyé en l’air ». Je lui fais écouter un truc, ça lui plaît et il me sort « Tu vois pourquoi je suis là ? C’est pour découvrir des trucs comme ça. Ton nom, ton passé, j’en ai rien à foutre ». Et je lui dis « Alors, tu sais pourquoi tu es venu maintenant? J’ai une cabine de son derrière. Tu as des couilles ? On le fait, ce morceau ? ». Il m’a pris au mot, et le soir, c’était fait. On a pondu le titre dans la journée. Manque de pot, le morceau est sorti 10 ou 15 jours avant le Covid. Il a fait 5 millions de streams à toute vitesse, et ensuite il n’a pas vraiment eu de vie car le monde était passé à autre chose. Il y a 15 jours, j’ai renvoyé un mot à Laylow pour lui proposer de venir à mon concert symphonique en février prochain à la Philarmonie à Paris. On va essayer de le faire.

Vous avez une carrière assez DIY. Vous avez monté votre label, quand vous aviez la vingtaine vous étiez propriétaire de quelques magasins de disques, etc. Même si tout ça n’était pas le fruit d’une stratégie personnelle mais plutôt d’échecs ou de refus, c’est le résultat final. Quel est l’avantage de fonctionner en « indépendant » ? Il y a aussi des inconvénients.

Cerrone : Ca s’est pas vraiment passé comme ça. J’ai un label mais je ne suis pas visionnaire. Je l’avais monté parce que personne ne voulait me signer. Il y a une expression très bouddhiste que j’applique souvent dans ma vie, c’est « cause à effet ». C’est difficile à appliquer dans sa vie, mais quand on y arrive, ça sauve. En tout cas, ça m’a sauvé de plein de choses. J’ai toujours essayé d’être plutôt cause qu’effet. Jeune, dans les 70’s, aucune maison de disques ne voulait me signer pour mon premier morceau solo Love in C Minor. J’ai fait fabriquer des vinyles. Et pour faire des vinyles, il fallait un label. Je m’étais fais expliquer ce qu’était un label. Ca m’a permis ensuite de monter mon propre label.

« J’avais déjà une réputation d’être un bon batteur, dans un groupe qui s’appelait Kongas, qui a quand même tapé fort et pas dans la pop. J’arrivais pas cul nu »

Qui vous l’avait expliqué?

Cerrone : Jacques Revaux, le mec qui produisait Sardou et qui avait le label Trema. Il avait aussi composé My way, d’ailleurs. J’avais déjà une réputation d’être un bon batteur, dans un groupe qui s’appelait Kongas, qui a quand même tapé fort et pas dans la pop. J’arrivais pas cul nu, pas comme un blaireau.

 

A la fin de Kongas, j’ai voulu tout arrêter. Je suis resté un an sans rien faire. Pour tout vous dire, j’avais mis en cloque une nana et j’étais tellement heureux de construire ma vie que j’avais décidé d’arrêter complètement la musique et de me recentrer à fond sur ma vie personnelle. J’allais devenir papa, j’étais ravi. La musique étant ce qu’elle est – une passion dévorante, je décide de rester dedans et j’ouvre un magasin de disques. D’abord à Vitry, dans un local de 22 mètres carrés. Une pièce, quoi. Très vite, je me rends compte qu’il faut que je fasse différemment si je veux croûter. Je suis ambitieux. Je décide de mettre des vitres en fumée rouge, avec des spots derrière. Ca avait déjà une petite gueule de discothèque. J’appelle le magasin Import Music. J’ai pas les moyens de me fournir en disques chez Philips, CBS, etc. Alors je passe par un grossiste, DCG. Le plus important de France à l’époque. J’achète des gros volumes de disques. Au bout d’un mois et demi, le mec me dit « Mais qu’est ce que vous en faites ? ». Je l’invite à déjeuner. J’avais 21 ans. Il me demande « Mais, comment vous faites pour écouler autant de disques ? ». Je lui dis « Un mec est passé me voir au magasin et m’a dit que je devrais vendre de la hi-fi. Mais j’ai pas la place dans cette petite pièce. Il a essayé de me convaincre en me parlant de faire un crédit Cetelem ». A l’ époque, le crédit était à 3%. Donc 6 mois c’est 1,5 %. Je finis par convaincre le vendeur de hi-fi de me présenter un gars chez Cetelem, et je me retrouve au siège. Là, je lui explique que je veux faire du crédit gratuit aux clients dans mon magasin quand ils veulent acheter des disques. Et que je paierai personnellement les intérêts. Il est d’accord. Je rentre au magasin, et j’affiche en gros « Crédit gratuit ». Les mecs qui venaient acheter un disque pouvaient le payer en 6 mois, sans intérêt. J’ai tout cartonné avec cette idée.

J’ai l’impression que vous étiez le seul à faire ça.

Cerrone : Je ne sais pas, mais quand tu es prêt, il faut y aller. Fonce. Le grossiste m’avait dit « Mais vous devriez aller dans un centre commercial. Vous aurez plus de place et plus de clients ». Mais, c’est quoi, un centre commercial? On est dans les 70’s. Des centres commerciaux, il y en a encore très, très peu et personne ne connaît vraiment ça. Le premier d’Europe, c’était celui de Belle Épine. Bref, je lui dis : « Ouais, mais même si je trouve une surface, ça va coûter une blinde… Et le stock…Aujourd’hui, ça serait à peu près 200 000 euros ». Ce grossiste, qui avait la cinquantaine, me dit « ça me plaît. Trouvez l’espace, on va se débrouiller ». Je trouve l’espace. On monte une société. Il a 30 %, et j’ai obligation de me fournir uniquement chez lui en disques. Tous les détails à la con. Un an et demi plus tard, je me retrouve à la tête de 5 magasins de disques. Carton. Et manque de disques. Je me mets à acheter en masse chez des grossistes anglais, parce que Claude François ou Joe Dassin, ça m’intéressait peu. J’étais spécialisé dans les imports. C’est à ce moment que j’ai commencé à sentir qu’un mouvement musical commençait à prendre de plus en plus de place. Un mouvement qui me rappelait énormément ce que je faisais avec Kongas (NDLR : il se met à taper du pied). Je me suis dit « Tiens, je vais faire un album et ça sera le dernier ». Je continue bien sûr de m’occuper de mes magasins, mais je pars à Londres pour faire Love in C Minor.

Au studio Trident, un endroit mythique.

Cerrone : En effet. J’avais demandé de l’aide à Alec Costandinos, qui faisait les textes de Kongas. Il venait de découvrir le studio Trident.

Quand vous partez là-bas, vous n’avez pas encore de maison de disques.

Cerrone : Tout à fait.

Mais vous avez déjà les moyens d’aller réserver un studio professionnel ?

Cerrone : Si on compare à aujourd’hui, ça devait coûter environ 20 000 euros. N’oubliez pas qu’à ce moment-là, j’ai plusieurs magasins, et aucun problème de blé.

« Quand un Brassens sortait, j’en commandais 3000. Qui commande 3000 disques ? »

Quand vous aviez ces 5 magasins, vous aviez beaucoup de personnel.

Cerrone : Plus de 80 vendeurs. Toutes les majors venaient me voir à ce moment-là pour que je travaille avec eux en direct, et plus par un grossiste. J’ai une très bonne mémoire, et je vais vous donner un exemple. Quand un Brassens sortait, j’en commandais 3000. Qui commande 3000 disques ? Les Philips et autres majors s’interrogeaient. Ils voulaient que je bosse en direct avec eux, mais j’avais un contrat avec mon grossiste. Un mec fidèle avec qui je m’entendais bien. Un jour, il vient me voir au magasin et me dit : « T’as plus besoin de moi, Marc. Ils vont tous te suivre, et ils vont même te financer ».
De mon côté, je voulais pas passer ma vie à vendre des disques. Je me sentais avant tout musicos. J’avais pas envie de monter un Darty, c’était passager même si ça fonctionnait à merveille. Et donc, je fais Love in C Minor. J’enregistre, je fais fabriquer 5000 exemplaires, et je retourne dans mes magasins. Ca m’est arrivé d’être à la caisse pour relever un mec qui était pas à l’heure, pour prendre le relais avec un autre vendeur. Combien de fois on m’a dit « C’est vous sur la pochette? ». « Mais non, madame. 22 francs, svp ». Parce que je suis pas comme ça. Je trace. Les 5000 vinyles que j’avais fait faire sont partis dans le monde entier. Et là, carton. Je vous passe l’aventure que ça a été. Trois millions d’albums vendus. Pour faire ces tous premiers vinyles, il fallait un label bien sûr. Et c’est là où je déjeune avec Jacques Revaux. Il m’explique ce qu’est un label, comment en monter un, me dit que c’est juste une société spécialisée dans l’impression artistique. Alors je monte un label. Qui a 50 ans maintenant.

Ce label, c’est Malligator. Et vos magasins, que sont-ils devenus ?

Cerrone :J’ai vendu à un moment donné à mon associé. Après Love in C Minor, j’ai commencé à partir en tournée et ça a fini par devenir ingérable. Même en plaçant des responsables à la tête de chaque magasin, on n’était plus sur la dynamique de départ. Mon associé me le disait sans cesse. J’ai fini par lui proposer de reprendre mes parts, ce qu’il a accepté. C’est devenu un peu plus tard la chaîne Nuggets. Qui plus tard est devenu la Fnac. L’origine de tous ces magasins de grande surface, c’est Import Music. Mes magasins.

Vous faites de la musique depuis plus de 50 ans. Quel regard portez-vous sur l’évolution de l’industrie musicale ?

Cerrone : Avant de répondre à votre question, je voudrais revenir sur une chose. Love in C Minor cartonne. Du coup, je me retrouve beaucoup à New-York. Je commence à recevoir des prix, et là, Ahmet Ertegün, le fondateur d’Atlantic records, me prend sous son aile. Comme le grossiste qui s’appelait Francis Cossou. Ertegün me prend tellement à la bonne qu’il me manage presque. De mon côté, je suis persuadé que tout ça ne va pas durer, alors je sors rapidement un deuxième album. A ce moment-là, j’ai encore mes magasins, et je suis pas carriériste. Je suis pas dans le trip de faire une carrière dans la musique. Mais au moins, je saisis toutes les opportunités. Après le deuxième album, quand Ertegün me propose de venir vivre aux US pour bosser encore plus fort sur le projet, je fonce. Après ça, arrive Supernature. Je quitte la France pour les States (NDLR : où il loue la maison de l’acteur/chanteur Richard Harris). Je monte dans le train de l’opportunité, et je vais vivre à Los Angeles pendant 22 ans. « Right time, right place » et « cause à effet », c’est ça. Pas des mots pour moi, mais des actes.

Un mot sur votre deuxième album puisque vous l’évoquez. Le morceau Paradise a beaucoup inspiré Alan Braxe plus tard, non ?

Cerrone : Possible. C’est quelqu’un que j’aime bien. Un copain. Il m’a remixé un morceau que j’avais fais avec Beth Ditto de Gossip et c’était très bon. Il m’arrive de le croiser en tournée. Un bon mec. C’est lui d’ailleurs qui a fait le gros coup aux JO avec Angele et Phoenix.

Et votre avis sur l’évolution de la musique depuis 50 ans, on y revient ?

Cerrone : Je ne vais pas vous dire que les musiciens sont moins bons qu’avant. C’est absolument pas ça, mais ils ont moins la place aujourd’hui. Aujourd’hui, pas besoin de connaître le solfège. La pop a vraiment pris la main. Un peu comme moi, qui suis autodidacte. Même si les années 80 étaient très pop, le style d’aujourd’hui est très influencé aussi des 70’s. Aujourd’hui, composer un morceau c’est « on fait une base de prod’ et on la chiade pour que ça pousse derrière ». Ceux qui font ça considèrent que c’est de la composition. Ca ne me gêne pas. Les mélodies ensuite, c’est de l’habillage, du bubblegum. Puis on fait les textes. On ne faisait pas du tout comme ça avant pour composer. On posait plus les choses. Mais ce changement ne me gêne pas. Aujourd’hui, ce qui me manquerait plus, c’est le côté mélodique.

La mélodie a un peu disparu au profit des percussions.

Cerrone : D’un autre côté, je trouve que les chanteuses n’ont jamais aussi bien chanté. Aujourd’hui, elles chantent dans l’émotion. On n’est plus en train de regarder si la composition tient la route ou pas. Quand on compose une chanson ou quand on joue en concert, c’est un voyage que l’on amène. Et aujourd’hui, le voyage, il est toujours là, dans les sons du moment. Mais avec une méthode qui est folle.

« Moi je suis un vieux de la vieille, j’ai un réseau. Si j’ai besoin d’une guitare, je demande à Nile Rodgers ».

Vous avez travaillé avec des arrangeurs comme Raymond Donner. Cette profession d’arrangeur a aussi pris du plomb dans l’aile ?

Cerrone : Les arrangements commencent à revenir un peu. Le problème, c’est toujours la pop. A chaque fois, quand le mouvement pop arrive, il fout la merde. Et il pollue. La pop à la Beatles, je veux bien. Mais la pop simpliste, non. Sans vouloir être méchant, parce que c’est un copain de 35 ans, quand on va voir David Guetta aujourd’hui, c’est comme écouter NRJ ou Fun Radio. C’est la guerre aux tubes.

C’est vrai qu’il y a ce côté là.

Cerrone : Beaucoup de générations sont là-dedans. J’espérais beaucoup dans le hip-hop, mais là aussi, la guerre aux tubes est constante. Heureusement, il y a les textes qui changent.

Contrairement à David Guetta qui réutilise beaucoup de tubes passés, on ne vous sent pas du tout nostalgique.

Cerrone : C’est vrai que verbalement – comme on l’a vu dans sa réaction aux JO – et dans son attitude créative, c’est moins ça aujourd’hui. C’est un adorable mec. J’ai pris David au hasard en vous parlant mais il y en a d’autres. J’ai adoré Calvin Harris. Mais aujourd’hui,… ça va quoi ! Ce qu’on sent aujourd’hui, c’est que les mecs cherchent le hit. Ils veulent streamer. Ce qui me choque par contre – et je ne vous dirai pas qui est cette artiste française avec qui j’ai fait un truc l’année dernière – ce sont certaines façons de fonctionner. Moi je suis un vieux de la vieille, j’ai un réseau. Si j’ai besoin d’une guitare, je demande à Nile Rodgers. Pour les cordes, je vais demander à un mec avec qui j’ai déjà bossé à Londres, etc. Quand j’avais demandé à cette jeune artiste française « Et toi, comment tu fonctionnes ? Comment tu sélectionnes tes musicos ? », sa réponse m’avait scié. Elle choisissait les musiciens en fonction du nombre de followers. C’est quand même fou d’aller choisir un bassiste parce qu’il a 400 000 followers ! Pour elle, non. Elle considère que tous les bassistes qui sont bien suivis dans les réseaux sont des bons. Quitte à en prendre un bon, autant en prendre un qui est très suivi et qui sait aussi le faire savoir. C’est chaud.

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 Ca n’existait pas avant ?

Cerrone : Dans les 70’s, ça pouvait exister. Sur mon album IV, par exemple, pour le morceau Rocket in the pocket. J’étais allé chercher Jimmy Page. Mais parce que j’étais fan de Led Zeppelin. Pas parce qu’il y avait des followers ou que c’était une star.

Lorsque le streaming est apparu, vous ne vous êtes pas dit qu’il fallait adapter votre musique ou votre façon de la faire connaître ?

Cerrone : Ça n’ a rien changé. J’avais conscience qu’on allait pouvoir faire de nouvelles choses, mais je ne me suis jamais occupé des modes et des machines. J’ai suivi mon chemin. Même si j’ai traversé des périodes où la lumière sur moi était moins présentes, il y a toujours eu les concerts. Ca me permettait de faire la part des choses. Et je faisais des gros concerts, des trucs à succès. Versailles en 2005, c’était plus de 100 000 personnes. Sur ma scène, j’ai fait faire Live 8 le lendemain. J’ai toujours occupé la scène. Mais discographiquement, non. Si on fait le parallèle avec ce qu’on se raconte là, je dirais presque que pendant ma carrière j’ai fait des albums pour avoir des contenus à délivrer sur scène. Parce que ce qui me porte, c’est la scène. C’est pour ça que quand Emmanuel De Buretel m’a poussé à passer au DJing, je me suis d’abord dit que c’était un grand malade. Je me disais que les gens allaient croire que j’allais courir le cacheton pour finir les fins de mois.

Ca ne vous intéresse pas, de faire le DJ ?

Cerrone : Comment ça ? Vous m’avez mal étudié, vous. Ou alors vous n’avez étudié que le début de ma vie. Comme DJ, j’ai fait les plus gros festivals du monde. L’été dernier, par exemple, j’ai fait les vieilles charrues.

Alors pourquoi me dites-vous que vous ne vouliez pas être DJ ?

Cerrone : Parce qu’au début, je ne voulais pas le faire. Et puis j’ai écouté, j’ai un peu travaillé. Comme tous mes masters m’appartiennent, j’ai bourré une Ableton avec.
Ableton, c’est une console de samples. Je m’étais fait des programmes de deux, trois titres, sachant que j’allais y insérer deux autres pendant mon set. Bref, je fais une sorte de dub mix. J’ai fait Glastonbury, Sonar… Cet été, c’étaient 60 000 personnes qui chantaient Supernature. Je baise tout et je les regarde, à mon âge, dans un festival comme les Vieilles Charrues, très gros. J’ai aussi fait une tournée en automne en Australie. Et en février, 15 jours au Mexique. Je tourne beaucoup.

Finalement, vous êtes vraiment plutôt « cause » que « effet ». On a du souvent vous poser cette question, mais de votre concert au pavillon de Paris en 79 devant une pyramide aux créatures masquées sur votre album 3, pensez-vous avoir fortement influencé Daft punk ?

Cerrone : Oui. Ils l’ont reconnu, ils me l’ont dit. Mais ils n’ont rien piqué. C’est juste de l’influence. Moi aussi je me suis inspiré d’autres, j’ai été influencé par d’autres. Vous savez, on a pratiquement tout inventé dans la musique aujourd’hui. Donc on fait différemment, on mélange les choses. Mais c’est pas du vol. Juste de l’influence.

Vous parlez d’influences. Au tout début de votre carrière, elles étaient essentiellement africaines quand vous jouiez dans Kongas. Depuis une dizaine d’années, il y a un revival africaniste, Fela est enfin mis en lumière, etc. Qu’écoutiez-vous au début des années 70 ? De la musique africaine ?

Cerrone : Oui. Et puis j’avais deux percussionnistes. J’étais aussi très Santana, ce genre de groupe.

Quand on est propriétaire d’un magasin de disques à 21 ans et que le streaming n’existe pas, on a forcément une culture musicale très au-dessus de la moyenne. Qu’écoutiez-vous alors ?

Cerrone : Jamais de pop. Je me souviens de mon grossiste anglais. Il m’avait envoyé les premiers Supertramp. Mon tout premier magasin était près de la gare de Vitry. Il y avait énormément de passage devant le magasin. Quand je balançais des trucs comme Supertramp, les client hallucinaient car ça n’était pas encore sorti en France. Le bouche à oreille marchait fabuleusement bien, c’est ça qui m’a permis de grandir ensuite. On disait d’ailleurs, et ça me flattait, que si on ne trouvait pas un disque chez Import Music, c’était impossible de de le trouver aux Galeries Lafayette. A l’époque, les disques se vendaient là-bas, à côté des moulins à café. Moi,  j’avais des plateaux en bois, des palettes. Aujourd’hui, on dirait « à l’ancienne ». Derrière le magasin, j’avais un espace avec une cellophaneuse pour que chaque album soit emballé.

« Les centaines de samples qu’ on a pu faire de moi, et qui leur coûtent cher, ils ont essayé de les refaire pour éviter de me sampler. Mais ça ne marche pas, parce que j’ai ma manière de jouer, c’est mon son »

Un mot de conclusion ?

Cerrone :  Je dirais que la musique n’a pas évolué. Elle est toujours là, à sa place, pour faire voyager et rêver les gens. Le reproche que je pourrais faire, c’est que le public actuel a tendance à vouloir toujours écouter la même chose. Même si on dirait que ça se libère un peu. A mon époque – et c’était vraiment un leitmotiv – il fallait tout faire pour éviter de ressembler aux autres. Ça, ça a complètement changé, ce qui est dommage. Mais ça ne vient pas d’aujourd’hui. Les années 80 ont beaucoup copié l’après-disco. Maintenant, c’est la méthode de travail qui est différente. Heureusement, il y a de plus en plus de vrais musiciens qui jouent. Et c’est très bien. Parce qu’ils ont crevé la dalle pendant les années 2000. Même les cuivres reviennent. Autre exemple, je suis aussi monté dans le train du symphonique. Je l’ai amené vers moi. Il y en a plein qui font ça. Pete Tong le fait en Angleterre, par exemple. Il arrive à faire 20 dates en symphonie par an. C’est sympa. Ça veut dire que le son acoustique revient. D’ une manière extrêmement différente. C’est moins clanique, les choses se mélangent. Ça, c’ est le bon côté.

Tout à l’heure, vous citiez Jimmy Page au détour d’ une phrase. Dans votre vie, vous avez croisé de nombreuses stars planétaires. Quelques exemples : vous avez joué au ping-pong avec Elton John, vous avez fait la fête chez Warhol avec Grace Jones, etc. Y- a-t-il des personnes qui vous ont un peu plus marqué que d’autres?

Cerrone : Bien sûr, mais aujourd’hui, d’autres ont pris la place. Je suis plus riche et chanceux de toutes ces rencontres. Paul Wilbecq, avec qui j’ai monté mes magasins. Ou Eddie Barclay quand il me voit faire la manche à Saint-Tropez et m’offre mon premier contrat avec Kongas. Ahmet Ertegün aussi, à qui je dois beaucoup.

 Il vous avez signé sur Cotillon…

Cerrone : … qui était un label d’Atlantic. Mais pour garder tous ces gens, il faut être à la hauteur. On n’est pas à leur service. Faut capter l’opportunité, et tenir. Gamin, mon père me disait « Même si tu cours vite, si tu penses que tu courses à 100 à l’ heure, dis que tu cours à 120. Ça va te pousser. Tu feras peut-être pas 120. Mais 105. Ou 110 ». Je l’écoutais avec sa culture, sa façon d’imaginer, de dire les choses. Si j’ai un talent, c’est ça. Me donner à fond. Et mon jeu de batterie. J’ai un son. Les centaines de samples qu’on a pu faire de moi et qui leur coûtent cher, ils ont essayé de les refaire pour éviter de me sampler. Mais ça ne marche pas, parce que j’ai ma manière de jouer, mon son.

Terminons avec Supernature, le dernier morceau de la cérémonie d’ouverture des JO. C’est assez paradoxal, car ce titre, au départ, avait un côté protection de l’environnement, alors que les JO sont un évènement extrêmement polluant.

Cerrone : A la sortie de Supernature, on ne savait même pas ce que ça voulait dire, être « écolo ». Pour moi, ce morceau naviguait entre le fantastique et l’étrange. Et après, quand on a une idée et qu’on sait s’entourer de talents – parce qu’on est jamais seul dans ce métier – ça marche. J’ai joué pendant 33 ans avec Don Ray (NDLR : aka Raymond Donner, arrangeur), par exemple. Ce qui est sûr, c’est qu’en me lançant dans la compo de Supernature, j’ai tout de suite vu qu’il y avait un son à exploiter. Mais il fallait le rendre le plus musical possible. J’ai trouvé un tas d’arrangements qui ont permis de l’habiller. Le single de l’album 3, c’était Gimme Love. Une décision d’Ahmet Ertegün. Il y avait eu un tel buzz sur le morceau que j’ai pas eu à le pousser beaucoup pour sortir enfin Supernature. J’avais carte blanche pour la pochette, que je voulais un peu bizarre. Je contacte une fille qui à l’époque faisait les décors de mes concerts. Je lui propose d’utiliser une table d’opération. On appelle le directeur de la clinique de Choisy-le-Roi, où mon fils était né, pour en récupérer une. Cette fille est ensuite allée faire des fonds de théâtre pour me ramener plusieurs éléments de décors et que je puisse choisir. Et là, elle me ramène un écorché et des masques. C’était un délire. Pour le clip, j’avais pris le réalisateur Rémy Grumbach pour le côté technique. C’était fou. On essayait de dénoncer des trucs sans vraiment les dénoncer. Il n’y avait pas de message.

« Donna Summer, je l’ai croisé 1000 fois. Elle m’a même remis des Grammy Awards, mais Giorgio n’était pas là. C’était le mec qui était dans l’ombre. On ne s’est jamais tiré la bourre »

Un peu comme dans votre autre clip réalisé par les Monty Python ?

Cerrone : Si vous voulez. Ce qui est sûr, c’est que les gens se sont accaparés les choses une fois que le clip de Supernature est sorti. Puis les médias soulignent. Et moi je ne contredis pas.

Dernière question même si vous n’êtes pas forcément le mieux placé pour y répondre. Quelle est l’importance de Cerrone dans l’histoire de la musique électronique ?

Cerrone : Si j’en ai une, elle est indubitablement à chercher du côté des drums. J’ai vu un gros papier dans le Rolling Stone américain où l’auteur disait que la disco électro et la disco rythmique, c’est comme une pyramide. Il disait que c’était trois personnes : Giorgio Moroder avec ses grosses basses, Nile Rodgers avec ses rythmiques, et Cerrone avec ses drums. C’est pas de la performance technique – ce que je faisais avec Kongas, car l’époque voulait qu’on en fasse des tonnes – mais c’est efficace.

Vous n’avez jamais pensé à monter un supergroupe avec Rodgers et Moroder.

Cerrone : On a fait plein de trucs ensemble. Il y a deux ans, j’ai sorti le single The Only One, avec Nile Rodgers aux guitares.

Mais à trois ?

Cerrone : Jamais, c’est vrai. J’ai rencontré Giorgio il y a deux ans mais c’est un vieux monsieur maintenant. Je ne l’ai jamais croisé avant parce qu’il était toujours derrière. Donna Summer, je l’ai croisé 1000 fois. Elle m’a même remis un Grammy Award, mais Giorgio n’était pas là. C’était le mec qui était dans l’ombre. On s’est jamais tiré la bourre. La seule chose que je sais, c’est que quand il bossait sur I feel love, le président de Casablanca records avait vu que Love in C Minor durait 16’30’’. Il avait demandé à Giorgio une version edit, plus longue, de ce qui allait devenir un tube.

Au fait, vous travaillez rapidement ou vous êtes plutôt perfectionniste ?

Cerrone : Quand je veux réaliser quelque chose, je suis à fond. Les jeunes avec qui je fais des collabs’, je les rends malade. Parce que je travaille vite. Et beaucoup. A 9h30, je suis dans mon studio. Parfois à 7h30 ou 8h, et j’adore ça.

[Juste avant de se quitter, Cerrone me raconte une anecdote qu’on ne peut pas écrire ici sur ses aventures américaines mais que je te raconterai si on se croise un jour sur un dancefloor]

https://www.instagram.com/cerroneofficial/

6 commentaires

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